
QUATRIÈME CLASSE
P o i s s o n s .
A n i m a u x vertébrés à fang rouge, fro id , ovipares, refpirant confiamment
par des branchies , & n’ayant ni poils , ni p lumes, ni mamelles.
G É N É R A L IT É S .
O n appelle Poissons, des animaux vertébrés, ovipares
le plus généralement, àfang froid, àcircula-
tion fimple, qui vivent coiiftammment au fein de
Tèau, reipirent ce fluide uniquement & en tout temps
â l’aide d organes appelés branchies ,* qui fe meuvent
habituellement à l'aide de nageoires, c’eft-à-dire
de voiles membraneux, foutenus par des arêtes
offeufes ou cartilagineufes; dont tout rorganifme,
dont toutes les fondions ont été modifiés par le
féjour dans un milieu ou dans un fluide prefque
aufll pelant que leur corps ; dont, en un mot, la
ftruéture totale eft aufli évidemment difpofée pour
la natation que celle de l’ oifeau pour le vol.
Ces animaux , brillans citoyens des eaux, dont
I*empire leur a été dévolu, comme la terre a été
donnée à l'homme & à une foule de reptiles, de^
mammifères, d’infe&es, de mollufques, auili
légers, aufli mobiles, aufli inconftans que l'élément
qu’ils animent, paroiflant recevoir leur caractère
du lieu de leur habitation, font on ne
fauroit plus dignes d’attirer l'attention deshommes;
leur étude éclaire la phyfiologie par les particularités
fans nombre que préfente leur organifation; elle dirige
les démarches du médecin dans plus d’ un cas
où il eft obligé de faire l’application des règles de
l’hygiène, & parmi les êtres organifés, quelle clafle
doit mériter plus notre examen, que la leur
qui réunit tant de titres pour fixer nos regards,
diverfité de familles, grand nombre d’ elpècesp
prodigieufe fécondité des individus, facile multiplication
fous tous les climats , utilité variée
de toutes les parties, nourriture abondante pour
l'homme , matières réclamées par l’induftrie ,
préparations répandues dans le commerce, dans
les arts & dans la pharmacie ? Quels font les animaux
dont la recherche peut employer tant d&
bras fans eux livrés à l’ina&ion, accoutumer de fi
bonne heure nos femblables à braver la violence
des tempêtes, produire tant d’habiles & intrépides
navigateurs, & créer ainfi, pour une
grande nation, les élémens de fa force pendant la
guerre & de fa profpérité durant la paix ?
Certaines peuplades ne vivent prefqu’exclufîve-
ment que de poiflons : l’ufage de cet aliment eft
recommandé chez quelques aur.es par les dogmes
de la religion, & fouvent dans des voyages ou
dans des circonftances forcées, l'on eft obligé de
s’en contenter. Ils apportent donc l’abondance
aux nations ichthyophages des deux mondes, en
même temps qu’ils procurent au hardi navigateur
le moyen de pourfuivre fes longues & périlleufes
entreprifes.
- Nous allons ici confidérer fucceflivement ces
êtres qu'il nous importe tant de connoître, fous
le point de vue de leur organifation, de leurs
facultés , de leur manière de vivre & de. leurs
habitudes 5 nous regrettons de ne pouvoir parler
de leur utilité fous le triple rapport de la broma-
tologie , des arts & de l’induftrie', des moyens
qu ils ont de nuire enfin. Le plan de cet ouvrage
ne comporte point de pareils détails.
La clafle entière des poiflons avoir été, par
Artédi , il y a long-temps déjà, divifée en deux
fous-clafles, celle dts poiffons cartilagineux & celle
des poijfons ojfeux, lorfque Linnæus , s’appuyant
fur des obfervations anatomiques tout-à-fait
inexactes, retira une partie de ces animaux de la
clafle à laquelle ils appartiennent fans aucun doute ,
pour en faire fon ordre des amphibia nantes, détruit
depuis par la plupart des ichthyologiftes, &
en particulier par feu De Lacépède & par MM. Cuvier
& Duméril, qui ont adopté à peu près la
grande divifion d’Artédi.
Celle-ci eft donc généralement fui vie de notre
temps.
Quoique fondées fur un caractère prefqu’ entiè-
rement arbitraire & dont la liailon avec les autres
caractères n’ eft point facilement aperçue, puilqu’ ii
confifte dans la nature du tiflu qui forme le fque-
le«e, les deux grandes fous-clafles des Poiflons
préientent des caractères généraux bien propres à
les diftinguer l’une de l’autre, & font coupées
d’une manière bien heqreufe & bien diftinéte.
Mais chacune d’elles a été foudivifée en un
grand nombre de feCtions plus ou moins circonf-
• crites dont il nous faut absolument indiquer ici la
diftribution d’une manière générale, au moins
d’après les ichthyologiftes les plus récens, De
Lacépède , &■ MM. Cuvier & Duméril.
Le premier, à l’exemple d’Artédi, a d’abord,
comme nous l’avons dit, partagé les poiflons en
deux grandes fous-clafles, les cartilagineux & les
ojfeux, divifées elles-mêmes en quatre ordres,
formés d’après la combinaifon de la préfence ou
de l’abfence de l’opercule des branchies & de
leur membrane. Puis viennent enfuite, dans chacun
de ces ordres, quatre fous-ordres déterminés
d’après la préfence, l’abfence & la pofition des
catopes.
Ce travail eft bien manifeftement une forte de
paradigme ou de cadre tracé d’avance, pour réunir
& clafler de fuite tous les poiflons qui peuvent
exifter, même ceux qu’on ne connoît pas encore.
Dans les deux fous-clafles , les huit ordres & les
trente-deux fous-ordres qui forment cette échelle
ichthyologique, on trouve quelques divifions qui,
en conféquence, i ne renferment encore aucun
genre décrit.
La table fynoptique fuivante pourra donner
une idée exaéte de la compofition de ce bel en-
femble.
Système ichthyologique de D e L a c é p è d e .
SOUS-CLASSES. SOUS-ORDRES
y cartilagineux ; à branchies.
, fans opercules 8c<
à opercules 6c
, «f/ AJ podes. L fans mem> brane.*vISlS u gulaires. houacins.
t '■'AAbdominaux. podes.
î membrane
f fans membrane,
P o i s s o n s .
( à opercules 6c
Jf JApodes. ƒ Tugulaires. ^-Ahoracins. bdominaux.
III [fans membrane.-
I osseux ; à branchies.
^ fans operculés 8es
[ fans membrane.-
JApodes. Tugulaires. Ahoracins. Abdominaux. J podes. ugulaires.
AT horacins. Abdominaux. podes.
JTugulaires. Ahoracins. Abdominaux. J podes. ugulaires.
TAhoracins. Abdominaux. J podes. Tugulaires. horacins.
AAbdominaux. J podes. Tugulaires. Ahoracins. bdominaux.
Nous n’avons pas befoin de dire que les noms
d’apodes, de jugulaires, de thoracins & d’abdominaux
indiquent que les poiflons qu’ils défignent
manquent de catopes, ou les ont fous la gorge,
ou les pqjtent fur le thorax, ou ne les préfentent
que fous l’abdomen. Le nombre des genres qui
compofent chacun des fous-ordres ainfi appelés
eft, du relie, fort confidérable, & comprend tous
les genres de Linnaeus, de Klein, de Grono-»',
de Bloch, plus une aflez grande quantité de
genres tout-à-fait nouveaux.
L’illuftre naturalifte dont nous venons de faire