présentent cet organe comme égalant à peu près, par sa longueur, la moitié de
la longueur du corps.
La seconde espèce ne repose que sur une description de Pallas (Glires, pag. p ) ,
faite d’après une peau bourrée du cabinet de Leyde, sur une de Pennant, qui
est accompagnée d’une figure évidemment faite aussi d’après une peau bourrée
(Syn., quad., pag. 270, n* i 99> %• 2)> et sur une troisième de Forster
(Phil. trans. LXII, pag. 378.)
Pallas nous donne son Mus empetra comme étant plus petit que la Marmotte,
et ayant la tête brune en dessus et blanchâtre en dessous, les parties supérieures
du corps brunes avec l’extrémité des poils d’un gris-blanc, les parties inférieures
et les membres couleur de rouille, la queue courte, de la couleur du dos, avec
le bout noir. .
Pennant, au contraire, nous dit que sa Marmotte de Quebec avait les poils
gris à leur origine, noirs au milieu et blancs à leur extrémité, ce qui ne produit
qu’une teinte grise, et non point une teinte brune. Le ventre et les jambes
étaient de couleur orangée, et les pieds noirs; la queue était courte et dune
couleur obscure.
Quant à Forster, il parle évidemment de VArctomis empetra. Le sommet de a
tête, dit-il, est châtain, le dos tiqueté d’un noir-grisâtre et d’un brun-jaunâtre. Les
jambes et tout le dessous du corps sont d’une brillante couleur ferrugineuse, etc.
Si actuellement nous comparons les notes descriptives que nous venons de
rapporter, aux Marmottes d’Amérique qui se trouvent dans les collections du
Muséum, et à la Marmotte que nous possédons vivante, nous devons penser que la
première espèce n’a pas été revue, et nous douterions même qu’elle appartint à
ce genre, si les auteurs qui l’ont possédée ne la comparaient pas à la Marmotte,
dont la physionomie ne peut être confondue avec celles des espèces d’aucun
autre genre. La couleur brune sans mélange de gris, et la queue longue, qui font
ses caractères, ne se rapportent à aucune des Marmottes que nous avons sous
les yeux; et une Marmotte à queue longue et à poils unicolores, lorsque toutes
celles qui sont bien connues ont, au contraire, la queue très-courte et du blanc
et du noir dans les poils, a besoin aujourd’hui d’être observée de nouveau pour
dissiper les doutes que de telles anomalies font naître.
Nous devons donc regarder l’Arctomys Monax comme une espèce peu connue,
ou peut être fondée sur des caractères infidèles, et représentée par des figures
plus propres à en donner des idées imparfaites que des idées justes. |
Quant à XArctomys empetra, il est bien évident que les deux descriptions qu’on
y rapporte ne concordent pas : l’animal décrit par Pallas était brun, et celui
qu’avait observé Pennant était gris; mais nous retrouvons du moins dans les
individus que nous sommes à portée de leur comparer un moyen de confirmer
l’exactitude de ces descriptions, si ce n’est le rapprochement quon en a fait.
En effet, les galeries du Muséum possèdent évidemment des individus congénères
de celui de Pallas ; et celui dont je donne aujourd’hui la figure est tout-
à-fait conforme à celui de Pennant. Tous ont la même taille, les mêmes proportions,
la même physionomie générale, et la même teinte de rouille aux parties
inférieures du corps ; mais les parties supérieures sont d’un beau roux chez les
uns, et d’un beau gris chez les autres.
VArctomys empetra a généralement un ton fauve, qui devient plus vif et plus
brillant sur le ventre, la poitrine et les membres, et qui se glace de blanc sur
Je cou, le dos, les épaules, les reins, les cuisses et les côtés du corps. Le dessus
de la tête et la queue sont d’un brun foncé ; le blanc domine sur les côtés des
joues et sur la mâchoire inférieure. Ces couleurs résultent de celles des deux
sortes de poils, les uns laineux, et les autres soyeux, qui constituent la fourure
très-épaisse de cet animal, excepté sur la tête, les membres, le ventre et la
queue, où il ne s’en trouve que de soyeux. Les uns et les autres sont noirs
dans toute leur partie inférieure ; les premiers se terminent par une pointe
fauve qui fait à peu prés la moitié de leur longueur 5 les autres par une belle
couleur de rouille, partout où cette couleur domine; et où le fauve est lavé de
blanc, ces poils ont généralement trois anneaux, un fauve, un noir et un blanc.
Le blanc des joues et du dessous de la mâchoire résulte de poils soyeux qui
sont d’un blanc sale dans la plus grande partie de leur longueur, et le brun du
dessus de la tête et de la queue de poils de même nature entièrement bruns,
excepté un petit nombre d’entre eux, qui, vers l’origine de la queue, ont quelques
anneaux fauves.
Le Monax gris a généralement un ton gris sur le dos, les épaules, les reins,
les cuisses et les côtés du corps; toutes les parties inférieures et les membres
sont d’un beau fauve rouille; cette même couleur borde la lèvre supérieure, et
on en voit des traces sur le cou près de la nuque. Ces couleurs résultent de la
disposition de celles qui se trouvent sur les deux espèces de poils qui constituent
le pelage de cette Marmotte. Comme dans l’espèce précédente, ces poils sont noirs
à leur base, et les laineux sont gris dans tout le reste de leur longueur. Les
soyeux se terminent par des anneaux noirs et blancs, le dernier de ces anneaux
est ordinairement blanc, sur toutes les parties grises; ils ont leur partie supérieure
uniformément fauve où cette couleur domine ; et ils sont blancs en arrière
des joues, et bruns-noirs sur la tête et la queue. Leur distribution est la même
que sur l’espèce précédente, c’est-à-dire qu’il n’y a de poils laineux que sur les
parties supérieures du corps, où c’est le gris qui domine.
Ce Monax est de la taille de l’Empetra : il a, de l’origine de la queue à l’occiput,
quatre pouces, sa tête en a trois, sa queue douze; et sa physionomie générale
est celle de la Marmotte commune; elle en a non-seulement les formes et les
proportions, mais encore les dents, les organes des sens, du mouvement et de
la génération. C’est pourquoi je ne parlerai pas de ces différents organes, les
ayant décrits en donnant l’histoire naturelle de cette Marmotte commune.
Son naturel garait être aussi le même que celui de cette dernière espèce. Il
est très-apprivoisé, mais très-stupide; il n’éprouve aucune crainte lorsqu’on le
touche, qu’on l’empoigne, qu’on le transporte d’un lieu dans un autre; il montre
la plus grande indifférence pour teutes les situations, pourvu qu’il puisse se
coucher proprement. Il ne paraît pas distinguer les personnes qui le soignent,
et ne montre aucune affection pour elles ; en un mot c’est un animal entièrement
dépourvu d’activité intellectuelle, et dont la plupart des actions doivent
par conséquent être instinctives.
Je ne déciderai pas si l’Empetra et mon Monax gris, qui me paraît ressembler
à la Marmotte de Quebec de Pennant, appartiennent à la même espèce,
et ne présentent que des différences de variétés : la nature de ces animaux n’est
pas assez connue pour qu’on puisse fixer les limites de l’influence que les cir