
56o Annelides.
gène & jaunâtre, dans laquelle il n’exifte qu’un
feul germe, & qu’on ne retrouve plus après le
développement de celui-ci, qui s’échappe par le
petit bout, déchiré irrégulièrement à cette occa-
fion (i).
Nous (avons déjà que la plupart des Sangfues
pondent des efpèces de capfules , dans lefquelles
le développentplufieurs ovules, 8c jufqu’à préfent
c ’eft ce que l’ on aTurtout eu occafion d’ ob'erver
fur VHirudo vulgaris de Muller, 8C fur VHirudo
medicinalis de Linnæus.
La capfule proprement dite du cocon des Sangfues
médicinale^ eft enveloppée par un amas fpon-
gieux de gros filamens, irrégulièrement féparés
par des aréoles vides & hexagonales à peu près ,
qui femblent anaftomofés les uns avec les autres
, de façon à former une couche épaifle de
deux lignes environ. Elle offre, à chaque extrémité
de fon grand diamètre , un petit tubercule
d’un tiffu plus ferme , d’une teinte jaunâtre , plus
cranfparent 8c Taillant à l’ intérieur.
A une certaine époque , l’un de ces tubercules
fe change en un orifice, par lequel s’échappent
les jeunes Sangfues.
Quant aux parois de la capfule elle - même,
elles font minces, blanchâtres, tranfparentes ,
& néanmoins affez réfiftantes.
Au moment même, du refte, où les cocons
viennent d’être pondus, la capfule eft, dans la
Sangfue médicinale, toujours envelopée dans une
forte de mucolïté fort abondante , de façon qu’il
eft affez difficile d’apercevoir les oeufs, dont le
nombre varie de huit à feize, &: qui font difpolés
d’une manière régulière dans fon intérieur.
C'eft cette mucofité ou bave écumeufe, qui,
dépofée par-la Sangfue après la ponte de la capfule
, forme, en fe defféchant, le tiflu fpon-
gieux qui conftitue l’enveloppe extérieure des cocons.
Ces cocons, ovoïdes, ont fix à douze lignes
de longueur, & cinq à huit de largeur.
Leur poids s’élève de vingt-quatre à quarante-
huit grains.
Dans VHirudo vulgaris, leur enveloppe générale
eft coriace 8c d’un vert jaunâtre, félon
M. Caréna.
Cette enveloppe renferme douze granulations
arrondies, ifolées, difpofées d’une manière non
fymétrique, de couleur un peu plus claire, 8c
qui font les oeufs à proprement parler.
Avant que les germes foient alfez développés
pour être vifibles , dans la Sangfue médicinale,
la capfule eft entièrement remplie par un mucus
vifqueux, blanchâtre, peu tranfparent, à faveur
fade & fe confervant plufieurs jours fans
éprouver d’autres changemens qu’une légère def-
fîccation (i).
Quelques autres Sangfues encore font ovipares,
mais les obfervateurs n’ont encore recueilli fur
elles que des renfeignemens trop vagues pour
que nous jugions utile de les rapporter ici. Nous
devons dire cependant que les Branchiobdelles
pondent des oeufs elliptiques, d’un jaune pâle,
opaques, terminés fupérieurement par une pointe
cornée brune, & portés inférieurement fur un
pédicu’e fin, long, brunâtre, à hafe élargie.
Ces finguliers oeufs des Branchiobdelles ne font
point abandonnés dans l’eau des mares ou des ruif-
feaux , confiés à la vffe de leurs rives, enfevelis
dans l’argile ou la marne, dépofés fus les plante^
fubmergées ; ils font attachés fur les branchiës
des%i creviifes de rivière, & éclofent à la fin
de l’été ou en automne.
C ’eft à peu prèsà ce petit nombre de faits bien
conftatés que fe bornent nos connoifiances fur
les modifications dans la quantité , la forme, le
volume, le lieu de dépôt & la compofition des
oeufs des Annelides, étudiées jufque dans les
derniers échelons de leurs familles, de leurs
genres , de leurs efpèces même.
1260. L’Allantoïde. Elle n’exifte point.
1268. Le Foetus en général. Dans la Planaire
brune, qui pond des oeufs où plufieurs foetus font
renfermés fous unë même enveloppe cornée',
ceux-ci, en naiffant, font d’un gris pâle, & ont
environ une ligne de longueur.
On ne rencontre jamais qu’un feul foetus dans
chacune des coques pondues par le Lombric terre
fi re.
Celui-ci, en s’échappant de fon oeuf, au moyen
d’une rupture circulaire de'la coque comme celle
que Ion obferve dans les capfules de la juf-
uiame, a déjà deux pouces de longueur & le
iamètre d’une ficelle ordinaire.
Sa confiftance eft alors des plus molles.
Son vaiffeau dorfal, qui apparoît au travers des
tégumens, eft d’un rouge v if, & exécute des
mouvemens manifeftes de fyftole & de diaftole.
Il eft alors auffi déjà très-agile, & il a immédiatement
l’inftinét de fe creufer dans l’argile un
conduit où il s’enfonce , & fe met à l’abri, comme
un lapin, dans fon clapier.
M. Caréna a fuivi le développement des foetus
dans VHirudo vulgaris. Le 17 juin un individu de
cette efpèce, ayant collé contre les parois d’un
vafe de verre un des cocons, dont il a été parlé
plus haut, fe proménoit autour de lui, en fem-
blant le careffer de fa bouche pendant allez long(
1) L ’analyfe chimique a démontré dans cette malle gélatineuse
beaucoup d’eau 6c de mucus, 6c fort peu d’al(
1) Annales des Sciences naturelles, tom, X IV , pag. 217. bumine.
Annelides. 5 6 1
temps : on diftinguoit déjà dans le cocon douze
petits gra:ns ronds, ifolés, difpofés d’une manière
non fymétrique, & d’une teinte un peu plus
claire que celle de l’enveloppe.
De ces douze oeufs, deux fe font atrophiés
dans la fuite, mais les dix autres groffirent rapidement
, & , au bout de quelques jours, parurent
remplis d’écume. Le fixième jour, après la ponte ,
on diftinguoit déjà de petits corps, oblongs, d’un
vert-jaunâtre , à furface chagrinée , fe mouvant
les uns fur les autres.
Au dixième jour, les petits étoient confidéra-
blement groffis, & plongés dans une mucofité
tranfparente.
Lé douzième on leur voyoit fort diftin&ement
le difque 8c les yeux ; l’enveloppe commui^e de-
venoit de plus en plus bombée, mais les petits
n’étoient encore què rouffâtres.
Plus tard ils devinrent noirs, & leur enveloppe
.devint de plus en plus bombée.
Au dix-feptième jour, quelques-unes des petites
Sangfues préfentoient déjà des vaiffeaux
fanguins.
Elles fe mouvoient alors facilement dans l’intérieur
de leur prifon , & ne manquoient jamais,
en arrivant vers les extrémités du grand diamètre
de l’ovoïde, de donner un coup de mufeau , ma- I
noeuvre qui, à la longue, détermina une déchirure,
par laquelle une jeune Sangfue s’échappa
le 8 juillet, c’eft-à-dire le vingt-unième jour après
la ponte, & par laquelle*les autres fortirent les
jours fuivans, revenant pourtant quel .uefeis , par
intervalle, fe cacher dans leur coque.
Au fortir de fa coque, le Lombric terreftre a le
diamètre d’une ficelle ordinaire , 8c près de deux
pouces de longueur.
11 eft alors d’une très-grande molleffe.
Sa région dorlale offre cependant un vaiffeau
d’un rouge vif, fournis à l’ influence de mouve-
vemens de fyftole & de diaftole.
1274. L* (Ril du Foetus (1).
1277. Le Coeur du Foetus (2),
FO N C T IO N H U IT IÈM E .
La Nutrition.
S e c t i o n p r e m i è r e .
1302. La Ladation. Les Annelides font conf-
tamment privées de l’exercice de cetce fonction,
& , par conféquent, chez ces animaux, on ne
trouve point :
1303. Les Mamelles.
S e c t i o n s e c o n d e .
1318. Les Alimens en général. La plupart des
Annelides chétopodes paroiffent être carnaffières,
& dévorent les animaux plus petits qu’elles.
Les efpèces fixées dans un tube s’emparent
de la proie qui paffe à leur portée.
Les Aphrodites, lés Amphinomes, les Néréides
& une foule d’autres efpèces qui ont la faculté de
fe mouvoir, vont la chercher, & fouvent, par
exemple, fur nos côtes, les Tarets deviennent la
pâture des Néréides.
D ’autres Annelides, dont la bouche n’eft qu’un
fimple orifice, ne paroiffent fe nourrir que des
parcelles des corps ôrganifés contenues dans le
fol qui leur fert d’habitation.
Les Arénicoles & les Lombrics font dans ce
cas : auffi leur eftomac eft-il confiamment rempli
de. fable ou de terre.
Il me paroît à peu près certain que toutes les
efpèces de la famille des Sangfues vivent de matières
animales. Quelques-unes cependant, dit-
on , font exception, &c fucent les plantes. Le plus
fouvent, au refte, quand il y a poffibifité , elles
fe gorgent du fang jfc des. autres humeurs des
animaux vertébrés , & de la fubftance des Limaçons
» des Limaces , des Lymnées , des Pla-
norbes & d’autres animaux invertébrés, qu’elles
fucent.
Le Géobdelle de Dutrochet & YH&mopis nigra
de Sâvigny, cependant, avalent dans leur entrer
des Lombrics, des Naïdes, des larves d’infeêtei,
des Planaires, des Lymnées , &c.
Quelquefois même elles s’ attaquent mutuellement
, quand elles font à jeun, & l’individu
vainqueur dévore le vaincu.
Jamais, du refte, les Sangfues ne s’ attachent
qu’à des animaux vivans : on ne les a point en-
! core vues mordre fur des cadavres, ou fucer le
fang préliminairement extrait d’un animal. Lorsqu'elles
font affamées , elles tombent avec avidité
fur l’homme, le mammifère, l’oifeau qui entrent
dans la mare qu’elles habitent , & , plus
d’une fois, on a vu des enfans , des adultes &
dqs beftiaux, devenir les victimes de leur avidité.
Les Planaires fe nourriffent des Cyclides &
autres animalcules infufoires qui nagent autour
Id’elles. Nous avons déjà dit comment elles s’emparent
de proies plus volumineufes, mais nous
fommes autorifé à affirmer qu’elles ne fauroient
percer la peau des Mammifères, ni même celle
de l’Homme.
(1) Voye% au n°. 1268.
(a) Ibidem.
S e c t i o n q u a t r i è m e .
1323. Les Périodes de la Vie en général. Nous
ne pofledons que des renfeignemens fort impar