qui ne leur permettent pas de l’approcher, et dans lesquelles d’ailleurs il sait
s’envelopper lorsque la fatigue du combat le force au repos.
Les anciens avaient dit, et les modernes avaient répété, que le Porc-Epic
lançait ses épines aveç force, comme des dards, et même qu’elles avaient la
faculté de pénétrer d’elles-mêmes dans la chair une fois qu’elles y étaient attachées.
Buffon a détruit ce préjugé et a fort bien expliqué, par' les mouvements de la
peau de cet animal, la chute de quelques-unes de ses épines lorsqu’il est irrité,
et contraint de les redresser avec force pour se défendre. Il ne se borne cependant
pas toujours à éviter les atteintes de ses ennemis; lorsqu’ils le pressent
de trop près il se jette aveç impétuosité sur eux, et toujours de côté, parce
que ses épines les plus longues et les plus fortes sont placées sur les parties
latérales de son corps; dans le danger il cherche à protéger sa tête, et cependant
l’animal qui tenterait à l’attaquer par là, pourrait être cruellement puni de
sa témérité; car les animaux carnassiers les plus forts né feraient pas avec Leurs
canines des blessures aussi profondes et aussi dangereuses,. que le Porc-Épic
avec ses incisives : il perce les planches les plus épaisses et les plus dures en
peu de temps, et coupe même le fil de fer, tant ses mâchoires ont de force,
tant ses,dents ont de dureté. Aussi, pour,le conserver en esclavage, est-on obligé
de garnir entièrement de forte tôle la cage-oit oni lé 'tient enfermé. Malgré toute
la puissance du penchant qui lé porte à vivre, solitaire, il n’est pas impossible
de l’apprivoiser jusqu’à un certain point p il finit par s’habituer au mouvement,
au bruit, lorsqu’il a été forcé d’y rester exposé pendant quelque temps; mais il
ne devient jamais familier ni confiant, et à plus forte raison affectueux.
On croyait, d!aprés Arisfofé, que le Porc-Épic ne portait ses petits que trente
jours, et on ignorait toutes les autres circonstances de sa propagation. M. Tupputi,
dans un Mémoire intéressant sur cet animal, intitulé : Observations sur le Porc-
Épic., Paris 1807, a rectifié l’erreur des anciens; mais il en est une autre àila-
quelle son autorité pourrait donner plus de poids, c’est la croyance que ces animaux
ne s ’accouplent qu’autant que la femelle se renverse sur le dos. Cette erreur
est plutôt de raisonnement que de fait : on avait conclu que des animaux couverts
de piquons ne pouvaient s’accoupler à la manière des autres; et M. Tupputi
lui-même avait cru les voir s’accoupler suivant la seule manière dont on pensait
qu’ils pouvaient le faire, tant les jugements à priori, si prés des préjugés, peuvent
exercer d’influence même sur l’exercice de nos sens 1 Le fait est qu’ils s’accouplent
comme tous les autres Mammifères, et il suffit pour cela à la femelle de coucher
ses épines, ou plutôt de laisser dans un état d’inactivité complet le muscle qui
sert à les relever; c’est ce que j’ai pu constater plusieurs fois sur des Porcs-
Épics du Cap, que notre Ménagerie a possédés, et qui :se sont reproduits pendant
plusieurs années. C’est en effet, comme le dit M. Tupputi, au mois de mai, que
ces animaux se recherchent pour la génération, et c’est au mois d’août que
les petits naissent, c’est-à-dire que la gestation dure de soixante à soixante-
dix jours, et les jeunes Porcs-Épics viennent au monde les yeux ouverts et déjà
revêtus d’épines, mais elles n’ont qu’environ sept lignes de longueur; leurs incisives
ont une ligne et demie; leur taille, du bout du museau à l’origine de la
queue, est de sept à huit pouces ; les couleurs de leurs épines sont les mêmes
que celles des épines, des adultes; et les jeunes ressemblent encore aux vieux
par toutes les autres parties de leur organisation.
Le Porc-Épic, est une des plus grandes espèces de l’ordre des Rongeurs Sa
longueur, de l’origine de la queue à l’oreille, est de plus de deux pieds. Sa tête
de 1 oreille-au bout du museau, a près de six pouces, et sa queue près de quatre!
Sa Hauteur au> train de derrière est d’un pied quatre pouces, et an train de de-
m près dé onze poueés; enfin, la largeur de sa tête, prise entre les deux
oreilles, est de cinq pouces. Sa physionomie est grossière et sa démarche lourde.
Son museau obtus,, ses- grosses narines, ses très-petits yeux contribuent principalement
à sa laideur, et la pesanteur de ses- mouvements tient à ce qu’il est
entièrement plantigrade. Il appartient à la division des Rongeurs omnivores, c’est-
à-dire que ses dents molaires ont des racines distinctes des .couronnes par leurs
formes. Le nombre de ses incisives, comme celui des infcisives de tous des Rongeurs,
est de deux à chaque mâchoire; la face antérieure de cellefeid’en bas est
opposée à- la face postérieure de celles d’eh haut,'et ces dents agissent l’une sur
l'autre, -comme font entre elles les deux lames d’un ciseau. Les molaires sont au
nombre de quatre de chaque côté des mâchoires, et elles se ressemblent toutes
Dans la jeunesse de l’animal, elles sont formées de plusieurs tubercules minces
réunis entre eux par une substance intermédiaire. Les tubercules en s’usant présentent
d’abord un creux à chacune des extrémités de la dent, et deux plis dans
Ie milieu, vis-à-vis l’un de l’autre. Lorsque l’usure augmente? les creux, dont
le fond est inégal, se divisent, et les deux plis se réunissent de manière à couper
par un sillon, la dent dans son milieu. Enfin le pli externe des molaires inférieures,
et l’interne des supérieures restent seuls sensibles, et les divisions’ du
creux des. extrémités se rapetissent en se réduisant définitivement à des points.
Chaque pied a cinq doigts, armés d’ongles émoussés; mais le pouce de ceux de'devant
n’est qu’en rudiment, et la plante des quatre pieds est entièrement nue et
garnie de tubercules épais et élastiques, très-propres à rendre douce et facile la
marche de l’animal. Sa queue, toujours nue, n’est qu’un rudiment de quelques pouces.
Excepté l’odorat, la plupart des sens paraissaient obtus, à en juger du moins
par leur organisation extérieure. L’oeil est extrêmement petit, à deux paupières
seulement, et je crois que la pupille est ronde. Les oreilles sont peu développées
et assez simples par le petit nombre de leurs replis; les narines sont ouvertes
-aux deux extrémités d’un sinus en forme de croissant, qui traverse le museau
sans interruption, et il est bordé de lèvres épaisses ou bourrelets charnus revêtus
de téguments particuliers et de quelques poils courts. La lèvre supérieure
est fendue; et la langue, peu extensible, est garnie de papilles cornées très-
larges dans son milieu, et plus étroites et assez semblables à celles des Chats
sur ses bords. Les poils sont de deux natures, les épines et les poils lisses qui
représentent les poils soyeux, et les poils gauffrés qui représentent les laineux.
La verge se dirige en arriére, et les testicules restent cachés. Le vagin ne présente
à l’extérieur qu’un simple orifice, et les mamelles sont au nombre de six
trois de chaque côté, placées toutî-à-fait sur les flancs de l’animal, et non point
sur les côtés de l’abdomen.
La tête et le cou sont garnis de très-longs poils que l’animal peut relever
comme une aigrette ou un panache. Le museau, les côtés du cou, la gorge
la partie antérieure des épaules, les membres, la poitrine, le ventre, ne sont
couverts que de poils courts, et les épines revêtent la partie postérieure des
épaules, le dos, les côtés du corps, les cuisses et la croupe; les plus grandes