caractère le plus précis : celle du Rat d’eau a vingt-deux vertèbres, et celle du
Schermaus dix-huit, en commençant à les compter par celle qui vient immédiatement
après la partie postérieure de l’ischion ; et les vertèbres ont elles-mêmes
une telle différence de longueur, que la queue du Rat d’eau dépasse de neuf
vertèbres celle du Schermaus, lorsqu’elles sont placées à côté l’une de l’autre.
Il paraîtrait que ces animaux se distinguent encore par les moeurs, les instincts:
le Rat d’eau fouit et forme ses galeries au bord des ruisseaux, dont on trouve
l’ouverture sur la berge même ; tandis que le Schermaus ne fait les siennes que
dans les prairies, et que ses terriers ne communiquent point immédiatement
avec le bord des eaux. Yoici ce que nous apprend à cet égard M. Strauss, à
qui nous devons l’animal que nous décrivons, et qui s’est déjà fait connaître d’une
manière si honorable par ses travaux anatomiques sur les insectes.
« Le Schermaus se trouve ordinairement dans les prairies où croît la carotte sauvage,
dont la racine fait sa principale nourriture. On le rencontre cependant aussi
quelquefois dans les terres labourées, où il cause de très-grands dégâts en coupant
les racines des plantes qu’on y cultive. Il vit sous terre, comme la Taupe, et forme,
comme elle, des monceaux de terre à la surface du sol ; mais ces petites élévations
se distinguent facilement des taupinières, en ce que celles-ci sont immédiatement
au-dessus du trou qui communique avec la galerie formée par l’animal,
tandis que les autres sont constamment sur le côté de ce trou ; ce qui vient de
ce que la Taupe soulève et repousse la terre avec sa tête et son museau, tandis
que le Schermaus exécute ce travail avec ses pattes ; de plus les taupinières ne
se composent que d’un seul tas, tandis que les monceaux formés par le Schermaus
se composent de la réunion de petits tas particuliers. Les galeries de ce
dernier n’ont que six ou sept pouces de profondeur; elles sont très-sinueuses,
et c’est au-dessus de leurs contours les plus étroits que les monceaux de terre
se trouvent. Cet animal a encore le singulier instinct de boucher l’entrée de ses
galeries et de sa demeure d’un tampon de terre fortement pressé, tandis que le
Rat d’eau et le Campagnol laissent ouverte l’entrée des leurs. C’est principalement
la nuit que ces animaux travaillent ; et loin d’être effarouchés des pièges qu’on
leur tend dans leurs galeries, ils semblent s’empresser de visiter l’endroit où l’on a
travaillé, aussi ne tarde-t-on pas à les prendre. Le Schermaus que j ’ai pris moi-
même était à une grande portée de fusil de la rivière, et sa galerie, dont j ’ai
suivi les traces, m’a fait voir qu’il était descendu du haut de la colline. Un tau-
pier qui avait déjà pris un assez grand nombre de ces animaux, m’a assuré qu’ils
forment pour l’hiver un magasin très-considérable de carottes qu’ils coupent par
morceaux de deux pouces environ de longueur, et qu’ils arrangent les uns à
côté des autres avec la plus grande régularité. Une branche latérale des galeries
est le lieu où les excréments sont déposés.»
Quant au pelage et à ses couleurs, il est, comme nous l’avons dit, tout-à-fait
semblable à celui du Rat d’eau. Toutes les parties supérieures du corps sont
d’un brun-marron assez foncé, et les parties inférieures d’un gris clair sur la poitrine,
mêlé de jaune sur le ventre. Les poils, pour le plus grand nombre, sont
laineux ; tous sont d’un beau gris d’ardoise dans les trois quarts de leur longueur.
Aux parties brunes, les laineux se terminent par une pointe fauve, et les soyeux,
beaucoup plus nombreux sur la croupe que sur les autres parties, sont entièrement
noirs; aux parties grises, la partie fauve des poils est devenue blanchâtre.
Les côtés de la tête et les côtés du corps sont d’un brun moins foncé que les
parties supérieures; la queue est noirâtre en dessus, et grise en dessous.
Ses dimensions sont les suivantes:
De l’occiput à l’origine de la queue................................................................^ _ P*gC“ ' L,B“CS'
Du bout du museau à l’o c c ip u t ,, t ' g
De l’origine de la queue à son e x trém ité................................................... 2 g
Le Schermaus est donc une espèce propre et distincte de tous les autres Campagnols.
Il me paraît être le Mus terrestris de Linnæus, et devra par conséquent
être inscrit dans les Catalogues méthodiques sous le nom de Lemmus terrestris
celui de Lemmus ayant été étendu à tous les Campagnols par mon frère, qui en
à formé un genre.
D é c em b r e 1822.