hiver ils sont plusieurs jours sans se montrer, non point qu’ils dorment d’un
sommeil léthargique comme les Marmottes, mais parce qu’ils craignent le froid,
et qu’étant fort gras, ils sont peu pressés par la faim. C’est en été que les femelles
mettent bas deux, trois, et même quelquefois quatre petits. Elles en ont un très-
grand soin, et les amènent quelquefois jouer au soleil au bord de leurs terriers. Dès
leur deuxième année les jeunes Blaireaux peuvent se reproduire, et il est permis
de conjecturer que leur vie s’étend jusqu’à douze ou quinze ans. Le Blaireau est
carnassier, mais beaucoup moins que les Chiens j il mange le pain, les fruits, etc.,
et on l’apprivoise très-aisément il vit et joue familièrement avec les Chiens, vient
quand on l’appelle, et suit même la personne qui le soigne, et qu’il apprend
très-bien à connaître. On le trouve dans toute l’Europe jusqu’en Norvège, et
dans une grande partie de l’Asie il se pourrait même qu’il existât en Amérique.
Buffon l’avait déjà fait penser par la figure qu’il publia sous le nom de
Carcajoudans ses Suppléments, tom. III, pl. 49, pag. 243, et qui avait été faite
d’après un animal qui venait du pays des Eskimauxj et moi-même j ’ai possédé
un Blaireau qui avait été amené directement d’Amérique en France, sans cependant
que j ’aie eu la certitude qu’il était originaire de cette contrée. Les chasseurs
distinguent deux espèces de Blaireaux, ils nomment l’un Blaireau Cochon, et
l’autre Blaireau Chien, et ils leur donnent pour caractère quelques légères différences
dans la teinte des poils et dans les nuances •, les uns sont plus foncés que
les autres, et ceux-ci fouissent plus volontiers dans les terres fortes que dans
les terrains sablonneux, qui plaisent plus aux premiers. On n’a point encore
constaté jusqu’à quel point ces observations sont fondées (Dufouilloux, 15y3 , p. 91);
mais dans tous les cas elles ne feraient admettre que deux variétés de peu d’importance.
Cette espèce ne paraît pas avoir été connue des Grecs -, du moins on n’a pas
reconnu que les auteurs de cette nation en eussent parlé. Les Latins, par contre,
l’ont désignée par deux noms différens, par celui de Meles et par celui de Taxus.
C’est le dernier de ces noms que les naturalistes ont donné au genre qu’ils ont
formé de cet animal, et ils ont réservé le premier pour désigner l’espèce 5 ainsi
le Blaireau est le Taxus Meles des Catalogues méthodiques.