en effet c’est cette tache blanche qui a valu à cet animal le nom de Moustac3 que
Buffon lui a imposé.
C’est cet auteur seul qui jusqu’à présent en a donné une figure d’après nature
vivante, tom. XIV, pl. 39 , et qui le premier en a publié une bonne description.
La figure du Moustac d’Audebert a été faite d’après un individu empaillé 5
et ce sont là les seules sources où l’on a pu puiser avec confiance l’histoire de
cette espèce. A la vérité, on a cru pouvoir rapporter à cette jolie Guenon le
Simia cephus de Linnæus, fondé sur le Cercopithecus barbatus alius Guineensis de
Marcgrave (Hist. nat. Bras., pag. 22,8)5 mais c’est sans fondement suffisant5 car
Marcgrave ne parle point de la tache blanche, si remarquable sur la face du
Moustac, et par laquelle tout naturaliste, en voyant ce Singe, devait être porté
à le caractériser. Au reste cette confusion, consacrée par le temps, est sans
importance : les Singes d’Afrique, indiqués par Marcgrave, précieux pour l’époque à
laquelle Linnæus les fit entrer dans son tableau du règne animal, sont aujourd’hui
de bien peu de prix pour l’histoire naturelle, que cinquante ans de recherches
et de travaux ont prodigieusement enrichie 5 ainsi le Moustac peut conserver le
nom de C ep h u sdans nos Catalogues méthodiques, pourvu qu’on sache bien que
le Singe qui le porte est le Moustac de Buffon, et qu’il n’est très-vraisemblablement
ni le Cephus des anciens, ni le Cercopithecus de Marcgrave, indiqué
plus haut.
Mars 1821.