
merveilleux que fe trouve fondée l’opinion populaire,
qui veut que les Araignées perdent, dans
certains lieux privilégiés, la faculté de nuire :
telle feroit en particulier la vieille tour du Parifet,
à une lieue de Grenoble, & que dans le pays
on nomme la Tour Saint-Verain, c’eft-à-dire la
tour fans venin, opinion du refte que le favant
Lancelot a réduite à fa jufte valeur (i).
F O N C T IO N S E P T IÈM E .
La Génération.
11 $ O & I l 31. Les Sexes en général ,* la Saifon
des Amours. Dans les Arachnides pulmonaires de
la famille des Fileufes, où les fexes ont leurs
organes fur des individus diftinéts, mâles &
femelles, l’accouplement, dans nos climats, a
lieu depuis la fin de l’été jufqu’à celle de fep-
tembre. Mais, comme ces animaux font très-
voraces & s’entre-mangent, les mâles, pour éviter
toute furprife & n’êt-re pas victimes d’un defir
prématuré, ne s’approchent de leurs femelles,
fou vent plus grofies qu’eux, qu’avec une extrême
méfiance & la plus grande circonfpeétion.
C’eft au mois d’août que les Scorpions s’accouplent.
La copulation des Faucheurs a lieu vers la fin
de l’été.
S e c t i o n p r e m i è r e ,
1132. Le Sexe mafculin en général. Les organes
qui le cara&érifent font, dans les Aranéides,
placés dans ou fur le dernier article des palpes.
Dans les Araignées de la feétion des Orbitèles,
en particulier, l’appareil formé par ces organes
eft très-compliqué.
Des pièces écailleufes, plus ou moins crochues
& irrégulières, entrent dans fa compofition, avec
un corps blanc, charnu, fur lequel on aperçoit
des vaiffeaux en apparence fanguins.
Ce corps blanc me paroît, avec la plupart des
auteurs, être l’organe fécondateur proprement
dit. Cependant, nous devons l’avouer, telle n’eft
point l’ opinion de M. Tréviranus, qui, en 1812,
a écrit que les animaux dont il s’agit ont le pénis
dans l’abdomen.
Dans les Aranéides à quatre facs pulmonaires,
le dernier article des palpes, chez les mâles,
n’offre qu’une feule pièce cornée, en forme de
crochet ou de cure - oreille, fans la moindre
ouverture diftin&e.
Les Scorpions mâles ont deux verges qui fortent
près des peignes.
L’organe générateur des Faucheurs mâles, in-
•térieur & placé fous la bouche, a la forme d’un
dard terminé en demi-flèche.
1139. Les Tefticules en général. Dans les Scorpions,
ils font formés de quelques vaiflTeaux
anaftomofés enfemble (1).
1167. La Profiate. Elle n’eft nullement repré-
fentée ic i, non plus que :
II73. VUrèthre.
S e c t i o n t r o i s i è m e .
1186. Le Sexe féminin en général. Les Aranéides
femelles ont deux ovaires bien diftinéts & logés
dans une efpèce de capfule que forme le foie.^
Quand ils ne font point fécondés, ces ovaires
paroiflfent compofés d’un tiffu fpongieux, floconneux,
réfultant lui-même de l’agglomération de
corpufcules arrondis, à peine fenfibles, & qui
font les germes des oeufs.
Après la fécondation, la grappe que forment
ceux ci devient moins ferrée.
Les oeufs, du refte, font conduits par deux
oviduttes diftintts à une feule vulve.
Les Scorpions femelles ont deux vulves, qui
donnent dans une matrice compofée de plufieurs
canaux qui communiquent les uns avec les autres,
& que l'on trouve, au temps du part, remplis
de petits vivans.
Les Faucheurs femelles ont un ovidu&e membraneux,
en forme de fil, flexible & annelé.
1187. La Vulve. Dans les Aranéides de la
famille des Fileufes, fa configuration varie
beaucoup.
Tantôt, en effet, c ’eft une fente longitudinale
bilabiée, comme dans la Micrommate argelafienne.
Tantôt, ainfi que dans l’Epéire diadème, elle
eft abritée par une opercule terminée en manière
de queue.
Quelquefois elle fe préfente fous la forme d’un
tubercule.
Elle eft, chez ces animaux, ouverte fous le
ventre, près de fa bafe, entre les orifices des
voies de la refpiration.
La vulve des Scorpions eft double.
S e c t io n q u a t r iè m e .
1255. La Copulation & fes Particularités. Après
avoir apprivoifé, pour ainfi dire, fa femelle, le
mâle des Aranéides fileufes applique, alternativement
& avec une grande promptitude, l’extrémité
de fes palpes fur le deffous du ventre de
( i ) Mèm. de V Acad, des fnferiptions & S elles-Lettres,
(1) T p.eviranus , Marcel de Serres, L éon DUFOUR
tomV V I . , L aTREILLE , l. Ç.
la
la femelle, fait fortir, à chaque contaét & par
une efpèce de reffort, l’organe fécondateur, &
l’introduit dans la vulve.
Après quelques courts inftans de repos, lé
même a«fte fe renouvelle plufieurs fois.
D’après les expériences du peintre Audebert,
il paroîtroit démontré qu’ une feule fécondation
peut fuffire à plufieurs générations fucceflives.
Pendant l'accouplement, le Scorpion femelle
eft renverfé fur le dos.
, Pour laccompliftement de oet a&e, les deux
fexes font placés vis-à-vis l’un de l’autre chez les
Faucheurs.
1254. La Geflation. La plupart des Arachnides
font ovipares i quelques efpèces feulement font
ovovivipares ou vivipares.
Ce n’eft que vers la fin de décembre ou au
mois de janvier que la ponte a lieu dans la Clotho
Durandii.
La femelle du Scorpion eft dans ce dernier cas* :
avant de mettre bas fes petits, qu’elle fait à
plufieurs reprifes, elle change de peau, au moins
ièlon le Dr. M. A. Maccari.
La Parturition. La femelle du Scorpion
porte, les premiers jours qui fuivent leur naif-
lhnce, fes petits fur fon dos. Elle ne fort pas
alors de fa retraite & veiile à leur confervation
l’efpace d’environ un mois, époque à laquelle
ils font affez forts pour pourvoir à leur fubfiitance
& aller s’établir ailleurs.
La plupart des Aranéides renferment leurs
oeufs dans des coques de foi -, dont la contexture 8c la figure font diverfement modifiées lelon les
habitudes des races.
Ces coques font généralement fphéfoïdes,
quelquefois elles ont la forme d’un bonnet ou
d’une timbale} quelquefois elles font portées
fur un pédicule, ou fe terminent en maflue.
Des matières étrangères, de la terre, du gravier,
du chaume, des feuilles mortes, les recouvrent
le plus fouvent, mais leur intérieur eft
tapiffé d’un duvet fin, d’une forte de bourre/
foyeufe, appliquée immédiatement furies oeufs.
Les femelles de plufieurs Lycofes déchirent- la
coque qui enveloppe leurs oeufs, au moment oû
les petits doivent paroître à la lumière, & portent
pendant quelque temps les nouveau-nés/cram-
ponnés fur leur dos.
Quelques autres portent leurs coiconé fous le
ventre, ou veillent à leur confervation en fe
fixant auprès d’eux. Elles ne les .abandonnent
que dans une extrême nécefiité^ & vont les
reprendre dès que le danger elt éloigné.
Le cocon de la Mygale avicàlaire a la forme 8c le volume d’une groffe noix. Son enveloppe,
compofée de la même foie qqe l’habitation de
l'animal, eft formée de trois couches.
Il paroît que les petits y éc(ofent 8c y fubiftent
Syji, Anat. Tome IV,
leur première mue, & M. Goudot en a retiré
d’un feul une centaine (1).
L'Atype de Sulzer fixe, avec de la foie Sc par
les deux bouts, fon cocon au fond du tuyau qui
lui fert d’habitation.
Les quatre, cinq ou fix coques que la Clotho
Durandii dépofe dans chacuné*de fes habitations
ont la figure d'une lentille de plus de quatre
lignes de diamètre. Elles font d’un taffetas blanc
comme la neige & garnies, à l’intérieur, d’un
édredon d’une extrême fineffe (2).
Les cocons des Clubiones font globuleux.
Ceux des Epéires, quand ils ne font pas dans
le même cas, ont la figure d’un ovoïde tronqué
ou d’un cône très-court:
La femelle du Fholcus phalangifte agglutine
fes oeufs en une- mafle arrondie & nue, qu’elle
porte entre fes mandibules.
Le coçon des Ulobores eft étroit, alongé,
anguleux fur fes bords, & fufpendu verticalement
par un de fes bouts à un réfeau , tandis que fon
autre extrémité eft comme fourchue.
Celui de la Micrommate fmaragdine, rond &
blanc, laiflTe apercevoir les oeufs qu’il renferme 8c qui ne font point agglutinés.
Celui de la Micrommate argelafienne, globuleux
aufli, renferme environ u; e foixantaine
d’oeufs. Il eft, du refte, placé au-deftous de fa
demeure , comme s’il devoit être couvé.
Celui du Philodrome tigré eft d’un beau blanc
& renferme environ cent oeufs jaunes & libres.
Le cocon de la Lycofe à fac eft aplati & verdâtre.
Roëfel a vu une Chélifere femelle pondre des
oeufs qu’elle raflembloit en tas, tandis qu’Her-
mann père nous apprend que ceux-ci font réunis
en une pelote fous le ventre.
/Les Pycnogonides femelles portent les leurs
fjar deux faufies pattes fituées près des deux pieds
antérieurs, & les raffemblent en une ou deux
/pelotes.
Toutes les Mites font ovipares & pullulent
beaucoup.
S e c t i o n c i n q u i è m e .
12 y6. Le Foetus & fes Enveloppes en général. Les
oeufs des Aranéides, au fujetdefquels M. Hérold
a publié récemment un Mémoire d’un haut intérêt
(3 ), préfentent à l’oeil de l’obfervareur,
comme ceux des oile^ux, un albumen, un vitellus
(1) Latreille, Mémoires du Muféum d‘Hifioirc naturelle
, -rom. V I I I , pag. 456. (2) L éon Dufour, Annales des Sciences phyfiques, rom. V.
(3) Uriterfàçküngen über die Bildungjgefchickte der ff^irbel-
lofen Thiere im E i e , Marburg., 1824*
Y y y