
SYSTEME ANATOMIQUE
TROISIÈME CLASSE.
R e p t i l e s .
A n i m a u x vertébrés à fan g rouge, fr o id , ovipares, refpirant par des
poumons, & n’ayant ni p oils , ni plumes , ni mamelles.
G É N É R A L I T É S .
L ‘ histoire générale des Reptile^ dont l’étude
porte le nom fpécial d’Erpétologie ( i ) , en tant
qu'elle nous les fait connoître colle&iyement,
ou plutôt qu’elle les met en oppofition les uns
avec les autres , de manière à rendre leur compa-
raifon facile & à les faire diftinguer promptement
& avec certitude, remonte à une haute antiquité
& eft liée de la manière la plus intime à celle de
la zoologie & même de l’hiftoire naturelle tout
entière. La fcience qui traite de leur organifation,
qui apprend à comparer les inftrumens de leur vie
à ceux que nous offrent Iss autres animaux, eft
au contraire d’une création moderne, car depuis
peu de temps feulement l ’anatomifte a forcé tous
les êtres organifés de rentrer dans fon domaine,
quoique fes droits fur les reptiles ne foient pas
moins bien établis que'ceux que revendique le
nacuralifte. C ’ eft de cette dernière fcience que
nous devons tâcher ici de préfenter le tableau, le
faifant précéder, pour en faciliter l’intelligence,
de quelques confidérations générales fur la nature ;
de ces êtres animés confidérés dans leur enfem-
ble , & d’une expofitioh fommaire des méthodes
propofées par différens naturaliftes, afin de parvenir'
à les diftinguer les uns des autres, à les
clajfer fyfiématiquement. (i)
( i) Erpétologie vient de deux mots grecs, dont l’un,
fgWÊ?*, lignifie ramper, & dont l’autre, Aoyos , équivaut
à : Traité de, Difcours fur.
Reptile lui-même vient du latin reptare,
Syfi. Anat. Tome IV .
Nous avons vu précédemment les Mammifères
offrir tant de différences dans leur conformation
& dans leur manière de vivre, qu’il eft prefque
impoflible d’en généralifer l’hiftoire anatomique,
& nous avons été obligés d’entrer dans un grand
nombre de détails fur chaque efpèce en particulier.
Nous avons reconnu aufli qu’il n’en étoit nullement
de même des Oifeaux, en raifon des rapports
multipliés qui les rattachent les uns aux
autres, qui font que toutes les eipèces fe reflem-
blent, & qui permettent de fe livrer à des confidérations
plus vaftes, plus étendues.
Les Reptiles vont nous rejeter dans le même
embarras où nous nous fommes trouvés à l’égard
des Mammifères.
S i, en effet, tous ces animaux fe reffemblent,
en cela qu’ils refpirent l’air par des poumons,
qU’ils ont le fang rouge & froid, que jamais la
totalité de ce liquide ne paffe à la rois dans ces
: organes, qu’ils manquent de diaphragme, qu’ ils
font dépourvus de poils ou de plumes, qu’ils font
ovipares, qu’ils ne couvent jamais leurs oeufs &
qu’ils ne'portent point de mamelles, il y a, parmi
eux, des efpèces qui marchent & qui rampent,
d’autres qui nagent, & quelques-unes qui volent
ou qui peuvent au moins fe foutenir dans l’air
pour quelque temps. Les unes n’ont pas de queue
du tout; chez quelques autres, qui en ont une,
elle paroît inutile, & il en eft qui fe fervent de
cet organe comme d’une main ou d’une nageoire 5
on en voit qui font totalement privés de membres,
tandis que d’autres en offrent deux très-courts,