seulement par quelques formes extérieures, qui pourraient ne rien changer à son
naturel; mais par des modifications profondes, qui doivent donner à ses penchants
et à ses habitudes des caractères très-particuliers. En effet, du premier coup d’oeil
on voit que cet animal ne se lie naturellement à aucun des groupes dont il se
rapproche, comme on peut s’en convaincre en le comparant au Zibeth, à la
Genette du Cap et à la Mangouste de Malaca , dont nous avons déjà donné les
figures. Il aurait, par sa physionomie générale, plus d’analogie avec le Blaireau,
à cause de ses formes trapues et de sa marche plantigrade ; mai? c’est en cela
seulement que ces animaux se ressemblent : ils s’éloignent l’un de l’autre par
les dents et par les doigts ; caractères plus importants, et qui rattachent nécessairement
le Pougouné- à la famille des Civettes.
Cette famille commence donc à prendre une importance quelle navait point
eue jusqu’à présent, et qui, dans le système zoologique, la rapproche, sous ce
rapport, de celle des Martres, de celle des Chiens, de celle des Chats, etc. etc.
Elle se constitue de quatre groupes bien distincts, qui semblent, dans les gradations
de leurs différences, nous montrer la marche que la nature a suivie poulies
former, tout en restant dans les limites générales qu’elle s’était tracées. Elle
appartient à l’ordre des Carnassiers par le système dentaire. En effet lesGenettes,
les Civettes , les Mangoustes et le genre auquel le Pougouné servira de type,
ont exactement les mêmes dents et pour le nombre et pour la forme, les mêmes
téguments à la langue, et la même structure au sens de l’odorat; aussi, sous le
rapport de la nourriture, ces animaux ont-ils les mêmes appétits : comme les
Chiens, quoique moins carnassiers qu’eux, ils se nourrissent, de préférence, de
matières animales ; mais ils aiment aussi les fruits doux et les matières sucrées.
Le nombre des doigts est également le même chez tous ces animaux; et c’est là
que se borne ce qu’ils ont de commun.
Le Pougouné a les incisives et les canines des Carnassiers, trois fausses molaires
à la mâchoire supérieure, et quatre à l’inférieure; mais deux tubercules à
la première de ces mâchoires , et un seulement à la seconde. La véritable carnassière
supérieure a une pointe moyenne, une seconde en avant et une troisième
en arrière, plus petites que la première; puis en avant, un tubercule
interne très-épais, qui diminue la forme tranchante de cette dent, et la rend
presque triangulaire. La dent analogue inférieure a toute l’épaisseur des dents
tuberculeuses, et est composée de trois tubercules en avant, formant les sommets
d’un triangle rectangle, et de trois en arrière, plus petits que les premiers,
et disposés sur une ligne courbe.
Cet animal est entièrement plantigrade ; ses cinq doigts, à chaque pied, sont
garnis, à leur extrémité, d’un épais tubercule, qui ne permet point à fiongle d’appuyer
sur le sol, et dont la peau est organisée d’une manière assez délicate; l’ongle
est en outre presque aussi rétractile que celui des Chats, mince et aigu; ce qui
permet à l’animal de s’en servir comme d’une arme offensive ou défensive, ou
comme d’un moyen de grimper aux arbres. Les doigts, très-courts, sont réunis,
jusqu’à la dernière phalange, par une membrane assez lâche, qui leur permet de
s’écarter, et en- fait en quelque sorte des pieds palmés. Sous la plante et sous la
paume se trouvent, à la base des doigts, quatre tubercules charnus, revêtus d’une
peau de même nature que celle des tubercules de la dernière phalange; ceux des
côtés se prolongent, et se réunissent au talon et au poignet; seulement celui qui,
à la main, correspond au petit doigt, est séparé dans son milieu en deux parties
égales par un ph; et un ph semblable se fait remarquer au point où ce tubercule
se réunit avec celui du côté opposé. Au pied, le tubercule qui garnit le
côté externe de la plante est aussi partagé par un pli, mais en deux parties
inégales, dont la plus petite, qui est l’antérieure, est d’un tiers plus courte nue
lautre. Les rapports de longueur des doigts suivent, à tous les pieds, cet ordre
décroissant : celui du milieu, l’annulaire, l’index, le petit doigt et le pouce La
queue présente un des traits les plus caractéristiques de cet animal, et en même
temps les plus singuliers; car, jusqu’à présent, je ne sache pas qu’il ait ailleurs
dautre exemple. Lorsque cet organe est. étendu, il se trouve tordu de droite à
gauc e vers son extrémité; c’est-à-dire que, par une disposition particulière des
vertèbres sans doute, la partie supérieure de la queue est en dessous, et de cette
disposition résulte le phénomène suivant : lorsque les muscles supérieurs tendent à
enrouler la queue, Ce mouvement se fait d’abord de dessus en dessous; et, s’ils
cessent dagir lorsque cet organe n’est enroulé.qu’à moitié, il semble être organisé
comme toutes les queues prenantes; mais si les muscles continuent à agir, la queue
revient à son état naturel, et l’enroulement continue à se faire, mais de bas en haut
jusquà la racine de la queue ; et c’est dans cet état que nous l’avons représenté.
Les mamelles sont au nombre de trois de chaque côté, une pectorale et deux
ventrales. Le scrotum est libre, volumineux, et divisé en deux parties égales par
un sillon. La verge est dirigée en avant, dans un fourreau attaché à l’abdomen
de chaque côté duquel se trouve un appareil glanduleux qui semble verser ses
sécrétions, non-seulement à l’intérieur du fourreau , mais encore à.sa surface
externe, toute couverte de tubercules sphériques, percés d’un pore, hors desquels
sort une matière grasse, lorsqu’ils sont pressés. La verge est comprimée, et
tout henssee de papilles aiguës et cornées, dirigées d’avant en arrière : à son extrémité
se trouve l’onfiee de l’urètre; et au-dessus de cet orifice naît un tentacule
cylindrique, long de trois lignes, charnu, arrondi à son extrémité, lisse dans la
plus grande partie de sa longueur (sa base étant aussi garnie de pointes cornées),
et que 1 on pourrait considérer comme une espèce de gland. On ne voyait aucune
trace de poche vers l’anus.
Loeil a une troisième paupière à son angle interne, qui peut entièrement en
recouvrir le globe. Les nannes sont entourées d’un mufle, et assez semblables à
celles des Chiens, et ce mufle est séparé en deux parties égales par un sillon vertical
, qui se prolonge jusqu’au bord de la lèvre supérieure, sans cependant la
couper entièrement, comme l’est celle des Lièvres, etc. La langue est longue
étroite, mince et couverte de papilles cornées, globuleuses à leur base, et terminées
par un filet épineux et grêle : entre elles se trouvent des tubercules arrondis,
recouverts d’une peau douce; et on voit à la base de la langue, dans un
espace n u , cinq glandes à calices, disposées en un angle dont le sommet serait
en arrière.
L’oreille a sa conque externe arrondie, avec une profonde échancrure à son
bord postérieur, recouverte par un fort lobule; ce qui rappelle cette portion
de 1 oreille des Chiens et des Chats. Toute la partie interne de cette Conque
est garnie de tubercules, de saillies très-variées, et dont il est impossible de
trouver les analogues dans l’oreille de l’homme. Le trou auditif est recouvert
dune sorte de valvule qui paraît être destinée à le fermer; et toutes les saillies
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