L’APÉRÉA DOMESTIQUE,
OU
LE COCHON D’INDE.
« Doux par^ tempérament, dociles par faiblesse, presque insensibles à tout, ils
« ont 1 air d automates montés pour la génération , faits seulement pour figurer
« une espèce. » Tels sont les traits par lesquels Buifon termine son article sur
le Cochon d Inde, et qui caractérisent avec la plus grande justesse ce singulier
Rongeur. Tous les animaux, en recevant de la nature le besoin de se conserver,
ont en même temps reçu, dans certaines limites, les moyens de le satisfaire.
Tous cherchent dabord par éviter leur ennemi; s’il se présente, ils tentent de lui
échapper; mais s il les atteint, ils font armes de quelques-uns de leurs organes
et se défendent; Le Singe cherche à blesser de ses ongles et de ses dents, le Chien
se borne à mordre, le Chat déchire avec ses griffes, les Ruminants se défendent
avec leurs cornes, le Cheval frappe du pied, la plupart des Rongeurs se servent
de leurs longues incisives et quelquefois de leurs ongles aigus, le Cochon d’Inde
ne fait que crier et fuir : soit que la nature l’ait formé ainsi-, soit- que son instinct
ait ete flétri par la domesticité, il ne sait point nuire pour éloigner un danger;
et ses dents, qui pourraient faire des blessures si cruelles, ne sont pas plus
pour lui, que ses ongles, des armes défensives. Lorsqu’on le saisit, il jette un
cri aigu, et fait quelques efforts pour recouvrer sa liberté et pour échapper à la
main qui le captive; mais c’est à cela que toutes ses tentatives se bornent. Non-
seulement on ne trouverait peut-être pas un second exemple de ces dispositions
inolfensives dans la classe entière des Mammifères, mais ils seraient rares dans
toutes les autres. Cependant, malgré l’extrême faiblesse des individus, l’espèce se
soutient : c’est que la nature a suppléé au peu de moyens conservateurs de ces
animaux par des moyens de propagation extraordinaires. Elle en a ainsi agi généralement
pour tous lés petits animaux, soumis à beaucoup de chances de destruction;
s’ils vivent peu, ils se reproduisent souvent ; mais comme les Cochons d’Inde
sont exposés à périr plus qu’aucune autre espèce, ils sont aussi, plus qu’aucUne