paire et si rapprochées, que leur division échappe à l’oeil, et qu’il faut employer
un instrument pour s’en assurer. Il n’y a que deux seules de ces dents à la
mâchoire supérieure -, elles sont très-petites, et fort écartées l’une de l’autre.
Les canines, au nombre de quatre, n’ont de remarquable que l’inclinaison de
celles d’en bas.
Quant aux molaires, on en compte dix en haut et huit en bas : leur couronne
est hérissée de pointes. Les supérieures sont les plus larges, et terminées en
dehors par un rebord qui excède en longueur le plan de leur couronne.
Il serait téméraire de rechercher quelle sorte d’influence peuvent exercer sur
les habitudes du Galago ses deux incisives supérieures. Leur point d’insertion,
trop rapproché de celui des canines, et leur petitesse indiquent qu’elles leur sont
de peu d’utilité. Mais il n’en est pas de même des dents molaires, dont la multiplicité
des pointes les fait reconnaître comme très-propres à broyer des corps
durs, et comme appartenant à un animal qui se nourrit cTînsectes, et particulièrement
de scarabées.
La grande dimension de ses oreilles et l’inégale longueur de ses pieds s’accordent
parfaitement pour faire du Galago un insectivore -, car la grandeur excessive
de ses yeux fait présumer qu’il chasse la nuit. Eût-41 pu être averti de la
présence de sa proie, et se disposer à s’en emparer, si son organe de l’ouïe
n’eût été d’une sensibilité extrême? De là cette grande conque des oreilles nue
et membraneuse, dans laquelle on distingue deux petits replis ou oreillons. Comme
aussi, pour qu’il pût se porter avec assez de vitesse sur des êtres si éminemment
doués des moyens de fuir, puisqu’il n’était point pourvu d’ailes, ainsi que les
Chauve-souris, ou de membranes étendues sur les flancs, à la manière des Ecureuils
volans, il fallait au moins qu’il fût le mieux organisé des Mammifères pour
bien sauter -, et c’est en effet ce qui résulte de la très-grande inégâlité de ses
extrémités. On sait que tous les animaux n’exécutent le saut que par le moyen
des pieds de derrière, et qu’il est plus rapide et plus élevé à mesure que les
jambes de derrière ont plus de longueur. Aussi le Galago, dans lequel elles sont
plus longues que le corps et la tête pris ensemble, a-t-il deux moyens d’atteindre
les insectes dans le vol : le premier, quand il s’élève tout à coup sur les pieds
de derrière, et qu’il va porter son corps et ses bras sur la proie qui passe à sa
portée-, et le second, quand il s’élance dessus, en sautant d’arbre en arbre.
Ce qui n’offre pourtant pas le caractère d’un animal tenu au voltigement des
oiseaux, c’est la queue du Galago : sans ressort et plus longue que le corps,
on ne peut guère dire qu’elle le pare, et il est manifeste qu’elle lui impose
des soins qui doivent, sinon le fatiguer, du moins lui occasioner d’importunes
distractions dans les mouvements prestes et rapides d’où dépend le succès de
ses chasses. Cette queue est cylindrique, parce qu’à mesure que ses vertèbres
diminuent de grosseur, le poil dont elle est fournie acquiert proportionnellement
plus de longueur. Elle me paraît susceptible de se renfler comme celle des Ecureuils
: ses poils ont une couleur différente de celle du corps : ils sont tous
d’un brun-roux.
Le poil est assez long, touffu et très-doux : il est un peu moins long sur la
tête, et n’est pas également fourni aux parties inférieures -, celui qui recouvre
les mains est très-court : il s’en trouve aussi sous le tarse.
Le Galago est d’un blanc-jaunâtre en dessous, et gris-fauve en dessus •• la
pointe, seule du poil est de cette couleur, le reste est cendré-bleuâtre. Le jaune
commence sur les bras et les jambes, tandis que la tête est entièrement grise.
Une bande d’un blanc-jaunâtre s’étend sur tout le chanfrein (1).
Le célèbre Adanson nous a fait le plaisir de nous communiquer les observations
suivantes sur les habitudes des Galagos. Ils ont beaucoup des manières
des Singes et des Écureuils. Ils sont en général très-doux, se trouvent presque
toujours perchés sur les arbres, et se nourrissent d’insectes qu’ils atteignent e,n
's’élançant, qu’ils saisissent habilement avec les mains, et qu’ils dévorent avec une
prestesse singulière. Ils s’accouplent comme la plupart des Mammifères, le mâle
sur le dos de la femelle, s’accroupissant très-bas pendant le temps que dure
l’accouplement. Ils nichent dans des troncs d’arbres, où ils préparent à leurs
petits un lit qu’ils tapissent d’herbes : les nègres de Galam les chassent pour
les manger.
Je reçois à l’instant de nouveaux renseignements sur le Galago, de M. Bâcle
de Saint-Loup, négociant français, qui a déjà fait deux excursions au Sénégal,
et qui emploie à des recherches philosophiques les heures qu’il peut donner à
ses délassements. M. Bâcle a possédé deux Galagos vivants, mâle et femelle, les
ayant achetés d’un Maure récemment arriyé des forêts de gommiers.
C’est sous ce nom que les habitants de Saint-Louis connaissent trois forêts
placées dans le grand désert du Sara, à 100 lieues (nord-est) de leur établissement.
Une partie des productions de l’intérieur, la gomme entre autres, qu’on
dirige sur nos comptoirs du Sénégal, vient de ces forêts. Durand ( Voyage au
Sénégal, in-4°. 1802. ) les indique sur sa carte, et les désigne sous leurs noms
arabes, Sahel3 Lébiar et AlJ'alak.
Il paraît que les Galagos y sont très-communs. Les Maures, qui en apportent
quelquefois aux Européens, les leur vendent sous le nom Animal de la gomme y
résine dont ils assurent que les Galagos mangent beaucoup. M. Bâcle éprouva
que les siens en mangeaient effectivement -, mais il leur reconnut un goût plus
décidé pour les insectes. Les ayant embarqués avec lu i, il les vit s’agiter au
moindre bourdonnement d’insectes, être au guet pour une blatte dont ils étaient
avisés, sauter sur cette proie, s’ils étaient libres de le faire, et l’enlevér prestement.
Toutefois on lès nourrissait facilement avec des objets cuits, du laitage et
des oeufs. Généralement enfin, ils manifestaient des habitudes qui tiennent de
celles des Makis et des Chauve-souris.
Il eût fallu les tenir avee-les^précautions dont on use pour les oiseaux : pour
ne l’avoir pas fait, M. Bâcle les perdit'sans retour. Leur vivacité, leur extrême
pétulance, et surtout leur force pour le saut, étonnèrent beaucoup ce voyageur,
mais moins encore que le mouvement de leurs oreilles.
Les Galagos les ferment quand ils dorment : froncées et raccourcies d’abord à
( t ) T A B L E A U D E S D IM E N S IO N S D U G A L A G O . Ponce, ¡- „
Longueur du corps, depuis le bout du museau jusqu’à l’origine de la qu eu e . 6 . . . . a
-------------------------- de la queue................................. 8 . . . . o
i--------- ;----- ■; de la tête.............................. . . . . . . i . . . . 9
-------------------------- des membres antérieurs. .-. 3 . . . . 4
--------------------------- des membres postérieurs. - . . . . ..................... 6 . . . . 3
-------------------------- de 1 a cuisse à part. . . . . . . . . . . ................................. a . . . . 2
------------------ . de la jambe...................................... 2 . . . . 4
-------------------------- du pied a . . . . 7