
Arachnides.
extrémité poftérieure & compofée d’une toile
blanche , fefrrée, trèsrfine, demi-tranfparente &
de l’apparence de la mouffeline. M. Latreille a
reçu de M. Goudot une de ces habitations qui,
développée , avoit environ deux décimètres de
longueur, fur près de fîx centimètres de largeur
, mefurée dans fon plus grand diamètre
tranfverfal ( i) .
Dans l’Europe méridionale, la Mygale maçonne
fe creufe dans les lieux fecs , montueux
& expofés au foleil, des galeries fouterraines, en
forme de boyau, ayant Couvent dix-huit pouces à
deux pieds de profondeur & tellement flexueules
qu’ on en perd la trace affez fréquemment (2).
A leur entrée, elle confirait, avec de la terre
& de la foie, une opercule mobile, fixée par
une charnière parfaitement adaptée à la forme
& à l’inclinaifon de l’ouverture, oui fe trouve
ainfi exactement clofe par une forte de trappe
que l’on a de 1£ peine à diftinguer du terrain
environnant, & dont la face inférieure eft revêtue
d’une couche ibyeufe, à laquelle l’animal
s’accroche pour attirer à lui cette porte & empêcher
qu’on ne l’ouvre. Si elle eft un peu béante,
on eft fur qu’il eft dans fa retraite. Tout l'intérieur
de la galerie eft, du refte, tapiffé d’un tube
de foie.
I/Atype de Sulzer fe creufe, dans les terrains
en pente & couverts de gazon, un boyau cylindrique
, long de fept à huit pouces, à parois couvertes
d’un tuyau de foie blanche.
Les Dyfdères & les Filiftates pofiedent fix
filières.
Les Araignées re&igrades ourdiffent des toiles
& font toujours ftaiionnaires.
Les unes, les Tubiteles ou Tapifïières, ont
les filières cylindriques & rapprochées en un
faifeeau dirigé en arrière.
Parmi elles, on doit diftinguer la Çlotko Du-
randiivdans laquelle, à la place des deux filières
intermédiaires, on trouve deux valves pedti-
niformes, s’ouvrent & fe ferment à la volonté
de l ’animal. C ’eft au moins l’opinion de
M. L. Dufour, car M. Latreille penfe que ces
filières font libres comme les autres & Amplement
voifines chacune d’un pinceau de poils rétraailes
qui garnit l'anus à droite & à gauche.
Quoi qu’il en fo it, cette Aranéide, que nous
n’avons pas eu occafion d’obferver par nous-
meme, établit a la furface inférieure des grofîes
pierres ou dans les fentes des rochers une coque
(1) Çüyier & L a t r e i l l e , le Règne animal, &c. .
P a ris , 1829, iu:8 ° . , tom. V, pag. 239. — L atreille '
Mémoires du Mufeum d‘Hijloire naturelle, tom. V I I I 456.
(2) L . D u fo c r , Annales des Sciences phyfique., tom. V ,
patelloïde, d’un pouce au moins de diamètre,
portant, fur fa circonférence, fept à huit échancrures
dont les angles feuJs font fixés au fol, &
cela au moyen de faifceaux de fils, d’efpèces de
cordelettes foyeufes.
L’extérieur de cette forte de tente reflemble
au fatin le plus fin, & les couches fuperpofées
qui la compofent augmentent en nombre avec
l’âge de l’ouvrière, probablement d’une à chaque
mue.
Lorfque l’époque marquée pour la reproduction
arrive , l’animal tifïe tout exprès un appartement
plus duveté , plus moelleux , pour loger
& les facs des oeufs & les petits récemment éclos.
Au refte, quoique la calotte de cette demeure
foit falie par des matières propres à la
mafquer, à la dérober aux regards, le dedans
en eft toujours de la plus grande propreté.
Le Drafie vert confirait fur la furface des
feuilles une toile fine, blanche & tranfparente ,
fous laquelle il s’établit.
C’eft dans les fentes des vieux murs que les
Ségeftries fe filent des tubes foyeux, cylindriques
, alongés, où elles fe tiennent, les premières
paires de pattes dirigées en avant.
Des fils divergens bordent extérieurement
l’entrée de l ’habitation & forment une petite
toile propre à arrêter les infeétes.
Les Clubiones font des tubes foyeux qu’elles
placent, foit fous des pierres, foit dans des
fentes de murailles ou entre des feuilles.
L es Araignées proprement dites, c*eft-à-dire
les Tégénaires, les Agélènes , & les Nyfîes ,
ont leurs deux filières fupérieures notablement
plus longues que les autres. Elles conftruifent,
dans l’intérieur de nos habitations, aux angles
des murs , fur les plantes, les haies , les bords
des chemins, & fous les pierres, une toile grande
& horizontale à peu près , à la partie fupérieure
de laquelle eft un tube où elles fe blottilfent fans
faire de mouvement.
L’Argyronète aquatique , qui vit dans nos eaux
dormantes, y habite une coque ovale» remplie
d’ air, tap.ftee de foie & fixée aux plantes du
voifinage par des fils dirigés en tous fens.
Toutes les Aranéides inéquitèles ou filandières
ont les filières extérieures prefque coniques ,
peu faillantes, convergentes, difpofées en rofètte.
La plupart font des toiles à réfeau irrégulier,
compofées, fur plufieurs plans, de fils qui fe
croifent en tous fens , & elles garottent leur
proie d’une chemife de fupplice.
Telle eft, par exemple, la Scytode thoracique
de nos appartenons. Telle eft aufii -\\
Scytode blonde des montagnes du royaume de
Valence, qui fe tient dans un tube informe,
mince & d’un blanc laiteux.
Le Pholcus phalangifte file , aux angles des
Arad
murs, dans les maifons, une toile compofée de
fils lâches & peu adhérens entre eux.
Les Araignées orbitèles ou tendeufes ont les
filières extérieures prefque coniques, peu fail-
hinteSy convergentes & difpofées en rofette.
Elles font des toiles en réfeau régulier, com-
pofé de cercles concentriques, croifés par des
rayons droits, fe rendant du centre , prefque
toujours occupé par l’animal, à la circonférence,
près de laquelle pourtant fe trouve quelquefois
une loge où il fe cache aufii.
Ces toiles font tantôt horizontalestantôt
verticales.
La toile de l’Epéire diadème , fi commune
dans nos jardins pendant l’automne, offre cette
dernière difpofition.
Après avoir choifi un endroit convenable,
foit entre deux branches d’arbres, foit à l’ouverture
d’une croifée, cette araignée montera
peu près dire&ement au-defius , & , arrivée là,
fixe un fil à l’aide duquel elle defcend comme
fufpendue. Ainfi abandonnée , elle obéit à la
moindre impulfion de l’air qui la fait balancer
& la tranfporte vers un autre point folide inférieur,
mais latéral, où elle s’accroche & fixe
ni des» 5 1 7
le premier fil, qui fe trouve ainfi attaché par
fes deux extrémités : c’eft le premier cordage
de toute la machine } c’eft celui dont elle fe
fert bientôt pour remonter & à la partie moyenne
duquel elle attache une fécondé corde pour fe
précipiter de nouveau , toujours fufpendue par
l’extrémité de l’abdomen. Balancée & chaffée
encore par le vent, elle va s’accrocher, comme
auparavant, fur quelque corps folide fitué à l’op-
pofite de ce point, qui devient le centre de^ la
toile, celui où viennent aboutir une quinzaine
de rayons divergens en haut, en bas, à droite
& à gauche, & formés par des fils fecs, non
vifqueux , conftituant une forte de chaîne folide
de propre à foutenir le corps de l’induftrieufe
ouvrière, qui file bientôt fa trame prefqu’ invi-
fible en une feule foie engluée, tournée en
fpirale de quinze à quarante fois , & circonf-
crivant ainfi une multitude de mailles étroites,
d’aréoles légères-, piège tendu aux imprévoyans
moucherons, qui y perdent bientôt la liberté
avec la vie , mais qui ne fauroit retenir le lourd
fearabée , le fort & agile frélon, et que bien
des circonftances femblent rappeler au moraiifte
dans i’exiftence fosiale de l’nomme, dans le
fyftème politique des légiflations.
Selon le favant phyficien M. Arrago, les
foies de la toile dont nous venons de faire con-
noître la fabrication font fufceptibles de s’alon-
ger d’environ ijn cinquième.
Les Linyphies , de la famille1 dès- Orbitèles
également, conftruifent lur les buiflôns , les genêts,
une toile horizontale, mmee, peu ferrée,
au-defius de laquelle font tendues irrégulièrement
quelques foies.
Les Ulobores font également des toiles horizontales
& lâches; elles emmaillottent leur proie
dans un tiflii de foie. ►
La toile des Tétragnarhes êft verticale, comme
celle de la plupart des-Epéires (1).
L’Epéire de l’Opuntia fe tient conftamment au
milieu dés feuilles des Agavé & des Opuntia ,
& y établit fes filets au moyen d’un réfeau à
fils lâches & irrégulièrement entrelacés.
Les Araignées latérigrades , comme les Mi-
crommates & les Sénélops, ne filent point de
toile, mais jettent Amplement quelques fils fo-
litaires, afin d’arrêter leur proie. Le cocon de
leurs oeufs eft orbiculaire « comprimé.
La Micrommate fmaragdine lie trois à quatre
feuilles en un paquet triangulaire, eft tapiile l’intérieur
d’un tifiii foyeux d’une certaine épaif-
feur, & ,place au milieu fon cocon qui eft rond
blanc.
La Micrommate Argelas établit à la face
inférieure des rochers, aux environs de Bordeaux
, une coque qui a beaucoup d’analogie *
avec celle de la Clotho Durandii déjà décrite (2),
mais qui eft ovale, a près de deux pouces de
diamètre , & fe côrr.pofé d’une enveloppe extérieure
jaunâtre , réfïltante , analogue à une pel-
liculë d’oignon, & d’un fourreau intérieur fouple,
moelleux, ouvert aux deux bouts , par le moyen
de foupapes.
Les- Pmlodr^mes tendent, pour retenir leur
proie, des filets folitairesentre les feuilles, dans
les fentes des arbres ou dans les gerçures des
poteaux expofés au Nord.
Les Araignées vagabondes ne font point de
toile. Elles faififlent leur proie à la courfe ou
en fautant fur elle.
Les femelles^ cependant filent encore des codons
pour envelopper ieurs oeufs, qu’elles femblent
couver ou qu’elles emportent avec elles,
appliqués contre la poitrine &c à la bafe du ventre,
ou fulpendus à l’anus, ne les abandonnant que
dans une extrême néeeflité & retournant les chercher
après le danger pafle.
Les Dolomèdes femelles fe conftruifent, pour
la plupart, aux fommités des arbres chargés de
feuilles ou dans les buiflons, un nid foyeux,
campaniforme ou infundibuliforme, dans lequel
elles renferment le cocon de leurs oeufe , qu’elles
emportent avec elles lorsqu’ elles vont à la chafie.
Quelques autres , qui habitent le bord des
eaux p placent ce cocon dans une groflè toile
irrégulière, tendue encre les branches des végétaux.
(1) Jufqu’ à préfenr l’Epéire cucurbitine paroît etre la
feule efpèce «le ce genre qui faile une toile horizon-
t«le.
(2) Voy*\ ci*deflus, pag. 5a(v
X x x 2