est aussi d’un gris plus pâle que le chanfrein* et les poils du front, qui sont très-
longs en comparaison de ceux de la face, sont d’un brun-noir. Le dessus du
cou, tout le long de la ligne moyenne, paraît d’un fauve plus pâle que les parties
environnantes, et le dessous de la gorge est presque blanc. Les jambes extérieurement
sont du fauve du corps, mais elles sont grises à leurs côtés antérieur et
intérieur. Les cuisses en dessus ne différent point du fauve des parties voisines*
en dessous elles sont très-blanches, et tout le ventre est également blanc.
Ces couleurs douces, répandues d’une manière harmonieuse, résultent d’un
pelage très-remarquable par son épaisseur, sa finesse, et sa distribution. Toute
la face, jusqu’à la partie postérieure des mâchoires, est revêtue d’un poil ras très-
lisse, qui permet aux formes de la tête de se dessiner nettement. A partir du
front les poils s’allongent beaucoup sur le cou, les épaules, le dos, les flancs, la
croupe, les cuisses, la queue, tombent de chaque côté du corps en longues
mèches, ef,, cachant toutes les formes de cet animal et une partie de ses jambes,
lui donnent une apparence épaisse et lourde qui n’est point dans ses proportions
réelles : aussi ses mouvements sont-ils en général faciles et légers. La face
interne des cuisses et le ventre sont absolument nus. Ces longs poils composent
une toison dont l’industrie tirerait les plus grands avantages, car elle est presque
entièrement composée de poils laineux * les poils soyeux sont en effet en si
petit nombre, qu’on est obligé de les chercher pour les découvrir, surtout aux
côtés du corps. Les premiers sont d’une finesse et d’une élasticité qui les égale
presque à ceux de Cachemire, et ils sont beaucoup plus longs. Leur longueur
dépasse souvent un pied* ils sont aussi beaucoup moins colorés que les soyeux*
un grand nombre même sont entièrement blanc. Les poils soyeux composent
entièrement le pelage des parties nues, telle que la face, les membres, etc.
L’individu que nous décrivons et qui est une femelle, sans montrer une très-
grande confiance, montre une très-grande douceur, et quelques soins de plus
que ceux qu’il a reçus dans sa jeunesse en auraient fait tout-à-fait un animal
domestique. Lorsqu’on pénètre dans son parc il ne s’effraie point, et regarde
sans inquiétude * mais il s’éloigne si l’on approche de lu i, et toutefois sans fuir.
Son gardien peut cependant l’aborder et le toucher sans qu’il se retire* il reçoit
même ses soins avec confiance, et se laisse conduire en laisse sans résister. Mais
si alors des personnes étrangères s’approchent de lui et le touchent, il souffle
violemment, ce qui fait sortir de sa bouche avec force la salive qui s’y trouve *
il donne aussi des coups de pied de derrière, comme la plupart des autres Ruminants.
En général il galoppe pour courir, et lorsqu’il veut se coucher il s’appuie
d’abord sur ses genoux. C’est toujours à la même place qu’il va déposer ses
excréments, semblables à ceux des Moutons , et il la choisit aussi loin qu’il
peut de son habitation. De temps en temps, et. sans motifs apparents, il fait
entendre un petit cri faible et doux qui ressemble au bêlement d’une très-jeune
brebis. C’est un animal aussi facile à nourrir que le serait un Mouton * et si l’on
s’occupait un jour de le naturaliser en Europe, ce qu’on ne tardera pas à faire
sans doute, si le développement de l’industrie continue à être favorisé, on devra
l’acclimater d’abord dans nos contrées montagneuses les plus sèches, c’est-à-dire
sur les revers de nos chaînes de montagnes méridionales, où les pluies sont les
moins fréquentes, et où le froid est le moins humide. Alors on sera certain
non-seulement de conserver, mais même d’améliorer cette race précieuse, par
les soins bien entendus qu’on pourra lui donner, et qu’elle n’a jamais été à portée
de recevoir. Je ne serais même pas étonné qu’on en trouvât des races entièrement
blanches; car, comme je l’ai dit, le plus grand nombre des poils laineux
de 1 individu qui fait l’objet de cet article sont blancs, et j ’ai yu des poils
du plus beau noir entre les mains de M. ***, chargé autrefois de naturaliser
en Lspagne l’Alpaca et la Vigogne, qui m’a assuré qu’ils provenaient d’un
Alpaca noir. Or cet Alpaca ne pouvait guère être qu’une. variété de l’espèce
commune, et les variétés noires sont généralement plus difficiles à se former
que les blanches, par les influences de la domesticité. Tout fait donc prévoir
que l’on pourra teindre un jour la laine d’Alpaca comme la laine de Mouton
et lui donner les couleurs les plus claires et les plus vives, comme les plus
loncees ; c’est-à-dire porter à toutes la perfection possible un genre d’industrie
qui, en créant de nouveaux besoins, nous donneraient de nouvelles richesses.
Les Alpacas sont d’ailleurs des animaux très-propres à la nourriture des hommes;
leur chair est succulente, et ils pourraient ainsi nous nourrir et nous vêtir,
comme les Moutons, avec cette différence que leur taille surpasse de beaucoup'
celle des Moutons des plus fortes races.
L’individu que nous venons de décrire a les dimensions suivantes :
Sa hauteur, du sol à la croupe, est de. . .
--------------------- —" au sommet de la tête, de
La longueur de la poitrine aux fesses, de.
Sa queue a environ.............................................
Cet animal, qui n’a jamais été représenté, et qu’on peut difficilement reconnaître
dans ce que les voyageurs ont pu en dire, continuera sans doute d’être admis
dans les Catalogues méthodiques sous le nom de Camelus paco.
O c t o b r e 1821.