LE MARI NAIN.
O n ne peut méconnaître la grande analogie qui existe entre cet animal et les
Makis proprement dits ; toutefois il présente des caractères particuliers qui l’en
éloignent : son museau court, sa tête ronde, sa vie tout-à-fait nocturne, annoncent
un naturel un peu différent de celui de ces animaux, et quoiqu’il ne me paraisse
pas devoir en être séparé, pour constituer un genre à part, il doit former le type
d’un groupe dans lequel se réuniront sans doute un jour d’autres espèces. C’est
au reste ce qui ne pourra être décidé qu’après la mort de cet animal encore vivant,
circonstance qui ne me permet pas de reconnaître ses caractères intimes. Je suis
donc obligé, pour le faire apprécier, et pour désigner nettement ses rapports avec
les Makis, de renvoyer ce travail au moment où il me sera permis d’examiner
son organisation interne. En attendant je me bornerai à décrire ses caractères
spécifiques, et à faire connaître son origine. C’est à M. Milius, commandant à l’île
Bourbon, que nous devons cette jolie espèce de Quadrumane, qui, comme les
autres Makis, se trouve à Madagascar. Elle a les organes du mouvement des Makis,
et jusqu’à leur ongle crochu du second doigt des pieds de derrière ; sa queue est
moins fournie que la leur; ses oreilles sont très-arrondies, sans hélix, mais avec un
tragus et un ante-tragus; ses yeux sont très-grands et à pupilles rondes , et ses narines
entourées d’un muffle, sur les côtés duquel elles sont ouvertes, et elles sont
plus avancées que les mâchoires; la langue est douce. Tout son corps, excepté
son museau et l’extrémité de ses membres, est couvert d’un pelage épais, composé
tout entier de poils soyeux en apparence, fortement gauffrés, qui lui forment
à la fois le vêtement le plus doux et le plus léger. Le front, la partie postérieure
de la tête, le dessus du cou, les épaules et le dessus des bras; le dos, les côtés
du corps, la croupe, les cuisses, les jambes, et toute la queue, sont d’un gris-
fauve uniforme. Le dessous de la mâchoire inférieure, la gorge, le dessous <Ju
cou, et les côtés de sa partie supérieure, la poitrine, la face interne des bras, le
ventre, la face externe des cuisses, sont blancs. Les mains et la face sont couleur
de chair, seulement on voit entre les deux yeux une tache blanche longitudinale,
bordée sur ses côtés d’un peu de noir. Il n’y a aucune différence entre les mâles
et les femelles.
Ce Maki passe tout le jour caché dans un nid de foin où il est roulé en boule,
et où il dort assez profondément; mais aussitôt que la nuit commence, il sort de
sa retraite, et tant qu’elle dure il agit. C’est alors qu’il mange, qu’il satisfait à
ses besoins, qu’il joue; il est peu d’animaux plus agiles et plus vifs pour sauter;