
L'autre eft le fiéchijféur du pouce ; H s’implante
fur tout le refte de la cavité de la maih, & eft
d'un volume corifîdérable;
Il offre cela de particulier que fon tendon,
placé dans l’épaiffeur de la maffe charnue, eft plat,
d’une figure triangulaire oblongue à angles arrondis
y d'une confiftance offeufe dans certains
points, cornée dans d’autres, 8c d'une pefuci-
dité affez marquée.
Dans les Décapodes brachyures » les mufcles
de la bafe des pattes font très-puiffans , 8c placés
dans des locules , dans des cellules qu'interceptent
des cloifons qui s’élèvent des diverfes pièces
du plaftron thoracique (iJ.
2iy. Phénomènes de la Contraction mufculaire ;
Particularités relatives à la Marche & aux Mouve-
mens. La puiffance de contraCti-m des mufcles
des Cruftacés donne quelquefois lieu à des effets
bien remarquables. On fait, par exemple , que les
doigts des ferres de l’Ecreviile, du Homard ,
& de tant d’autres Décapodes , preflent avec
beaucoup de force les corps qu’ils peuvent em-
braffer, & deviennent ainfî une arme à redouter.
On aflure même que certaines grandes efpèces
peuvent, par le moyen de ces pinces , (oulever
une chèvre & lui faire perdre terre (2).
D’après cela , il n’eft donc pas étonnant de
voir les Cruftacés exercer des mouvemens de locomotion
très-variés, 8c nager, marcher, courir,
fauter, grimper même, quoiqu’à dire vrai les
pièces foïides de leurs membres foient articulées
pour cela d’une manière en apparence peu favorable
, & ne permettent guère que des mouvemens
en deux fens oppofés, de tlexion & d’ex-
tenfion, d’abduCtion & d’adduCtion.
Four ne citer que quelques exemples à l’appui
de notre affertion, nous rappellerons d’abord
que les Polybies, les Etrilles, les Langouftes,
les Ecreviffes, 1er Pénées, les Crangons , les
Palémons , les Squilles , les Crevettes de nos
ruiiîeaux, nagent avec plus ou moins de facilité,
& fouvent même, comme les dernières, avec
une grande vélocité.
Il en eft de même des Cyclopes, qui, parmi
les Entomoftracés, nagent fur le dos avec vivacité
& peuvent fe porter auffi bien en arrière -qu'en
avant.
Jurine , auquel on doit une multitude d’obfer-
vations intéreffantes, nous apprend que les Cy-
pris, en nageant, meuvent avec la plus grande
rapidité leurs antennes, qui font de véritables nageoires,
8c leurs deux pattes antérieures qui font 1
(1) Outre tous les tnufcles que nous venons de décrire,
on; trouve dans plufieurs petits Entomoftracés de minces
trouftcaux de fibres charnues propres à écarter ou à rapprocher
les valves de leur teft oftracoïde.
( a ) C u v i e r , le Règne ammal, &c. Paris, 1829 , inrS®.,
tome IY , page
tourbillonner Téau au loin. Ces dernières, au
contraire, fe meuvent lentement 8c fuppiOTtent
tout le corps lorfque les animaux dont il svagit fe
contentent de marcher à la furface des herbes
des marécages.
Le Polyphême des étangs nage toujours fur le
dos, 8e, le plus fouvent, horizontalement, communiquant
à fes bras ou rames & à fes patteS des
mouvemens vifs 8e répétés : il exécute avec beaucoup
de jufteffe 8e d’agilité toutes fortes d'évolutions.
Les Daphnies nagent par petits bonds’ plus ou
moins étendus, fuivant que leurs rames font plus
ou moins, longues.
Les Branchipes nagent aveç la plus grande facilité
fur le d o s , 8e leurs pattes, impropres à la
marche, exécutent alors un mouvent ondulatoire
ttès-agréable à voir. Ce mouvement établit en-
tr’elles un courant d’eau, qui, fuivant le canal
de la poitrine, porte à la bouche les légers cor:
pufcules dont l’animal fe, nourrit. Mars lorfque
celui-ci veut avancer, il frappe vivement l’eau,
de droite 8c de gauche , avec fa queue, ce qui le
fait aller comme par bonds 8c par fauts.
Les Apus nagent aulîi fort bien fur le dos.
La plupart des Décapodes brachyures, non-
feulement nagent avec facilité, mais encore marchent
fort bien, & fe portent avec la même ai-
fance en avant, en arrière, à droite, à gauche
& dans toutes les directions obliques poflibles,
à.l’aide de leurs huit pieds poftérieurs feuLmeri:.
Si quelques-uns de ces Brachyures, plus habituellement
plongés dans l’eau, 8c tels que les
Etrilles, les Tourteaux, les Podophthalmes, nsar*
chent moins bien que les autres, il en eft auffi
qui courent avec une grande véloeitér Ceux-ci
vivent à terre le plus communément.
Tels font furtout les Ocypodes , qu’un homme
monté à cheval auroit, dit-on , de la peirSe à atteindre
(1) , 8c en particulier l'Ocypode des côtes
de Syrie, Cancer car for de Linnæus, qu’Olivier, (2)
a obfervé ave.c foin.
Tels font encore les Ucas, les Cardifomes,
les Gécarcins ou Tourlouroux.
On aflure aufti que les Grapfes favent grimper
fur les arbres des rivages, 8c le cachent fous leurs
écorces. Lorfqu’ on lés inquiète, ils frappent, avec
un bruit marqué , leurs deux ferres l'une contre
l’autre. Une tradition populaire des Indiens veut
qu’une éfpèce deBirgus, le Cancer latro de Ljn-
næus, aille pendant la nuit à la recherche des
fruits du cocotier, dont elle paffe pour fe nourrir.
Le Cénobite ou PHermite-Bernard fe loge fou- 1 2
(1) C’eft là ce qui a va’u à ces Cruftacés l'épithèie de
cavalier, equ.es, par laquelle les défignoiênc les anciens ua-
turaliltes.
(2) Foyâge dans l'Empire ottoman. . tome II.
vent dans des coquilles terreftres fur les rochers i
maritimes , & roule avec elles de haut en bas
dans les inftan.s de danger. h '
Beaucoup d'efpèces dont le domicile habituel
eft hors du fein des eaux . ont l ’art de fe cre'ufer
des terriers plus ou moins profonds.
Telles font,"en particulier, les Gélafimes.des:
contrées chaudes du globe, fi remarquables par
l’inégalité difproportionnée de .leurs deux ferres,;
& qu’on a nommées Crabes apptlahs ( Çanc.rivo-
cantes) , à caufe de ^habitude où elles font de
tenir la grotte pince élevée en avant du corps,
comme fi élles faifoient un gefte pour appeler
quelqu’un. Elles établiffent, près des rivages de
la mer ou dans les lieux marécageux, leurs terriers
cylindriques:, obliques, très-profonds , & dont
elles ferment l'erttréeavéc cette même pince.
Les Ocypodes creufent les leurs dans le fable;
fur le bord de la mer.
Enfin , beaucoup de,Macroures, les Crangons,
les Palémons, les Salicoques, les fecreyiffes,
même exécutent des fauts, des bonds plus ou.
moins grands, en débandant comme un refiort
leur longue queue antécédemment repliée .. fous
le ventre. ,
Lès Daphnies femblent fi bien fauter daris l’eau,
qu’on le tir donne vulgairement le nom de puces
aquatiques.
Les Leptomères , les Nauprédies, les Che-
vrolles , " parmi les Lfcmodipodes , tparchent au
milieu des plantes marines à la manière des Chenilles
arpenteufes » tournent quelquefois avec rapidité
fur eux-mêmes, ou redreffeot leur corps
en failartt vibrer leüfs antennes.
Ils courbent, en nageant, les extrémités de
leur corps.
F O N C T IO N SE CO N D E .
La Circulation.
227. La Circulation en général. PlùfîeUrs des
zooeômiftes les plus récens ont, dans des écrits,
d’ailleurs fort eftimables, publiés fur la ftruc-
ture des animaux de la claffe des Cruftacés,
émis des opinions évidemment erronées au fujet
de leur circulation, en prétendant n’avoir qu’ à
combiner, pour trouver la vérité, les notions
vagues 8c imparfaites qui nous ont été laiffées
par Willis (1) , par Portius (2), par Swammer-
dam (}), par Roëfel (4), par De Geer (y), avec
les résultats des faits oblervés vérifiés par
- (1) De Anima Brutorum , c II I , pag. 16.
' (2) Collection académique, Part, érrang. , tom. IV,
pag. tÜ2.
(3) Ibidem, tom. Y , pag. 128.
Der Infeiten Belußigun? drieler Thiel, §. X X , X XI.
(5) Mémoires cités, tom. Y II ,
MM. Cuvier ( i ) i Duméril ( i) , Defmareft ( î )> &
quelques autres i mais de nouvelles recherches
entrep.rîfes avec fuccès par MM. les doéleurs
Auàbiiin 8c H. Milné Edwards (4), ont jeté un
grand jour fur ce point de phyfiolôgié comparative
, en démontrant combien étoient incomplets
les travaux dus a cet égard aux auteurs antérieurs
au dernier quart du dix huitième fiècle,
comment nos contemporains exploitoient aujourd’hui
une mine dont leurs devanciers n’avoient
fait qu’entrevoir I’exiftence.
Si, en effet, on s’en rapporte à ce qu’a dit
Willis, on fe trouve conduit à croire que dans
les Cruftacés la circulation s’opère d’abord par
la dilatation du coeur où affluent le fang veineux
qui revient des diverfes parties du. corps par
les veines-caves, & , tout à la fois, le fang artériel
qui a traverfé les branchies, où fe rnélangenc
le fang qui vient d’être revivifié par l’aéte de
la refpiration & le fang altéré par fuite de^ l’ac-
compliftement des phénomènes de la nutrition ,
& enfuite par la contraétion de ce vifeère, qui
renvoie aux branchies une partie du liquide qu’il
renferme, tandis qu’il en chaflfe l’autre partie dans
le fyftème artériel.
Or, que la chofe fe paflfe ainfî, c’eft ce qu’il eft
aifez difficile de comprendre 8c encore plus difficile
de démontrer.
Les tentatives fubféquentes de Portius ne parvinrent
point à élucider la matière.
Celles de J. iS^amtnerdam eurent le même
; fort, malgré le profond favoir 8c la fagacité développés
par leur auteur dans fes inveftigations.
Quant à Roéfer, il Imfla la feiençe au point
où il l’avoit trouvée, 8ç De Geer 8c Olivier (y) ,
quoique poftérieurs à lui, n’ ont fait encore que
marcher,lur fes traces. ;
U nous faut donc arriver aux théories émifes
par MM. Cuvier, Duméril (6), Defmareft, Au-
douin 8c Milne Edwards, pour avoir une idée
exaéte du mode de circulation dans les Cruftacés, 8c en particulier dans les Décapodes.
O r , leurs expériences paroiflfent avoir démontré
quef Ji dans les animaux dont il s’agit , le
fang eft mis en mouvement par les contractions
d’un véritable coeur, où il arrive des branchies
par deux vaiffeaux 8c d’où il fe répaftd dans tout
le corps par fix autres vaiffeaux, trois deftinés à
f l) Mémoires de la Société d'Hifioire naturelle de Paris,
an V II , pag. 47. r a Leçons citées , rom. IV .
'■ (i) X,
(3‘). Ubi Jiiprà.
(4) Annales des Sciences naturelles, tome X I , pages 283
& 352, juillet & août 1827.
(5) Encyclopédie méthodique , Hifioire des Infeues t vei bo : Ecrivisse. (6) Rapport fur les Mémoires de M M . Âudouin & Milne
Edwards, lu à l’Académie royale des Sciençes.y le 19 mars
*827.