I 9 ° Poiffons,
fleurs Silures, & quelquefois même cette ceinture,
garnie (Tun tubercule cylindroïde en avant
duquel eft un trou, donne lieu à un mécanifme
particulier. Le rayon épineux reçoit le. tubercule
dans une cavité en avant & en arrière de laquelle
eft une apophyfe Taillante. Dans l'état d’extenfion,
Tapophyfe antérieure qui eft unciforme entre dans
le trou , fur le bord duquel elle s'accroche il le
rayon lui-même vient à tourner fur Ton axe : de
cette forte la flexion devient irnpofiïble, à moins
d’un nouveau tour fait en fens înverfe du premier.
Quelquefois les nageoires pectorales font excef-
fîvement longues & fervent à l'exécution d’une
forte de vol ; plufieurs Trigles, les Exocets offrent
cette difpofition fpéciale. Chez ceux ci encore,
elles font très-rapprochées des branchies; dans
les Blennies, au contraire, elles en fout fort
éloignées.
Dans les Poiffons cartilagineux, ces, nageoires
offrent une conformation fpéciale fur laquelle
nous aurons plus tard occafîon de revenir.
Quant aux catopes qui tiennent aux Poiffons
lieu des membres abdominaux , ils manquent quel -
quefbis tout-à-fait dans ceux de l’ordre des Apodes,
comme les Anguilles, les Congres, les
Amm.odytes , les Gymnonotes,. les Aptérichthes,
les Lamproies, les Coffres, & c ., & varient
conlfammcnt beaucoup pour la fituation & la
fo me. i
Tantôt, en effet, ils font Implantés, fous la
gorge, en-avant des nageoires pectorales; c’eft
ce qui arrive dans tous les Poiffons jugulaires
comme les Morues, les Merlans, les Vives, les
Muftèks, les Églefins, les Dorfchs , &c.
Tantôt ils font places, un peu en arriére &
aiv-deffous de ces mêmes nageoires. C ’eft ce qui
caraétérifë lès Poïffôris thoraciques.
Le plus fouvent enfin,. ils pendent au-deffous
du ventre, plus près de l’anus que.des nageoires
pectorales. Tous les Poiffons abdojninaux, les
Carpes, les Barbeaux, les Ablettes, &ç. font en
paitieulier dans ce cas.
Quand ils exift^nt, ce font çonftàmment les os
du baffin qui foutiennênt les rayons, que.reco.ti.vre
la tfou^le membrane natatoire de ces* organes,
rayons qui fe meuvent fur eux H. qui font toujours
plus courts que ceux des nageoires pectorales.
Les articulations des os. du fqueîette des Poif-
fôns préfentent les mêmes particularités de ftruc-
ture que ceux dés antres animaux vertébrés. On
retrouve, par exemple,des futures dentées dans
plufieurs des os qui forment la ceinture deftinée à
fôutenir les nageoires pectorales. On remarque
auffi dans les parties latérales de leur t.êt.e. & dans
les opercules de leurs branchies, une efpèce. particulière
d’articulation , qui reffembïe à la, future
écailleufe,.en ce qu’ elleconfifte d.a.ns/)è. recouvrement
des bords amincis, de deux os, plats, mais,
qui en diffère pajce qu’elle, eft Je fiçge d’une véritable
mobilité, qui permet aux pièces rapprochées
de fe ployer ou ae gliffer l’une fur l’autre. Enfin, la
fçie, dans les crochets qui font enfoncés aux
deux co- és de fon long mufeau, offre un exemple
de gomphofe.
Quelques efpèces préfentent en outre des modes
particuliers d’articulations mobiles & dont le
fqueîette de l’Homme & des Mammifères n’off e
point d’exemples. Tel eft le ginglyme annulaire
que préfentent les premières épines des nagoires
anales de quelques Chétodons, de dans lequel on
voit une proéminence cylindrique prefque détachée
d’un o s , en enfiler un autre. Tel eft aufli celui
où, au gré de Panimal, des pièces mobiles
peuvent devenir immobiles, ainfi que cela a lieu
pour les premières épines des nageoires peéloraks
des filures & des gaftéroftées, au moment où ils
fe préparent au combat.
4. Les Os du Crâne en général. En général, le
crâne, cher les Poiffons, ne forme qu’une très-
petite partie de la tête, qui varie plus pour la
forme que celle d’aucune autre claffe d’animaux,
& qui cependant fe laiffe prefque toujours divifer
dans le même nombre d’os , comme fi la Nature ,
tout en employant çonftamment les mêmes matériaux,
exerçoit fon génie à en varier uniquement
les formes ; comme fi, foumife à de premières
données, l’orgarufation des animauxtendoktou-
jours à reproduire les mêmes élémens , en même
nombre,, dans les mêmes, cirçonftances& avec
les mêmes connexions; comme fi une loi commune
ramenoit au même point des conformations que
la première apparence pou voit: faire juger extrêmement
diverfes.
Cependant, comme les os. du crâne des Poif-
fqns, le. fondent de très-bonne heure & comme les
futures qui les unifient entr’eux fontfquameufes,
il devient difficile de les difcerner les uns des autres.
au premier coup d’oeil, & il faut avoir fournis
à fes invtftigations de jeunes individus pour re-
connoîrre que, chez ces animaux, le frontal eft
compofé de fîx pièces, ; le pariétal de trois l’occipital
de cinq , & que le fphénoïde fournit cinq
de les pièces à la compofition des parois de la cavité,
à laquelle, d’ailleurs, contribue , pour deux
pièces, chacuu de^i temporaux. Mais l ’examen,
auquel on vient de fe livrer a démontré que,
ju!qitfà un certain point, les Poiffons dans, leur
premier âge carrefpondent, eu égard, à. leur dér
veloppement, aux mammifères, dans leur état de
foetus, ainfi qu il confie des favantes recherches
des proféfleurs Cuvier & Geoffroy Saint-Hilaire.
• Quoiqu’il en (oit, le crâne des Poiffons , véritable
charpente à jour, où les pièces font plutôt
arcbo,ut.ée;s par leurs fommets que juxtà-polées
par toute l’étendue de leurs bords, & dont les-
vides font fermés par des membranes & par des
^cartilages, fixé à T extrémité antérieure de leur
colonne vertébrale, varie beaucoup po>uç fa figure
extérieure ; mais, comme il n’efi recouvert que de
Poijfons•
la peau, fès formes fe manifeftent au dehors affez ;
clairement pour que, dans plus d’un cas, elles aient |
fervi de bafe à l’établiffèment d’un caractère générique
ou fpécifique de la part des ichthyolo-
giftes. A 1 intérieur , il circonfcrit toujours une
cavité dans les parois de laquelle exiftent deux
autres cavités plus petites , contenant l’organe de
l’audition, mais que l’on ne peut point, ainfi que
dans l’homme & des autres mammifères , confidé-
fer comme une boîte régulièrement fermée par
des parois percées feulement pour le paffage des
vaiffeaux & des nerfs.
Comme le cerveau ne remplit pas entièrement
la cavité du crâne, celle-ci n’eft pas exactement
modelée fur les éminences de Ce vifcèré & les
divers enfoncemens qu’on y remarque ne font
point féparés par des arêtes vives. La bafe en eft
communément plane, à l ’exception d’une dépref-
fion qui fe trouve, dans quelques efpèces, à la
place correfpondante à la foffe bafilaire des mammifères
, mais qui eft deftinée à fupporter tout le
cerveau.
Le crâne des Poiffons offeux s’élargit entre les
oreilles. On obferve le contraire dans les Chon-
droptérygiens.
Souvent auffi dans la même claffe d’animaux, la
partie antérieure du crâne, au lieu d’être fermée,
offre un grand efpace vide au travers duquel paf-
fent les nerfs olfaCtif. C’eft ce qui arrive, en particulier
, dans le Brochet & dans l’Anarrhique ou
Loup-de-mer. D’autres fois , comme dans les
Raies, les Torpilles, les Aiguillats, les Requins,
les Myliobates, les Humantins, il exifte deux
trous olfaCtifs fort éloignes l’un de l’autre.
Dans certains Poiffons & fpécialement dans le
Brochet, les trous optiques font écartés l’ un de
l’autre, & une petite traverfe offeufe les fépare
uniquement du grand trou qui eft au-devant du
crâne. Dans l’ Anarrhique & dans le plus grand
nombre des efpèces, ces trous, très-éloignés l ’un
de l’autre, font percés aux côtés du crâne.
P n’exifte, chez aucun Poifîon, de fente fphé-
noïdale & les petits nerfs qui vont fe diftribuer
aux organes moteurs de l’oe il, paflènt chacun par
un trou particulier.
Communément, on n’obferve, à droite & à
gauche, qu’un feul permis pour le's tiois branches
de la cinquième paire. & ce permis, qui eft fub-
divilé en trois dans la Carpe feulement, tient lieu,
par conléquent, du trou rond , du trou ovale &
d’une partie de la fente fphénoïdale tout à la fois.
Le trou auditif interne ou labyrinthique ne fe
rencontre que dans les Poiffons ehondroptéry-
giens, puifque, chez les autres, la cavité de l’oreille
elt réunie à celle du crâne.
L’ouverture par laquelle paffe la huitième paire
de nerfs eft tiès-confîdérable, & n’admet point
les vaiffeaux veineux, comme dans les mammifères
& les Oifeaux.
A quelques exceptions près, toutes les parties
1 9 1
conftituantes du crâne & de la face , font les
mêmes, pour les ufages &pour la pofition, dans
les Mammifères, depuis l’Homme jufqu’à la Baleine
; & l’on fait généralement aujourd’hui, qu’eç
prenant l’animal près de fa naiffance, qu’en remontant
même au foetus, on trouve chez eux un
nombre normal d’o s , à peu près le même pour
toutes les efpèces. Les recherches, concernant
cette analogie, ont été pourfuivies dans les autres
claffes d’animaux vertébrés & ont démontré
que, dans plus d’un cas, les différences que celles-
ci préfentent ne dépendent que des époques où
leurs os fe foudent & qu’on peut regarder , à cet
égard, les animaux qui les compofent, comme des
mammifères dans un état analogue à celui de foetus.
Mais, ainfi qu’il arrive trop communément,
les fuccès obtenus fur plufieurs points de ce curieux
problème par des efprits fupérieurs ont porté
la foule des imitateurs à des analogies faulfes ou
exagérées, & l’on a vu des anatomiftes donner à
tel ou tel os dans les Poiffons, un nom que peut-
être fanscela ils n’auroient point fongé à lui donner,
& appliquer à des os voifins la dénomination
de celui qui manquoit dans le fujet fournis à leurs
invefligations, admettant ainfi, comme le dit l’éloquent
profeffeur Cuvier, des tranfports fingu-
liers, des retournemens, des converfions plus ou
moins complètes, fans penfer à l’immenfité d’ organes
& de parties molles qu’il faudroit déplacer
H agencer autrement, pour faire paffer un feul os
d’une place dans une place voifine ; comme fi les
os de fa tête, fous le rapport de leur exiftence ou
de leur ablence, ne fe trouvoient pas, air.fi que
tout le refte de l’économie, fous la dépendance
de quelque phénomène fenfitif ou organique.
Or, les Poiffons , ayant l’encéphale très-petit &
réduit à un petit nombre de parties, ont un crâne
néceffairement peu compliqué , comme nous venons
de le voir, & compofé d’un moindre nombre
de pièces.
i l . Les Os de la face en général. Il n’en eft pas
de même de leur face; fa complication eft grande,
& cependant, ainfi que chez tous les vertébrés
ovipares, les foffes nafales font très-fimples ou
même paroiffent manquer, & les orbites ne font
féparées que par une lame offeufe du fphénoïde
ou que par une cloifon membraneufe. Mais des
appareils deftinés à des fonctions étrangères à celles
que remplit, chez les Mammifères, cette portion
au fqueîette viennent s’y joindre acceffoirement,
& cela devoir être puifque, chez eux, le mécanifme
de la refpiration femble, comm^ nous le
verrons bientôt, confondu avec celui .2 la déglutition.
Plufieurs groupes diftinéts d’os pairs forment
chacune des deux moitiés de leur face & font,
féparément, plus ou moins mobiles fur une longue
& forte tige folide,que conflituentTethmoïde,
le vomer & le fphénoïde.