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LE SIAMANG.
C ’e s t encore aux recherches zoologiques de MM. Diard et Duvaucel, à Sumatra,
que l’Histoire naturelle doit cette singulière espèce de Gibbon, dont M. Railles,
qui la connaissait par eux, a déjà donné une description dans les Transactions
linéennesj vol. XIII. A en juger par les notes que m’a envoyées M. A. Duvaucel,
il est peu de Quadrumanes plus remarquable que celui-ci. «Cet animal, me dit-il,
est fort commun dans nos forêts, et j ’ai pu l’observer souvent en liberté comme
en esclavage. On trouve ordinairement les Siamangs rassemblés en troupes nombreuses,
conduites, dit-on, par un chef que les Malais croient invulnérable,
sans doute parce qu’il est plus fort, plus agile, et plus difficile à atteindre que
les autres. Ainsi réunis, ils saluent le soleil à son lever et à son coucher, par
des cris épouvantables qu’on entend à plusieurs milles, et qui de près étourdissent
lorsqu’ils ne causent pas de l’effroi. C’est le réveil matin des Malais montagnards j
et pour les citadins qui vont à la campagne c’est une des plus insupportables
contrariétés.
« Par compensation ils gardent un profond silence pendant la journée, à moins
qu’on n’interrompe leur repos ou leur sommeil. Ces animaux sont lents et pesants 5
ils manquent d’assurance quand ils grimpent, et d’adresse quand ils sautent, de
sorte qu’on les atteint toujours quand on peut les surpendre. Mais la nature, en
les privant des_moyens de se soustraire promptement aux dangers, leur a donné
une vigilance qu’on met rarement en défaut -, et s’ils entendent à un mille de
distance un bruit qui leur soit inconnu, l’effroi les s a is i t et aussitôt ils fuient.
Lorsqu’on les surprend à terre on les saisit sans résistance, soit que la crainte
les étourdisse, soit qu’ils sentent leur faiblesse et l’impossibilité d’échapper. Cependant
ils cherchent d’abord à fuir, et c’est alors qu’on reconnaît toute leur imperfection
pour cet exercice. Leur corps, trop haut et trop pesant pour leurs cuisses
courtes et grêles, s’incline en avant, et leurs deux bras faisant l’office d’échasses,
ils avancent par saccades, et ressemblent ainsi à un vieillard boiteux à qui la
peur ferait faire un grand effort.
« Quelque nombreuse que soit la troupe, celui qu’on blesse est abandonné par
les autres, à moins que ce ne soit un jeune individu. Sa mère alors, qui le porte
ou le suit de près, s’arrête, tombe avec lui, et pousse des cris affreux en.se
précipitant sur l’ennemi la gueule ouverte et les bras étendus. Mais on voit bien
que ces animaux ne sont pas faits pour combattre, car alors même ils ne savent
éviter aucun coup, et n’en peuvent porter un seul. Au reste cet amour maternel