I LA MARTRE DES PALMIERS,
semblent disposées de manière à s’engrener les unes dans les autres, pour garantir
encore mieux le conduit auditif, lorsque l’animal juge nécessaire de fermer son
oreille, en rapprochant la partie antérieure de la conque de la postérieure ; ce
qu’il fait même quand il dort.
Le pelage se forme de deux sortes de poils; e t, parmi les soyeux, il y en a
qui sont lisses et très-longs, tandis que d’autres sont plus courts et gaufres. Ces
poils sont en moindre nombre que les laineux', qui forment le vêtement principal;
et de longues moustaches garnissent les côtés de la lèvre supérieure et le dessus
La couleur du Pougouné est d’un noir-jaunâtre, c est-à-dire que, vue de côté
et de manière-à n’apercevoir que l’extrémité des poils , elle parait généralement
noirâtre; tandis que, vue en face.des poils, et lorsqu’on les aperçoit dans toute
leur longueur, elle est jaunâtre. Sur ce fond se remarquent trois I rangéesde taches
de. chaque côté de l’épine, et d’autres éparses sur les cuisses el les épaulés, tandis
que, sur le fond noirâtre, ces dernières disparaissent; et les autres, se contondant,
suivant la direction de chacune des rangées qu’elles forment, se changent
en des lianes. Ces variations de couleurs et ces taches résultent des teintes propres
aux différentes sortes de poils:: les poils soyeux lisses sont entièrement noirs,
et les gaufrés sont noirs à leur extrémité; de sorte que quand eux seuls peuvent
être aperçus, l’animal est tout noir; mais comme ils sont en petit nombre com
parativement aux laineux, qui sont jaunâtres, et que les soyeux gaufres sont jaunâtres
aussi à leur moitié inférieure, l’animal paraît de cette couleur, dès que 1 | g
peut pénétrer dans l’intérieur du pelage; et les taches étant formées de poils
soyeux lisses, et très-rapprochées l’une de l’autre, toute la partie jaunâtre qui
les sépare est aperçue, et elles sont distinctes lorsqu’on les regarde de face; mais
cette partie n’est plus sous la vue, et les taches se confondent dès qu on regarda
le pelage de côté, parce qu’alors l’oeil ne peut apercevoir que des poils noirs.
' Cette disposition des poils et des couleurs se remarque chez un .assez grand
nombre d’animaux, et sert à expliquer les variations de couleurs sous lesquelles
ils se présentent, et les différences qui s’observent entre les descriptions qui en
ont été données. Aussi ne serais-je point étonné qu’un plus grand nombre g |
voyageurs ou de naturalistes que ceux dont j ’ai parlé au commencement de cet
article eussent décrit la Martre des Palmiers, sans qu’on puisse nettement reconnaître
cet animal dans ce. qu’ils en rapportent : c’est pourquoi, crainte d erreur,
je m’abstiendrai de multiplier les citations et la synonymie.
J Les membres sont noirs; mais la peau des tubercules des doigts est coutour
de chair. La queue est noire dans la moitié de sa longueur, et la tête est également
de cette couleur; seulement elle pâlit vers le museau, et Ion voit une
tache blanche au-dessus de l’oeil, divisée par une tache noire en forme de larme,
et une au-dessous. Le bord de l’oreille est noir à sa face interne, dont gm ih e t
est couleur de chair; la face externe de cet organe est noire, excepte bprd,
dans la largeur d’une ligne, qui est blanc.
D’après ce que M. Lechenault nous annonce, cet animal se trouve dan a
presqu’île de l’Inde, où il habite les lieux plantés d arbres et de
ce qui sans doute lui a valu le nom qu’il porte; et nous voyons, par quelques
dépouilles conservées dans la collection du Muséum, que 1 espèce se trouve f a -
L’individu que notre Ménagerie a possédé passait les journées entières à dormi.
OU LE POUGOUNÉ. 5
roulé en boule. On ne pouvait qu’avec beaucoup de peine le tirer de cette espèce
de léthargie : ce n’était qu’avec la chute du jour qu’il se réveillait, mais pour
boire et pour manger seulement; dés qu’il était repu, il retournait à la place où
,1 se couchait habituellement, et où il entretenait une grande propreté. Il marchait
avec lenteur, et ne paraissait pas susceptible de sentiments vifs; du moins
toutes ses actions ont paru le confirmer. Sa voix n’a jamais consisté que dans
un grognement sourd, qu ,1 faisait entendre lorsqu’il était contrarié et qu’il menaçait.
Bien différent des Civettes et des Genettes, il ne répandait aucune odeur-
— SB sa H | se coulât sur elle-même, elle n’était point prenante. L’im’
mobil. é à laquelle cet animal était condamné par son esclavage et son naturel,
lu. ont fait prendre un embonpoint tel, que sa graisse est devenue la cause de
sa mort; accident assez fréquent dans les Ménageries
Les caractères de la Martre des Palmiers, sa mar'che plantigrade, ses ongles
rétractiles, et surtout sa queue s’enroulant d’une façon si singulière, nous
paraissent suffire, comme nous l’avons déjà dit, pour nous autoriser à former
de cet animal le type d un groupe particulier dans la famille des Civettes; groupe
que nous proposons de désigner par le nom de Pxaxnoxuan, ParadoLrus
dans la vue de conserver à 1 espèce que nous venons de décrire le rang qui doit
lu. appartenir, s. d autres viennent s’associer à elle, comme il est probable que
cela sera, nous lu. donnerons, pour les Catalogues méthodiques, le nom de Typus •
et il nous a paru que nous pouvions lui appliquer en français celui de P o o g o u n /
forme par contraction de Pounougou-Pouné, qui paraît signifier, dans la langue
malabare C h a t - C i v e t t e ; nom assez convenable pour un animal qui a les ongles
des Chats et les dents des Civettes.
Janvier 182 1.