
part des Poiffons offeux, il. réfui toit de la jonction
des deux uretères un canal qui tenoit lieu de veffie.
Prefque conftamment fon volume eft très-petit.
1120. Sa Cavité. C ’eft, dans les Poiffons où
elle exifte, par une ouverture réparée de l'anus ,
& plus en arrière que lui 3y qu’elle verfe l ’urine
au-dehors.
Cette même ouverture fert en outre à la fortie .
des oeufs & de la laite.
1 12 4& 1 12 J . Ses Parois. Elles font habituellement
minces & peu charnues.
S e c t io n t r o i s iè m e .
1129. Les Glandes 6’ les Sécrétions particulières
a certains Animaux. Parmi les Poiffons, les fécré-
tions dont il s’agit ici font affez peu nombreufes 3
mais, parmi toutes les merveilles que préfente
aux yeux du naturalifte la claffe fi variée des ha-
bitans des eaux, une des plus étonnantes fans
doute, eft cette puiffance invifible à l’aide de laquelle
certains Poiffons atteignent leur proie ou
repouffent leur ennemi, qui frappe avec la rapi- !
dité de l’éclair, qui renverfe avec la violence de ;
la foudre.
Depuis des Cèdes, la Torpille eft connue pour
pofféder cette force furprenante. Platon, prefque
contemporain d’Hippocrate, fait dire à Socrate ,
dans un de fes dialogues : « Tu m as étourdi par
tes objections , comme La Torpille, PoiJjfbn .de mer
aplati, étourdit ceux qui la touchent. » Elle eft encore
, aujourd’hui comme autrefois, un fujet de
terreur & d’étonnement pour le vulgaire , & la
réputation de cet animal s’ eft tellement répandue,
meme parmi le,s claffes les moins inftruites des
différentes nations du Monde,, que fon nom eft
devenu populaire, & la nature de ces qualités
vraies ou fauffes, le fujet d’un grand nombre de
proverbes.
Nous devons donc confacrer quelques inftans
• à l’hiftoire de cette faculté particulière que la
Torpille a reçue de la Nature , faculté en vertu
de laquelle elle accumule dans fon corps & fait
jaillir avec rapidité ce même feu éleéhique, que
l’antique Poéfie, fi ingénieufè, fi féconde, fi
riche en vérités , a mis entre les ferre* de l’aigle,
que l’art du phyficien excite dans nos laboratoires,
& qui, condenfé dans les hautes régions de l ’at-
molphère, refplendit dans les nuages & fillonne
la cime fourcilleufe des monts. L’ identité eft parfaitement
conftatée, non-feulement par la nature
des commotions que l’animal doué de ce pouvoir
magique fait éprouver à ceux qui le touchent imprudemment
, mais encore parce qu’on évite ces
commotions en ne communiquant avec lui qu’à
l’ aide de corps ifolans ; enfin , parce qu’ en le
mettant en rapport avec la bouteille de Leyde,
celle-ci fe charge comme avec une machine élec-
trique.
Mais les organes qui, dans la Torpille , diftil-
lent un fluide fi a&if, ont beaucoup plus d’analogie
avec la pile galvanique qu’avec la bouteille
de Leyde.
Quoi qu’ il en foit, la Torpille imprime une
commotion foudaine & paralyfante au bras le
plus robufte qui s’avance pour la faifir, à l’animal
le plus vigoureux qui veut la dévorer; frappe
d’engourdiffement la proie dont elle veut s’emparer,
annihile tout à la fois les efforts de ceux
qu’elle attaque & de ceux contre lefquels elle fe
défend, femblable à ces Syrènes ènchantereffes
dont la Mythologie poétique des Grecs avoir
placé l’empire au milieu de* flots ou près des rivages
des îles défertes.
Redi, le premier, chercha à acquérir fur les
phénomènes auxquels la curieufe faculté de la
Torpille donne lieu, desconnoiffances plus nettes
& plus exactes que celles des favans qui l’avoient
précédé, & donna ainfi l ’exemple aux obferva-
teurs, dont les expériences fe font multipliées
avec le temps, & méritent de notre part un moment
d’attention.
Voici d’abord ce que remarqua l’jlluftre italien
fur une Torpille que l’on venoit de pêcher. A
peine l’eut-il touchée & ferrée avec la main qu'il
reffentit dans cette partie un picotement qui
gagna le bras~& l’épaule, & qui fut fuivi d’un
tremblement défagréable & d'une douleur accablante
& aiguë dans le coude, en forte qu’il fut
prefqu’immédiatement oblige de lâcher prife. A
chaque nouveau contact, la même impreflion fe
renouvela, mais la douleur & le tremblement
diminuèrent graduellemens à mefure que la mort
de l'animal approchoit, mort qui arriva décidément
au bout ae trois heures, & qui entraîna l ’abolition
des facultés engourdi (Tantes qui s’étoient
manifellées^pendant toute la durée de la vie.
Mais ce n’eft pas feulement, comme on pour-
roit le croire d’après cette narration de Redi,
lorfque la Torpille eft très-affoiblie & près d'expirer
qu’elle ne fait plus reffentir de commotion
électrique; il airive fouvent qu’elle ne donne
aucun ligne de fa puiflàncé invifible , quoiqu’elle
jouiffe de toute la plénitude de fes forces. En
1814, j'ai remarqué ce fait fur les côtes de la
Méditerranée; mais, avanr moi, en 1777, le
comte de Lacépède l'avoic noté d’après des ob-
fervarions faites fur trois ou quatre poiffons de
cette efpcèce qui avoient été pêchés à la Rochelle
depuis peu de temps, & qu'on tenoit pleins de
vie dans de grands baquets remplis d’eau ; il ftit
près de deux heures à les toucher & à les manier
en différens fens fans qu’ils lui fiffent éprouver
aucun coup (1). Réaumur rapporte également
qu’il toucha impunément & à plufieurs reprifes 1
(1) H ijl. natur. des Poiffons, verbo T orpille.
des
des Torpilles qui étoient encore dans la mer, &
qu’elles ne lui firent éprouver leur vertu engour-
diffante que lorfqu’elles furent fatiguées en quelque
forte de fes attouchemens réitérés. Au refte,
& nous .en croyons cet excellent obfervateur, la
fénfation ^u’on éprouve alors eft très-différente
des engourdiffemens ordinaires ; on reffent, dit-il,
dans toute l'étendue du bras une forte d'étonnement
qu'il eft difficile de bien peindre, mais qui a
quelque rapport avec la douleur que l’on éprouve
lorfque l’on s’eft frappé rudement le coude contre
quelque corps dur.
^Les obervations de Réaumur font confignées
dans les Mémoires de l’Académie royale des
Sciences de Paris, pour l’année 1714 ( i) . On
dans ce b a (fin , & un doigt de l’autre main dans un
fécond baffin également rempli d’eau ; une fécondé
perfonne plaça de même un doigt d une
main dans celui-ci, & un doigt de 1 autre main
dans un troifième, & ainfi de fuite les huit per-
fonnes préfentes communiquèrent l’une avec 1 autre
par le moyen de l’eau contenue dans n eu f
baflins. AlorsWalsh plongea dans le dernier baffin
un bout du fécond fil métallique, & ayant fait
toucher l’autre bout au dos delà Torpille, il établit
ainfi àl'inftant un conduêteur de plufieurs pieds de
contour , 8e formé fans interruption par le ven tre
de l’animal, la ferviette mouillée, le premier fil de
laiton, le premier baffin, les huit obfervateurs,
le fécond fil dé /wui I aniit.t. »/“ f W * * ) ----- . lai.t on, & ,l e dos del1 à Torpj illoe . ...
trouve suffi dans ce Recueil la Relation donnée | Les portions animées de ce cercle contiucieur,
par le même favant d’ une expérience propre à , c'eft-à-dire les huit individus qui avoient eu le
offrir une idee du degré de force auquel s'élève courage de mettre les doigts dans 1 eau des Mile
plus fouvent l'éleéiricité que fécrètent les
organes du poiffon dont nous parlons. 11 mit une (
torpille & un canard dans un vafe qui contenoit
de l’eau de mer , & qui étoit recouvert d’un linge
de manière à ce qüe le canard ne pût point s envoler
, mais confervât la faculté de refpirer très-
librement; au bout de quelques heures, on le
trouva mort, foudroyé, pour ainfi dire, par fon
ennemi.
Après Réaumur , la fcience de l’éle&ricité,
récemment créée, occupa tous les efprits; on
chercha à en accroître le domaine ; le do&eur
Bancroft foupçonna que la vertu de la Torpille fe
rattaçhoit à la même caufe que les phénomènes
électriques, 8e J. Walsh (2), favant anglais,
membre deda Société royale de Londres , démontra
cette identité par de nombreiifes expériences
qu’il fit dans Tîle de R é , & qu’il répéta à la
Rochelle, en préfence des membres de l’Académie
de cette ville.
Nous allons préfenter un récit fort court de ces
fins, reffentirent foudain une commotion qui ne
differoit de celle que fait éprouver la décharge
d’une batterie éleCtrique que par fa moindre force.
Et cependant, Walsh , qui ne faifoit poiqt partie
de la chaîne conductrice, ne reçut aucun coup ,
quoiqu’il fût beaucoup plus près du centre du
danger que les huit autres perfonnes.
Qui peut fe rèfufer à voir ici la parfaite identité
de l’électricité & de TaCtion ftupéfiante de la
Torpille ? . : v ^ . .
Lorfque ce même animal étoit ifolé, il faifoit
éprouver à plufieurs -perfonnes , ifolées auffi,
jufqu’à quarante ou cinquante fecouffes fucçef-.
fives dans l’efpace de 90 fécondés; ces fecouffes
étoient ferifiblement égales, & chaque effort pour
donner ces,commotions étoit accompagne d’une
depreflion marquée des yeux, qui, très faillans
dans leur état naturel, rentroient alors dans leurs
orbites.
Les mêmes expériences ont démontré la fauf-
feté d’une opinion émife autrefois par Koempfer,
j dapS’ fes Am.mkat.es exotUs, (1712> p- 514), favoir,
expériences qui font confignées dans un Mémoire » que Ton pouvoit, en. retenant fon haleine, fe
publié à Londres en, 1774, fous le titre de : O f j garantir de la commotion que donne la Tor-
ihe eleÇjfric Property o f the Torpédo (3). i pille (1).
On pofa une Torpille vivante fur une ferviette I Cette précaution eft ablclument inutile , &
mouillée ; on fupendit au plafond de la chambre ! plufieurs perfonnes ont confirme en cela les ob
où elle étoit placée deux fils de laiton à l’aide de
cordpns de foie qui dévoient les holer; auprès de
la Torpille étoient huit perfonnes ifolées auffi par
le moyen de tabourets montés fur des pieds de
cryftal.
Tout étant ainfi difpofé, un bout d’un des fils
de laiton fut appliqué fur la ferviette mouillée
qui foutenoit l’animal, & l’autre bout fut plongé
dans un premier baffin plein d'eau. Une des personnes
préfentes plongea un doigt d'une main
(1) Pages 344 & füivames.
(2) Philofoph. Tranfaft. , vol. LXTII , pag. 4&1 & fuiv.
(3) Vo^e\ auffi le Journal de Phyfiqùe , tome IV, p., 2ûfi.
Syji. Anat. Tome'
fervations faites par Walsh.
Enfin , dans le cours des féances expérimentales
entreprises par ce favant anglais, on remarqua
encore que toutes les fubftances propres à biffer
pafl'er facilement le fluide électrique, tranfmet^
toient rapidement la commotion produite par la
Torpille; tandis que tous les corps appelés non
conducteurs oppofoient à fa puiffance un obtiacle
infurmontable. Ainfi, pir exemple, en touchant
l’animal avec une baguette de verre ou avec un
bâton de cire à cacheter, on n’ éprouvoit aucun
mffi l’Amphitheatrum Tooiomieum Valctuini.
(1) Voyeq ;
part. I l , page
L I