
Parmi les Sauriens, le Crocodile (PI. X L ,
fig. i , i y 3 ), qui fe préfente d'abord , a cela d'avantageux
à l'étude de fon oftéologie, que fes
futures ne s'effacent point > M, Cuvier les a toutes
retrouvées fur les plus vieilles têtes qu’il a eues à
fa difpofition. Son mufeau. eft alongé & déprimé.
( PI. X L .) Entre le lacrymal & le frontal, exifte,
en outre, chez ce reptile, un os particulier, que,
dans fes Leçons d'anatomie comparée, M. Cuvier
avoir d’abord confidéré comme un fécond, lacrymal,
mais que depuis il a appelé frofttal antérieur ( i ) ,
avec d'autant plus de raifon qu’il fuffit de placer
une tète de Mammifère, de Boeuf, de Chèvre ou
de Cerf, par exemple, à côté d'une tête de Crocodile
, pour s’affurer qu’il s'eft fait chez lui un
démembrement du frontal, puifque, fans rien
déranger, il devient facile de deffmer fur cet o s ,
dans le Mammifère, la future qui exifte dans le
Crocodile, & de détacher ainft, dans le premier,
un frontal antérieur qui auroit la même pofition,
prefque la même figure & abfolument le même
emploi que dans le deuxième, & qui correfpon-
droit exactement à Vapophyfe orbitaire interne de
l'homme , ou à Vapophyfe antorbitaire des quadrupèdes.
Auffi, M. Geoffroy Saint-Hilaire, qui,
d'abord, avoit regardé cet os comme l’analogue
du cornet fupérieur de l'ethmoïde (2), a-t-il fini
par adopter cette détermination (3), que M. Ulrich
a également reconnue (4), qui me paroît fans
réplique aucune, mais contre laquelle fe font élevés,
d’une part, M.Oken, qui prononce que cette
pièce répond à I'oj planum de l ’ethmoïde ( j ) , & ,
de l'autre, M. J. Spix, qui la confidère comme
la lacrymal (6).
En arrière de l'orbite > chez le Crocodile également,
on voit encore un os qui complète le
cadre de cette cavité, en allant, par une apo-
phyfe, rencontrer une apophyfe correfpondante
du j.ugal. Cet os répond a la partie du frontal qui
donne Vapophyfe pojl-orbitaire chez les Mammifères,
dans une famille defquels, celle des Ru-
mînans, il offre d'ailleurs les mêmes connexions
avec le jugal. C'eft lui que M. Cuvier a nommé
frçntal poftérieur (-7), tandis que M* Geoffroy
Saint-Hilaire en fait le frontal proprement dit ,• que
M* Oken en fait, tantôt la partie écajlleufe du
temporal (8), ou la fourchette du membre fupérieur
dp la tête ,* tantôt les apophyfes de la grande aile 1 * 3 4 7 8
(1) Recherches fur les ojfemens foffiles, &ç. , tom. V * ., 3e. partie , pag. 73.
/a) Mémoire fur les os du Crocodile, dans les Annales du
Mjiféum, tom. X.
(3) Pfxdofophie anatomique , pag.
(4) Annotaiiones quadam de feiffu & Jignifiçationc ojfifim
capùis , pag. 24.
$>) fjîs'd e 1818, pag. 292.
(<3) ‘Voye\ la Cepha'.Qgènefis de cet auteur.
(7) Ubi modo , pag.
(8) Ifis-de 1818 , pag. 276 286, note.
du fphénoïde ( i ) , & que M. J. Spix le regarde
comme la partie poftérieure du jugal, ou Vomoplate
du membre fupérieur de la tête.
Comme dans un grand nombre de Mammifères,
chez le Crocodile encore, les ailes internes des
apophyfes ptérygoïdes du fphénoïde demeurent
diftinêtes du refte de l'os & conftituent de véritables
Os ptérygoidiens, qui viennent fe réunir
l'un à l’autre fous le corps de l’os.
Enfin, dans le Crocodile, comme dans prefque
tous les Reptiles, il exifte un os fpécial, qu'on
ne trouve féparé ni dans les Mammifères ni dans
les Oifeaüx, qui offre trois branches, & qui fe
porte, de l’os ptérygoïdien interne, à la réunion
du jugal, du maxillaire & du frontal poftérieur.
C ’efti Cet os que M. Cuvier a nommé Os tranf-
verfe (4).^ que M. Geoffroy prend pour la grande
aile temporale, & que M, Oken appelle jugal
antérieur, ou Radius du membre fupérieur de lu tête ,
tandis que M, Spix n'en fait que le correfpon-
dant de l'humérus de la même partie.
Il faut auffi remarquer que dans le même Sau-
rien, le temporal eft repréfenté par cinq os ifolés ;
une caijfe , un rocher, un tympanique ou os carré,
un temporal écailleux & un maftoïdien j il exifte des
! intermaxillaires ,• les grandes ailes du fphénoïde
demeurent conftamment féparées du corps de cet
! os ; l’ethmoïde demeure en grande partie cartilagineux
i le frontal occupe la même place & les
mêmes fon&ions que dans les Mammifères i l’occipital
refte divifé en quatre parties, comme dans
les foetus de ces derniers} le corps du fphénoïde
n'eft point féparé du fphénoïde antérieur j la
partie zygomatique du temporal & l’apophyfe
ptérygoïde externe font repréfentées par des os
entièrement ifolés.
Dans les Sauriens de la famille des Lézards, la
partie poftérieure du crâne eft fermée par un anneau
compofé de quatre occipitaux, en avant
defquels font le fphénoïde , inférieurement, & le
rocher, latéralement, le pariétal couvrant le tout
comme un toit. Le fphénoïde eft vifible par toute
fa face inférieure, & n'a de rapports avec les pté-
rygoïdiens que par un feul point uniquement j la
paroi latérale & antérieure du crâne, depuis,le
rocher jufqu’à la cloifon inter-orbitaire , eft mem*
braneufe (PL XLI, fig. 5 ) & contient feulement
de chaque côté un os diverfement configuré fui-
vant les efpèces , & qui repréfente l ’aile temporale
& l'afle orbitaire du fphénoïde > la voûte de
cette cavité eft foutenue par une tige offeufe que
M. Cuvier a propofé de nommer Columelle , & qui
conftitue encore un os particulier. L’os tranfverfé .
fe comporte comme chez le Crocodile. Il exifte
également des frontaux antérieurs & poftérieurs.
Du refte, la famille des Lézards eft partagée .
'1 ) Jfis çlc 1818, pag. 384.
ji ) Ubi fuprà , pag. 80.
en
en deux fe&îons, fous le rapport même de la com-
pofition de la tête. Celle des Monitors de l'Ancien
Continent, qui n'ont qu’un feul os du nez, &
dont le frontal propre eft partagé en deux, & celle
des Sauve-gardes du Nouveau-Monde, ou il y a
deux os du nez & un frontal feulement.
Dans les premiers, la tête eft en cône alongé,
déprimé, à pointe moufle , à régions frontale &
pariétale antérieure planes $ ils offrent un os particulier
qu'on peut nommer furcilier.
Les féconds ont la tête plus^ courte & moins
déprimée 5 le mufeau plus relevé. On ne leur voit
qu'un feul incermaxillaire; l'os furcilier ou fur-
orbitaire leur manque, & leur frontal poftérieur
eft divifé par une future en deux os diftinéls.
Dans les Lézards proprement dits, comme le
Lézard vert de nos campagnes, le frontal principal
eft divifé en deux os & l'c>n obferve au-deffus de
l’orbite de petite? fquames offeufes arrondies. Il
exifte auffi chez eux un large furorbitaire.
Dans les Stellions fouette-queues, la tête eft
déprimée & élargie par la direction en dehors &
la grandeur des jugaux.
Dans l'Agame umbre, Agama timbra de Mer-
rem , le jugal s'élargit de manière à couvrir une
bonne partie de la tempe & de la joue i le mufeau
eft court & plat.
Les Marbrés de M. Cuvier ont le mufeau court,
large & aplati.
Les Anolis ont, comme les Sauve-gardes, la
tête alongée & déprimée, & le Bafilic ne diffère
de ceux-ci que par un mufeau un peu plus court.
Les Iguanes, & fpécialement l'Iguane cornu,
ont le mufeau renflé & bombé, le front plat j la
voûte du crâne percée par un trbu dans la future
tranfvèrfe qui unit le frontal au pariétal.
Les Geckos ont le mufeau plus ou moins alongé
félon les efpèces.
La tête du Caméléon (PL LXXIÏI, Eg. 1) eft
des plus bizarres. Le cafque de fon occiput eft
loutenu par trois arêtes, dont l'une appartient au
pariétal & les deux autres aux temporaux. Son
frontal antérieur & fon frontal poftérieur fe joignent
pour former en deffus le cadre de l’orbite &
l'efpèce de crête dentelée que ce fingulier reptile
porte en cet endroit.
Dans les Seinques à groffe queue, le frontal
poftérieur, uni au pariétal & au temporal, couvre
tout le deffus de la tempe, exepté un très-petit
trou en arrière (PL XLI, fig. 5).
La tête de l’Orvet reffemble à celle du Scinque.
Son frontal poftérieur eft divifé.
Dans l'ordre des O phidiens , on dîftingue d'abord
ceux de la tri^ù des Doubles marcheurs à leur
tête qui eft tout d'uhé venue ayeç le refte du corps
& qui porte la mâchoire-inférieure à l’aide d'un os
tympanique immédiatement articulé fur le crâne ,
auquel fe trouvent fixées auffi très-folidement les
branches de la mâchoire fupérieure. Les deux
branches de la mâchoire inférieure, étant d'ail-
Syft. Anat. Tome IK.
leurs foudées pareillement entr’elles, il en réfulte
que leur gueule n'eft point dilatable. LesTyphlops
& les Amphisbènes font dans ce cas-
Mais les Serpens proprement dits , qui fèmblent
former une tribu à part dans le même ordre, ont
l'os tympanique, ou le pédicule de la mâchoire
inférieure , mobile & prefque toujours fufpendu
lui-même à un autre os analogue au maftoïdien &
attaché fur le crâne par des mufcles & des ligamens
qui lui laiffent de la mobilité. Les branches de
cette mâchoire ne font point d’ailleurs unies en-
tr'elles & celles delà fupérieure ne tiennent à l’os
intermaxillaire que par des ligamens, en forte
qu’elles peuvent grandement s'écarter, ce qui
donne à ces animaux la faculté de dilater leur
gueule au point d’avaler des corps beaucoup plus
gros qu’eux.
Parmi ces Serpens, il en eft quelques-uns qui,
tels que les Rouleaux, ont les os maftoïdiens com-
ris dans le crâne, & d'autres qui, comme les
oas & les Couleuvres, ont ces mêmes os détachés.
Dans les Batraciens anoures, la compoittion
de la tête fe Amplifie beaucoup.
Il n’ y a plus chez eux que les deux occipitaux
latéraux, fans bafilaire & fans occipital fupérieur ;
qu’un feul fphénoïde dépourvu d'ailes; qu’un
feul os pour repréfenter tout à la fois le frontal
principal & l’ethmoïde ; les frontaux poftérieurs
manquent totalement, quoique les frontaux antérieurs,
les pariétaux & les rochers exiftent. L’os
tranlverfe 'd’ailleurs ne fait qu’ un feùl os avec le
ptérygoïdien; l'os temporal eft uni avec le tympanique
& , s'il y a deux vomers, il n’y a point de
maftoïdien. Le tube du crâne eft formé en avant
par un feul os annulaire difpofé eu forme de ceinture.
C ’eft ce qui arrive conftamment dans tous les
Anoures, c'eft-à-dire les Grenouilles, les Rainettes,
les Crapauds & les Pipas. Dans ces derniers,
la partie antérieure de la tête eft éctafée &
mince comme une carte.
Dans la Grenouille verte, Rana t-f;ulnv.a, la tête
eft déprimée à caufe de l’écartement des maxillaires
& des jugaux, de la grandeur des orbites, &
de la fituation prefque horizontale de leur plan.
Le contour jexcërieur formé parles intermaxillaires,
les maxillaires & lés jugaux,_& terminé de
chaque côté, par l’extrémité poftérieure des tym-
paniques, eft a peu près parabolique.
Il n’en eft point tout-à-faic de même dans les
U rodèles Se, en particulier., dans la Salamandre
terreftre ,,où la compofition de la tête qui reflem-
ble à çelle des Grenouilles pour l’arrière & le
deffous du crâne, en diffère étonnamment fous
d’autres rapports,& , par exemple, le crâne n’offre
point d‘os en ceinture à fa partie antérieure. Iln’y
a, d'ailleurs, comme dans les autres Batraciens,
que deux occipitaux, mais chîcun d'èux s'unit intérieurement
avec la partie analogue au rocher.