
de toutes leurs articulations précédemment fléchies,.
Audi., plus un Reptile a les pieds pofté-
rieurs longs en comparaifon de fes pieds antérieurs
, & plus fon faut eft fort & prolongé. Les
Iguanes & les Tupinambis. par exemple, fautent
tort leltement, quoiqu’avec moins defoimleffe &
de vigueur que les Rainettes & les Grenouilles
orl la difproportion des membres eft évidente
tandis que les Scmques, dont les quatre pieds font
courts & a peu près d’égales dimenfions, ne peu
vent fe livrer a cet exercice. r
tr r J e^e ’ dans ce redreflement prefque con
vuldt de toutes les parties des membres pelviens
les angles alternatifs du pied, du genou, de 1
hanche, s effacent à mefure que les mufcles-exten
leurs fe contraélant, obligent le corps à aban
donner le çlan qui le foutient, par fuite de la ré-
pulfion operée par celui-ci. Ce mécanifme, que
Boreil1 & Mayow ont eniTevu confufément, que
Haller & Hamberger ont démontré clairement
eiV fV,dSntV ma,8ré *es “flirtions contraires du
célébré Barthez : un fable mouvant, qui cède à la
preluon que le corps exerce, arrête le faut des
Reptiles, comme un plancher fans élafticité, une
corde fans fouuen, s oppofent à la faltation ou
des danfeurs ou des bateleurs. Il faut, pour que
le laut ait lieu, que le mouvement d'impulfion des
membres poftëneurs fe communique au centre de
gravite du corps entier, qui fe trouve lancé en
avant avec une viteffe déterminée & plus ou
moins directement oppofée à la pefanteur.
Tout animal fautant doit être confidéré comme
un projectile qui perd par degrés la viteffe qu’il a
acquife pour monter , parce que la pefanteur
agit a chaque inllant fur lui en fens contraire En
conlequence, étant donnée la viteffe de départ
Pe“F uéterminer le chemin qu'il décrira dans
1 êgw 1 inllant & même le lieu de fa chute.
D après cela encore, & en confidérant le faut
comme dépendant du déploiement fubit des mem-
bres pelviens dont les articulations ont été préliminairement
pliées en fens alternatifs, il doit etre
ainfi que nous l'avons dit déjà, d’autant plus con-
nderable que ces membres ont plus de longueur
& que leurs articulations font plus inclinées'les
unes fur les autres. I c i, les dimenfions longitudi-
nales des os & la force des mufcles font tout;
d ailleurs, es forces impriment aux maffes des
viteffes égalés quand elles font proportionnelles
“ les efpaces parcourus dépendent entièrement
des vitefles. ■ :
Auffi les Grenouilles chez lefquelles' i! exifte
entre le tram pollérieur & le refte du corps,'une
exceflive difproportion, nous étonnent-eîles par
la grandeur de l’efpace que d'un feul bond elles
n P n vp n r f ra n rh ir A VæLu'&Ê n c i - i Muc u Dona elles
peuvent franchir. A cet égard, elles lurpaffent
les Kanguroos & les Gerboifes, & fe Approchent
des Altifes, des Puces St des, Sauterelles
Or, tout le mondefait, depuis que Swammerdam
a conligné ce fait dans fa Biblia Naturt que la
hauteur a laquelle les Sauterelles s’élèvent par
leur faut, furpalTe de deux cents fois la longueur de
leur corps.
La direction du faut, chez les Reptiles quadrupèdes
comme partout ailleurs, dépend de la po-
lirion du centre de gravité par rapport au mem-
bre dont il reçoit l’impulfion : auffi le corps peut-
lj F,? eYer deux manières ; perpendiculairement
a I horizon, verticalement par conféquent; ou
bien, ce qui eft Je plus ordinaire, fuivant une
ligne plus ou moins oblique, cas dans lequel le
corps comme la bombe lancée par l’explofion
du falpetre, décrit une courbe parabolique, af-
cendante , tant que la puiffance d’impulfion l’em-
Poitefur la force de gravitation, defcendante à
dater du moment où cette dernière, qui va tou-
jours en croiffant, fe trouve égale à la première,
cerfonne n’ignore à cette occafion les démonf-
trations de Borelli & les expériences de Galilée.
Quoique privés de pieds, les Serpens peuvent
aulh fauter & s’élancer, & cela a lieu chez eux
egalement par un déploiement fubit de plufieurs articulations
.parladétentefimultanée oufucceflive
des nombreufes ondulations qu'ils ont formées
avec leur corps, par la force prodigieufe de leurs
mü enfin Par.,es écailles de leur ventre qui fe
redreflent & enfuite fe reportent contre le corps.
un mouvement ondulatoire du corps produit le
ramper ou plutôt la reptation dans les Serpens,
dont les moirvemens progreflifs, ainfi que ceux
que I Homme & les autres animaux vertébrés
peuvent exécuter, fe rallient généralement à la
theone du levier du troifième genre. L’agile Couleuvre,
le gigantefque Boa, le Cérafle cornu,
qui, en roulant leur corps en ondulations horizontales,
fuient à travers l'herbe des prairies, fe glif-
fent entre les arbres des antiques forêts, ou fem-
bient nager fur le fable brûlant des déferts intertropicaux,
établiflent évidemment, dans la longueur
de ce corps , une férié d’arcs qui fe courbent
tic- le redreflent d’une' manière fucceflive en
procédant de la tête vers la queue, & en s’ap;-
puyant fur un milieu réfiftant. Ge genre de mouve-
mens eh favonfé, chez eux, par la forme aloheée
du corps, par le poli des écailles, pat la force
immenfe des mufcles, & par la flexibilité extrême
de la colonne vertébrale, dont les os, articulés
par arthrodie, font affez lâchement unis, pour
qu un coup feul de baguette porté furie dos détruile
cur aflèmblage & fuffife pour déterminer la mort
des Serpens de la plus grande taille. Les inflexions
latérales de cette portion de leur fquelette ont
d ailleurs beaucoup d’étendue, tandis que l'exten-
lion en eft bornée fe plus fouvent par les apophyfes
épineufes; en forte que, quoi qu’en aientécritplu-
jleurs auteurs, quoi qu’en difent les peintres &
les fculpteurs qui, dans leurs tableaux & leurs
ltatues, reprefentent le Serpent recourbé en arcs
verticaux, la progreflion de ce Reptile s’effeétue
communément, au contraire, par ondulations
horizontales. La Couleuvre d’ Efculape eft peut-
être le feul Ophidien qui faffe exception a cette
règlegénérale. ' , _
Quoi qu’il en foit encore, la reptation des Serpens
offre plufieurs variétés dans Ion mode d exe-
cution, outre les deux que nous venons de
fignaler. . | ,
Quelques-uns, comme le Naja a lunettes des
Indes orientales, rampent, en effet, au moyen de
deux ou trois ondes tonnées par le tiers pofté-*
rieur du corps, tandis que les deux tiers anterieurs
font redreffés .verticalement.
D’autres rampent en gliffant à l'aide de petites
ondulations formées en partie par le mouvement
alternatif des plaques du deflous du corps, & en
partie par une élalticité de tout le corps.
La Couleuvre fil» la Couleuvre boïga, la Couleuvre
verte, font.fpécialement dans ce cas.
Il en eft auffi dont la reptation gliffante eft
aidée par les petites ondulations que forment le
rapprochement & l ’écartement alternatifs des plis
qui régnent fur la peau des flancs.
Tels font les Ibiares de Daudin.
Les Amphisbènes, enfin, rampent en gliffant ■
fans ondulations, & feulement par le rapprochement
& l’écartement alternatifs des anntaux du
corps.
Parmi les Sauriens urobènes, quelques efpèces,
les Orverts en particulier, rampent à la manière
des Serpens, mais à l’aide de petites ondulations
formées feulement par le rapprochement & l’écartement
alternatifs des rangées d’écailles qui
régnent en travers fous le corps.
Quoique privés de pieds, les Ophidiens peuvent
cependant fauter & s’élancer, au moyen du
déploiement fubit de plufieurs de leurs articulations.
Après avoir, en effet, avec leur corps,
formé plufieurs ondulations, plufieurs circonvolutions,
ils les détendent toutes à la fois ou fuc-
ceflivuijcnt félon l’étendue qu’i's veulent donner
à ce genre .de mouvement. Une efpèce.d’Qphi-
diens a même > en railon de la rapidité avec
laquelle elle tombe fur fa proie ou fur les ennemis,
mérité le nom de Javelot, en latin Jaculus, en
grec ctKov^jicts.
Plufieurs auffi jouiffent de la faculté de s’ entortiller
& de grimper, en conféquence , autour des
branches.
En tous.cas, les mufcles des Ophidiens font ;
doués d’une force de contraction vraiment prodigieufe.
Le Boa Devin, en fe roulant autour d eux,
étouffe de fort gros quadrupèdes entre fes .replis,
qu’on peut comparer à des noeuds ferrés; ce que
fait auffi pour les forts écureuils de l’Amérique
feptentrionale, la Couleuvre lien, qui, d ailleurs
, au rapport de Catesby , court avec une
agilité inconcevable fur les toits des maifons en
Caroline-
Cette puiffance mufculaire nous explique .en
partie pourquoi les Anciens, dans les traditions
mythologiques, fi fouvent fondées fur des obfer-
vations exactes, ont fait de la force l’attribut du
Serpent, pourquoi ils ont fuppofé qu’Achélaiis,
pour combattre Hercule, avoit revêtu la fonp®
de ce Reptile. C ’eft auffi, fans doute, fon agilité
& la promptitude de fes mouvemens qui, dès
l’origine de la civilifation des Egyptiens & des
Grecs, l’ont fait choifir pour le fymbole de la
viteffe du Temps & de la rapidité avec laquelle les
années roulent à la fuite les unes des autres; pour
l’emblème de Saturne, pour celui de 1 Eternité ,
qui n’a ni commencement, ni.fin, comme le cercle
parfait que formeroit cet animal en fe mordant
la queue.
Pour tous les animaux, la natation confine dans
une fuite d’élancemens au milieu de l’eau a 1 aide
du refoulement de ce liquide. Les Reptiles confirment
cette règle générale , & exécutent cette
férié de mouvemens par des ondulations de leur
corps, ou par l’agitation de leurs pieds ou de leur
queue, ou même de branchies.
Pour nager, les mouvemens répulfifs des Reptiles
font à peu près les mêmes que pour fauter ;
ils font feulement plus rapides, plus rapprochés
les uns des autres. Pour s’élever dans le liquide
élément, ils font obligés de refouler le fluide
placé deffous & derrière eux, & de diminuer, autant
que poflible, la largeur de leur corps en reportant,
après chaque refoulement, leurs organes
natatoires en arrière. . 11 eft des Reptiles qui nagent à la maniéré des
poiffons, c’ eft-à-dire, uniquement par des inflexions
de leur corps. C’ eft ainfi que la Couleuvre
à collier & les Pélamides fe foutiennent fur
l’eau, à la furface de laquelle elles font d’ailleurs
obligées de refpirer.
Mais les quadrupèdes ovipares, comme les
Grenouilles, les Crapauds, les Salamandres, les
Chélonées, les Crocodiles, les Dragons, les
Emydes, nagent au moyen de leurs pieds, qui.
font pour eux ce que les rames font pour un bateau,
.
La rame , effedivement, dans le moment de
repos, fait avec le bateau deux angles, l’un en
avantl l’autre en arrière, qui peuvent être égaux
ou différens. Le batelier a le talent de mouvoir cet
infiniment de manière à rendre l’angle antérieur
plus ouvert & le poftérieur plus aigu. Laréfiftance
de l’eau arrête le mouvement de la rame, le bateau
eft.pouffé en avant, & ce dernier angle s’ouvre.
Le batelier retire la rame en la tournant fur
fon tranchant, & recommence aüffitôt les mêmes
opérations pour donner une fécondé impuîfion.
Qui ne reconnoît ici le mécanilme à l’aide duquel
la Grenouille qui fe meut dans l’eau, îaifle
étendues derrière elle fes deux longues pattes ?
Qui ne voit pourquoi ces pattes font palmées
chez elle & chez la plupart des Rèptiles aquatiques
, comme dans le Crocodile, les Rainettes &
les Emydes, où elles femblent même parfois fe