L’ENGOUBERT.
L ’ o r d r e des édentés, quoique formé d’éléments assez hétérogènes, se compose
toutefois de genres, ou plutôt de familles qui sont très-naturels, et dont les es-,
pêces ne peuvent point être éloignées l’une de l’autre ; mais si chacun de ces
groupes secondaires forme, dans un ensemble plus général, une division dont les
parties sont intimement liées, relativement aux autres groupes, il n’en est pas
de même de ces parties entre elles, du moins pour les Tatous; car les espèces
qui composent cette famille se réunissent en plusieurs subdivisions très-naturelles,
et pourvus de caractères importants et exclusifs.
Ces animaux sont comme on sait très-peu connus : on a les figures assez grossières
de quelques espèces, les descriptions imparfaites de quelques autres, et
peu de notions anatomiques sur leurs organes; aussi ne serait-il pas possible de
classer ces différents renseignements dans chacune des subdivisions auxquelles
ils doivent appartenir, c’est-à-dire de rapporter les membres de cette famille,
les différentes espèces de Tatous, aux genres entre lesquels ils doivent se partager;
mais quant à ces genres eux-mêmes, on peut dès à présent en caractériser quelques
uns, et l’Encoubert devient le type de l’un d’entre eux.
On savait déjà, surtout d’après M. d’Azara, que quelques espèces de Tatous avaient
cinq doigts à tous les pieds, tandis que d’autres n’en avaient que quatre aux pieds de
devant ; et quoique ces différences ne pussent avoir que peu d’effets sur le naturel
des animaux^ elles étaient déjà propres à caractériser des groupes très-naturellement
; mais les Tatous se distinguent par des caractères encore plus importants*
Jusqu’à présent on avait eu lieu de penser que tous ces animaux étaient dépourvus
d’incisives, et que toutes leurs dents, absolument semblables l’une à
l’autre, étaient des mâchelières. En effet, tous les Tatous examinés jusqu’à ce jour,
ont été trouvés avec des inter-maxillaires privés de dents ; l’Encoubert cependant
a de véritables incisives : il s’éloigne donc des autres Tatous, moins parfaits que
lui par la privation de ces sortes de dents, lesquels, sous ce rapport, se rapprochent
un peu plus qu’il ne le fait des édentés proprement dits. Mais ce groupe
de Tatous sans incisives ne forme pas un tout identique'; il se partage encore
en deux divisions par le mode d’articulation de la mâchoire inférieure, la forme
des dents, et les rapports de celles d’une mâchoire avec celles de l’autre. Les espèces
dé la première se rapprochent de l’Encoubert, dont elles ne différent que
par la privation d’incisives ; celles de la seconde s’en rapprochent beaucoup
moins, et commencent à se lier aux Fourmilliers et aux Pangolins; car, outre l’ab