
aS.0 Poiffons»
de communication, ni avec la mer , ni avec aucun
lac ou étang , ni avec aucune rivière. Ne pourroit-
©n pas expliquer ce fait par la facilité avec laquelle
les oifeaux palmipèdes peuvent tranfporter
du frai de Poiffon fécondé , fur les membranes de
leurs larges pattes ?
On reconnoît les oeufs fécondés en ce qu’ils
font moins opaques & un peu moins épais que
ceux qui ne le font point. Jacobi affure aufli qu’au
microfcope on y aperçoit très-diftin#ement une
petite ouverture qui n’exiftoit point avant la fécondation.
Le temps qui s’ écoule depuis le moment où lefc
oeufs, dépofés par la femelle, font fécondés par
le mâle, jufqu’ à celui où les petits fe débarraffent
de leur prifon, eft, aux différences près qu’v apportent
les variations dans les degrés de chaleur
ou de froid, à peu près le trême pour les gros &
pour les petits poiffons, & ne varie que fuivant
les efpèces. Quelquefois de quarante à cinquante
jours , iln’eft , le plus communément, que de huit
à neuf. La chaleur des rayons du foleil hâte toujours
le terme du développement.
F O N C T IO N H U IT IÈ M E ,
Nutrition.
S e c t io n p r em iè r e .
1301. Là Lallation , en général. Rien-ne la repréfente
dans les Animaux dont nous parlons ici.
1505. Les Mamelles. Elles manquent abfolu-
ment.
1317. Le Lait. Aucun PoifTon ne jouit de la
faculté de fécréter ce liquide.
Le neuvième jour, enfin, un effort de la queue
déchire la membrane de l’oeuf parvenu à fon plus
haut point d’exter.fïon & de maturité, & l'animal
fort la queue la première , dégage fa tête, afpire
l ’eau dans fes cavités branchiales. En même temps,
le fang qui circule dans fes vaiffeaux acquiert un
mouvement beaucoup plus rapide, & cela , d’une
manière inOantanée, puifqu’on ne compte que
quarante pulfations du coeur tant que les enveloppes
de l’oeuf ne font point déchirées, & que
le nombre en monte à foixante auflitôt que leur
rupture a eu lieu.
Dans plufieurs efpèces, le petit poiffon nouvellement
éclos conferve une partie du jaune dans
une poche formée par la région inférieure de fon
abdomen, & tire pendant plufieurs jours fa fubfil-
tarice de cette matière. En même temps que celle-
ci s’épuife , la bourfe qui la contient s’affaiffe Sç
s’oblitère.
L’ animal grandit enfuite avec plus ou moins de
viteffe, félon la famille à laquelle il appartient;
mais conftamment dans les premières heures qui
fuivent fa fortie de l’oeuf, il croît prefqu’autanç
que pendant les quinze ou vingt jours qui les
fuivent.
Lorfqu’i! eft parvenu au dernier terme de fon
développement, lorfqu’il a atteint, par exemple,
çomme certaines efpèces gigantefques , la taille
de vingt-cinq à trente pieds, fi l’on vient à comparer
fon poids, fon volume & fa figure aétuels,
avec ceux qu’il a préfentés à fa fortie de l’oeuf,
on voit qu’il poffède dans fon économie feize
mille fois plus de matière, & que fa dimenfion
la plus étendue eft cent fois plus confidérable.
Telle eft l’hiftoire de la fécondation des oeufs
dans le plus grand nombre des Poiffons. Mais dans
cette claffe d'animaux il eft certaines efpèces qui
préfentent, dans leur reproduction , des phénomènes
bien différens.
On trouve, par exemple, des Poiffons vivipares
ou plutôt ovovivipares 3 moins parmi ceux à fque-
lette offeux, que parmi les Chondroptérygiens, où
ils font plus nombreux. Ici, les oeufs, d’une forme
très-particulière & d’une taille toujours de beaucoup
fupérieure à celle des oeufs des autres Poiffons
, font fécondes, parcourent toutes les périodes
de leur développement & éclofent même
dans l’intérieur du corps de la femelle. La liqueur
prolifique du mâle doit donc parvenir aux ovaires
de celle-ci, & , pour cela, un accouplement eft
néceffaire. Les Raies, les Squatines , les Requins ,
les Renards de mer, les Aigles de mer, font, en
particulier, dans ce cas ; & , dans toutes ces efpèces,
on voit les mâles rechercher les femelles,
être attirés vers elles par une puiffante impulfion,
s’unir étroitement à elles de la manière la plus
favorable à un véritable accouplement, qui fe
prolonge plus ou moins long-temps, &au moyen
d’organes d’une nature fpéciale , que nous avons
décrits
S e c t io n s e c o n d e *
1324. I l Embryon , en général.Dzns tout oeuf de
Poiffon on trouve un blanc & un jaune, & au
milieu une petite place tranfparente en forme de
croiffant, laquelle eft le germe. Dès le fécond
jour du conta# avec le fperme, on voit un petit
point animé fe montrer entre le blanc & le jaune ;
le lendemain > on diftingue le coeur & fes pulfations,
le corps, qui eft attaché au jaune, & la
queue, qui eft libre. Vers le sixième jour, au
travers des parties molles de l’embryon , qui font
tranfparentes, on aperçoit la colonne vertébrale
& les arêtes coftiformes qui s’y rapportent. Au
feptième jour, les yeux paroiffent fous l’apparence
de deux points noirs, & la queue eft repliée en
raifon du défaut d*efpace. Le foetus s’ agite avec
vivacité, tourne fur lui-même, en entraînant le
jaune qui tient à fon ventre & en étendant fes
nageoires pectorales, qui naiffent ayant les autres.
décrits avec foin, de même que les phénomènes S e c t io n q u a t r ièm e .
du développement des oeufs, dans la Raie bâtis
en'particulier. Les femelles , comme dans la Raie
bouclée, préfentent dans leurs ovaires une dif-
p( fition propre à elles, & qui diftingue immédiatement
leur appareil génital de celui des autres
efpèces, chez lefquélles les oeufs ne fubiffent
point une véritable incubation dans le fein maternel.
Parmi les Poiffons offeux, les Blennies, les Pho^
lis, les Salarias, lesClinus , les Gonnelles offrent
plufieurs efpèces ovovivipares, comme les Plagiof-
tomes, & dans lefquelles les mâles ne préfentent
aucune apparence de verge. Dans l’Anableps de
Surinam, au contraire, lequel eft également ovovivipare
, il paroît que la nageoire anale du mâle*
difpofëeen tube, fait l’office de pénis & conduit
le fperme dans les ovaires de la femelle.
On a fouvent parlé, comme d’un phénomène
fingulier, de la manière dont les oeufs du prétendu
Silure afcite n’éclofent, pour ainfi dire, ni
t«'Ut4 -fait dans le corps, ni tout-à-fait hors du
corps de la femelle, & de la groffeur confidérable
à laquelle ils parviennent. On a dit qu’à mefure
qu’ils fe développent, le ventre fe gonfle, fes
tégumens fe diftendent, s’aminciffent & enfin fe
déchirent longitudinalement; qu’alors les oeufs,
détachés de l’ovaire, & dépourvus de blanc &
d'enveloppe membraneufe, fe rapprochent de
l'ouverture ventrale, & que le plus avancé
d’entr’eux fe fend à l’endroit qui répond à la tête
de l ’embryon ; que la membrane qui en forme
l’enveloppe fe retire ; que l’on aperçoit le jeune
animal recourbé & attaché fur le jaune par une
forte de cordon ombilical vafculaire, jufqu’au
moment où ce jaune, fuffifamment diminué , s’é- ;
chappe lui-même par l’ouverture & foit fuivi d’ un :
fécond oeuf', & ainfi fucceffivement; qu’il fe faifoit
là naturellement une véritable opération céfa-
rienne. Il paroît, malheureul'ement pour une fi
curieufe férié de faits extraordinaires, que le Si-
lurus afeita , figuré par Linnæus ( Muf. Ad. Frid. ,
pi. XXX, fig. 2, 2) n’eft qu’un Pimélode ordinaire
fortant de l’oeuf, & dont le jaune n’eft pas
encore tout-à-fait rentré dans l’abdomen. Le célèbre
profeffeur d’ Upfal a pris ce jaune pour un
ôvaire^ & fon erreur a été paraphrasée par Bloch,
dit- M. Cuvier.
Enfin, la génération des Syngnathes préfente
cela de particulier, que leurs oeufs fe gliffent &
éclolent dans une poche qui fe forme par une
bourfouffiure de la peau , dans les uns fous le
ventre , dans les autres fous la bafe de la queue,
& qui le fend pour laiffer fbrtir les petits.
S e c t io n se co n d e .
1318. Les Alimens en général, leur N a tare .(ffoy.
ci-deffus ,pag. 2f2,n° . 942 bis.)
Syfi. Anat. Tome IV
1338. La Vie confidérée dans les Poiffons. L’hiftoire
de la Nature eft immenfe, inépuifable comme
fon objet, variée à l’infini , comme la multitude
prodigieufe des oeuvres qu’ elle a à examiner.
Chacune de fes branches offre à l’efprit curieux
un intérêt fans ceffe renaiffant; à l’oeil du fage
des motifs d’admiration fans ceffe renouvelés.
Peu d’êtres , plus que les Poiffons fpécialement,
font dignes de toute l'attention des hommes. Nous
avons déjà dit comment l’étude des particularités
de leur organifation pouvoit éclairer la phyfio-
logie; elle peut encore diriger les démarches du
médecin dans plus d’un cas où il eft obligé de
faire l’application des lois de l’hygiène. Cherchons
à apprécier maintenant, en peu de mots,
les qualités des abondans alimens qu’ils fournif-
fent à notre efpèce , des matières que réclame
d’eux notre inauftrie , des préparations fans nombre
que leur arrachent le commerce, les arts &
la pharmacie.
Nous pourrons ainfi apprécier le but d’ utilité
dans lequel le don de la vie leur a été accordé
par la Nature , & cela indépendamment de l’exercice
des diverfes fondions qui ont fait l’objet de
nos précédentes recherches.
Certaines peuplades ne vivent prefqu’exclufîve-
ment que de Poiffons, & , pour cette raifon, on
les appelle ichthyophages. L’abondance, chez ellesi
dépend donc entièrement du fuccès de la pêche,
& c’eft ce que l’on obferve en particulier pour
celles qui habitent le rivage des mers & le contour
des grands lacs, pour celles qui, comme dans
les contrées boréales de l’Europe & de l’Alie ,
femblent exilées fur un fol ftérile & froid, que
fillonnent de grands fleuves, qu’entrecoupent des
lagunes multipliées. Sans les reffources que leur
préfentent les brillans citoyens des eaux, on ver-
roit les aborigènes des côtes de la Nouvelle-
Hollande , les infulaires des Hébrides & des
Schettlands, les hordes malheureufes de la Sibérie
potaire, de l’ illande, du Groenland, du
Kamtchatka, mourir pour ainfi dire de faim ; fans
elles aufli , & , dès les temps d’Hérodote, dé
Diodore de Sicile, de Pline, de Néarque, de
Plutarque & deStrabon , ce fait avoit été fignalé,
les riverains du golfe Perfique, de la mer Erythrée,
de l’Araxe, la population du littoral des provinces
de Kerman & duMerkran, en Perfe, ainfi que
ceux de la Babylonie, auroient un fort bien moins
agréable que celui dont ils jouiffent.
Bien plus, Ovington , Debbes, Horrebows &
plufieurs autres nous apprennent qu’à Malcate,
aux îles Féroë, en Mande, on nourrit les vaches
& les chevaux avec du poiffon , au lieu de foin,
qui manque en hiver,
Quoi qu’il en fo it, l’habitude d’un pareil genre
de nourriture, modifie puiffamment l’économie
yiyante des individus qui eq font ufage. Beaucoup
:Nn