
de .fièvres'lie6ttq ues ou nerveufes, ont pu le manier
fans nul inconvénient. Le premier de Ces ob-
fervateurs, par exemple, a vu une femme affectée
de l ’une des maladies que nous venons de
nommer, interrompre une chaîne préparée pour
le .paflage du courant électrique de l’animal. '
Des étincelles entièrement femblables à celles
que produit la Torpille , & que l’on doit à l’électricité
dans nos laboratoires, manifeftent les commotions
produites par le gymnonote. Elles ont
été vues pour la première fois à Londres par
Walsh (1), P ringle & Magellan. Pour les obtenir,
il a l.uffi au premier de ces obfervateurs de com-
pofer une partie de la chaîne avec deux lames
de métal ilolées fur un carreau de verre & allez
rapprochées pour ne lailfer eritr’elles qu’un très-
petit intervalle. On dïftingne alors facilement la
Ja lueur lorfque Texpéiience fe fait dans une
chambre où la clarté du jour ne peut point
pénétrer.
Cette obfervation curieufe a d’ailleurs été con-~
firmée un grand nombre de fois par les expériences
multipliées que Williamfon a faites dans
l ’intention de prouver l’identité de l’éleCtricité 8c
du fluide aètif du Gymnonote engourdilfant.
C’ eft au deflus de la velïie natatoire que l’on
trouve ici l’appareil defliné à la production de ces
merveilleux effets , appareil plus étonnant encore
par fon volume que par fa ltruCture, 8c décrit
pour la première fois avec exactitude par J. Hun-
ter (1); tandis que dès 1.673, Nicolas Stenon avoic
examiné l’organe éleCtrique de la Torpille (3),
obfervé aufli par Stef. Lorenzini à la même
époque à peu près (4).
Chaque Gymnonote a quatre organes engour-
dîflans, deux grands & deux petits , étendus de
chaque côté du corps, depuis l’abdomen juf-
qu’au bout de la queue, les premiers en deflus ,
les féconds en deflbus 8c contré la .bafe de la
nageoire anale.
L’enfemble de ces quatre mafles fafciculées eft
fi confi '.érable, qu’ il forme a peu près le tiers de
la totalité du poiflon.
Les deux grands faifceaux font aiïez larges
pour n’être féparés l’ un de l’autre vers le haut que
par les mufclès dorfaux , vers le milieu du corps
par la veflie natatoire, & , vers le bas, par une
cîoifon avec laquelle ils s’unifient intimement}
tandis qu’ils font attachés par une memb a ne ce llulaire
lâche , mais, très-forte, aux autres parties
qu’ils couchent.
(1) Journal de Phyjique , tome IV , page 206.
(2) An Account o f (he Gymnoius eLe&ricus. ( Philo fop.
Tranfa£l., vol. LXV, page ik)5. )
(3) A£ta Hafnienf. , ami. 1673, obf. 89.
(4) Ojfervai’dni into.-no alle Torpedine, Firer.za, 169.8, in-4°.
Les petits faifceaux , ou les faifceaux inférieurs,
font féparés des précédons par une membrane
longitudinale Sc prefque horizontale.
Chacun de ces quatre organes efi formé d’ailleurs
par un grand nombre d’aponévrofes longitudinales,
parallèles, horizontales 8c écartées les
unes des autres d’environ une demi-ligne. J. Hunier
en a compté trente-quatre dans un des grands
faifceaux, & quatorze feulement dans un petit.
D’autres lames verticales de la même nature ,
mais beaucoup plus multipliées , coupent les précédentes
prefqu’ à angle droite ce qui forme un
réfeau large 8c profond , compofé de cellules
multipliées 8c à plans rhomboïdaux. Le même
J. Hui.ter a diftingué deux cent quarante de ces
lames verticales , dans une longueur de onze
lignes feulement.
L’intérieur des cellules efl rempli d’une fubf-
tance on&ueufe & comme gélatineufe.
Cet appareil, tout aufli analogue que celui de
la Torpille à la pile voltaïque , eft mis en jeu par
un fyftème de nerfs émanés delà moelle vertébrale,
compofé d’autant de troncs qu’il y a de
Vertèbres, 8c reçoit en outre des branches d’un
gros nerf, qui fe dirige, en ligne droite , du crâne
à l’extrémité' de la queue, en pafîant au-deflïis'du
rachis.
Toutes les ramifications de ces divers nerfs fe
répandent & s’épanouiflent dans les alvéoles des
organes électriques, 8c deviennent ainfi, dit M. le.
chevalier Geoffroy Saint-Hilaire (1), autant d'inf-
trumens capables de frapper de mort, ou au moins
de torpeur , tous les animaux qui fe trouvent à
leur portée.
L ’aflemblage des parois des aréoles de ces organes
eft, avec beaucoup de vraifemblance, comparé
par de Lacépède à une batterie compofée
d une multitude de pièces idio électriques, ou
d’une fuite 1 ombreule de petits carreaux foudroyai!
s- Or, comme la force d’une batterie de
cette forte s’évalue par l’étendue plus ou moins
grande de la furfaçe des carreaux ou des vafes
qui la forment, le favant qt.e nous venons de^
nommer a calculé quelle pourroit être la grandeur
d’un enfemble que l’on fuppoferoit produit par
les furfaces réunies de toutes les membranes
veiticales 8c horizonrales que renfetment les
quatre organes rorporifiques d’un Gymnonote de
la Guiane, long d’environ quatre pieds, & ne
comptant cependant, p ut chaque membrane,
que-la furfface d’un des grands côtés de la cloi-
lon : il a trouvé que cet enfemble n’auroit pas
moins de cent vingt-trois pieds d’etendue.
Que l’on fe rappelle, après cela, les effets ter-
(1) Mémoire fur l’anatomie comparée des organes .électriques
de la Raie Torpille , du Gymnote en go tirai fiant <S* du
Silure trembleur. ( Annales du M u f d’kijl, nac. de'Paris
corne I , page 3g2. ) ~
ribîes que, dans les cabinets des phyficiens , pro-
duifent des carreaux de verre dont la furface n eit
que de quelques pieds, 8c nFon ne fera point
étonné qu’un animal qui renferme dans fon intérieur
, 8c peut employer à volonté, un infiniment
éleCtrique de cent vingt-trois pieds carrés de fur-
face, puiffe frapper des coups tels que ceux donc
nous avons parlé.
Déjà nous venons d’avoir l’occafion de fignaler
parmi les animaux de la elafle des Poiflons, l exif-
tence d’un appareil de guerre aufli extraordinaire
par fa llruCture que terrible dans fes effets, 8c qui
femble mettre la foudre à la difpofition des êtres
qui le poffèdem. La puiffance étonnante que
le Gymnonote de Surinam nous a offe:te, 8c que
la Torpille nos mers nous a naguère préfenne,
fe trouve également dans un poiflon du N il, du-
Niger & du Sénégal, dont nous.n’avons, par con-
féquent, que peu à nous occuper ici*
Ce poiflon , le M alaptérxjre él ectrique ( i )
de feu de Lacépède, doit être rangé dans la famille
desOplophores de l'ordre des Holobranches
abdominaux. Linnæus l’avoit claffe parmi les ef-
pèces de fon grand genre Silurus , tous la dénomination
de Silurus eleftricus (2).
Les Arabes le nomment Riafch , c’eft-à-d'ire
tonnerre , 8c les colons du Sénégal l’appellent le
Trembleur, à caufe de la propriété qu’ il poffède,
quoiqu’à un moindre degré , comme la Torpille ,
le Gymnonote, un Trie hiure & un Tétrodon , de
donner des commotions eleétriqlies 8c de de terminer
un tremblement très'-douloureux dans les
membres de ceux qui le touchent (3), Ces commotions
ne diffèrent point lt_nfiblement de celles
que donne la bouteille de Leyde , 8c lont tranf-
mifes de même à l’aide d’une verge de fer, félon
Adanfom (4). -
L’organe fécréteur de l’éleClricité, dans le
Trembleur, diftère beaucoup de ce qu’il elt d ns
la Torpille 8c dans le Gymnonote. Ce n eft , en
effet, ni fur les côtes de la. tête, comme dans la
première 1 ni au - de flous de la queue, -comme
dans le Gymnonote, qu’il fe trouve place. Etendu
tout autour du poiflon, il -exifte- immédiatement
aai-deflous de la peau , & fe trouve forme par un
amas confidérable d un tillu celkiaire adipeux,
afiez ferré, allez épais pour avoir l’apparence du
lard. Des fibres aponévrotiques , eutrecroifées de
(1) . Malaptérure vient du grec p-ahos , tendre, n'JtÇcv 5
nageoire , ouça , queue.
(2) Il a été figuré avec foin, dans la X I I e. planche de la
partie ichrhyologique du grand ouvrage fur rKgypcc.
(3) A d a n s o n Foyage-au Sénégal. — F. M. Aügtift.
r o c s s o n N et , JMémoires de. l’Academie royale des .Sciences ,
année 1782, pag. 69/1 -, ajournai de P hyjique, cotne-XXVil,
page i3g. — Fouskael, tauna Ægypt. arab. , pagç: là,
n®. 14.
m . Ubtfupreu.
mille 8z mille façons, en conftituent la bafe, forte
de parenchyme aréolaire, dont les vacuoles font
remplies d’une fubftance albiimino-gélatineufe, 8c
qui pavoît animé par les divifions de la branche
du nerf pneumo g a fin que, q u i, dans tous les
Poiffons,-marche le long de la ligne latérale,
branche qui eft ici d’un énorme volume (1).
Les organes fécréteurs de l’éleétricité dans le
Trichiure 8c dans le Téttaodon , qui jouiflent de
la faculté de caufer des commotions, ont été
peu étudiés fous le rapport anatomique jufqu’ à
préfent.
Outre les divers organes de fécrétions que nous
venons de fignaler, il en eft encore un autre
propre aux Poiffons, & qui reflemble fi peu à ce
que l’on trouve dans l’économie des autres animaux
vertébrés, que depuis long-temps déjà il a
fixé l’attention des zootomiftes 8c des naturaliftes
les; plus dirtingués, tels que Needham (a), Bo-
relli (3), Ray (4), Redi ( ;) , Perrault (6), Pour-
four du Petit (7’, Monro (3), Koelreuter (9), François
de la Roche (10), de Lacépède (11), Four-
croy (12), 8c MM. Geoffroy Saint-Hilaire (i 3),-
G. Cuvier (14), Humboldt ( 1 y), Biot (16), 8cc.
Cet organe , qui a reçu le nom de véficule aérienne
, de vejfte a air} ou de vejfie hydrofiatique &
de véficule natatoire , n’eft autre choie qu’une
poche fituée dans l’intérieur du corps de ces animaux
8c remplie d’un fluide gazeux , probablement
dans le-but de les rendre , à leur volonté,
plus lourds ou pkis légers;, 8c de faci iter air.fi
leur natation.
Elle préfente une foule de différences fpéci-
fiques.
D’abord .elle n’exifie point dans tous les Poiffons}
plufieurs en lont entièrement privés, 8c ,
da-ns ce cas, il faut ranger les Raies , les Torpilles,
les Paftenagues, les Plies, les Soles , les Turbots,
les Flétans, les Myliobates, les Céphaioptères ,
en un mot, prefque toutes les efpèces dont le
(1 ) Annales du Mufèum d’Hifioire naturelle, tome I ,
page 3y4*
(2) Difquifitio de formata F ce tu , Amfteld., 1668, p. 172.
(3) Demotu Anhnaimm, 1Ö80, tome I , page 332.
(4) Introduction à i’Ichthyologie de WULughby de Eresby.
(5) Degli antmali vive nu negli animali viventi.
(6) OEuvres divufes de Phyfique & de Mécanique, tome II,
^ (7) Mém. de l’Académie royale des Sciences , année 1^33,
page 197,. \ . .. ,
(8') The Structure and Phyftology o f Fishes.
(9) A'cv. Comment. Acad. Petropol. , tom. V I I I , p.
(10) Annales du Muféum d’Hrjè. nat. de Paris.
(11) L. c. , Introdnâion. - :
(12) Annales de Chimie, corne I , page 4?-
(13) L lS expériences He ce l'avant- font' citées dans le
Mémoire de M. Biot.
(»4) Leçons citées , tom V.
( 15) Mémoires de la Société d’Arcuerl, tome II,
(16) Ibidem , tome I.