S É S S lË S Î f i
LE RENNE.
L e jeune Renne femelle, dont je donne aujourd’hui la figure, avait été envoyé
de Norwége avec son mâle à M. le maréchal Mortier', qui les tenait à sa campagne.
Malheureusement ces animaux ne vécurent que quelques mois, et nous
n’avons pu en tirer tous les caractères de leur espèce, la seule du genre Cerfs
qui se soit soumise à l’empire de l’homme, et qu’on ait pu ployer à la domesticité.
C’est pourquoi nous nous bornerons, dans cet article, à donner la description
du bel individu dont nous publions la figure. Pour faire l’histoire de cette espèce
singulière, il nous paraît nécessaire de l’étudier de nouveau, afin de reconnaître
par quelles qualités elle tend à quitter l’état sauvage pour se rapprocher des
hommes, et pour partager leurs pénibles travaux; autrement nous ne pourrons
que réunir, dans une compilation plus ou moins méthodique, les observations
auxquelles les Rennes ont déjà donné lieu; et qui, quoique fort bien faites, dans
le point de vue sous lequel elles ont été entreprises , ne sont pas susceptibles
de résoudre la quéstion'Ta_pître—importante de toutes celles que ces animaux
présentent, leur domesticité.
Les Rennes, comme on le sait, appartiennent au genre des Cerfs ; mais ils
se distinguent de la plupart d’entre eux, et, réunis à l’Élan, forment un petit
groupe qui se caractérise principalement par la privation d’un mufle, c’est-à-dire
que la partie qui sépare et qui entoure leurs narines ne constitue pas cet appareil
glanduleux qui s’observe à l’èxtrémité du museau des autres Cerfs, et d’un
très-grand nombre d’animaux de tous les ordres, et que nous désignons par
ce nom de mufle; et les Rennes en particulier présentent encore cet autre caractère,
que leurs femelles portent des bois de la même nature“, et à peu près
de la même forme que ceux des mâles, mais plus petits. Du reste ces animaux
ont les organes du mouvement, des sens et de la génération des Cerfs, quant
à _,:e qui est essentiel à ces organes. Pour leurs dents, elles sont encore semblables
à celles de ces animaux; mais les mâles portent des canines comme les Cerfs
d’Europe, et l’on sait que ces sortes de dents ne sont propres qu’à quelques
espèces de Cerfs seulement.
Le Renne dont nous donnons la figure avait la tête forte, le cou très-court,
les jambes grosses, les sabots arrondis et fort larges, et les ongles postérieurs
très-gros et de la même forme que les sabots. Les mamelles étaient au nombre
de quatre et inguinales. Cet animal, qui entrait dans sa seconde année, à ce que
nous pensons, n’avait encore pour bois que des dagues qui étaient assez lisses,