
ia dënorhinatïon d'Amphiuma means, ainfi qu’il
conlre de la lecture de la correfpondance du grand
natura.ifte (uédois, publiée par le chevalier James
tciouard Smith.
Le genre Amphiuma vient d’être rétabli (novembre
1826 ) par M. Cuvier. Nous croyons devoir
offrir ici quelques détails fur lui , à caufe de
la lin.gulariié de fa refpiration.
y.'! Ie d odeur Mitchill a envoyé à l’ad-
miniltration du Muféum d’Hiftoire naturelle de
Paris une defeription fort exade de l'animal qui
en en le type , & dans le cours de la même an-
nee, une autre defeription du même être, qui y
eü nommé Chryfodonta larv&formis^fat inférée dans
le numéro de juillet du Medical Recorder.
Le treifième volume du Journal de t Académie
des fciences naturelles de Philadelphie & le numéro
de juin Ibz y des Annales du Lycée aHifioire natu-
reuede New-Yorck, renferment deux articles du
docteur Harlan, qui en fait connoître très-exactement
les caradères extérieurs & la conformation,
& qui en offre deux figures précieufes, l'une
due au crayon de notre lavant ami M. Alexandre
Lefueur, 1 autre à celui de M. Rembrandt Pealé.
Or ? en comparant le réfultat de toutes ces ob-
fervations, en méditant celui des recherches of-
teologiques faites par M. Cuvier fur la Sirène & 1 Amphiuma, on fe convainc que ces deux reptiles
ne peuvent aucunement être des âges différens
l ’un de l’autre.
L'exiflence (îmultanée d'un larynx & d'une trachée
artère avec un appareil branchial non-feulement
permanent, mais encore parfaitement oflifié
dans plufieurs de fes parties, eft une fpéciaüté
d’une haute importance en anatomie comparative.
La Sirène nous la préfente. Elle contribue ainli à
prouver ce qu'a avancé M. Cuvier à l'occafion des
Grenouilles & des Salamandres, favoir, que l’appareil
branchial n'eft autre qu'un os hyoïde plus
compliqué, & non pas une combinaifon de pièces
provenues du fternum & du larynx.
942. La Valx, fes Nuances, fes Particularisés,
Comme la plupart des animaux pourvus de poumons
, de trachee-artère & de larynx, les Reptiles
ont une voix. Mais que cette voix eft différente
du chant des oifeaux, qui confient aux échos
des campagnes & leurs plaifirs & leurs chagrins !
qu’elle refiemble peu à ces mugiffemens innocens
des animaux herbivores, qui annoncent la vie au
fein des antiques forêts, qui l’appellent au milieu
des fteppes abandonnées de nos grands cominens !
qu'elle démontre moins de force, moins de no-
blefiè que les nigifTemens terribles de ces lions
qui effraient le voyageur aventureux & comme
perdu b nuit dans les plaines fablonneufes de l’-A-
frique ! Tantôt criarde., rauque & difeordante ,
comme chez les Grenouilles 81 les Rainettes, elle
n'a d’autre effet que de bleffer l’oreille même la
moins délicate & de troubler le calme, le filence
qui font le charme des belles nuits de l'été. Tantôt,
comme dans certains Crapauds, ftutée &z
d un timbre mecalligue, elle rappelle le fon monotone
de la cloche viTageoife mité en branle
pour une cérémonie funèbre. D'autres fois, aiguë,
grele, entrecoupée , faccadéecomme dans le
lockaie & quelques autres Sauriens, elle fait friC-
fonner le chaffeur qui foule aux pieds les buiftons
des collines fauvages de Siam & de Java ; ou fourde
& foupirante, comme dans les Tortues ( t ) , elle
femble mfpirée par l'ennui & la mélancolie, tandis
que bruyante & reter.tiflante, chez les Caïmans
&c les Crocodiles (2), elle répand au loin
la terreur, & que baffement fifRante, chez les
odieux Serpens, elle paroit le fignal d une lâche
fureur & le précurfeur d’une mort funefte & im-
W m g à Toujours lugubre, clapiffante ou reter.-
tinante, jamais elle^ ne paroît participer à l’harmonie
ravivante qui marque le réveil de la Nature
} jamais, comme dans l’hymne de guerre du
louverain des airs, elle n’éclate en brillantes acclamations,
apanage de la puiffance dominatrices
comme dans les cantiques d’amour de la légère
a.ouetfe, les roucoulemens de la timide tourterelle,
le hennififement du noble courfier, elle ne
réveille l ’idée de la tendreffe maternelle, de la
fidélité conjugale, d’un glorieux triomphe; jamais
elle ne s exhale en gémiflfemens touchans avec
celle des fcolopaces de nos marais ; en fredons
qm fe marient à la chanfon du Roitelet fur le vieux
chêne & du Loriot fur le metifier, ou au glouftc-
ment des Gallinacés dans les plaines fertiles ; en
intonations fières, comme celle du Héron quiîe
précipite fur le poiflon à la furface d’un étang; en
éclats fonores & dignes de rivalifer avec lehruit
de la tempête, comme celle des Goélands , qui
femblent fe plaire au fein des tourmentes, des
mers irritées, des autans déchaînés, au milieu
des roulemens de la foudre & du bouleverfement
des élémens.
Entrons à ce fujet dans quelques détails & parlons
d abord des C hélonjens.
Il paroît démontré que les Tortues marines (5)
& terreftres peuvent, lorfqu’ elles font affeftées
par la douleur & par quelque vive paflion, faire
entendre un fifflement plus ou moins fort & même
des gémiflemens & des cris. C ’efl ainfi, au rapport
de l’ingénieur De la Font (4), qu’une Che-
lonée luth prile dans les filets vers l’embouchure
de la Loire, en 1729 j pouffa des hurlemens dont
(1) Bonvicini , ubi infra, (2) Greaves, TravelsÆg., pag.523. — Grew, Cofinor.
■ U r t h a m , yoyage en Floride, traduft. franc., tome I pag. a n , ai3 6c fuivames.
(3) Giuseppe B omviciiu , Lettera fulla Voce della Tef-
iuggine ( Opufc. Scelti), tome X V I I , pag. ai a.
(4) d* 1‘Académie royale pag. 8. des f ie n te s , année r-ao \
le bruit parvenoit à plus d’un quart de lieue. Plufieurs
obfervateurs & voyageurs, tant anciens ( i)
que modernes (2 ), ont auflï prétendu que les
Tortues, captives & renverfées fur le dos, jettent,
en fe débattant, des cris plus ou moins aigus,
& Pline nous alfure qu’ on en a entendu
ronfler endormies & flottaates à la furface des
eaux (3). Rondelet enfin, a nourri chez lui une
Caouane, qui faifoit entendre, par intervalle, un
murmure confus & de légers foupirs (4) , ce qui
eft: contraire à l’affertion des membres de l ’ancienne
Académie royale des fciences, qui veulent
que les Tortues foient abfolument muettes.
Selon le voyageur Bartram, les Crocodiles
d’Amérique ou Caïmans pouffent d’affreux rugif-
femens. Le fon en eft terrible, furtout au printemps,
faifon de l’accouplement pour ces redoutables
Sauriens : ébranlant & faifant retentir au
loin toute la contrée, on le prendroit pour le bruit
d’un tonnerre éloigné , furtout f i, comme cela arrive
quelquefois, il eft dû à un raflemblement de
plufieurs milliers d'individus (5).
Parmi les Sauriens encore, les grandes efpèces
d’iguanes pouffent, du haut des arbres fur les
branches defquels ils femblent gliffer, des fiffle-
mens aigus & fort fonores.
Quant aux O phidiens , le fon dé leur voix eft
uniquement une forte de fouffiement, dont la force
eit proportionnée à la taille des individus.
Il faut bien fe garder de confondre avec la
voix le bruit des grelots cornés qui annonce l’approche
des Crotales dans les folitudes du N ouveau-
Monde (6).
parmi les Batraciens , les Grenouilles font entendre
un cri particulier très-fonore, auquel les
Français ont donné le nom de croaffement ou de
coaffamentf & qu’Ariftophane, fuivi en cela par
J -B. Rouflèau, a cherché à imiter par les confon-
nances inharmoniques brekekekex-coax , coax, C ’eft
particulièrement lors des temps de pluie, & dans
les jours chauds, aux heures où l’ardeur du ioleil
ne le fait point ientir, le foir & le matin, que ces
reptiles aiment à coafTer ; le bruit qu’ils font alors
devient inlupportable. Auflï , pendant la durée du
régime féodal & quand tous les châteaux étoient
entourés de folles pleins d’eau , étoit-il, en beaucoup
de lieux , ordonné aux vilains de battre ,
matin & foir, l’eau dé-ces fofl'és, afin d’empêcher
les grenouilles de troubler le lommeil du leigneur
oü de fa femme.
Ce font principalement les mâles qui coalfentj
leur voix eit beaucoup plus forte à caulè des deux
(i) A g i o*]tXKSy l i t ç t ZacSv IrfoçtetS, B A , , KiÇ>. l .
(a) Ray, Synopf. quadrup. , pag. aü5.
| 3j Lib. IX , c. 7 & 10. ’
(4) FUJI. des PoiJfons, Lyon i 55S , pag. 338.
(5j Bartram, /. c.
^6j Voy ei ci-delfus, n°. 883, pag. 128.
facs qu’ils portent fur les côtés de la bouche ( i) .
Quant aux femelles, elles ne font que gonfler leur
gorge & ne produifent qu’ une forte de grognement
alfez foible.
L’amour, chez les Grenouilles, a au (fi fon accent
propre : c’efl un fon fourd & comme plaintif,
nommé ololo & ololygo parles Latins, d’après les
Grecs, parce que la prononciation de ce mot imite
le cri dont il s’agit. Comme celui-ci.eft propre aux
mâles, les Anciens les ont nommés ololy^onfàs (1).
C’ eft au printemps qu’ils crient ainfi en cherchant
leurs femelles pour s’accoupler.
Enfin, ces animaux , quand on lés lai fit avec la
main , ou qu’on les retient avec le pied , pouffent
un fifflement court & aigu.
Ariftote (3) dit qu’à Cyrène, ville bâtie fur la
côte d’Afrique , il n’y avoit anciennement pas de
grenouilles croaffantes. Pline, après avoir raconté
le même fait, avec cette circonftance qu’on y avoit
importé de l’intérieur des terres des grenouilles
qui croafïbient & qui s’y perpétuoient, ajoute
que, de fon temps encore (4), celles de l'ile de
Serpho , l’une des Cyclades, reftoient muettes,
& que fi on les tranfportoit de cette île ailleurs ,
elles croaffoient. Mais Tournefort afiiire qu’ac-
tuellement les grenouilles de Sériphos, l ’ancienne
Serpho, ne font pas plus muettes que celles des
autres contrées (y).
Linnæus & quelques autres naturaliftes ont prétendu
auflï que la Grenouille roufle d’Europe n’a-
voic point de voix : cela eft vrai lorfqu3elle eft hors
de l ’eau ; mais Daudin certifie qu’au printemps
elle jette quelques cris étouffés en fe tenant au
fond des mares.
Le coalTcment des Rainettes ( Hyla ) a beaucoup
d’analogie avec celui des Grenouilles ; il eft
feulement moins aigre & , parfois, plus fort, fur-
tout dans les mâles, qui*ont fous la gorge une
poche qui fe gonfle alors. Il confifte dans lés fyl-
îabes carac-carac-carac-came^ prononcées du go-
fier. On l’entend dans les mêmes ciccônftances
que celui des Grenouilles , & principalement lors
de la pluie & au milieu des belles nuits de l’été. ,
Souvent alors, le foir & le matin, on trouve les
Rainettes raffemblées au fommet des arbres pour
pouffer en choeur des fons rauques & difeordans.
Dans la Caroline, la Rainette flanc rayé (Hyla
lateralis, Bofc ) eft quelquefois réunie par troupes,
fi nombreufes, que fon coaffement, qui confifte
dans la répétition continuelle des fyilabes tchit-
tchit-tchit-tchit, fe fait entendre à des lieues entières.
Pendant fon jeune âge, on la non me , aux
Etats-Unis, Gryllon des favannes , parce qu’alors
(1) Vqye% n°. 889.
(2) P l in e , L c. , lib. X I , c. 7 .
(3) Ubifuprày Bl/SA. H*, »t<p. xij.
(4) L . c., lib. V I I I , c. 58.
(5) Voyage dans le Levant, tome I , pag. i83.