
Ajoutons ici que le profeflfeur Rjinzani, de
Bologne, M. Say, l’Américain, M. Rafinefque
Schmaltz (1) , M. Alexandre Lefueur, M. Denys
de Mo Ht fort, le flotteur Léach , M. S. Ed.
Gray (2), M. de Féruflac le fils, M. de Blain-
ville (3), M. Savigny, ont contribué à l'avancement
de lafcience, foit en modifiant d'une manière
plus ou moins heureufe l'ordre adopté pour
l'étude, foit en introduifant dans les cadres des
genres nouveaux ou des efpèces inédites.
FO N C T IO N PR EM IÈR E .
La Locomotion.
S e c t i o n p r e m i è r e .
Squelettologie.
1°. Le Squelette en général. Quoique placés
beaucoup plus bas que les animaux vertébrés fur
l’échelle zoologique , les M ollusques n’ont pas
encore cette homogénéité d'organifation qui ca-
raélérife les Radia ires, chez lefquels toutes les
parties de l’économie femblent pofféder la Faculté
de contra&ion, premier principe de toute locomotion.
Chez eux, quoique moins parfaite que
dans les Mammifères, les Oileaux, les Reptiles
& même les Poiflons , une fibre charnue ou mufcu-
laire fe contrarie fous l’influence de la volonté &
détermine, dans leur corps, des changemens de
pofition partiels, ou le fait fortir en entier de la
place qu’il occupoit d’abord. Or, ce dernier effet
ne fauroit avoir lieu fi la fibre dont nous parlons
ne trouvoit des points d’infertion fur des parties
dures, foit intérieures, foit extérieures , & la plupart
des Mollufques nous offrent une femblable
difpofition, quoique fans pofféder, comme les
animaux vertébrés, un véritable fquelette , fondement
inébranlable fur lequel s’appuie l’édifice
entier de la machine vivante, charpente folide,
dont les pièces diftinttes, retenues par des liens
flexibles, peuvent en même temps fe mouvoir les
unes fur les autres & réfîfter aux effets d’un mouvement
étranger. Ici plus de fyftème folide qui
puiffe décider la figure, la grandeur & la folidité
des parties qu’il couvre ou dont il eft lui-même
recouvert ; plus de colonne vertébrale , fouvent
même plus de tête & jamais de membres proprement
dits} plus de tiflii ofleux caraêiérifé, mais
Amplement des pièces réfiftantes, crétacées, pier-
reufes ou quelquefois cornées.
(1) Annales de Bruxelles, tome V .
(2) London med. Repofitory, mars , 1821;
(3) Voyeq plusieurs Mémoires inférés par lui dans le
Journal de Phyfique, fur le Scarabe, l’Ampullaire, la Yéro-
jiicelle, les Calmars, les Aplyfîes, &c.
Quelle que foit, du refte , la confiftance & la
nature chimique de ces pièces , elles doivent, en
raifon de leur manié'e de croître & de fe reproduire
dans des circonftances données , être comparées
à l’épiderme aux ongles de l'Homme ,
aux écailles des Poiflons & des Reptiles , & aux
cornes creufesde certains Mammifères ruminans,
plutôt qu’à de véritables os (1).
C ’eft ainfi, par exemple', que ces Coquilles,
dont s’enveloppent tin fi grand nombre de Mollufques,
tantôt aufli denfes & auflî dures que le
plus beau marbre, tantôt d’un tiflu feuilleté plus
ou moins lâche , mais toujours fi remarquables
par l’élégance & parla Angularité de leurs formes,
par l’éclat refplendiffant de leur nacre, par les
nuances plus ou moins vives, plus ou moins tranchées
de leurs couleurs, quoique compofées,
comme les o s , d’une matière calcaire intimement
unie à une fubüance gélatineufe, que l’ on peut
ifoler à l’aide des acides, ne font formées, à aucune
époque de la vie de l’animal, ni de faifeeaux
de fibres agglomérées, ni de couches de lames
»ratifiées} jamais non plus, à aucune épqjgue du
développement, elles ne font molles ni rrmcilagi-
neufes, & celles des plus jeunes individus ont la
même confiftance, la même rigidité que celles
des adultes, en forte que fi elles font plus fragiles,
cela tient uniquement à leur plus grande
ténuité.
Le corps du mollufque, en outre, tf\adhère à
la coquille qu’au niveau des mufcles , &r la fiîbf-
tance de celle-ci paroît évidemment tranffuder au
travers de la peau de l'animal, fans que des vaif-
feaux nourriciers viennent la dépofer dans un parenchyme
préexiftant. E t , en effet, le célèbre'
Réné-Antoine Ferchault de Réaumur ayant placé
entre le corps d’un limaçon & des endroits de fa
coquille qu’il avoit cafiës exprès , des pellicules
minces, a vu que les vides ne fe réparoient point,
tandis qu’ils fe remplifloient rapidement quand on
n’oppofoit aucun obftacle à l’afflux des fluides
régénérateurs (2).
Certains animaux mollufques néanmoins pré-
fentent des parties dures dans leur intérieur}
mais, outre que ces parties ne font point articulées
les unes avec les autres , leur tiflii diffère
confidérabîement de celui des os des animaux
vertébrés.
On peut citer ici en exemples les prétendus os
des Seiches^ & des Calmars, de même que la
plaque demi-cornée, demi-friable, que le manteau
de la Limace renferme.
(1) Ce que nous difons là eft applicable à l’étude de
toutes les parties folides extérieures des animaux à fana
blanc.
(2) Viye% les Mémoires de l’Académie royale des fciences
pour l’année 170g, pages 3;4 & fuiv.
Dansoltifiet!« C éphat.opodes , qui occupent la
tête de ia chffe des Mollufques, le fquelette tout
entier n’eft donc formé que d’une pièce unique,
au fujet de laquelle nous allons entret dans quelques
détails. . . . , , f
C ’eft le ras de la plupart des individus de la ta-
mifle des Sépiaires.
Dans la Seiche commune , Sepia njjicioalis , Lin-
næus, cette pièce , que l'on a propofé d'appeler
Jeyioftaire, n’eft autre chofe que ce que l'on
nomme vulgairement os de Seiche dans les boutiques
des épiciers 0 ) & dans les magasins des
droguiftes, & que le corps recommandé dans
les anciennes Pharmacopées fous la dénomination
d’or (épis.
Cette production , aulft généralement connue
que remarquable par une lliuéture dont le règne
animal ne préfente aucun autre exemple , eu formée
en grande partie d’une fubftance calcaire ou
cretacee. e < x.
Elle eft contenue dans une capfule membra-
neufe pratiquée dans toute 1 étendue du dos de
l’animal, Sc à peu près comme un corps étranger
qui y auroit été introduit, car elle n adhère en
aucune façon aux tifiiis envivonnans, elle n eft
pénétrée par aucun nerf, parcourue par aucun
vaiffeau , fixée par aucun tendon ou ligament.
Sa figure générale eft celle d un difeoïde elliptique
fort aplati, bien fymétrique & alongé.
Sa face poftérieure eft grenue & un pèu moins
convexe que l’antérieure.
Celle-ci, qui appartient confeqtiemment a un
fphéroide d’un plus petit diamètre, a fa convexité
comme encadrée daps des bords tranchans, Cnil—
lans bien au-delà d’elle , & pointue vers le bout
oppofé à la tête , de manière a ce qu elle s enfonce
dans une partie concave fur laquelle les
rebords font faillie.
Tout à cette extrémité exifte , en arriéré du
rebord, une pointe ou crochet conique , en
partie enchâffée dans des couches de matière
cornée. . „ .
Toute la partie centrale du fepiollaire elt calcaire.
Les bords dégénèrent en une expanuon cornee,
furtout à leur face externe , car l’interne eft encroûtée
d’une couche calcaire ftriée dont les
rayons latéraux font dirigés vers la tête obliquement.
La partie épaiffe, convexe & centrale de cette
pièce folide eft compofée de lames minces , parallèles
, qui fuivent la courbure tranfverfale de
la face antérieure, & vont toutes, par leurs deux
extrémités , fe couper à la face poftérieure, en
forte que c’eft la lame la plus interne qui eft la
plus grande dans ce fens tranfverfal.
Dans le fens longitudinal elles font difpofées
obliquement, de manière qu-elles fe coupent
aufli toutes à la face externe ou dorfale, mais par
l’extrémité feulement qui eft du côté de la tête.
L’extrémité oppofée vient, au contraire, fe terminer
à la face interne ou ventrale, de forte que
la lame la plus externe dépaffe celle qui eft immédiatement
au-devant d’elle, & ainfi de fuite, &
que la plus interne ou la plus ventrale de toutes,
dont l’extrémité fupérieure eft le plus près de la
tête , eft celle dont l’extrémité inférieure va le
moins vers le fond du fac.
Les bords par lefquels ces lames fe terminent,
conftituent à la face interne des ftries tranfverles ,
finueufes, affez irrégulières & ayant, comme le
dit M. Cuvier, de l ’analogie avec les lames fi joliment
découpées des Cornes d’Ammon ( i) .
La lame la plus interne & en même temps la
plus élevée vers la tête, eft la dernière formée ;
la portion de l’os qu’elle occupe n’a plus de ftries
& fa fuvface eft entièrement liffe.
Les ftries elliptiques qui fe voient à la face
externe de l’os, corrèfpondent aux bords externes
& fupérieurs de ces mêmës lames. Ainfi , le bord
le plus voifin de la tête y eft aufli celui de la lame
la plus nouvelle.
Mais à cette face , cette lame eft la plus profonde,
tandis qu’ à la face oppofée elle eft la plus
fuperficielle.
Toutes les lames que nous venons de décrire
font lâches , peu ferrées encr’ elles & réunies par
de petites colonnes creufes, femées en quinconce
J.,,, lonrc inconr-iÜAc fKr allant vp.rriralé^mpnr
( i ) Le prétendu os de Seiche eft employé très-fréquemment
dans les arts mécaniques fie dans l’économie domefdans
leurs intervalles, & allant verticalement de
l'une à l’autre.
C ’eft de cette difpofition que provient la grande
légèreté du fépioftaire, l’afpeél poreux qu’il préfente
quand on le coupe, & la friabilité qui le
fait rechercher par une foule d’ouvriers en divers
genres.
Vue à la loupe, la furface de la lame la plus
interne offre une multitude de petits points iail-
lans, qui paroiffent être les baies des colonnes
qui doivent unir un jour cette lame à celle qui lui
fuccédera.
L’intérieur de la capfule qui renferme le feptof-
taire eft rude & hériffé de petites granulations
calcaires, du cote qui répond à la cavité du fac.
Dans la petite feiche qui vient de fortir de l’oeuf,
les lamelles font toutes cartilagineufes. Elles ne
fe folidifient qu’avec le temps.
Voilà ce que les obfervations de Swammer-
(i) Mémoire fur l’Anatomie des Céphalopodes, page 47
>4°-