
bout de deux jours, les molécules colorées fe
rapprochent du centre & la périphérie de l’oeuf
devient tranfparente. Le quatrième jour, l’oeuf a
fenfiblement groffi, & , de fphérique qu’il étoit ,
eft devenu ovoiJe : fa tranfparence a augmenté
& les globules fe font agglomérés au centre. Le
fixième jour, la formé du foetus fe deffine & les
bras fe détachent ; le feptième, on diftingue la
tête, 8é l’oeil le huitième} le dixième, le petit
animal s’échappe de la matrice, paffe dans l’eau,
relie un moment immobile, & fe met à nager en
agitant fes longs bras.
Les petits des Cypris, en fortant des oeuf*
qui ont été dépofés en malfe au fond de l’eau,
reffemhlent à leurs parens. Ils ne fubiffènt point
de métamorphôfes.
Quant aux jeunes Ecreviffes & aux petits nouvellement
éclos des Décapodes en général, très-
mous au moment de leur nailfance, mais tout-à-
fait femblables à leurs mères, ils fé réfugient
pendant les premiers jours de.leur vie fous la
queue de celles-ci, à l’endroit qu’occupoient les
oeufs.
F O N C T IO N H U IT IE M E .
La' Nutrition.
S e c t i o n p r e m i e m e .
1302. La Lactation en général. Elle n’ exifle chez,
aucun Cruftacé, non plus que:
1303. Les Mamelles, qui, dans la première
claffe des Vertébrés, préfident à l’accompliffe-
ment de cette fonélion.
S e c t i o n s e c o n d e .
1318. Les Alimens en général, leur Nature, le
Choix qu en fait L’animal. La plupart des Cruftacés
font omnivores, pâturant dans les lieux
herbeux de la mer, des lacs ou des rivièves,
mais préférant pourtant fe nourrir de fubftances
putréfiées & de débris d’animaux, dont ils font
plus particulièrement avides.
' 'Beaucoup d’entrè. eux , ' des individus même
d’une même efpèce.s’entre-dévorent.
Quelqués.-uns vivent en parafites fur les cétacés,
les poiifons ou les autres cruftacés eux-
mêmes, dont ils favent pomper les humeurs pour
fe les approprier.
C ’eft ainfi que les Nicothoés attaquent le Homard
(1)5 que le Dichéleftion s’accroche aux
branchies des Efturgeons (2)3 que les Cécrops s’attachent
à celles du Thon & du Turbot (1) ; que
les Caliges ont mérité le nom vulgaire de poux
de poijfons, en raifon des tourmens qu’ils caufent
à ces animaux} que les Argules fucent le fang
des têtards des Grenouilles & celui des F.pi-
noches, des Perches, des Brochets & des Carpes;
que les Cyames fe logent fur les tégumens des
Baleines ; des Cachalots , des Maquereaux ; que
les Bopyres fe cachent au-deffous du cefi des
Crangons & des Palémons, &c.
Je ne fâche pas, du refte, qu’aucun Cruftacé
fuce de la même manière & pour fe nourrir les
fucs des végétaux.
Tous les Décapodes font voraces & carnaf-
fiers, à l’exception peut-être d’un Birgus, le
Cancer latro de Linnæus, qu’une tradition populaire
des Indiens fair vivre des amandes du cocotier
(2).
Certains Tourlouroux ou Crabes terreftres
vont jufque dans les cimetières faire leur pâture
des cadavres.
L’appétence des Ecreviffes pour les charognes
fubmergées n’eft pas moins connue.
Les Corophies des Bouchots à Moules dévorent
ces Mollufques & font un grand carnage des Néréides
, des Arénicoles, des Amphinomes & autres
AnneÜdes qui habitent la va fe.
' Les Pinnothères établiffent leur domicile au
fein de la coquille de plufieurs Mollufques acéphales,
des Moules fpéeialement.
J’ai vu, plus d’une fois, les Crevettes de nos
ruiffeaux dépouiller , rapidement & de la manière
la plus complète, de toutes leurs parties molles
les cadavres des taupes, des rats, des mulots, des
hériffons, qu’on avoit jetés dans l’eau qu’elles
fi équentoient, et ce fait peut devenir important
dans l’hiftoire des administrations anatomiques.
Quant aux Cloportes, aux Porcellions et aux
Armadilles, ils paroiffent fe nourrir également de
matières végétales et animales corrompues,.
Au témoignage de M. Straus, la nourriture de.s
Daphnies confifte exclufivement en petites parcelles
de fubftances végétales, que ces animaux
trouvent au fond de l’eau, & très-fouvent en
conferves. Elles ont conûamment refufé les matières
animales qu’il leur a offertes, mais il les a
fouvent vues avaler leurs propres excrémens.
Les têtards paroiffent faire le fond de la nourriture
des Apus.
S e c t i o n t r o i s i è m e .
1320. Les Vaijfeaux laftès. Ils font inconnus
dans les Cruftacés.
(1) Annales des Sciences naturelles , décembre, 1826.
(2) Heu man n fils, Mém. aptérol.3 pag. 120.
(1) Leach , Ericyclop. britann., fuppl. 1.
(2) On dit auffi que certains Tourlouroux ont une chair
venirncufe parce qu’ils mangent des fruits du manccnîllicr.
1321. Le Tiff U cellulairey la Graijfe. Le tiffii cellulaire
des Cruftacés eft remarquable par fa laxité,
fa fineffe, fa tranfparence, & l’abfence de véfi-
cules adjpeufes dans fes aréoles.
S e c t i o n q u a t r i è m e .
1338. La Vie. La durée delà vie des Cruftacés
varie beaucoup. Un grand nombre d’Entomoftra-
cés meurent quelques jours après leur naiftance,
tandis que nos Ecreviffes peuvent parvenir à l’âge
de vingt ans -&r plus.
En général, du refte, les Malacoftracés, plus
favorifés que les Infêètes fous le rapport de la
durée de leur vie, dans le cours de laquelle ifs
peuvent s’ accoupler plus d’une fois, atteignent
des dimenfions affez, confidérables.
On a vu en effet des Homards âgés offrir une
longueur de 18 pouces à deux pieds, & des Lan-
gouftes parvenir à la taillé de trois & de cinq
pieds (1).
Les Entomoftracés font bien moins volumineux.
Cependant, au rapport de certains voyageurs, fur
les rivages des mers intertropicales, on rencontre
des Limules quelquefois longs de deux pieds.
Ce que nous avons dit plus haut des mues périodiques
des Cruftacés, de la chute annuelle de
leurs tégumens endurcis, de la repr.odu&ion des
membres qu’ils ont perdus, indique autant de
caractères propres à leur mode d’exiftence, à la
nature de la vie qui les anime.
Dans nos contrées, les grandes efpèces paroiffent
fonffrir & maigrir pendant l'hiver, tandis
qu’elles engraiffent au contrairè pendant le printemps
& l’automne.
. Les lieux dans léfquels vivent les Cruftacés
font extrêmement variés. Les uns, & c’eft le plus
grand nombre, habitent les eaux de la mer ;
d’autres fréquentent les eaux douces des lacs, des
fleuves, des rivières, des étangs; quelques-uns
font véritablement terreftres.
Les Cloportes, les Porcellions, les Armadilles,
les Philofcies, les Ocypodes, font dans ce dernier
cas.
Les Telphufes établiffent leur domicile dans
les petits lacs d’eau douce des pays volcaniques,
& les Ecreviffes dans nos fleuves & nos ruiffeaux,
de même que plufieurs Amphipodes, comme les
Chevrettes.
Les Daphnies, les Branchipes, les Polyphêmes,
les Argules & la plupart des Entomoftracés,
choififfent auffi les eaux douces pour le leur.
Parmi les efpèces marines, il en eft de véla-
giques, c’eft-à-dire qui ne fe trouvent qu’en pleine
mer.
(1) La Langoufte commune, fur les côres de la Méditerranée
, pèfe fouvent de douze à quinze livres.
Telles font les Langouftes, au moins pendant
une partie l’année, .& les Zoés.
On en y oit auffi de littorales, & parmi celles-ci
■ on rencontre encore plufieurs variétés. C ’eft ainfi,
par exemple :
Que les Dorippes & certains Inachus demeurent
à des profondeurs de trois ou quatre cents
pieds;
Que |es Palémons , les Crangons, les Limules
fréquentent les rivages à peine inondés ik les
plages tranquilles ;
Que les Etrilles , les Homards, les Tourteaux,
recherchent les fonds rocailleux,'garnis de madrépores
& d’un accès difficile ;
Que les Thalaffines & les Callianaffes fe cachent
dans le fable fin & mouvant;
Que le Cérape tubulaire, de Egg-Harbourg,
aux Etats-Uunis d’Amérique, fe place au milieu
des fertulaires (r);
Que les Corophies creufent des trous dans
la vafe des bouchots à ipoules de la Rochelle ;
Que l’Onifcode fe promène au milieu des va-
recs & des ulves;
Que les Ligjes aiment à grimper fur les rochers
& fur les parapets des digues & autres conftruc-
tions maritimes ;
Que les Ocypodes & les Gélafimes fe creufent
des terriers fur le rivage & hors de l’eau, dans
le-fable fee.;
Que la Limnorie tërébrante fe perce, avec
une promptitude alarmante, des galeries dans le
bois des vaiffeaux (2) ;
Que le Bernard-l’Hermite cache fa queue dans
une coquille univalve vide ;
Que les Grapfes fe nichent fous les écorces
des arbres littoraux, & les Pinnothères entre
les valves des coquilles des Mollufques acéphales
, où ils paroiffent vivre en bonne intelligence
avec le propriétaire légitime, &c.
D’autres Cruftacés marias, comme les Bopyres,
les Caliges, les Nicothoés, les Dichéleftions,
les Cyames, les Ptérygopodes', les Dinemoures,
les Cécrops, vivent en parafites fur des animaux
de diverfes claffes, & en particulier fur la Baleine,
le Requin, le Marfouin, le Saumon, l’Efturgeon,
le Thon, le Turbot, le Maquereau, le Homard,
le Palémon, le Crangon, l’Orphie, la Morue, la
Callianaffe fouterraine, &c„.
On rencontre, au refte, des Cruftacés fous
toutes les latitudes, mais les régions chaudes
ou tempérées paroiffent beaucoup plus favorables
que la zone glaciale« à leur multiplication &
à leur développement. On ne trouve guère au
fond du nord que des Amphipodes & des Ifo-
(1) T homas Sat, Joum. à f the Aead. o f nat. Sc. o f
Philad. , I. (a) Leach, Encycl. Edinburg., V I I , pag. 433.