
Dans les Gaftéropodes 8c dans les Acéphales
teftacés, il change de nature quand il fe trouve
en contait avec la coquille.
Dans les Gaftéropodes teftacés terreftres. par
exemple, comme les Hélices, les Claufilies,
les Agathines, les Bulimes , les Maillots, 8cc.,
il n’eft qu'une pellicule lèche & caduque, qui fe
détache facilement par l'aétion de l'eau bouillante
, ou , lotfqu’après la mort de l’animal, fon
teft a été expofé aux intempéries de l'atmofphère.
Les valves de U coquille des Moules, des
Anodontes, des Tellines, des Ma dires , des
Unios, des Marteaux, font enveloppées extérieurement
par un épiderme femblable.
Celui-ci eft toujours plus épais dans les bivalves
d’eau douce que dans les efpèces marines.
Epais 8c velu fur quelques efpèces de coquilles,
comme dans certaines Arches , cet épiderme a
été nommé drap de mer par les amateurs de conchyliologie.
Le nom d’épipklofe eft plus convenable.
Tout en fe continuant avec cet épiderme du
teft , celui qui recouvre le refte du corps , dans
les Mollufques à coquille, refte mince , délicat,
muqueux & comme pulpeux , & devient à l'autre
ce que l’épithélium de la membrane gaftro-pul-
monaire chez l’Homme eft à l’épiderme cutané.
A l’ intérieur des coquilles, on n’obferve jamais
d’épiderme.
Dans plufieurs Afcidies, cette couche des tégu-
mens eft tranfparente & prefque cartilagineufe.
Chez d’ autres, elle eft molle 8e glutineufe.
Il en eft ou elle eft lifte , 8e l’on en voit où
elle eft hérilFée de tubercules.
878. Le Corps muqueux 6e fa Couleur. Au-delTous
de leur épiderme, les Mollufques ont une couche
de tiffii muqueux qui offre toutes les nuances
poffibles de coloration , ainfi que nous l’avons dit
déjà en décrivant la coquille.
Dans les Céphalopodes, cette couche eft fort
mince 8t le plus fouvertt colorée en bleu ou en
rouge. Nous faurons bientôt à quoi tient ce fyf-
tème de chromopoièfe chez ces animaux.
Dans les Gaftéropodes, épais, vifqueux, complètement
foluble dans l’eau, le corps muqueux
varie beaucoup pour fes teintes.
C ’eft ainfi que fur le dos du Tritonia Homhergii,
il eft gris de lin ou lilas.
Sous le pied de la plupart des efpèces , il eft
blanchâtre.
Celui du Doris maculofa eft d’un brun foncé,
avec des taches noirâtres irrégulières.
Celui du manteau du Doris limbata eft brun
marbré de noir, 8c forme autour de cette partie
un étroit liféré d'un jaune clair ; il eft noir à la
face inférieure du corps, & il borde le contour
du pied, comme le manteau, d'une bandelette
jaune.
Dans 1 e Doris atro~marginata, il forme, to u t
lé long de l'arête qui diftingue le dos des flancs,
une ligne étroite d'un noir foncé.
Dans le Glaucus, il eft, fur tout le corps, du
plus beau bleu célefte , excepté au milieu du dos,
ou il eft blanc 8c où il brille de l’éclat de la
nacre, & fous le ventre, où exifte une tache
brune.
Dans l’ Eoüde , il paroît d’un blanc uniforme.
Dans les Théthys, il eft grifâtre 8c demi-tranf-
parent, avec des taches 8c des lignes d’ ur. blanc
pur & opaque > il borde d'ailleurs le voile d’une
ligne bleuâtre, 8c le marque à fa face interne de
trois macules d’un pourpre noir.
Celui des verrues de la Pky/lidia varicofa de
de Lamarck, eft jaune, tandis que celui du refte
du corps eft noir.
Il en eft de même dans la Phyllidia verrucofa ,
fi ce n'eft pourtant que le jaune eft plus pâle.
Le corps muqueux du manteau de la Phyllidia
ocellata, permet à beaucoup de petits tubercules
jaunâtres de fe defliner fur un fond gris, 8c entoure
cinq verrues plus grandes 8c pédicelléeu
d’un large anneau noir.
Dans YAplyfia camctus de Cuvier, il eft uniformément
blanchâtre.
i 879; Le Derme. Il eft le plus communément
d’un tiffu lâche, fpongieux 8c très-celluleux, 8c
bien louvent auffi il contient, dans son épaifleur,
ou au moins a fa furface , ce dépôt de matière
calcaire que nous avons décrit fous le nom de
Coquille (1). Sa furface interne eft confondue
d’une manière prefqu’inextricable avec la couche
charnue fuperficielle du corps.
Il eft, en général, d’autant plus épais qUe 1 animal eft moins teftacé. Il fuffit, pour s'en
convaincre, de comparer les tégumens de la Limace
à ceux du Colimaçon 5 de l'Onchidie 8c de
l’Aplyfie, à ceux de la Patelle 8c de l’Haliotide ;
delà Doris, à ceux du Buccin, 8cc. Dans les
Poulpes, il eft coriace 8c difficile à déchirer.
En général auffi, le derme des Mollufques teftacés
n’eft point le même dans toute fon étendue,
quand la coquille eft trop petite pour couvrir
tout l’animal. Il a beaucoup plus de denfité dans
les régions qui font obligées de ne point profiter
de la proteétion qu’offre aux parties molles cette
enveloppe folide 8c réfiftante.
Rien n’eft plus évident, par exemple , que
cette particularité dans l’ économie des Bullées 8c
des Parmacelles.
Les Acéphales teftacés , parmi tous les Mollufques
, fe diflinguent par l’extrême fineffe de
leur derme.
Les Acéphales nus nous offrent la difpoficion
abfolument contraire.
(1) Foyeq n<>, i , pag, 3oo & fuivantes de ce volume.
Dans les Afcidies 8c dans les Biphores, entre
autres, il eft fouvent cartilagineux 8c meme lub-
offeux. | , .. r
Le genre de vie que fuivent les Mollufques a
auffi imprimé fon cachet à la couche tégumenwire
dont nous nous occupons. La nature & 1 épaifleur
du derme varient beaucoup , en effet, fuivant que
les animaux qu’ il recouvre vivent conftamment ou
paffagèrement à l’air libre , ou n’abandonnent
jamais les eaux, dans lefquelles ils ont pris naif-
fance.
Beaucoup plus dur , plus denfe, plus tuberculeux
5 chez les terreftres, il eft plus fin, plus
mou , plus homogène, plus lifte dans les efpèces
aquatiques. ■ # ,
De même que dans les animaux^ vertébrés y
cette memb. ane offre des variétés fuivant les régions
du corps où on l’examine, indépendamment
de celles qui font dues à la préfence, a 1 abfence
& aux dimenfions de la coquille.
Prefque conftamment, par exemple , il a plus
dé folidité & préfente des inégalités plus marquées
dans les parties fupérieures que dans les
parties inférieures, fur les bords que lur la furface
880. Les Cryptes ou Glandes cutanées. Chez la
plupart des Mollufques, il eft extrêmement difficile
de démontrer l’exiftence de cryptes tégu-
mentaires, malgré l'extrême abondance de la mu-
cofité qui abreuve la peau dans ces animaux , &
quoique la furface de celle-ci foit criblée d’une
grande quantité de porofités & de cellules mucipares.
Dans les Céphalopodes pourtant, la furface
entière du corps, plus particulièrement en deffus
& fur les côtés, eft parfemée d’un grand nombre
de petits follicules globuleux ôc du volume d un i
très-petit grain de fable, quoique ce volume
puiffe pourtant varier félon les efpèces & le degré
de développement des individus que l’on obferve.
Ces follicules conftituent de petits cercles colorés
, d’une manière plus ou moins intenfe, en
jaune» en bleu, en rofe, en brun , en indigo ,
félon les efpèces , & peuvent fouvent, dans un
même individu, préfenter fucceffivement tous
ces fyftèmes de coloration , en n’en n’offrant, du
refte, jamais moins de deux.
En conféquence , M. San Giovanni, membre
de l’Académie des fciences de Naples, qui le
premier a appelé l’ attention des naturaliftes fur ce
point de l’hiftoire anatomique des Céphalopodes,
a confidéré ces follicules comme un fyftème d’organes
qu’il propofe de nommer globules chromo-
phores ( i) .
(1) Annales d u Sciences naturelles , tom. X V I , pag* 308,
mars 1829.
Ces globules font répandus furie peau de l’animal
à des diftances égales 8c combinés de manière
à offrir des mélanges admirables de nuances.
Leur fiége eft dans le derme, ou plutôt encore
dans le corps muqueux.
L’épiderme , liffe 8c tranfparent, les recouvre
fèul. b
Aucun vaiffeau ne paroît s’ y rendre; mais, à
l’aide du microfcope , on voit qu’il font pourvus
de filets nerveux de la plus grande ténuité.
Quelque temps même après la mort de l’animal,
les globules colorés dont il s’agit font encore
fournis à un mouvement de fyftole 8c de diaftole,
qui ne s’opère pas dans toutes au même moment,
qui paroît plus ou moins irrégulier, & qu’on
peut déterminer prefqu’à volonté, foit en fouf-
flant fur l’animal, foit en le frappant d’un rayon
de lumière, foit en titillant la furface de fon
^ corps. Alors, l’enfemble des taches de la partie
fur laquelle porte l’influence de l’agent excitateur,
& toutes celles qui font adjacentes, fe dilatent
outre mefure, en forte qu'en un inftant la peau
fe trouve maculée de diverfes couleurs.
Par l’effet de la fyflole, ces taches diminuent
d’étendue dans la proportion de 64 à 1 , 8c
quelquefois même deviennent a peine vifibles à
l’oeil nu.
Dans leur état d’expanfion , elles prennent
l’afpe£l d'une pellicule ae grain de raifin vidé 8c
paroiffent le plus communément ovales , quelquefois
elliptiques ou angulaires , rarement circulaires.
A leur plus haut degré d’expanfion , elles
s’ouvrent vers leur centre par un pertuis arrondi,
dont le contour femble muni d’un fphinêter.
Une fois que les tégumens ont été ifolés du
refte de l’organifme, les globules ne présentent
plus aucune trace des mouvemens dont il vient
d'être queftion.
Quand les tégumens font defféchés, examinée
au microfcope, la fubfiance des follicules paroît
homogène 8c femblable à du feutre.
Dans l’état de vie, ces taches expanfibles font
invifibles par fuite de leur parfaite contraélion, fi
l'animal eft calme 8: s’ il fe croit à l’abri de tout
péril.
Mais qu’ on l’expofe à la lumière , qu’on le
touche, qu'on l’ effraie, auflîtôt elles apparoiflfent
8c difparoiffent alternativement avec la rapidité
de l'éclair, foit qu'elles occupent d’une manière
déterminée certains endroits du corps, foit
qu’elles en parcourent vivement U furface à la
manière d’une onde fugitive. Bientôt, elles ref-
tent ftationnaires, toute la peau en eft couverte,
8c fa couleur ordinaire eft changée contre celle
des taches dominantes.
Elles difparoiffent graduellement â mefure que
le calme fe rétablit.
I Dans toute efpèce de Céphalopodes, les divers