a LA CIVETTE.
large, mais à elle seule ; et la dernière, de la partie postérieure des mâchoires
qui reste isolée et petite. Le Zibeth a sous les yeux une tache-blanche, et son
museau est gris. La Civette a cette partie de la tête entièrement noire, excepté
la lèvre supérieure, qui est blanche, et elle n’a aucune tache sous l’oeil. Les
membres sont noirs chez ces deux animaux 5 eï en génétal il y a plus de brun
chez le Zibeth que chez la Civette, où les teintes claires sont plus blanches. La
crinière dorsale de la Civette est plus forte que celle du Zibeth, et son pelage
en général plus rude par la roideur des poils soyeux. Les poils laineux sont en
assez grand nombre, et d’un gris-brun. La partie antérieure des oreilles est du
blanc-grisâtre du reste de la tête, et la partie postérieure noire avec le bord
blanc. Le dessous du ventre est blanc; mais les poils sont bruns à leur base, et
il y en a aussi de tout noirs, mais en très-petit nombre.
La comparaison que nous venons de faire, jointe à notre figure de la Civette,
né peut plus laisser aucune incertitude sur lés différences caractéristiques de
cet animal et du Zibeth ; et c’était l’objet principal qué nous nous proposions.
En effet, notre Civette a déjà été représentée et décrite dans l’ouvrage intitulé:
Ménagerie du Muséum d’Histoire naturelle; mais elle â été gravée d’après un dessin
de Maréchal, qui l’avait représentée grinçant les dents, ce qui défigurait sa physionomie,
et il n’avait pas rendu les taches avec toute la fidélité désirable. D’un
autre côté, elle n’avait pu être décrite comparativement avec le Zibeth, que la
Ménagerie ne possédait pas alors. Pour tout le reste, nous ne pouvons mieux
faire que d’extraire ce que mon frère a dit de cet animal dans l’ouvrage que nous
venons de citer.
« L’article le plus remarquablé de son anatomie, dit - i l , c’est l’organisation
» de sa bourse : elle s’ouvre au dehors par une fente longue, située entre l’anus
» et les parties de la génération, et pareille dans l’un et l’autre sexe5 ce qui fait
» qu’il est assez difficile de les distinguer. Cette fente conduit dans deux cavités,
» pouvant contenir chacune une amande; leur paroi interne est légèrement velue,
» et percée de plusieurs trous qui conduisent chacun dans un follicule ovale ,
» profond de quelques lignes, et dont la surface concave est elle-même percée
» de beaucoup de pores j c’est de ces pores que naît la substance odoriférante :
» elle remplit le follicule; et lorsque celui-ci est comprimé, elle en sort, sous
» la forme de vermicelle, pour pénétrer dans la grande bourse. Tous ces folli-
» cules sont enveloppés par une tunique membraneuse, qui reçoit beaucoup de
» vaisseaux sanguins, et cette tunique est à son tour recouverte par un muscle
» qui vient du pubis, et qui peut comprimer tous les follicules,_ et avec eux la
» bourse entière à laquelle ils s’attachent : c’est par cette compression que l’ani-
» mal se débarrasse du superflu de son parfum. On a remarqué qu’outre la matière
» odorante il s’en produit une autre qui prend la forme de soies roides, et qui
» se mêle à la première. La Civette a de plus, de chaque côté de l’anus, un
» petit trou d’où découle une liqueur noirâtre et très-puante. »
La substance odorante produite par la Civette, et à laquelle cet animal doit
le nom qu’on lui donne communément, forme, surtout en Orient, un objet de
commerce considérable. « Chez nous, dit mon frère, on la vantait beaucoup en
» médecine, et il a été à la mode, pour les gens qui se piquaient d’élégance,
» d’en porter dans leurs vêtements, comme on y a porté depuis du musc et
» ensuite de l’ambre. Elle entre encore aujourd’hui dans la composition de quel-
LA CIVETTE. 5
» ques médicaments et de quelques parfums; mais la consommation en est pro-
» digieusement diminuée. On l’apportait des Indes et de l’Afrique en Europe
» par la voie d’Alexandrie et de Venise. » L’Afrique et une partie de l’Asie
paraissent être en effet la patrie de cet animal. Dans l’Orient, on élève la Civette
en domesticité pour recueillir son parfum. Voici entre autres sur cela ce que
rapporte le P. Poncet ( Lettres édifi, ^ part. ) : « Enfras est (en Ethiopie) une ville
» fameuse par le commerce de la Civette. On y élève une quantité si prodigieuse
» de ces animaux, qu’il y a des marchands qui en ont jusqu’à trois cents, etc.»
Buffon assurait qu’en Hollande on nourrissait des Civettes pour en vendre le parfum.
Ce qui est certain, c’est que c’est un animal qu’on a très-souvent amené
en Europe, et beaucoup de naturalistes ont eu occasion de le voir; mais, comme
ils ne le distinguaient pas du Zibeth, ce qu’ils en disent est impossible à rapporter
à l’un plutôt qu’à l’autre de ces animaux.
Notre Civette avait le même naturel que le Zibeth : elle dormait continuellement,
et ce n était qu’avec beaucoup de peine qu’on parvenait à la faire lever.
Je n’ai jamais vu d’animaux plus paresseux; les Sarigues pourraient à peine leur
être comparées; et, sous ce rapport, elles diffèrent infiniment des Mangoustes,
avec lesquelles cependant elles ont les plus grandes analogies par la structure
des organes. Cette espèce de léthargie ne laisse apercevoir en elles aucune intelligence;
car, en esclavage, manger et dormir font toute leur existence; et sans
doute il n’en est pas de même dans leur état de liberté. Lorsqu’on l’irritait,
l’odeur musquée qu’elle répand ordinairement devenait beaucoup plus forte; et
de temps en temps il en tombait de sa poche de petits morceaux de la grosseur
d’une noisette.
Voici ses principales dimensions :
De la partie postérieure de la tête à l’origine de la q u e u e ............................| | | . . PqT . . L'^"
-------------— ----------------------- au bout du museau....................................... » . . . . n . . . . fi
De l’origine de la queue à son extrémité............................................................. i . . . . 4 3
Du sol à la partie moyenne du dos.................................................................... r g
La confusion qui se trouve dans les auteurs, entre la Civette et le Zibeth, ne
me permettra pas plus de citer des figures de Civettes, que je n’ai pu le faire
pour celles du Zibeth. La Civette de Perraut (Mémoire pour servir à l’histoire
des Animaux, pag. i 5y) est une des meilleures figures de cet animal qu’on ait eues
jusqu’à celle de Maréchal ; et celle de Buffon peut encore être citée; mais on
voit que toutes les autres ont été faites à des époques où les idées qu’on avait
en histoire naturelle n’imposaient pas une grande exactitude.
Les anciens ne paraissent avoir connu aucune espèce de Civette; et les modernes
la désignent tous sous les noms de Civette ou de Zibeth, qui au reste ne
sont qu’un seul et même nom écrit de deux manières différentes. La Civette est
la Vivena Civetta des Catalogues méthodiques.
M a r s 182 1.