
Dans les Crocodiles, le derme eft complètement
adhérent, fpé-cialement fur le crâne, où il
femble incorporé avec les os. Il ëft épais 8c d'un
tinu ferme Si ferré fur le dos. Sous le ventre, fur
les flancs, $c furtout aux ailïel'es , aux aines, au
niveau des grandes articulerions & dans les ex-
panfipns interd.igitales , il eft manifeilement plus
mince.
Dans les Sauriens 8c les O ph id ie n s , Ig derme,
de même que dans.les P o isso ns , placé au-deflous
des écailles, eft fort tenace 8c très-adhérent aux
mufples,
Daps les Geckos, le derme eft, en général,
plus mou & moins adhérent que dans les autres
Sauriens.
Médiocrement épais, il fe relève, chez eux,
en petites faillies déprimées, qui, aftez femblables
a des écailles, tendent à s'imbriquer d’un^ma-
nière tout-à-fait régulière.
Chez les Caméléons, il eft très^mince, furtout
aux endroits où il n’eft point renflé en petits tubercules.
Dans les Iguanes & les Tqpinambis, il eft fort
épais, principalement à la queue. Son tilfu eft
ferré » 8c il eit partagé en petits renflemens fqua-
mif ormes régulièrement diipofés, mais qui ne
s’imbriquent point,
Dans les Scinques, où le derme eft fort mince,,
il eft prelqu’entièrement recouvert par de petites
utricules plates , formées par le corps muqueux 8c
le réfeau vafculaire tout à la fois. Dans chacune
de ces utricules fe trouve une écaille de confif-
tance ofieufe, caftante & cornpofée d’un nombre j
fixe de p ; tites pièces parallélogrammiques, difpo-
fées fur deux rangs & d’une manière tout-à-fait
régulière ( i) .
Çhçz les Orvets, les écailles font également
dermiques & fort adhérentes.
Dans les O ph id ie n s , le derme, peu épais généralement
, eft d’un liffu lâehe 8c peu denfe, fur-
tout au çou, ou, comme l’a remarqué juftement
M. de Blainville, il eft même notablement éi$f-
tique, comme dans les Boa, les Couleuvres, les
Vipères & les Serpens à fonnettes. Le Naja m’a
offert cette dernière difpofition à un dégré éminent.
Cette couche de la peau eft, chez çes reptiles,
très-rarement lifte à fa lurface extérieure, où elle
prefepte habituellement des faillies de figure variable,
carrées, rhomboidales, triangulaires ou
myrtiformes, qui contribuent à la formation des
écailles,
Dans^ les Protées, le derme eft aftez épais 8c
criblé d’une foule de porofités.
(i.) s , TNf. Du grot at DE Blajkville , De rorganija-
Mon des Animaux, Paris, 1822, in-8®., tom ç l, pages. i 36 & li j . 'KO
Il paroît, chez eux auffi, tapifle dans toute fori
étendue par une couche mufculaire fort mince.
80O. Les Glandes cutanées. Il n* &*exifte point de
Reptiles écailleux, fi l’on en excepte pourtant les
Geckos , les Hémidaétyles, les Ptyodattyles, les
rhécadaétyles, dans lefquels on puiffe voir un
fyftème crypteux généralement répandu à la fur-
face de la peau.
Dans les Reptiles non écailleux, dans les Bat
r a c ie n s , tant anoures qu’urodèles, les cryptes
de la peau font, au contraire, exceflivement nom*
breufes, 8c le derme, eft criblé de porofités à la
manière des feuilles du millepertuis. Auffi la fur-
fa^e du corps eft elle, chez eux, conftamment
enduite d’une vifcofité gélatineufe, lubréfiée d’un
fluide onélueux, qui, infolubles dans l’eau froide,'
femblent un fupplément à l’exiftence des écailles
& défendent les tégumens contre l’influence
d’une humidité prolongée.
C ’eft ce qu’on obferve furtout dans les Grenouilles
8c les Salamandres, qui peuvent même
augmenter à volonté l'excrétion de cette mucofité
& la faire fuinter comme une rofée de tous leurs
pores (1).
Dans les Crapauds, la peau eft molle 8c fou-
vent reqflée par des amas de tubercules plus ou
moins cqnfîdérables, & formés par des cryptes
qui paroiffent diftiller une humeur particulière,
acre 8c véneneufe même pour certains animaux
foibles, ce qui faic qu’en Sardaigne on regarde le
contaft feul de ces animaux comme dangereux (2).
Il paroît certain, au moins, que ceux qui avalent
un peu de ce fluide font en proie à de violentes
naufées 8c à des accidens gaftriques variés j &
M. le profefteur Bofc affure que fi, durant les
chaleurs de l’é té , après avoir manié un crapaud ,
on porte fa main au nez , on eft tourmenté par lès
mêmes fymptômes pénibles (3). Gumh. Chrift.
Schelhammer nous a confervé en ce genre l’hif-
toire d’un enfant qui éprouva 'une éruption puf-
tuleufe grave, parce que, pendant quelques inf-
tans, un autre enfant lui avoit tenu un crapaud
devant la bouche (4). Erneft Gottoldt Struve a
vu auffi une fuppreffion d’urine fuivre l ’ingeftion
d’un reptile de ce genre (y) , 8c l’on trouve des
faits analogues à ceux-ci dans les OEuvres d’Am-
broife Paré (6 ), dans l’Hiftoire des Poiffons de
Rondelet (7), dans l’Encyclopédie de Diderot,
(1) C eft à ce phénomène que l’on doit rapporter l’origine
du préjugé qui veuc que les Salamandres vivent dans
le feu.
(2) F rancesco Ce t t i , Storianaturale di Sard. Saftari
*774» 1777 »>-13.
LJiUion. dH ifl. na t., édit, de Déterville, article
C rapaud.
(4 ) Ephem. Acad. Nat. Cur., dec. 2, ann.6, ohf. n 3 .
(5) Ib id., cent. V I I I , obf. 84.
I m Livre X X I , c. â i.
y]) Des Animaux palujlres, chap. 4.
dans les Traités de Rédi 8c de Turner, cités par
les Continuateurs d’e la.Matière médicale dé Geoffroy
$ mais Boiffier de Sauvages 8c Bernard de
Jufiîeu ont fait, dans le dix-huitième fiècle , des
expériences dont les réfultats font tout-à-fait en
contradiction avec ceux obtenus par Schelhammer
8c les. anciens observateurs (1) , en forte que le
Crapaud pafiè aujourd’hui, fous ce rapport, pour
un- être innocent, 8c dont on n’a rien, ou du
moins prefque rien à redouter.
Dans un Mémoire lu à la Société médicale
d’Emulation de Paris (2) , notre collègue M. Pelletier
, profefteur à l’Ecole de pharmacie, a neanmoins
donné une analyfë chimique de l’humeur'
cutanée des Crapauds, d’après laquelle il femble-
roit bien qu’on eft en droit d’attribuer des qualités
nuifibles à ce fluide, d’ailleurs jaunâtre 8c de
cohfiftartce huileufe, puifqu’il eft âcre , extieme-
ment amer, cauftique même, 8c qu’il renferme un
acide particulier 8c en grande partie à l’état libre.
Auffi, quoique cette matière puiffe Sembler deiti-*
née, avec le mucus qui enduit le corps des Crapauds.,
à défendre ceux-ci de la féchereffe de 1 air
éc de- l’ardeur du foleil, 8c à les maintenir, par
l’évaporation à laquelle elle donne lieu ;<dans une
température convenable (3), il n’en faut pas moins
croire quelle eft un véritable poil'on pour certains
animaux (4), 8c penfer, avec de Lacépede (j)>
que , dans telle ou telle circonftance, la trace de
des reptiles a dû être aufli funefte que leur afpett
eft dégoûtant.
Dans les Rainettes, encore plus liftes que les
Grenouilles , on n’obferve point non plus de parotides
C ’eft furtout en arrière de chaque oeil que leS‘
cryptes mucipares de la peau des Crapauds font
évidentes, biles forment dans cet endroit une
double maffe de forme irrégulièrement ovoïde,
recouverte de tégumens percés de porofités fort
vifibles, que Linnæus a défignée fous le nom de:
C ü u jftnmais que, depuis Laurenti 8c Schneider >•
on appelle plus généralement parotide, ou glande
pa7otïde. ..
Les Grenouilles, qui ont la peau beaucoup plus^
lifte que les Crapauds, manquent de ces par
Chez les Pipas , où, au contraire, elle eft plus
lèche, elle paroît couverte d’une multitude de
granulations ciétacées.
( 0 Boissieu oe SitivioES , Nojblogia metKodiiai,,
mm. H, pUger^a.-*E|ua..
Dijfert. de venenatis GalLU Animal. pr*)mo Acad* Khotomag.
(2) Jdouucronraalt adi e médecine, chir. , phartn. , totne VT , _P_ab_e
’-/j;. feptcmfcrrc ottobre iS-iy.
V (3() Adànfo» {Hiß. nat, dé Sénégal*, Paris, .1757, ,
aJ' ,63) ,1 ods. a p p rê t qu.’eo crav-er.faa.C;les fàWes bfùians
du SénVgal, les Mègrcs. afi.î <iè ii rafraîchir , . ’appliquent
fur le from des Crapauds roui vivaus. ...
• U(5)) GH.i ßC. unvati.e rd,e s leQçuoandsr ucpiètédeess,, otovimpaer eIsI , padgees :0 S7e0r.pens,
Paru, 1788, Ui-4®-^• tôincL, pä£-
, mais l’extrémité de chacun des doigts
porte en deftous une petite pelotte tranfverfale y
une forte de couffinet, donc le derme paroît'très-
pulpeux , 8c au-deffous duquel eft un tiftit vafeu-
lâirë 8c comme caverneux, proprefans doute, a
la fécrétion d’une humeur vifqueufe, mais ou l’on
n’apérçoit ni cryptes ni follicules.
Dans les Salamandres tetreftres, on retrouve
des parotides comme dans les Crapauds.
Les Tritons, les Protées, les Sirènes 8c les
Amphiuma en font dépourvus.
Les cryptes nombreufes de la peau des unés &
des autres verfent abondamment ün liquide blanchâtre.
Elles font difpofées fur plufieurs-rangs, 8c
: forment des verrues groupées les unes à côté des
autres fur le dos 8c les flancs»
Dans les Protées, le derme, aftez épais,comme
gélatineux, eft perforé par un grand nombre de
vacuoles, dans chacune desquelles eft logé un
' follicule mucipare.
Les cryptes cutanées des C héloniens ne font
point encore connues.
Les Crocodiles ont, à droite 8c à'gauche, entre
les deux branches de la mâchoire inférieure, un
amas de ces cryptes, qui forment, au - deftous du
derme, une glande ovoïde, comprimée, ouverte
à l’ extérieur dans* une fente longitudinale cachée
au milieu des plis des tégumens du cou, 8c pro-
duifent une matière fébacée à'odeur de mufe ( i) .
En outre, chez eux encore, chacune'des plaques
fquameufes du corps offre une porofité au
milieu de Ion bord*poftéiieur.
On en remarque auffi quelques-unes fur la peau
qui revêt la mâchoire inférieure.
Parmi les*Sauriens, les Geckos, pour la plupart
, portent fous les doigts un appareil particulier
8c qui paroît propre à la formation d’une hu-
; meur lubréfiante. Ce font de petites pelottes dues
à un élàrgiffement confidérable dë la peau, qui
dépafle de beaucoup la largeur des phalanges' U
conftitue ainfi un difque, dpnt laftiriacë inferieure
eft ftriée- tranfvetfalemeht par dés faillies fqüa-
miformes , imbriquéês, réparées par dès filions &
quelquefois partagées en deux pareil rie rainure
longitudinale-. Le b'ord libre de cès fMlies eft'arme
dans toute fa largeur par une forte d'ongle divifé
en un très-grarrd riombrè dè dents très-fines 8c un
peu courbées%à l ’extrémité.
L’etendue de ce difque,poreux,, la divifion ou
l’intégrité des lames qui le compafe-ntyle nombre
même de celles-ci, offrent de$ différences propres-
( i) Nouveau Di& on . d’Hift. nat., T^ris, i8o3, toofe
VL, pag». S/jj. — H; C lo quet , . Ofphrèfiolagie, Paris,
1821, in-4° ., page‘74* — De Blainville*, L_c., pags. i 32.
— DiÜionnaire des Sciences naturelles, tome X I I , page 4.