
I cara&érifer les efpèces dans ce genre de reptiles.
A11 refte, ce n’eft ni par fa morfure, ri par fa
falive, ni par fon urine, que le Gecko eft nuifible.
II paroîc que c’eft uniquement par l’appareil cryp-
teux dont il vient d’être queftion. Haffelquift (1 ),
dont les obfervarions ont été confirmées par les
favans de l'Expédition françaife en Egypte, a re
marqué que le venin qui le fait généralement re
douter, eft exhalé par lès lobules des doigts. En
17^0, cet auteur a vu au Kaire deux femmes &
une fille qui furent fur le point de mourir pour
avoir mangé du fromage fur lequel un Gecko avoit
marché. Une autre fo is , il vit la main d un homme
qui avoit voulu faifir un reptile de cette efpèce
fe couvrir à l’inftant de pullules rouges, enflam
mées, & accompagnées d’une démangeaifon pareille
à celle que caufe la piqûre de l’ortie (2).
Les Cordyles , les Fouette-queue, les Bafîlics,
les Iguanes, les Marbrés, les Anolis, plufieurs
Geckos, les Améivas, les Lézards, portent, fous
les cuiffes, une rangée de petites utricules ou
cryptes, dont le nombre eft déterminé pour chaque
efpèce, & qui verfent le produit de leur, fé-
crétion par un pore diftinél & ouvert au milieu de
chaque écaille. La préfence ou l’abfence de ces
porofités fous-crurales offrent de fort bonnes notes
cara&ériftiques aux Erpétologiftes.
Les Ophidiens, quoiqu’exhalant fouvent une
odeur des plus pénétrantes & des plus fétides, ne
préfentenc point de fyftème folliculaire appréciable
au-deffous de leur peau.
Les Amphisbènes offrent, par places, des pores
analogues à ceux que nous venons de fignaler fur
les cuiffes de plufieurs Sauriens. Ils font plus marqués
qu’ailleurs fous les écailles qui bordent en
avant l’orifice de l’anus, & leur réunion forme en
ce lieu une ligne courbée en fer-à-cheval.
881. Les Sillons & les Appendices cutanés. Quelques
Reptiles offrent des particularités, des différences
fpéciales dans l’enveloppe générale de leur
corps.
Dans la Matamata, la peau forme, au cou &
fous la mâchoire inférieure, des prolongemens
appendiculaires, des fortes de caroncules.
Chez les Emydes & les Trionyx, elle s’étend
entre les dt^gts, fous la figure d'une membrane
molle & flexible.
Chez les Crocodiles, il exifte de même des
expanfions interdigitales.
Dans plufieurs Agames & dans les Iguanes,
parmi les Sauriens, on trouve fous la gorge une
expanfion cutanée plus ou moins confidérable &
(1) V■ syaçe en Paleftinc & dans U Levant, trad, franç.,
.Paris, 1769, in-12, n°. 3o6.
(2) M. Cuvier penfc que la naiffance de çes puftules eft
pcy^écrc duc à i'extrême acuité des ongles.
fufceptibîe de le dilater par fuite de l’entrée de
l’air dans une poche membraneufe qu’elle revêt,
ce que facilitent l’aminciffement & la plus grande
élafticité de la couche dermique en ce lieu.
C’eft là ce qu’on appelle un goitre ou un fanon
en erpétologie.
Les Anolis en poflèdent également un, qui,
dans le grand Anolis a crête, en particulier, s’étend
jufque fous le ventre, & qui, dans le Roquet (La-
certa bullaris, Lipn.) , des Antilles, s’enfle dans
la colère & rougit comme une cerile.
Dans les Iguanes proprement dits, le goitre,
comprimé & pendant, eft foutenu à fon bord pnr
une produ&ion cartilagineufe de l’appareil hyot-
' dien.
Dans ceux-ci auffi, une expanfion des tégu-
mens forme, fur le dos & la'queue, une crête,
qu’on retrouve également dans la Dragonne.
Chez les Dragons-, les tégumens forment, à
droite & à gauche du tronc , de larges ailes, analogues,
j’ufqu’à un certain point, aux expanfions
membraneufes des Chauves-fouris, des Rouffettes
& des Polarouches, avec cette différence pourtant,
qu’au lieu d’être foutenues par les os des
membres , elles le font par un prolongement extrême
des premières fauffes côtes (1). Elles fou-
tiennent 1 animal qui les porte comme un parachute
lorfqu il faute de branche en branche, mais
elles n’ont point affez de force pour que le choc
qu’elles impriment à l’air faffe élever le Dragoa
comme un oifeau.
882. Les Papilles de la Peau. Les Reptiles, fous
le rapport de ces papilles, font dans le même cas
que les oifeaux. On ne voit guère de papilles chez
eux que fous les pattes ; elles font très-groffes 8c
mamelonnées dans plufieurs Sa u r ie n s , & fpécia-
lement dans le Caméléon.
Dans les Chélonées > dont* les pattes prennent
a forme de nageoires, on n’en aperçoit aucunement.
Elles manquent également dans les O phid iens.
883. Les diyefes fortes de Poils; les Parties in-
Jenfibles des Tégumens. Aucun Reptile ne préfente
de poils, dans aucune partie du corps; ainfî aucun
d eux ne nous offre ni cils, ni fourcils, ni rnouf-
taches, ni barbe , ni fourrure, &c.
Nul d entr eux égalemènt n’eft recouvert de
plumes.
Les organes prote&eurs ne leur manquent cependant
point.
Nous allons tâcher de les apprécier.
Le corps du plus grand nombre des Reptiles *.
parmi les C hélon iens, les, Sauriens & les O phid
ie n s , eft recouvert, en totalité ou en partie*
{ i )V o y c i ci-dcfius, page 5a de ce volume.
de lames ou de petites plaques eornees ou of-
feufes , ayant avec les poils, les ongles, les
cornes & les plumes, les plus grands rapports,
par la manière dont elles fe développent, par
les fondions qu’elles font appelées à remplir &
par leurs propriétés chimiques, mais aucun animal
de cette clafiè n’offre de poils véritables ni de
plumes. F.t cependant, fuivant la remarque de
M. Cuvier, ces plaques pourraient être confi-
dérées comme des cornes exceffivement plates , tout
comme les poils des Mammifères pourroient être
appelées des cornes excejjivement grêles. „
C’eft à ces plaques qu’on donne généralement
le nom à'Ecailles (fquamA).
Les écailles des Reptiles diffèrent beaucoup de
celles des poiflbns & des organes qu’on a défignés
par la même dénomination chez les Pangolins fte
les Phatagins- parmi les Mammifères. Elles paroif-
fent n’être que le réfultat d’ une forte de pincement
ou de faillie d’une portion du derme & de
fes couches fuperpofées, & leur folidité n’eft due
qu’à un grand développement de la cuticule extérieure
, qui fe moule & s’enfonce dans leurs
intervalles.' ■
Les écailles des animaux qui nous occupent,
préfentent entr’elles de nombreufes différences, |
fuivant les genres qu’on examine, fuivant les parties
du corps où on les obferve. L’étude de leur
grandeur proportionnelle, de leur forme, de leur
confiftance, de la nature de leur furface, de leur
mode d’implantation, de leur difpofition par rapport
les unes aux autres, fournit au zooiogilte
d’excellens cara&ères.
Dans les C hélon iens, le plaftron 8ela carapace
font couverts de grandes plaques écailltufes plus
ou moins épaiffes, de même nature à peu près que
la corne, qui varient par leurs dimenfions, par
leur figure 8e par leur nombre, non-feulement fuivant
les efpèces, mais encore iuivant les individus,
mais qui pourtant, le plus fouvent, fous le
rapport de ces deux dernières conditions, corref-
pondent exa&ement aux pièces offeufes du fque-,
lette qu’ elles cachent.
Quelques-unes de ces plaques, bien fymétri-
ques, conftituent une férié le long de la ligne
médiane de la carapace. Elles font impaires, 8c,
comme elles font couchées fur les vertèbres, on
les défigne par le nom de plaques rachidiennes. Leur
nombre s’élève, le plus communément, à cinq.
De chaque côté de cette férié moyenne, &
compofant avec elle le difque de U carapace, on
trouve quatre autres lames de même nature &
qu’on appelle plaques cofiales, en railon de leur
pofîtion. Celles-ci font paires.
Enfin, toute la circonférence de la carapace
eft bordée par une ceinture de vingt-deux à vingt-
cinq plaques marginales , plus petites & également
paires.
Le nombre des plaques fiernales r c’eft«a «d’ire de
celles qui protègent le plaftron, varie de douze à
quatorze dans les Emydes & les Tortues proprement
dites, où elles font difpofées fur deux rangs,
& de vingt à vingt-quatre dans les Chélonées, où
elles font couchées fur quatre lignes, le long d’une
furface plane ou à peine bombée.
Les plaques écailleufes de la couverture des
Chéloniens tombent quelquefois par l’effet d’une
grande deflïccation. Pliantes & éhftiques, elles
font à demi tranfparentes & préfentent, dans certaines
efpèces, telles que le Caret, des couleurs
affez belles pour être recherchées 8<r fervir à la
fabrication d’objets de luxe, 8f à différens autres
' ufages , ce à quoi elles font d’autant plus propres,
qu’elles fe ramolliffent 8< fe fondent à un feu affez
doux, de manière à être réunies, moulées, &
à prendre toutes fortes de figures.
Habituellement les grandes plaques écailleufes
de ces Reptiles font placées les unes à côté des
autres & fe touchent par des bords contigus, ainfi
qu’on peut le voir dans la Chélonëe franche (1),
dans l’Emyde bourbeufe (2), dans la Tortue grecque
(3 ), &c. Quelquefois’elles font complètement
imbriquées comme les tuiles d’ un toit : le
Caret peut être cité-pour exemple (4).
Dans la Tortue géométrique (f), la Tortue
grecque & la plupart des Tortues terreftres , les
plaques dont il s’agit, plus ou moins bombées &
entourées de plufieurs cannelures concentriques,
forment des compartimens de figures diverfes, au
milieu defquels font des points rugueux, faillans
ou moulles.
Celles qui forment le milieu de la carapace de
l'Emyde tricarénée (6) font relevées par des arêtes
longitudinales, ce que l ’on obferve auflî pour la
Caouane ( Chelonia caouana ) (7).
Dans tous ces Chéloniens, les écailles de la
carapace font trèsrdenfes & très-dures, mais il
en eft où elles font molles & flexibles, &de ce
nombre eft la Matamata de I3 Guiane (8).
Quelquefois, elles manquent entièrement; il
fuffit, pour s’ en convaincre , de jeter les yeux fur
le Luth (9) ( Tejludo coriacea, Linn.) & fur les
divers Trionyx, qu’une peau très-mince recouvre
feule, & que, pour ce motif, on a nommés Tortues
à. cuir.
Les lames écailleufes du plaftron des Chéloniens
font, en général, beaucoup plus minces
(1) L acÉpède , Hifi. nat. des Quadrupèdes oviparest
rotne I , pl. i .
(2^ J. D. Schæpp, Hifi. Tefi. , &c., Erlang, 17.9»,
in-4°.» tab. I.
(3) Idem, ibidem, tab. V I I I , IX.
(4) L acép. , /. c., pl. 2.
(5) Schæpf, ubi fuprà , rab. X.
(6) Idem , ibidem, I I .
(7) Idem , ibidem, tab. XVI.
(8) Bnur.üiÈREs, Journ. d Hifi. nat., I , i3.
(9) L a c é pè db , /. c . , 1, 3.