
Blainville ( i ) , d’E. R. A. Serres (2 ) , &
beaucoup d’antres > parmi lefquels nous pourrions
citer encore notre frère Jules Cloquet (3),
MM. Gall de Spiivzheim, Latreille, Defmareft, &c.
F O N C T IO N P R EM IÈ R E .
L a l o c o m o t i o n .
1 S e c t i o n p r e m i è r e .
Squelettologie.
l° . Le fquelette en général. Dans les Mammifères,
malgré les proportions variées des os, malgré la
Angularité des formes extérieures qui en réfultent
fouvent, on peut faifîr fans beaucoup de peine les
rapports ofiéologiques qui lient telle efpèce avec
telle & telle autre. Il exifte partout un plan commun
, une compofition à peu près pareille , qui;
permettent de reconnoître chacune des pièces du
fquelette, & par fa pofîtion & par Tes ufagesj
elle a beau fubir une foule de métamorphofes,
grandir, rapetifler, elle, ne fauroit échapper à
l’oeil inveftigateur de l’anatomifte 5 toujours il
fait la diftinguer, & femble fe jouer des efforts
que la Nature fait pour la déguifer. A quelques
exceptions près, depuis l’Homme jufqu’à l’Orni-
thorhinque, au Cachalot & à la Baleine, on peut
fuivre la férié des os qui compofent la charpente
du corps.
Il n'en eft point de même pour les Reptiles ; 1
l’analogie ne fe foutient plus entr'eux & les mam-i
miferes & les oifeaux, fous le rapport du fque-i
Jette, que fi l’ on prend, pour terme de compa-;
raifon, le fyftème offeux d'un des premiers ayant
lepoque de là naiffance, chez le foetus. Alors, :
toutes- les pièces conftituantes des os font encore
dillinélesj leur nombre normal peut être, jufqu’à
un certain point, confidéré comme le même dans
toutes les claffes, & Pon pourroit foutenir, avec
quelque chance de réufïite, que les différences ne,
dépendent que des époques variables,, pour telle
ou telle efpèce, ou les os fe foudent les uns avec
les ; autres, 11 réfulteroit donc de là, que les Reptiles qui
confervent, par exemple, beaucoup plus de fu-'
tures que les mammifères, font, à cet égard, des
mammifères à Pétat de foetus, tout comme les
oifeaux qui, dans leur premier..âge r en ont autant
que,les reptiles, & qui, dans <Pàge adulte, en
offrent moins que les mammifères, feroient, au
(1) De l’ Org'anifation des animaux , ou Principes d’Anar
tomie comparée , tom.' i , Paris, 1822 , in-8°.
(2) Anatomie comparée du Cerveau dans les quatre clajfes
d’animaux vertébrés t tom. 1 , Paris, i824,in-8°. '
(3) Mémoire fitr la difpofition des voies lacrymales dans lès
Serpfns. Paris, 1821 , in-4°. 1
contraire, comme le dit le profeffeur Cuvier, des
mammifères paffant plus rapidement d’un état à
Pautre.
G’eft un fujetque MM. Geoffroy Sâint-Hilaire,
G. Cuvier, C . Duméril, J. Spix, Oken , Ulrich,
Rofenthal, Bojanus, &c. , ont traité avec beaucoup
de fuecès, mais dans ces derniers temps
feulement, car auparavant on n’avoit aucunement
penfé à approfondir ce point de doctrine.
Au refte, nous fomrnes conduits à indiquer ici
un nouvel ordre de théories J la plupart de ces
anatomiltes célèbres à fi julte titre ont non-feû-
lernent cherché à afïigner à chaque os, dans les
animaux vertébrés ovipares, fa correfpondance
avec un os ou une partie d’os dans les mammifères,
ils ont encore voulu , conformément aux
principes paiithéiftfques de cette philofophie de
la Nature, qui jouit aujourd’hui d’une fi grande
faveur dans le nord de PEurope, retrouver dans
la tête une repréfentation de la totalité du corpSj
vu que, dans là métaphyfique idéalifte de cette
prétendue philofophie , chaque partie , & chaque
partit de partie , doit conjlaminent repréfenter le tout.
L’oftéalogie des Reptiles afurtout fervi de bafe,
de fondement à une manière de voir auffi éloignée
des idées généralement reçues, féparée encore
des faits par une fi grande diftance, & a fourni
un grand nombre de prétendues preuves à ceux
qui l’ont adoptée , & qui ont fuivi, pour arriver
à des réfultats du même, genre, des routes auffi
différentes que le point dont ils partoient, admettant
même fouvent des tranfports finguliers
d’os ou de parties d’os, des retournemens, des
renverfemens plus ou moins complets , aimant
mieux oublier l’immenfité d’organes & de parties
molles, qu’il feroit impoflible de ne pas déplacer,
pour faire pafl’er un feul os d’ un lieu dans un lieu
voifin, que de ne point contraindre la Nature à fe
plier à leurs idées fyftématiqûes.
Au refte, & ceci eft en manifefte oppofitipn
avec leur do&rine, les os des autres parties du
corps, loin d’être compofés de pièces multipliée^
comme ceux de la tête, n’ont pas même toujours
dans la jeuneffe les épiphyfes des extrémités.
Dans les Tortues, les Chélonées, les Emydes',
les Gavials, les Crocodiles, les Caïmans, les extrémités
des os longs & leurs principales éminences
font encroûtées d’un cartilage plus ou moins
mince, qui durcit & s’oflifie avec l’age, mais darts
lequel il ne fe forme point, comme cela a lieu
dans les mammifères & les oifeaux , de ces noyaux
offeux ifolés par une future de la diaphyfe jufqu’à
un certain âge, & connus généralement fous le
nom d’épiphyfes* Cette cireonftance, dont le pro-
feffeur Cuvier n’a point manqué de tirer parii
dans les belles confidérations qu’on lui doit fur
l’anatomie comparative, eft d’aut.int plus fingu-
lière que les Sauriens , & fpécialement les Mo-
nitors, ont à leurs os longs des épiphyfes très-
* marquées.
I és os des Reptiles ont, én général, un tiffu
beaucoup plus homogène que ceux des oifeaux,
qui femblent formés de lames coliees les unes fur
les autres ; la matière calcaire eft , chez eux, ç us
uniformément répandue dans le parenchyme gélatineux.
. _ r , /
Les os longs de beaucoup de Reptiles font dépourvus
de canal médullaire j Jes T o r tu e sp a r
exemple, font dans ce cas, ainfi que l ont remarqué
Giov. Caldefi ( i) & le profefteur Cuvier,
qui en a cependant reconnu un très-prononce dans
les os longs du Crocodile (2)._ , .
Souvent auffi le fquelette des Reptiles mente
de fixer notre attention par la manière dont font
articulées entr’elles les pièces qui le compofent.
Gn fait que chez l’homme & les autres Mammifères
, les os du crâne & de la face font les -feuls
qui foient unis par future ; mais, dans les Fdrtues,
les côtes, extrêmement élargies, s engrenent
entr’ elles & avec les vertèbres du dos, pour
former la carapace,* ce qui a induit en erreur certains
oryètologiftes, qui ont pris pour des frag-
mens de crânes de geans des fragmens fofïiles de
carapace de Tortues. Les diverfes pièces du
fternum font, dans les memes Reptiles, unies
entr’elles auffi par des futures dentées, de manière
à former le plaftron fur un plan analogue a
celui fuivanc lequel eft conftruite la carapace.
Le fquelette des Reptiles préfente de grandes
différences dans fa ftruéture, félon les genres dont
il provient, & offre des caractères fpéciaux dans
chacun des quatrè grands ordres de la clalfe,
foit fous le rapport du nombre & du volume proportionnel
des o s , foit fous celui de leur conformation
& même dê leur ftruéture.
C ’ eft ce que nous démontreront manifeftement
les faits expofés dans les paragraphes fuivans, ou
nous verrons les vertebres ne manquer jamais 5 le
fternum ne point exifter chez les Serpens j les
côtes être réduites à rien dans les Grenouilles ,
les Crapauds & tous les Batraciens en général,
& ne pouvoir être diftinguées en vraies & en
fauffes dans les Ophidiens, qui font privés de
ftèrnum, dans'les Crocodiles, où il eft de ces
os qui tiennent au fternum fans aller jufqu’au rachis,
& dans le Caméléon, où les côtes qui
' împortantj en anatomie comparative, que l'exa*
men des os de la tête dans les diverfes claflès
des animaux vertébrés i cette partie du fquelette
ne nous intéreffe que légèrement, à la vérité, fous
le rapport de fa nulle, des mouvemens qu'elle
eft appelée à exécuter, des mufcles qui agiffent
fur elle; mais rien dans l'économie animale peut-
il lui être oppofé quand il s'agit des variétés & dé
la complication des ufages & des connexions?
L'encéphale /les principaux nerfs, les organes de
la vifion 3 de l'aunition , de1 I'oifaélion & de la
guftation ; ceux de la manducation, de la déglu^
tition , de la refpiration, de la voix, ne lui appartiennent
viennent des vertèbres, s’uniflent en avant à la
côte correfpondante, fans que le fternum exiltê
entr’.elles} la mâchoire fupérieure être immobile
dans les Chéloniens & le Crocodile, & pouvoir
exécuter des mouvemens dans les Serperfs 3 la
clavicule être double dans les Tortues, les Grenouilles
& plufieurs Lézards, &c.
2°. Les Os de la Tète en général. Rien n’eft plus
(1) OjJerva^ioni anatomiche intomo aile Tartarughe, &c.
Fircnze, 1687 , in-40.
(2) Leçons d’anatomie comparée. Paris , an V I I I , in-8°.,
10ni. 1 , pag. 110.
ils pas en tout ou en partie au moins ?
Il Faut donemous en occuper ici d'une manière
tout-à-fait fpéciale; en la rapprochant de cel'e
des Mammifères & des Oifeaux, & cette étude
nous conduira aux réfultats les plus extraordinaires
& en même temps les plus utiles pour la
phyfiologie comparative, fans que^ pour cela,
nous foyons obligés de chercher à faire voiries
chofes autrement qu’elles ne font; de prétendre
que les os de la tête foient abfoiument les mêmes
dans tous les genres, de nous plier à une opinion .
théorique conçue d’avance.
Parmi les C h é lo n ien s, les Tortues proprement
dites, telles que la grande Tortue indienne
(PI. XL iis i fig. 10 & i l ) , ont une tête ovale, -
obtufe en avant, & l'intervalle qui fépare leurs
orbites eft large & bombé , fi ce n'eft pourtant
dans la Tortue grecque, qui fait exception à cet
égard. Le fphénoïde antérieur manque entièrement.
Dans les Emydes ou Tortues d’eau douce , la
tête eft plus aplatie (PI. XL iis, fig. i$ ) ,& la
région bafilaire ne forme qu'un feul plan avec la
palatine. Le mufeau eft court.
Dans les Trionyx ou Tortues molles, la tête
eft déprimée, alongée de l'arrière, terminée en
avant par un mufeau pointu ou court 8c arrondi
fuivant les efpèces. ( PI. XL iis, fig. 4 ,7 ,8 , 11. )
Dans les Chélonées ou Tortues marines, une
lame du pariétal, le frontal poftérieur , le temporal
& le jugal s’unilfent entr'eux 8c avec la
caiffe par des futures, 8c recouvrent toute la
région de la tempe d’ une forte de toit oflèux, qui
donne à la tête de ces animaux un afpeét tout-à-
fait particulier (PL XL bis, fig. 1 ,‘ 2. 5) & d'autant
plus remarquable que leur mufeau eft très-
court 8c leurs folles orbitaires fort grandes.
: La tête de la Matamata, Che/ys fimiriata, eft
encore plus hétéroclite; extraordinairement large
8c plate, elle femble avoir été écrafée 8c fes orbites
font tout près du mufeau. Les fofles temporales
font larges, hotixontales, nullement recouvertes,
frce n’eft poftérieurement, par l’union
de l'angle poftérieur du pariétal avec le maftoï-
dien; elles ne font point non plus encadrées en
dehors, parce qu'il n’ exifte point de temporal
offeux dans.ee Chélonien,