
petits grains font confondus les uns avec les autres?
1 embryon devient diftinél? enveloppé par une
membrane j il eft divifé par un étranglement en
deux parties dont l’une comprend la tête & le
thorax, & l’autre l’abdomen & la queue. Il eft
plongé au fein d’un liquide que Swammerdam a
comparé au fluide de l’amnios.
Alors auffi, fuivant le même obfervateur, on
aperçoit, dans les oeufs dont il s’agit* une allantoïde
j un chorion, un amnios & des vaifleaux
ombilicaux.
Pendant le cinquième~jour * l’embryon groflit
un peu, & vers le foir du fixième, on voit*
outre la tête, le thorax, l’abdomen 8i la queue,
une branchie apparoître de chaque côté du cou ,
& fervir au petit animal pour refpirer, pour nager
dans la glaire & pour s’y repofer.
Dans le courant du feptième jour & au commencement
du huitième , les têtards quittent fuc-
ceflivement leur glaire albumineufe, & * à dater
de ce moment jufqu’au treizième jour, ils n’offrent
aucun changement remarquable dans la
forme* & augmentent Amplement de volume ( i ) .
F O N C T IO N PR EM IÈ R E .
La Nutrition.
S e c t i o n s e c o n d e .
1318. Les Alimens en général, leur Nature. La.
plupart des Reptiles fe nourriflent de proie* c’eft-
a-dire d’infeâes* de vers, de mollufques* d’autres
Reptiles, d’Oifeaux, de Mammifères* mais
conftamment a 1 état de vie. Si l’on en excepte
les Chélonées, qui pâturent dans les prairies fous-
marines , & dans 1 eftomac de l’une defquelles
j’ai trouvé de nombreux débris de courges* ils
ne dépècent jamais les cadavres, ils dédaignent
les fruits, & l’opinion où font les gens de la !
campagne que les Couleuvres aiment le lait & s’attachent
au pis des vaches pour 4e fucer eft complètement
erronée, car la difpofition des dents
eft ici un obftacle phyfique à l’accompliffement
d un pareil aéte.
Au refte, la conformation des mâchoires chez
les Tortues de mer explique facilement la différence
que nous venons d’indiquer , car avec ces
leviers puiffans elles coupent l’herbe fur les tapis
verts qui revêtent les bas-fonds de certains côtes*
en même temps qu’elles peuvent brifer les teftacés
dont elles fe nourriflent auffi parfois. Aufli, vivant
de peu * ne difputant point aux animaux de
leur efpece un aliment qu’elles trouvent toujours
en aflez grande quantité, pouvant de plus paffer
pluüeurs. mois fans prendre d’alimens * elles forW
j y ° ÿ el ci-après, nf. i 323.
ment un troupeau paifible, dont un inflinél car-
naflier ne reunit point les membres en troupe
guerrière.
Cependant la Caouane, plus g-ande, plus
forte, plus fière que les autres Chélonées* a
befoin d’une nourriture plus fubftantielle ; elle
fe contente moins d’algues & de thalaffiophytes ;
elle eft même vorace & fe jette fur les jeunes
■ Crocodiles, qu’elle mutile facilement, au rapport
de La Coudrenière (1). L’ancien procureur-général
au Confeil fuperieur de Saint-Domingue* feu
Moreau de Saint-Méry, afluroit que, pour attaquer
avec plus d’avantage les individus de cette
grande efpèce de Sauriens, elle les attend dans
le fond ^des creux fitués le long des rivages, où
ils fe retirent & ou ils entrent à reculons, vu que
la longueur de leur corps ne leur permettroit pas
de s’y retourner.
— La lu ayuu u c jj a craindre a e
leurs dents, elle les faifit par la queue.
Elle avale auffi par quantité des annélides & des
mollufques (2), ainfi que des poiffons. Elle brilê
avec facilité de grands teftacés, des buccins, par
exemple, pour dévorer l’animal qui eft contenu
fous leurs enveloppes calcaires (3).
Quant au Caret, Catesby (4) aflure que fur les
. cotes orientales 8c humides de l’Amérique méridionale,
il fe nourrit principalement d’une forte
de fungus nommé par les Américains oreille de
Juif
L’Emyde bourbeufe vit de limaçons, de limaces*
d annélides* de larves d’infeétes & des
autres animaux invertébrés 8c mous, qui ani-
mênt les cotes qu'elle fréquente. Auffi a-t-ori
conléillé de la multiplier dans les jardins, pour
y combattre ces ennemis de la culture; mais
on redoute beaucoup fa préfènce dans les étangs,
ou elle attaque les poiffons, bleffant-fous le
ventre les plus volumineux, de manière à les
affaiblir par la perce de leur fang & à les entraîner
plus facilement au fond dé l'eau, ;où elle
les dévoré avec avidité & ne laiffe que leurs
aretes. Circonftance.affez remarquable, elle rejette
auffi leur veffie aerienne > qui venant nager
à la furface de l'eau , fignale aux yeux du propriétaire
les ravages clandeflins qu'elle exerce.
La Tortue grecque vit délimaçons, d'infeâes,
de vers, d'herbes & de fruits, mais elle n'attaque
jamais les animaux vertébrés. On peut la
nourrir en domeftfcité avec dii fon & de la farine
Le Crocodile , fléau redoutable des rives du
Nil & des grands fleuves de l'Afrique, ne vit que
de proie & attaque l'homme lui même. *3 4
( ï) Journal de Phyfique, novembre , 1^82.
W t 'f ° wN , JJifl. nat. de la Jamaïque, pag. 465. (3) Gatesbt , l, c, , vol. 2 , pae. 4o. " 1
(4) fdprà.
Dans
Dans l’Amérique méridionale & dans la fep-
tentrionale , les- Caïmans fe plaifent au milieu
des lacs marécageux & des favannes noyées, où
les eaux fangeufes* où les bois aquatiques font
peuplés d’animaux qui fe dévorent les uns les
autres, & dont les carcafies à demi dévorées
flottent fur le limon en témoignage d’une fcène
continuelle de carnage. C ’eft là que, plus puiffant
qu’eux tous* couvert de boue & reffemblant à un
arbre renverfé dans une vafe impure, le redoutable
Caïman guette le bétail 8c attend patiemment
l’occafion favorable de faifir fa proie. Sa couleur,
fa formé alongée* fon filence, fon immobilité,
trompent les poiffons, les oifeaux littoraux, les
tortues* dont il eft très-avide, & même les
béliers, les chiens, les cochons 8c les boeufs (i),
ce qui arrive furtout lorfqu’il nage en fuivant le
cours de quelque grand fleuve, cas où il n’ élève
au-deffus de la furface de l’onde que la partie
fupérieure de fa tête ? dans cette attitude qui lui
laiffe la liberté des yeux, il cherche à furprendre
les quadrupèdes qui s’approchent des rives, 8c Iorf-
que quelqu’un d’ entr’eux defcend pour boire, il
plonge, va jufqu’ à lui en nageant entre deux eaux,
le faiiit par les jambes & l’entraîne au large pour
lé noyer. Comme le Crocodile du Nil (2), fi la
faim le preffe* il dévore aufli les hommes 8c plus
particulièrement les Nègres , fur lefquels on a
écrit qu’il fe jette de préférence (3). On l i t , dans
la Defcription de la Nouvelle-Efpagne (4)* qu’un
voyageur anglais, pourfuivi avec viteffe par un
monftrueux Caïman forti du lac de Nicaragua*
ne put lui échapper qu’en quittant le chemin
battu.
On rapporte auffi que les Reptiles du genre
des Crocodiles font plus dangereux dans la
grande rivière de Macaffar * que dans aucune
autre rivière de l’Orient: là, en effet, ils ne fe
bornent point à faire la guerre aux poiffons? ils
s’affemblent quelquefois en troupes, & fe tiennent
cachés au fond de l’eau* pour attendre le
paffage des barques & autres petits bâtimens,
après les avoir arrêtés & fe fervant de leur queue
comme d’un croc , ils les renverfent & fe jettent
fur les hommes & les animaux, qu’ils entraînent
dans leur retraite (y). La même chofe arrive avec
les Caïmans américains 6c De la Borde en a vu fe
drefler contre les embarcations , ce que confirme
J. Bar tram { 6).
Ce dernier a été témoin d’ un fpeéhcle effrayant
dû à la voracité de ces terribles Caïmans. Dans
toute fa furface y pendant une nuit, la rivière
(1) Catesby , D e Lacépède , /. c.
(3) Hasselqüist; Voyage c ité , pag. 347*
(3) De L a Coudrenière , ubifuprà..
(4) Voyeq Y Hijlo ire générale des Voyages. (5) Ibidem , édit., in-12 , corne XXXiX,'‘ pag. 3/jB.
(6) Voyage en Floride craci. franç., tom. i , pag. ^36.
Syjl. Anat. Tome IV.
Saint-Jean lui parut couverte d’un banc folide de
poiffons de divers genres, qui fe preffoient pour
paffer dans un petit lac* où des Crocodiles les
attendoient en fi grand nombre 8c fi ferrés les uns
contre les autres, qu’il n’eût pas été impoflîbîe de
paffer d’un bord à l’autre en marchant fur leurs
têtes. Un horrible carnage eut lieu pendant tout
le temps que cette épaiffe colonne de poiffons
mit à forcer le paffage : des milliers, des millions
d’entr’eux fans doute , furent engloutis par les
affamés reptiles, & le voyageur vit un de ceux-
ci jeter hors de l’eau plusieurs grands poiffons
à la fois, les faifir en l’air 8c les brifer entre fes
dents ? les queues de deux ou trois grandes
truites s’agitant le long de fes lèvres & lur battant
les yeux, tandis qu’il en avaloit les têtes. Leurs
mâchoires claquoient avec un bruit horrible, & des
torrens de fang & d’eau s’échappoient de leurs
gueules (1).
11 faut noter de plus que la voracité Si la har-
dieffe des Crocodiles augmentent, diminuent 6c même paffent entièrement fuivant une foule de
circonftances dépendantes du climat & de là faifori.
La faim les force quelquefois à fe manger les uns
les autres, en forte que le plus foible devient la
viélime du plus fort, ce qui ne doit pourtant point
porter à penfer* avec quelques naturaliftes an--
ciens * que la femelle conduit à l’eau fes petits
à peine éclos, 8c qu’ aidée du mâle * elle dévore
ceux qui ne peuvent point fe traîner.
En outre, malgré la diverfité des alimens que
recherche le Crocodile, il eft fouvent beaucoup
de temps 8c même plufieurs mois fans manger C2-)*
& , fuivant une opinion aflez commune; il avale
dans l’ intervalle de petits cailloux & des fragmens
de bois (3).
La Dragonne, fi voifine du Crocodile, mais
moins bien organifée que lui pour nager , grimpe
aux arbres 8c fe nourrit fpécialement de la chair
des animaux des bois.
Le Tupinambis* trop peu fort pour attaquer
l’homme 8c pour fe défendre contre les grands
animaux* fe nourrit d’oeufs d’oifeaux (4), de petits
lézards * de poiffons, 8c même de fourmis &
d’infeétes * qu’il pourfuit au milieu des bois & fur
le bord de l’eau.
Durant le printemps, les Iguanes mangent les,
fleurs 8c les feuilles des arbres, auxquels on a donné
le nom de mahots bc qui croiflènt le long des rivières?,
ils fè nourriflent auffi d’anones 8c de pluüeurs autre
s végétaux (5) .Souvent auifi, au rapport de De la
Borde* ils deicendent des arbres* pour aller à la
(1) L. c., töme I , pag. 2 i3,
(a) Brown, Hiß . nat. de La Jamaïque, pag. (\ 61. (3) Idem, ibid.
(4) Hiß . générale des Voyages ,■ édit, in-ta, töme L IV , pag. 43o, d’après tVlUe. Sybillc-Mérian.
i (5) Catesby , l. c. f voi. I I , pag. <>4.
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