
 
		BOUC  SANS  CORNES. 
 ;  nombre  des  variétés  que  la  domesticité  produit,  il  n’en  est  guère  de  plus  
 curieuses  que  celles  qui  se  caractérisent  par  la  disparition  de  quelque  organe.  
 Communément  les  caractères  des  variétés  consistent  dans  de  simples  changements  
 de  formes  ou de  proportions}  quelquefois dans  le  développement extraordinaire de  
 parties  qui  nétaient  qu’en  rudiment,  ou même  de  parties  tout-à-fait  nouvelles}  
 et  ces  dernières  variétés  seules  l’emportent,  par  leur  importance,  sur  celles  dont  
 nous  donnons  un  exemple  dans  le Bouc qui fait le  sujet de  cet  article. 
 Les  cornes,  qui,  comme  on  sait,  ne  se  rencontrent  que  chez  les  Mammifères  
 ruminants,  sont  des  organes  fort  singuliers  par  leur  mode  de  développement,  
 comme  par  les  anomalies  auxquelles  ils  sont  sujets.  Leur  accroissement  successif, 
   suivant  des  formes  généralement  constantes,  est  un  des mystères  les  plus  
 cachés  de  la  nature}  et  la  destination  exclusive  qu’elles  semblent  avoir  reçue  de  
 servir  d armes  à  l’animal  pour  combattre  les  ennemis  qui  pourraient  l’attaquer,  
 et  préserver  ainsi  l’espèce,  devient  incertaine  et problématique,  lorsque  l’on  voit  
 qu ici  des  espèces  en  sont  entièrement  privées,  que  là  les mâles  seuls -en  possèdent, 
   tandis  que  les  femelles,  outre  leurs  propres  ennemis,  auraient  encore  à  
 combattre  celles  de  leurs  petits  :  qu’ailleurs  ces  armes  ne  subsistent  que  durant  
 quelques  mois  seulement,  et  tombent  ensuite  pour  reparaître  après,  comme  par  
 une  Sorte  de  végétation}  qu’enfin  ces  cornes,  si  importantes  par  leur  destination  
 apparente,  peuvent  disparaître  sous  les  influences  les  plus  légères  et  les  moins  
 propres  en  général  à  altérer  l’organisation  et  à  attaquer  les  principes  de  la  vie.  
 Elles  ont  pour  base  les  os  du  front,  et  n’en  sont même  qu’un  prolongement  qui  
 commence  à  se  former  pour  les  Ruminants  à  cornes  creuses,  et  par  conséquent  
 pour  les Boucs,  dés  les  permiers moments  de  la  naissance,  et  qui  s’accroît à  peu  
 près  durant  toute  la  vie  de  l’animal.  Ce  prolongement  osseux  renferme  souvent  
 dans  son  intérieur  de  petites  cavités  nommées  sinus,  qui  communiquent  entre  
 elles,  et  qui  semblent  n’être  qu’une  continuation  des  sinus  frontaux,  que  l’on  
 regarde  généralement  comme  une  dépendance  de  l’organe  de  l’odorat,  et  il  est  
 recouvert  par  une  matière  cornée  qui  paraît  être  d’une  nature  analogue  à  celle  
 des  poils.  Dans  la  variété  que  nous  avons  fait  représenter,  la  protubérance  qui  
 constitue  le  noyau  des  cornes  ne  se  montre  qu’en  rudiment ,  et  n’est  revêtue  
 que  par  la  peau)  il  semblerait  que  la  matière  osseuse  n’a  point  été  fournie  avec  
 assez  d’abondance,  et  par  conséquent  qu’il  y  a  eu  quelque  altération  dans  les  
 vaisseaux  qui  la  transportent  et  la  déposent}  car  on  ne  pourrait  attribuer  cette