
UAraneus mirabilis de Clerck ( i) & le Do-
lomède fpinimane de Dufour ( i ) font dans le
premier cas.
Les Dolomedes marginatus & fimbriatus de
Walckenaër font dans le fécond.
Les Lycoles fe logent, à terre, dans des trous
dont elles fortifient les parois avec la foie qu’elles
ont l'art de filer.
Les Phrynes, les Théliphones & les Scorpions
ne filent point, non plus que les Galéodes,
les Chélifères, les Pycnogonons, les Prochixiles
& les Nymphons.
Les Faucheurs, les Sirons , les Macrochèles
font dans le même cas, ainfi que les Trombi-
dions, les Erythrées , les Bdelles, les Ixodes
& les Leptes.
. Mais, dans la famille des Acarides proprement
dites , on trouve le Gamafe tiflerand, Acarus
telarius de Linnæus, qui couvre les feuilles dix
tilleul & de quelques autres végétaux de toiles
ties-nnes.
C’eft donc ainfi que fe trouve éclairci un point
de fait qui, depuis si long-temps, a étéTobjet-
des invelligations des favans, curieux d’expliquer
comment les Araignées fileufes attachent
leurs toiles à des diftances affez étendues, &
jettent, par exemple , un pont de cordages d’un
bord d’un ruisseau à l’autre , d’une branche d’un
arbre à l’autre.
i D après cela , il eft facile de concevoir combien
eft grande l’erreur dans laquelle eft tombé
Lifter quand il a avancé que les Araignées éja-
culoient, tançoient, crachotent, pour ainfi dire
à certaine diftance , leurs fils gluans , qui fe
fixoient à l’endroit choifi par l’animal & pou-
voient ainfi fervir à fon afcenlîon , à fa pro-
greflion dans tel ou tel fens. La chofe n’ est pas
mieux démontrée que la projeéiion des piquans
du Porc-épic établie d'après une opinion populaire
& qui eft phyfiquement impoflîble.
Tout le monde auflî peut, en automne, lors
des premières gelées 8c les jours furtout. où il'
y a: eu du brouillard , avoir remarqué ces flocons
de füamens blancs 8c foyeux, qui voltigent
dans les airs à diverfes hauteurs 8c que le
vulgaire appelle fils de -la Vierge. Ce ne font
que des toiles d’Arachnides blanchies probablement
, félon notre collègue M. Virey (3), par
l’aition prolongée de l’air 8c de l’humidité, 8c
ainfi que cela arrive à nos toiles de chanvre.
Voyageant fur les ailes des vents, ces flocons
foulèvent avec eux les petites araignées filan-
dières qui les ont tilfés , les difperfent au loin,
(1) Arati. f u e c , ,V , io .
(2) Annales des Sciences pkyfiq., V .
(3) Mémoire lu à Vlnftitut, en juin 1829. — Bulletin universel
des Sciences , octobre 1829, feétion I I ,
& mettent ainfi les naturaliftes à même de re-
connoitre en elles plufieurs efpèces des genres
Epéire & Thomife, que Gravenhorft paroît
avoir confondues fous le nom d* Arànea obfietrix,
& que Strack, Buhlmann, Flugg & autres ont
obfervées en Allemagne.
M. La treille penfe ( i) que les flocons dont
il Vagit font principalement les grands fils qui
doivent fervir d'attache aux rayons de la toile
ou ceux qui compofent la chaîné, & qui, devenant
plus pefans à raifon de l’humidité , s'af-
foiblifient, fe rapprochent les uns des autres,
& finiffent par fe former en pelotons près de
la toile commencée par l'animal & où il fe tient.
eft donc ainfi que fe trouve complètement
détruite l’aflertion émife par feu le chevalier de
Lamarck, qui croyoit que les fils de la Vierge
fe foimoient au fein ae l'atmofphère.
Cette opinion d’un de nos plus célèbres naturaliftes
e ft, d'ailleurs, encore combattue par
les obfervations de John Blackwall (2 ), qui af-
fure avoir vu ces tiffiis fe former primitivement
a la furface du fol, ce qui expliqueroit comment
ils renferment des débris d'infeétes ou
d'herbes, des pucerons, & c ., ainfi que par celles
de Bowmann (3) & de M. Virey (4), qui ont
vu des Araignées s'élever en l'air, y nager, pour
ainfi dire, fans aucun fecours apparent, même
dans une chambre clofe ou l’air, très-calme ,
ne pouvoir recevoir aucune agitation.
Il paroît, au refte , qu’il faut attribuer à de
jeunes Lycofes l'exiftence de ces fils que l'on
voit en fi grande abondance croifer les filions
des terres labourées, lorfqu’ils réfléchiffent la lumière
du foleil.
, Soumis à l’analyfe dans les laboratoires des
chimifles , les fils de la Vierge offrent abfolu-
ment les_ mêmes principes élémentaires que la
toile ordinaire des Araignées, c'eft-à-dire, à peu
de chofe près, ceux qu'on retrouvé dans les
cheveux de l ’homme , ’les ongles des oifeaux,
les cornes & l'épiderme des mammifères , les
écaifies des reptiles & des poiflbrs, la foie de
certaines chenilles, &c.
D'après les ^ recherches de Réaumur , les fils
de la Foie qui enveloppe lès cocons des Oeufs
des Araignées, font dix-huit fois plus forts que
ceux de la toile tiiïëe par ces animaux, paroiffent
comme articulés, & ne peuvent être dévidés à
la manière de ceux du Bombyce férifère (j).
On a cru pouvoir tirer parti de la foie des
(1) L e Règne animal, 1. c . , pag. 219.
(2) Tranfaü’ions o f the Linnean Society, rom. X V ,
pag. 449.
(3) Magazine o f Natural Hifiory, ann. 1828.
‘ (4) UBi fuprd.
(0) Mem. de l’Acad. roy. des Sciences, année 1 7 10 ,
p ag . 4° 4>
Araignées en effayant de la filer apres lui avoir
fait fubir quelques préparations, ce à quoi on
a renoncé aujourd’hui en raifon de la difficulté
que l'on éprouveroit à fe procurer en quantité
fuffifante cette matière, qui d'ailleurs a l’inconvénient
de fe diffoudre dans l’eau bouillante.
Cependant, quoique les plus groffes Araignées
ne fourniffent annuellement que le quart du fil
qui entre dans la compofition du cocon d un
ver à foie ( i ) , le préfident Bon a préfenté en
1709 , à l'Académie royale des Sciences, des
bas & dès mitaines faits avec la tofle de ces
animaux , ce qui fembleroit faire croire qu’elle
pourroit être de quelque utilité dans I*économie
domeftique, s'il étoitpoffible de nourrir & d'élever
les araignées, comme on nourrit & comme
on élève la chenille du Bombyce de la Chine,
fi l’on avoit la faculté de procurer aux unes des
mouches auffi facilement qu’on fournit à l'autre
des feuilles de mûrier, fi même, comme l’avoit
penfé le célèbre académicien que nous venons
de citer, on pouvoit engraiffer en famille les
Araignées à l’aide de la pulpe contenue dans les
tuyaux des plumes non encore développées chez
les jeunes oifeaux (2). Mais cette reflource même
manqueroit fon effet dans une exploitation en
grand, car les Araignées réunies fe mangent les
unés les autres, & au bout de peu de temps
il n'en refte plus qu'un ou deux individus par
cent (3). . '
Au refte , les couleurs de la foie des Araignées
font bien plus variées , furtout pour celle
qui fert d'enveloppe à leurs oeufs, que les teintes
du cocon du Bombyce de la Chine , qui n'eft
conftamment que jaune-orangé ou blanc.
Réaumur, en effet, dans certains champs de
genêts , & j’ai vérifié encore- récemment cette
obfervation , a trouvé de la foie d'Araignées
d'un beau brun de café (4 ) , & l'on voit certaines
efpèces en produire de blanche, de grife,
de jaune , d'azurée, &c.
Mais cet avantage eft compenfé par un moindre
degré de force , la force d’un fil d’araignée étant
à celle d*un fil de ver à foie :: 1 : y (5), &
le luftre des tiffiis que les fils d'araignées peuvent
fervir à faire eft d’ailleurs auffi beaucoup
moins beau & moins brillant que celui de la 1 2 3 * 5
(1) Réaumur (Mémoires de VAcadémie royale des Sciences,
année 1710 , pag. 400 & 4'o6 ) R calculé qu’ il fàudroic réunir
les produits d’environ 56296 Araignées des plus groffes pour
obtenir une livre de foie , que donneroient d’ailleurs à peine
663552 Araignées ordinaires de nos jardins.
(2) Ibidem, pag. 390.
(3) L e goût que les Araignées ont pour leur propre ef-
pèce peut fervir à expliquer comment, malgré la grande
quantité d’oeufs qu’ils pondent, ces animaux font fi peu
multipliés.
. (4) Ubi fuprà , pag. 899.
(5) Ibidem, pag. 402.
foie ordinaire (i) ; ce qui pourroit bien dépendre
également de ce que ces fils font plus crêpés,
moins tendus, & reffemblent à la bourre qui
enveloppe le cocon du ver à foie.
La ténuité de ces fils eft, de plus, beaucoup
trop grande, car il paroît démontré que le fil
d’une toile d’araignée n’égale en diamètre que
la 180e partie du fil fimple d'un ver à foie i
ce qui fait que pour obtenir un brin de foie diï
même volume que celle dont on fe fert pour
coudre , il faudroit réunir environ 36000 de ces
fils.
Mais la fécrétion de la matière propre à la
fabrication de la foie qui conftitue les toiles à
piège ou qui enveloppe les cocons des oeufs ,
n’eft point la feule qui appartienne en propre
aux Arachnides.
Parmi elles, & fous ce rapport, on doit dif-
tinguer les Scorpions, ces animaux des contrées
chaudes des deux Mondes, qu’on ne rencontre
ni vers le nord, ni fous les zones tempérées.
Ils font en effet doués de la faculté dé fabriquer
une humeur empoifonnée que conduit
un aiguillon dont ils font armés, avec lequel ils
font des bleflures fouvént dangereufes , & qui
conftitue l'extrémité acérée du dernier article
de leur queue, mobile en tous fens, arquée ,
conftamment relevée au-deffus du corps & recourbée
vers la tête , conOamment prête à
piquer.
Le conte qu'on a débité fur les Scorpions ,
qui , renfermés dans un cercle de charbons allumés,
fe piquent eux-mêmes & fe tuent quand
ils fentent la chaleur (2) , a été réfuté par Mau-
pertuis (3 ), qui a tenté cette expérience. Mais il
eft certain que ces infeétes fe fervent de leur
aiguillon pour frapper de mort leur proie avant
de commencer à la dévorer j il eft certain auffi
que leur piqûre caufe des accidens très-graves :
l'arme terrible avec laquelle cet animal attaque
& fe défend mérite donc une attention fpéciale.
Le dernier article de la queue des Scorpions,
! comme nous l'avons dit, eft pyriforme ou de
I la figure d’une ampoule ovoïde ; il fe termine
I en un aiguillon très-acéré &. recourbé : près de
fon extrémité, cet aiguillon eft percé de deux
petits-trous par où fort la liqueur renfermée dans
ce dernier article, dont les parois font d'une'
matière cornée, membraneufe & à demi-tranf-
parente.
Notre contemporain, le doâeur Angelo Mac-
cari de Campo Roffo (4), place les deux pertuis
(1) Réaumur , Z. c ., d’après lui-même & D e la Hire.
(2) A ldrovandt , Moufet, A E l ie n , & beaucoup d’autres,
nous ont lai fie des preuves de ce préjugé , déjà fignalé
par Pline.
(3) Mèm. de l3Acad. royale des Sciences, année 1731,
pag. 228.
1 (4) <r. c.