
on aperçoit les mouvemens de contra&ion & de
dilatation, qui, dans les Mammifères, fe mani-
feftent dans toute l’etendue du ventre, lors de
l'expiration & de l’infpiration.
La première paire de ces mufcles femble répondre
au mufcle oblique defcendant de l’homme, &
s’attache à tout le bord antérieur du baffin , à la
carapace 3c au fternum : elle s’étend dans tout
1 intervalle pofterieur de ces deux parties.
On peut la confidérer comme externe.
La leconde paire ou l'interne eft compofé® de
fibres tranfverlales, qui s’attachent fupérieure-
ment à la moitié poftérieure de la carapace près
des vertèbres, defcendent en dehors des vifcères
les enveloppent & viennent aboutir inférieurement
a une iorte de ligne blanche ou aponévrotiqtie
moyenne qui pafie en partie au defibus de la veflie
& doit la comprimer au moment de la contraction 1
des mufcles.
Çes muicles ne compriment, au refte, immédiatement
qu’une portion des poumons ; leur action
s’exerce plus énergiquement fur les vifcères
abdominaux, qui ré agi {Te nr à leur tour fur les premiers
organes & en expulfent l’air.
Peut-être auffi, & M. Cuvier paroît porté à le
penfer, les poumons fe contraélent-i’s par une
force propre, qui rélideroit dans le réfeau tendineux
dont nous avons déjà parlé.
Une expérience du doâeur Townfon met l’office
de ces mufcles en évidence. C e phyfiologifte,
ayant attache au nez d’une tortue foumife à fes
recherches, un morceau de papier qui couvroit
entièrement les narines, reconnut que les mouvemens
des parties molles qui garnifïent l'échancrure
par ou p-aflTe le membre pelvien, correfpon-
doknr parfaitement à ceux de la foupape de papier,
dus fans aucun doute à la fucceflîon des inf-
pirations & des expirations.
Les Sauriens & les O phidiens refpirent par
un mécanifme femblable à celui des Oifeaux à peu
près , en cela furtout que c’eit (pécialement par la
mobilité de leurs côtes & les mouvemens des
mufcles larges de leur abdomen que s’exerce la
fondfcion.
Dans les premiers, les côtes, comme nous le
favons déjà, font, comme celles des Oifeaux ,
partagées le plus fouvenc en deux portions réunies
par une articulation mobile, & formant un
angle qui s’ouvre dans l’infpiration & le ferme
dans ^expiration.
Des mufcles analogues à ceux des Oifeaux auffi
mettent ces os en mouvement.
Dans les mêmes Reptiles, le poumon, d’ailleurs,
s’étend plus ou moins loin vers l’arrière du
corps & pénètre fouvent fort avant dans l’abdomen,
tandis que, d’autre part, les mufcles tranf-:
verfes de celui ci fe gîifïent fous les côtes & jufque
vers le cou pour l’embrafier.
Chez eux, la refpiration eft donc particulièrement
Ve rurale.
Dans la même famille, le Caméléon offre certaines
particularités de ftrudlure (i) & de vita-
lite ( i ) , que nous avons eu déjà occafion d'indiquer.
Il ne faut point oublier non plus que c’efi aux
Sauriens qu’appartient le Dragon, dont les fix
premières faufîes côtes font totalement étrangères
à 1 adte de la refpiration & ne contribuent qu’à la
locomotion (3).
Dans les Ophidiens, les côtes, qui forment des
arcs fimples', compofés d’une feule portion of*
feufe, s’inclinent en arrière & fe rapprochent de
la colonne vertébrale dans l ’expiration, pour s’en
éloigner Srfe redrefier durant l’ infpiration.
Les mufcles releveurs des côtes, auffi nombreux
que ces os eux mêmes, dont les attaches font les
mêmes que chez l’homme, & dont le volume proportionnel
eft plus confîdérable, fervent à l’ac-
compliffement de ce dernier a&e 3c font aidés ,
dans leur office . par les intercoftaux, dont les
fibres s’élèvent d arrière en avant.
^Les mufcles expirateurs font ici placés en dedans
de la poitrine. Fixés fur les côtés du rachis
& auffi nombreux auffi que les côtes, ils ramènent
celles-ci en arrière.
Leur forme eft cejje de rubans étroits & aplatis
, qui, du rachis où ils fe fixent près de l’articulation
vertébro-coftale poftérieure, defcendent,
en traversant la cote qui précède, 3c vont s’inférer
à l’antéprécédei te près de ion extrémité.
p Ces dernières bandelettes font croiféès par
d ^autres rubans mufculaires, qui, attachés aux
côtes près de leur articulation, fe réunifient en
defcendant & s’étendent en travers, entre celles-ci
& le péritoine, & aboutiffent vis-à-vis des bords
des côtes, à une aponévrofe très-mince, qui raf-
fembie les rubans de chaque côté, en deux couches
charnues qui tiennent lieu des mufcles du
bas-ventre & qui compriment immédiatement les
vifcères de la grande cavité.
Quant aux Batraciens., qui n’ont au coeur
qu’une feule oreillette & un feul ventricule, leur
refpiration varie aux diverfes époques de la vie ;
car ils refpirent, dans leur état adulte, par deux
poumons, auxquels, dans le premier âge, fe joignent
deux branchies plus ou moins analogues à
celles des Poifions (4), & portées aux deux côtés
du cou par des arceaux cartilagineux qui tiennent
à l’os hyoïde. La plupart perdent ces branchies &
1 appareil qui les lupporte , en arrivant à l’état
parlait. Les Sirènes , les Amphiuma & les Protées
font les feuls de ces Reptiles chez lefquels elles
foient pedïftantes, ainli que nous allons le démontrer
incefiamment.
(1) Foyeç ci-delTus, n°. 919.
(?) Voyei ci-dcflus, pag. i,.o Ôc fuir.
(.3; ycfyeq ci-deffus, pag. 5a.
C4) ci-après, n». 1276.
Dans
Dans les Grenouilles, en particulier, lefquelles I
font entièrement dépourvues de côtes, & cela de
même que dans les Crapauds & les Rainettes, qui ]
offrent la m,ême difpofition anatomique, l’infpiration
del’air ne s’opère que par les mouvemens des
mufcles de la gorge, laquelle, en fe dilatant, reçoit
ce fluide par les narines, & en fe contractant,
pendant que celles-ci font fermées au moyen de
la langue, oblige l’élément refpirable à paffer
dans les poumons. L’ expiration, au contraire,
s'effedtue au moyen des mufcles abdominaux.
Voilà pourquoi, quand on ouvre le ventre de
ces animaux vivans, on voit leurs poumons fe dilater
fans pouvoir ~s’affaiffer, & , quand on leur
tient la bouche ouverte de force , on les afphyxie.
Dans ce dernier cas, en effet, ils ne fauroient renouveler
l’air de leurs poumons.
Ces faits fur le mode de refpiration des Batraciens
anoures ont été conftatés nombre de fois
par le doCteur Townfon ( 1 ) , 3c par les profeffeurs
Hérholdt 3c Rafn de Copenhague (2), 3c Cuvier
& Duméril de Paris (3).
On donne le nom de Sirène à un genre de
Reptiles batraciens de la famille des Urodèles, &
reconnoifiable pour les anatomiftes, en ce qu’elle
porte de chaque côté du cou, trois houppes branchiales
libres , fans opercules 6’ perfiflant toute la
vie y en même temps quil exijle des poumons a Vintérieur
de fon corps.
La Sir ène eft donc du nqmbre de ces êtres qui
femblent vouloir fe fouftraire à l’influence de nos
méthodes de claffification, 3c qui fe diftingue.nt
dans tout le règne animal par les anomalies de
leur organifation. Elle habite les marais de la Caroline
, 3c furtout ceux que l’on confacre à la culture
du riz , & là elle fe’ nourrit de lombrics, d’in-
feCtes, de jeunes mollufques, & c ., au moins au
rapport du profeffeur Bartonqui lui refufe la faculté
de pouvoir fe repaître de ferpens & celle de
faire entendre le cri d’un jeune canard., lefquelles
lui avoient été attribuées par Alexandre Garden,
médecin de Charleftown.
C'eft en 1765 &T766 que celui-ci fit connoître
pour la première fois au monde favant, la Sirène,
dont il envoya la defcription & des individus à
Linnæus & à J. Ellis, & fur laquelle nous fommes
obligés de donner ici quelques détails.
Le favant fuédois, croyant avec Gàrden, que
l’animal ne change point de forme, créa pour lui
l’ordre des. Me antes parmi les Amphibies, tandis
que beaucoup d’autres naturaliftes de renom, juf-
qu’à ces derniers temps, ont foutenu que la Si-
rena lacertina de Linnæus n’étoit point un animal
parfait, mais feulement la larve de quelque rep-
( l ) TJbi fuprâ.
(a) Mémoire lu. à l'Académie des fctences de Copenhague. - (3) Bulletin de la Société philomatique,. n°. .3o, pag. 43,
a« V il.
Syfi. Anat, Tome IF .
Itile batracien , plus ou moins femblable à une Salamandre
inconnue, qui devoit finir, avec l'â ge,
par perdre les branchres extérieures qui la caractérisent.
Telle fut, en particulier, l’opinion dePallas (1),
de Hermann (2), de Schneider (3) , de feu De
Lacépède (4), 3c Camper ( j ) , fuivi en cela par
; Gmelin , alla même jufqu’ à en faire un poifion du
genre des anguilles.
Dans un Mémoire lu à l’Inftitut de France en
1807, M- le baron Cuvier établit, d’après des
obfervations anatomiques, que la Sirène étoit le
type d’un genre à part, dont la charpente offeufe
différoit totalement de celle des Salamandres; que
ce reptile ne devoit jamais prendre de pieds de
derrière, ni perdre fës branchies; qu’il étoit, par
conféquent, toute fa vie , ou dans l’eau avec fes
branchies, ou dans l’air avec fes poumons.
Le temps n’a fait que confirmer ces conjectures. 11 réfulte en effet de la Correfpondance de
Garden avec Linnæus & avec Ellis, publiée à
Londres en 1821, que le médecin américain a vu
des Sirènes dont la taille varioit de quatre pouces
à trois pieds & demi, également toutes pourvues
de branchies & fe propageant même fans les
quitter (6).
Tous les voyageurs, tous les naturalifies du
Nouveau Continent, & furtout Barton (7) 3 ont
confirmé les faits annoncés par Garden. MM. Say,
Richard Harlan, Mitchill, Green, ontpublié fur
la Sirène ou fur les reptiles fingulie.rs qui en font
voifins, des notes intéreflantes ; plufieurs Sirènes
de toutes tailles ont été envoyéës en Europe,
toujours avec des branchies 3c fans apparence de
pieds de derrière. Et pourtant, M. Rufconi, favant
médecin de Milan , dans fes Amours des Salamandres
y a élevé des doutes fur tons ces témoignages
& penfe que la Sirène fubit des métamor-
phofes , parce qu’un voyageur allemand lui a écrit
avoir vu au Muféum des chirtirgiens.de Londres
une Sirène avec fes quatre pieds & ne portant plus de
branchies.
Cette afîertion mérite fans aucun doute d'être
taxée de légèreté. La prétendue Sirène adulte,
dont il eft ici queftion, eft connue depuis fort
long-temps & n’avoit point échappé à l’oeil investigateur
de Garden, celui qui le premier a fixé
l’ attention des naturaliftes fur la véritable Sirène, 3c qui, dès 1771, l ’avoit envoyée à Linnæus fous
(1) tJov. Comment. Petropol. , tome X IX , psg. ^38. .
(2) Commentarius Tabule*256 Affinïtatum Animahum, page .
(3) Hifi. Amphib. not. & litter. I , 41.
(4) Hifi. nat. des Quad. ovip. , 611. (5) Opufcules, trad, frane., tome i l , pag. 292.
(6) A Seleélion o f the Correfpondance o f Linnæus and .
other naturalifis, by fir James Edw. S mith , in -8°.
(?) Some Account o f the Siren lacertina, 8cc., Philàdelph.,
1808.
S