
à une affez grande diflance l'un de l'autre, & tra-
verfent le premier mufcle qui fe porte de la colonne
vertébrale fur la première côte, & qui
femble remplacer le fcalène. Dans le Saumon, en
particulier, le premier de ces nerfs eft G rapproché
du pneumo-gaftrique, qu'on pourroit le
prendre pour une des branches de celui-ci, fi
l’on nè reconnoiffoit qu’il fort du crâne par un
trouifolé; mais, dans la Carpe, il en eft féparé
par le dernier des os branchiaux. La fécondé
paire des nerfs cervicaux, deftinée à l'épaule, eft
iîtuée plus en arrière & plus près de la ligne
moyenne du corps, derrière l'oefophage. Toutes
deux, du refte, fe portent direéfemer.t en bas
vers la lame interne de l'os de l’épaule, chez le
même animal; là, elles fe réunifient fans fe confondre,
& la première fe partage en deux cordons,
donc les filets réunis à ceux de la fécondé,
condiment une forte de plexus & fe diftribuent
aux mufcles adducteurs de la nageoire. Il en naît,
au refte, deux troncs brachiaux qui pafiènc par le
trou pratiqué au-devant et au-dehors de l’articulation
de la nageoire avec l'épaule, s'unifient,
forment une forte de plexus, envoient des filets
dans les mufcles de la région fcapulaire externe,
dans la capfule articulaire des offelets du carpe,
& fous la peau qui forme la membrane dès rayons.
Dans les Raies, la diftribution de ces nerfs
brachiaux eft tout autre. Un canal cartilagineux,
placé derrière la cavité des branchies, reçoit les
vingt premières de leurs paires, qui s'unifient en
cet endroit, & forment un gros cordon unique
qui fe jette vers lapartie antérieure de la nageoire,
en traverfant la barre cartilagineufe fur laquelle
s’articulent les rayons.
Les quatre ou cinq paires de nerfs, qui fuivent
les vingt premières, fe réunifient de même en un
gros cordon qui fe fubdivife enfuite en fept ou
huit filets fous les rayons moyens de la nageoire,
& qui font prefque perpendiculaires à la moelle
rachidienne. Les paires fuivantes, jufqu’à la quarante
quatrième environ, s'unifient deux à deux
& forment un cordon qui va percer la barre cartilagineufe
de la partie poftérieure de la nageoire.
7-çt. Les Nerfs dorfaux en général. Les nerfs
dorfaux ne préfentent rien qui mérite d'être noté
fpécialement chez ces mêmes animaux.
7 1 L Les Nerfs facres en général. Les nerfs facrés
ne font pas diftinêts des autres nerfs vertébraux
chez eux.
757. Les' Plexus lombaire & facrê. Dans les
Poifions cartilagineux, comme la Raie, les campes
font animés directement par huit à neuf
paires de nerfs, dont les quatre ou cinq premières
fe réunifient en un feul tronc qui pane par un
trou particulier dont eft percé le cartilage qui fou-
tient les rayons.
y d j. Le Syft'eme nerveux gang/ionaire. Le nerf
grand fympathique des Poiflons eft exceffivemént
grêle, & femble ne confifter qu’en un fîmple filet
fituéj dans la cavité abdominale, de B n & de
1 autre côté de la colonne épinière. II envoie dans
le péritoine des filamens qui fuivent le trajet des
artères qui vont fe rendre aux inteftins. 11 communique
aufti avec les paires vertébrales par autant
de filets diftinéts, mais on n’obferve aucune
trace de ganglion à l’endroit de cette communication.
Sect i on s e pt i ème.
7 ° 5’* Les Yeux en général. Comme tous les animaux
vertébrés fans exception, les Poiflons ont
tous deux yeux mobiles logés dans des cavités de
la tête appelées orbites, & composés des mêmes
parties eflentielles que ceux de l’Homme, des
Quadrupèdes, des Oifeaux & des Reptiles, à peu
près. Aucun d’eux n’en a ni plus ni moins, &
l’Anableps de Surinam, auquel on a cru en recon-
noître quatre, n’offre fous ce rapport qu*une exception
apparente, car cette disposition dépend
de ce que chaque oeil a deux pupilles.
Deux efpèces feulement font privées d’yeux;
l’une eft la Cæcilie de Brander, qui forme le type
du genre Aptérichthe de M. Duméril; l’autre eft
la Myxine.
| Dans les claffes fupérieures des animaux vertèbres,
un très-grand oeil eft le plus fouvent un
ligne de la faculté qu’a l’animal de voir dans l’ob-
fcurité. Les Poiflons femblent juftifier cette règle ;
la plupart d’entr’eux ont de grands yeux, & le
milieu qu’ils habitent eft moins perméable que
l’atmofphère aux rayons de la lumière.
Les poiflons voyageurs, les efpèces pélagiennes
ont les yeux généralement plus grands ,.plus développés
que les autres. Les Harengs, les Maquereaux,
les Merlans, les Morues, les Thons,
| nous offrent une preuve de cette difpofition.
Ces organes, du refte, ne font point, dans
toutes les efpèces, fitués de la même manière >
tantôt ils font tout-à-fait dirigés vers le ciel,
comme dans l’Uranofcope; tantôt ils font obliquement
tournés en haut, comme dans les Raies
les Callionymes. Dans les Pleurone&es, ils
font tous les deux placés d’un même côté du
corps ; parfois ils font très-rapprochés fur le fom-
met de la tête, mais le plus fouvent ils font fort
écartés & occupent les faces latérales de celle-ci,
comme dans les Requins, les Balistes, les Aiguillas,
les Carpes, les Clupées, les Saumons,
les Truites, &c.
Les yeux du Styléphorè nous préfentent une
anomalie des plus fingulières. Suivant Shav, ils
font pédonculés, et cet auteur les a décrits &
figurés comme portés à Kextrémité d’une colonne
cylindrique. M. de Blainville affirme que cette dif-
pofition fingîilièré n’exifte point.
En raifbn même de la néceflité où ils font de
vivre dans l’eau, les Poiflons ont , en général, la
partie antérieure du globe de l’oeil aplatie, ce cpii
fait que cet organe repréfente une demi-fphère
dont la partie plane eft en avant et la partie convexe
en arrière. La Raie offre de plus un aplatif-
fement à la partie fupérieure , en forte que fon
oeil eft, comme un quart de fphère, coupé par
deux grands cercles perpendiculaires l’un à l’autre.
Certaines efpèces néanmoins, la Lotte en particulier,
ont la cornée très-convexe.
* Comme habituellement la convexité du cryf-
tallin eft en raifon inverfe de celle de la cornée,
chez les Poiflons, ce corps eft prefque fphérique
& mêmetout-à-faitfphérique, en forte qu’il fait
faillie au travers de la pupille & ne laifle prefque
point de place pour l'humeur aqueufe. Son axe
eft, en effet, à fon diamètre, dans le Saumon,
comme 9 eft à 10 ; dans l’Efpadon , comme 25 eft
à 16 i dans le Hareng, l’Alofe & le Barbeau,
comme 10 eft à 11 ; dans le Brochet et la Carpe,
comme 14 eft à 1 j ; dans le Maquereau, comme
12 eft à 13 ; dans la Tanche, comme 7 eft à 8.
L’organe de lavifîon, chez tous les Poiflons,
eft fufpendu, dans une cavité orbitaire plus ou
moins profonde, par fix mufcles, quave droits
difpofés comme chez les autres animaux vertébrés
, mais inégaux, l’externe étant beaucoup plus
court que l’interne, & deux obliques fort longs,
nés prefque du même point de la partie la plus
profonde de l’orbite, & le terminant, l’un en
defîiis, l’autre en deflous du globe, fans que le
fupérieur traverfe une poulie cartilagineufe comme
dans les Mammifères.
Dans aucune efpèce de Poiflon, il n’exifte de
ganglion nerveux ophthalmique, & les yeux de
tous ne reçoivent pas des nerfs accefloires en
même proportion que dans les autres animaux
vertébrés. Dans les Pimélodes, les Silures, les
Anguilles, les Congres, les Rouflettes, les Requins,
&c., aucun filet des troifièhae & cin- I
quième paires de nerfs ne pénètre dans l’organe.
Il n’en eft pas de même des Poiflons qui ont un
corpschoroïdien; ceux-ci, comme nous l’avons
dit, ont une branche corifidérable du nerf ophthalmique
deftinée à cette forte de ganglion vafculaire.
Dans la Raie, où la pupille offre une particularité
fi notable, l’iris eft animé en partie par un filet de
la troifième paire, & dans les Pleuroneêtes, où
une petite languette analogue, en quelque forte ,
à la palmette des Raies, tombe du haut de la
pupille, il entre dans l’oeil des filets des deux
paires de nerfs indiqués.
Il n’y a de nerfs ciliaires dans aucun Poiflon,
dans aucun Squale.
Le nerf de la quatrième paire fe rencontre
dans les Raies, dans les Squales, dans les Cy-
cloptères, les Tétraodons, les Lophies, les Ef-
turgeons, &c., & il fe rend toujours au mufcle
rotateur ou oblique fupérieur de l'oeil.
Celui de la fixième paire eft d’une petitefle
extrême, tandis que dans les Oifeaux, au contraire,
il eft fort volumineux, étant deftiné à
animer le mufcle abdudteur de l’oeil et le mufcle
de la troifième paupière, qui manque chez les
Poiflons.
Telle eft, préfentée d’une manière générale,
la difpofition de l’organe de la vifion dans les
Poiflons; mais cet appareil fi compliqué offre un
grand nombre de différences luivant les efpèces
où on l’examiner,' fuivant la profondeur à laquelle
elles fe tiennent habituellement, fuivant la nature
ou la denfité du liquide dans lequel elles font
plongées, fuivant le genre d’alimens dont elles
fe nourriflent même; les plus voraces, qui attaquent
& pourfuivent les autres animaux aquatiques,
devant avoir le fens de la vue plus délicat,
plus développé, plus parfait que les autres,
&c. #
En.général, les Poiflons voyageurs & pélagiens
ont les yeux très-grands, tandis que les efpèces
; fédentaires & littorales offrent une difpofition contraire.
Pour fe convaincre de cette vérité, il fuffit
d’examiner les Maquereaux, les Cabliaux, les
Harengs, les Merlans, les Saumons, les Dorades,
qui font dans le premier cas ; & les Plies, les Soles,
les Turbots, les Lamproies, les Myxines, les
Ammocaetes, qui font dans le fécond. Ce fait,
important en phyfiologie comparative, acquiert
encore plus de valeur quand on vient à fe rappeler
que les Poiflons qui demeurent plongés dans la
vafe qui les a vu naître, & , par conféquent, dans
des lieux où la lumière ne fauroit pénétrer, ont
communément un appareil de vifion moins développé
que ceux qui exécutent leurs rapides évolutions
au fein d’une eau vive & tranfparente, ou
qui demeurent habituellement à la furface du
liquide qui les nourrit.
Deux efpèces de Poiflons feulement, avons-nous
dit, font privées d’yeux , & toutes deux reftent
plongées au.fond des eaux bourbeufes; 1 une eft la
Myxine, l’autre eft l’Aptérichthe de M. Duméril.
M. de Blainville, qui paroît avoir difféqué avec
un foin tout particulier la première de ces efpèces,
n’a pas trouvé le moindre indice d’oeil au-deffous
de la peau chez elle, & a reconnu que le petit
renflement colore saillant à 1 extérieur, a 1 endroit
où cet organe devroit exifter, n’ell qu’un
amas de granulations glanduleules vers lefquelles
arrivent des filamens nerveux & des ramuicules
vafculaires. | . . c .
Les Poiflons, qui, comme les Raies, les boles,
les Plies, les Turbots, &c ., ont les yeux placés
tout-à-fait à plat fur le deflus ou fur une des faces
latérales de la tête feulement, font mieux partagés
j égard ; mais, comme ils ont a redouter
l’aétion trop vive des rayons lumineux, une fîmple
faillie de l’iris ou une palmette découpée, dont
nous allons bientôt parler, obvient à cetincon*
vénient. .
D’autres efpèces préfentent des anomaues puis