barbillons ; chez quelques Agénéiofesj, ils fe re-
dreffent chacun en une corne dentelée, tandis
que chez d’autres efpèces du même genre, ils ne
font aucune faillie & relient cachés fous la peau ;
dans les Filous, ils font fufceptibles d’un mouvement
de bafcule qui transforme fubitement la
bouche en une forte de tube; ceux des Picarels
opèrent également un mouvement de bafcule, & il
en eft de même des Sublets ; ceux des Polyprions
font revêtus d’écailles durement ciliées.
19. Le Vomer. Le vomer des Poiflons eft une
forte de tige offeufe, canaliculée,qui fe porte vers
Je boutdumufeau, où elle fe foude en s’élargiffant.
Il eft fort alongé dans le Merlan & le Turbot.
Dans beaucoup de genres, fon extrémité antérieure
repréfentant une forte de difque, porte en
delfous des dents que leur polition a fait nommer
vomériennes. Les Morues, les Merlans, les Merluches,
les Lottes, les Brofmes, les Phycis, les
Brochets, les Truites, les Eperlans, les Argentines,
font, en particulier, dans ce cas. C ’eft, au
refte, fur le contour antérieur de cette forte de
difque que s’appuie, pendant le repos, l’arc dentaire
des os intermaxillaires, dans les Poiflons où
il eft protra&ile.
20. La Mâchoire inférieure ,* fes Rapports avec la
fupérieure. Comme tous les autres animaux vertébrés
, les Poiflons n’ont jamais plus de deux mâchoires,
& toujours elles font placées l’une au-def-
fus de l’autre.
Généralement, la mâchoire inférieure a la forme
d’un arc ou de deux branches plus ou moins
épaiffes, réunies à angle aigu & articulées beaucoup
plus en avant que dans la plupart-des Oi-
feaux & des Reptiles. Celle de beaucoup d’entre
eux, & l’on peut ranger, dans cette claffe les
Raies, les Squales, les Syngnathes ; les Balistes,
les Alutères, les Triacanthes, les Anguilles, les
Tétrodons, les Clupées, les Clupanodons, les
Saumons, les Truites, & c ., n’a qu’une, feule
pièce à chaque branche. Dans la Baudroie &
plufieurs autres Chondroptérygiens, dans les
Vives, les Morues, les Merluches, les Muftèles
& beaucoup d'autres Poiflons jugulaires ou abdominaux,
les deux branches ont chacune deux
pièces réunies par une future. Le Polyptère bichir,
cet habitant fingulier du Nil, en a même trois,
line pour les dents, doublée par une fécondé qui
forme l’apophyfe coronoïde & une troifième pof-
térieure iupportant la foffette articulaire.
Ordinairement, à mefure qu’elles fe rapprochent,
ces branches de la mâchoire inférieure
s’aminciffent & forment un arc très-ouvert, furtout
dans les Pvaies, les Myliobates, les Torpilles, les
Aiguillats, les Rouflettes , les Requins, les Lmif-
foles, les Milandres, & cependant fermé quelquefois
d’une manière notable, ainfi que cela fe
voit dans l’Alofe 6c dans le Saumon, & même
prolongé en un long bec aigu, comme dans l’Orphie
& le Brochet du Bréfil. Les Filous ou Epibulus,
les Dorées, les Picarels, les Sublets, les
Poulains, les Chelmons, les Toxotès, & autres,
offrent une difpofition organique analogue.
Jamais la mâchoire inférieure ne préfente chez
les Poiflons rien que l’ on puiffe comparer à fa
portion afcendante dans la plupart des Mammifères,
& néanmoins dans la généralité des PJa-
gioftomes, l’articulation de cet os fe fait au-deflus
de fon extrémité.
Il exifte même des efpèces qui ne vivent qu'en
fuçant & dont lés mâchoires, foudées de manière
à former un anneau permanent, fervent,
non plus à fermer la bouche & à la déglutition
d’objets plus ou moins volumineux, mais feulement
à s’attacher à divers corps. Les Lamproies,
les Ammocætes, les Pricka, les Myxines, font
dans ce cas.
En général, cependant, & particulièrement
dans les Squales , les deux màcnoires font fort
mobiles. Chez ceux-ci, la fupérieure eft principalement
formée de deux grands cartilages dans lef-
quels font implantées plufieurs rangées de dents, 6c fe trouve retenue en arrière & en haut par deux
forts ligamens coniques, dont le fommet eft attaché
au fond de l’orbite : elle s’articule d’ailleurs
fur l’inférieure , par deux facettes condyliennes
féparées entr’elles par un ménifque interarticulaire,
& chacune de fes branches, vers son tiers antérieur
, foutient deux petites lames cartilagineufes
oui vont fe perdre dans l’épaiffeur des lèvres, & ,
de plus, en arrière, deux autres plaques, qui, fe
portant en bas &r en arrière, en rencontrent deux
nouvelles montant de la mâchoire inférieure &
s’articulant avec elles de manière à compofer une
arcade complète qui entoure la bouche, en formant
un angle rentrant en devant.
Dans jes Squales encore, les deux branches
de la mâchoire inférieure font mobiles dans leur
fymphyfe, & cet os s’articule en arrière avec
trois cartilages, l’un qui defcenddu crâne comme
pour remplacer l’os carré des Oifeaux ; le fécond
qui eft la mâchoire fupérieure, & le-rroifième qui
appartient à l’appareil qui foutient les branchies.
Cette difpofition fait qu'ici les mouvemens latéraux
font très-gênés.
Chez l’Efturgeon, la face prolongée en une
pointe aiguë recouvre complètement la bouche à
peu près comme dans les Raies. Les cartilages
qui remplacent les os maxillaires fupérieurs font
très-étroits en devant; mais ils fe prolongent en
arrière & en haut, où ils s’étendent & s’uniffent
en une large plaque qui forme la voûte du palais.
Les deux branches de la mâchoire inférieure font
plates & prefque tranfverfes. Elles s’articulent en
arrière avec la mâchoire fupérieure & avec un
cartilage interarticulaire destiné à opérer un mouvement
de bafcule.
21, 22, 23 & 24. Les Dents en général. Plus que
tous les autres animaux, les Poiflons varient par
rapport au nombre, à la nature, au volume, à I
l'implantation, à la forme, à la difpofition géné-
raie des dents.
Les uns, qui barbottent dans la fange impure
pour y chercher des vermiffeaux & des débris de
matières animales, en font totalement dépourvus.
Tels font les Carpes, les Barbeaux, les Tanches,
les Goujons, les Cirrhines, &c.
Les autres en préfentent de deux ftru&ures
différentes, favoir :
i°. De compofées, qui font formées d’une infinité
de tubes verticaux, tous unis & terminés par
une couche commune d’émail. Beaucoup de Raies
préfentent des dents de cette nature.
2°. De pépies, qui ne tiennent qu’à la gencive ,
comme dans les Requins, les Emiffoles, les
Rouflettes, les Pèlerins, les Grifets, les Milandres,
les Aiguillats, ou qui naiffent dans un alvéole
comme dans le Brochet, l’Orphie , la Dorade,
le Saumon, la Truite, &c.
Toutes les dents fimples des Poiflons font
formées de fubftance éburnée & d’une couche
d’émail, difpofées comme chez la plupart des
Mammifères. Celles que renferment des alvéoles
offeux ne tardent point à s’y fouder par la racine,
fitôt que la couronne a vu le jour, en forte que
l’une eft abfolument continue à l’autre > & que ,
fans la cafler, on ne peut plus féparer la dent de
l ’os qui la porte. Cependant, félon la remarque
judicieufe du profeffeur G. Cuvier, en fciant l’os ,
on aperçoit des veftiges de la racine qui s’y eft
unie, & qui fe font remarquer long-temps par leur
couleur, leur dureté., & la cavité qui lestraverfe,
& qui pénètre d’autant plus profondément dans
les os des mâchoires, que la couronne eft elle-
même plus longue & plus pointue, car les dents
moufles n’ont prefque point de racine.
La fubftance éburnée de ce genre de dents des
Poiflons eft toujours dure & ne croît, ainfi que
celle des Mammifères , que par des développe-
mens de couches intérieures.
Mais celles de ces dents qui, de même que
celles des Chiens-de-mer, ne tiennent qu’ à la gencive
feulement, croiffènt à la manière des epi-
phyfes des o s, c’eft-à-dire que d’abord tendres &
poreufes, elles le durciflent enfuite uniformément
& finiffent par devenir entièrement dures &
éburnées.
Les dents compofées des Poiflons forment d’ordinaire
des plaques plus ou moins grandes, qui
n’adhèrent aux os des mâchoires ou du palais que
par une membrane intermédiaire : quelquefois,
elles lopt difpofées en quinconce} d'autres fois,
elles occupent par bandes toute la largeur de
l efpace qui leur eft deftiné. La Raie bouclée &
les autres Raies à dents plates nous en offrent un
exemple en petit; l’ Aigle de mer ( Myliobatis
aquiia) n’a que les dents de la partie moyenne en
bandes j celles des côtés font en petites lo-
zanges.
Quelle que foit la figure de cette efpèce de
dents , elles font conftamment divifées en deux
couches, une fupérieure, denfe, offeufe, couverte
d’une couche d’émail, & une inférieure,
qui paroît tenir lieu de racine : celle-ci eft marquée
en arrière & en deffous de filions très-réguliers &
très-rapprochés. Son intérieur eft irrégulièrement
poreux, & les pores dont il eft criblé communiquent
au dehors par de petits pertuis qui, comme
le foupçonne M. Cuvier, reçoivent des vaifleaux
& des filets de nerfs. La couche fupérieure, plus
denfe, eft uniquement formée de tubes parallèles
& qui vont dire&ement fe terminer à la furface de
l’émail.
Dans le Loup des mers du Nord, le féroce
Anarrhiquè, les mâchoires font revêtues d’éminences
formées de fibres qui fe portent de la bafe
à tous les points de la fuperficie, en laiflant un vide
à la partie moyenne & inférieure & en n’adhérant
aux os maxillaires qu’au contour de l’eminence
feulement. Ces éminences, implantées fur une
fubftance plus fpongieufe que le refte du tiflii
offeux des mâchoirès, tombent par un mécanifme
analogue à celui qui détermine la chute des bois
des Cerfs & des Elans.
Dans les Diodons & les Tétraodons , les mâchoires
ont une partie triturante, folide, blanche,
liffe , éburnée, qu’ on peut regarder encore comme
une dent compofée, qui, vue à l’extérieur, ne
préfente que des filions tranfverfes , mais qui,
rompue ou fciée, femble compofée de lames dont
les tranchans, foudés'à leur fuperficie par 1 émail,
reftent long-temps diftinéts dans la partie pro-
fonde. Cette ftru&üre anomale eft affez fingulière
pour mériter que nous entrions dans quelques
détails à ce fujet.
Lorfqu’avec quelqu’attention on examine une
mâchoire de Diodon, on voit faillir au-deffus
des autres parties de cet os. fon bord parabolique
& un difque arrondi, qui en eft féparé par un
large canal & qui femble occuper la place de la
langue. La furface du difque préfente des ftries
formées par les extrémités de lames analogues à
celles dont nous venons de parler, & qui montent
du canal en fe dirigeant un.peu en arrière,
toutes couchées les unes ftir les autres, de manière
à ce que les plus fuperficielles foient en même
temps les plus courtes & les plus ufées, les plus
dures & les plus vieilles, toutes partagées en deux
dans leur milieu par une fciflure, toutes liffes à
leur furface inférieure & poftérieure, mais préfen-
tai.t, dans le fens contraire & au microftope, un
réfeau de filions capillaires & dus^ évidemment à
la préfence de petits vaifleaux qui y arrivent, du
canal intermédiaire, par une infinité de porofités
ouvertes dans les intervalles des lames.
Il eft clair que ce doit être d’arrière en avant
que ces lames fe développent & fe fuccèdent, en
forte qu’à mefure que les antérieures s’ufent jui-
qu’à leur bafe, les poftérieures fe montrent en
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