
recherches, qui les fecoure dans leurs dangers ,
qui parrage avec eux les foins de la famille , ni
petits qu'ils aient à préferver de la dent cruelle
de leurs ennemis. On chercheroit en vain au fein
des mers cet amour Tans partage, cette tendrelfe
iï vive, cette fidélité-conjugale, ce dévouement
maternel fans bornes, dans l’exercice defquels
tant d’ oifeaux, tant de quadrupèdes deviennent,
pour l’homme même, des modèles fans ceffe renouvelés
de vertus & de félicité, & qui dif-
tinguent éminemment les fourmis, les termites
& les abeilles, qu’il admire fous ce rapport, &
même ces viles araignées qu’il méprile à tant
d’autres égards. Ic i, nul’e communauté de plai-
iîrs, de befoins & d’affeétions tendres ; nulle apparence
de ces relations mutuelles qui fe perpétuent
par des foins réciproques. Dans leurs
amours, les Poiffons ne tendent qu’à un but, &
ce but ell matériel : la fécondation des oeufs. La
Nature paroît ne rien exiger de plus, & les deux
fexes reftent prefque étrangers l'un à l’ autre.
1131. Saifon des Amours. -On fe tromperoit cependant,
fi Ion penfoit que cette mère commune
des êtres animés a complètement difgracié les
Poiffons fous le rapport de l’accompliffement d’un
aête aufli important que celui de la reproduction
des efpèces. Lorfqu’à l’époque du frai, époque
variable fuivant les latitudes & les efpèces elles-
mêmes, 1 influence d’ure nouvelle force fe déploie
en eux & les oblige d’obéir à une impulfion
rénovatrice &: in efiftible, ils femblent fe couvrir
d’une livrée d'amoury l’éclat des couleurs dont ils
brillent ordinairement devient plus vifs alors les
banderolles des Chétodons fe deflinent plus nettement;
le vêtement d'or des Zées paroît plus
riche ; le manteau de pourpre des Rougets fe
colore d’une teinte plus intenfe, les rubis, les"
hyacinthes, les faphirs, les émeraudes, les topazes,
qui fcintillent habituellement fur la robe
des Coryphènes , des Spares, des Labres , répandent
de nouveaux feux ; le poli des plaques
d’o r , d’argent & des autres métaux précieux qui
décorent tant de familles aquatiques, eft plus ref-
plendiffant, offre des reflets plus varies, plus
changeans, plus multipliés. Alors aufli d’autres
modifications peuvent être fignalées dans plus
d'un point de leur économie, & , par exemple ,
les mufcles des Saumons prennent une teinte plus
rouge ; le corps des Pighos mâles fe couvre de tu-
cules comme variolées ; chez tous, en général,
les mouvemens deviennent plus aétifs , plus rapprochés
les uns des autres ; une forte d’inquiétude
lèmble les diriger.
Or, tous'Ces changemens, toutes ces modifications
diverfes tiennent au développement, au
gonflement, à l’extenfion périodique des organes
de la génération , qui, quoique diipoféspour une
fécondité prefque fans pareille, n’en font pas
moins très-fimples chez les Poiffons.
On a rencontré, dans cette claffe d’animaux,
plufieurs efpèces qui femblent réunir les deux
fexes dans un même individu, & que l’on peut regarder,
par conféquent, comme hermaphrodites ;
tels font les Carpeaux du Rhône, fi eftimés desamateurs
de la bonne chère. On a obfervé aufli
cette particularité , mais accidentellement, dans
les Merlans & dans les Carpes. M. El. Bloch, de
Berlin , confervoit dans fa collection > une de ces
dernières qui étoit dans le cas dont il s’agit.
Le plus ordinairement cependant, on trouve,
dans chaque efpèce , des individus mâles & desindividus
femelles, & il paroît même que fouvent
le nombre des premiers eft double de celui des
féconds. Quand le contraire a lieu, c’eft par une
forte d’exception; mais aufli cette exception eft
quelquefois poulfée fi loin, qu’on a cru que certaines
efpèces, comme les Syngnathes & la fiftu-
laire paradoxale de Linnæus, n’ avoient que le-
fexe féminin, & que Pallas, dans lé huitième faf-
cicule de ÇesSpicltegia çoologica, a fuppofé qu’elles
fe reproduifoient à la manière des Pucerons & de
certaines Phalènes , qui, dit-on, pondent parfois
des oeufs féconds fans l’intervention du mâle.
Se c t io n p r em iè r e .
1139. Les Tefiicules des Poiffons en général y leur
Pofition che\ ces animaux. Les tefiicules des Poif-
fohs ont une ftruCture bien différente de celle qui
appartient aux tefiicules des animaux vertébrés
des clafles fupérieures à là leur , & peuvent être
rangés dans deux feétions, fuivant qu’ils appartiennent
aux Raies , aux Squales, ôf aux autres
genres de la famille des Chondroptérygiens pla-
gioflomes, ou aux autres Poiffons cartilagineux
ou ofièux.
Ceux de la première feClion, affez femblables
en apparence aux tefiicules des Batraciens anoures,
font grands, alongés, larges. plats & étendus fous
le rachis au-deffus du canal inteftinal & de l’ef-
tomac. Ils font formés, en grande partie, d’une
agglomération de tubercules de la groffeur d’un
pois, preffés les uns contre les autres, crenfés
chacun d’un petit enfoncement au centre de leur
face externe, réunis entr’eux par des füamens
très-forts & par une membrane ténue qui les
enveloppe, & ne paroiffant compofés que d’une
multitude de très-petits grains ronds ; & ils offrent
, en fécond lieu, en arrière, une maffe glan-
duleufe , homogène , mince, étendue fous toute
la face inférieure de la portion tuberculeufe.
Les tefiicules des autres Poiffons, ceux de la
fécondé feétion, nommés généralement & d’une
manière colle&ive laite & laitance, fe préfèntent
fous l’afpeél de deux grands facs, en partie membraneux
, en partie glanduleux, de forme régulière,
cylindriques, coniques ou divifés en lobes,
dont le volume augmente fingulièrement dans le
temps du frai, & , par conféquent, à des retours
périodiques, & qui font remplis , dans la faifon
des amours, d’une matière blanchâtre, opaque
& laiteufe. Ils ne paroiffent effentiellement coni-
pofés que de cellules, d’autant plus diftinétes
cu’elles fe rapprochent davantage de )a queue, &
dont les parois, formées d’une membrane des
ph*?tdéliées, fécrètent le fluide féminal, qui les
jpmfie & les diftend. Réunis par leur extrémité
poftérieure, ils s’ouvrent au-dehors par un orifice
commun , fitue au-dehors de celui de 1 anus,
par lequel fort également lTirine, &: qui eft la ter-
minaifon de deux longs canaux qui parcourent la
plus grande partie de chacun d’eux.
Examinée au microfcope, la laitance de ces
Poiffons paroît compofée de myriades de globules
arrondis , & d’une telle quantité d animalcules,
que l’infatigable micrographe Leeuwenhoeck a
eftimé que celle d’une feule Morue en contenoi.t
150,000,000,000 , vivans & différens de ceux qui
animent le fperme des autres Poiffons.
La double laitance de beaucoup de Poiffons a
fouvent, comme dans la Carpe, par exemple,
des dimenfions confidérables, eu egard au volume
abfolu du corps , & eft conftamment, ou à
peu près, placée le long du dos, de manière a ce
que chacun de fes deux lobes égalé prefque la
longueur de l’abdomen.
Pour être plus fimples en apparence que les tef-
ticules des autres animaux vertébrés, ceux des
Poiffons n’en ont pas moins une influence remarquable
fur toute l’économie. Comme par la caf-
tration on rend plus délicate là chair des mammifères
& des oifeaux, de même en enlevant la laitance
aux Poiffons, on les engraiffe & on communique
à leur chair une faveur plus déjicate.
C e ft une opération qu’a imaginée un pêcheur
anglais nomméSamuelTull, & fur laquelle le pre-
fident de la Société royale de Londres, Hans
Sloane, a configné de détails importans dans
les Tranfactions philofophiques y quoique des le
temps de <3efner & dès celui de Willughby , on
fût que l’on pouvoit ouvrir le ventre du Brochet
& de quelques autres Poiffons , fans leur donner
la mort & même fans leur caulèr une longue
incommodité. La fouftraébon des‘organes^ génitaux
dans ces animaux, n’a été pratiquée d abord
qu’à l’époque que nous venons de fignaler, & il
eft facile de concevoir toutes les conféquences
d’une femblable opération, tant chez les mâles
que chez les femelles, quand on vient à réfléchir
fur la tuméfaction de ces organes au moment du
frai, tuméfaCtion qui doit, en concentrant fur
eux les forces de la vie, en accumulant dans leur
intérieur les produits de la nutrition préfque
tout entiers , enchaîner une partie des forces des
Poiffons, émouffer quelques-unes de leurs facultés,
diminuer la maffe des autres organes de
leur économie. Toute la portion de leur fubftance
qui fe porte ordinairement fans obftacle vers leur
laitance ou vers leurs ovaires, & qui y donnoit
naiffance, ou à des centaines de milliers d’oeufs,
ou à des quantités confidérables de fperme, reflue
dans le tiffu cellulaire & s’y accumule fous l’apparence
de graiffe.
N’oublions pas non plus que certains Poiffons ,
ou au moins des animaux rangés par l’ univerfalité
des naturaliftes parmi les PoifTons, n’ ont point
encore offert de laitance aux yeux des obferva-
teurs. Sans un fait particulier, communiqué il y
a quelques années-à l’Académie royale des feien-
ces, on ne connoîtroit pas encore, par exemple,
le mâle de la Lamproie.
1144. L'Epzdidyme, en général. L’épididyme des
Plagiofromes eft très-gros & alongé ; il ne tient
au tefticule que par un prolongement mince que
celui-ci lui envoie de fon bord externe & antérieur,
& dans lequel fa dernière portion paroît
fe continuer. Il n’eft, au refte, qu’un canal affez
gros, mille & mille fois replié fur lui-même, &
qui, manifeftement dilaté vers fon extrémité poftérieure
, ne fait plus que des zigzags qui fe
touchent, jufqu’au moment où , ceffant d’être
ainfi flexueux , il marche le long du bord interne
du rein de fon côté, contre lequel il eft collé, &
fous le gros bout duquel il aboutit dans une vé-
ficule , ou plutôt dans une dilatation de fes propres
parois, dont l’entrée & la fortie font un peu
anfra&ueufes, & qui s’ouvre avec celle du côté
oppofé au milieu d’une papille cylindroïde que
renferme le cloaque.
1149. Les Véficules féminales. Il n’y a chez les
PoifTons aucune trace ni de véficules féminales
proprement dites, ni de véficules acceffoires.
1154. La Verge, en général. La plupart des Poiffons
font privés de cet organe.
1162. L'Urèthre. Il manque aufli chez le plus
grand nombre.
r i67. La Proftate. Elle n’exifte point.
1177: L'Os de la Verge. Il n’eft nullement rë-
préfenté ici.
1178. Le Sperme. (Voyeç n°. Il 39.)
1180, 1181. Les Fluides de la Profiate & des
Cryptes de l'Urèthre. Nous n’avons rien à en dire ;
les fources qui leur donnent naiffance manquent
elles-mêmes.
S e c t io n t r o i s ièm e .
1190, La Vulve. Elle n’exifte point.
1191 , 1192. Les Grandes Lèvres, la Fourchette.
Elles font dans le même cas.
1193. La Fojfe naviculaire. Rien ne la repréfente.
1 194. Les Cryptes fébacées des Grandes Lèvres. Il
n’y a rien de plus à en' dire.