
les animauxvertébrés les mieux conformés. Comme
les Mammifères Scies Oifeaux, ils jouifferit de cinq
fens différens, tandis que dans les véritables Poifi
fons, on voit déjà l’ olfaétion être remplacée très-
probablement par une forte de guftation, que dans
beaucoup de Gafléropodes la vue & l'ouïe, outre
l'odorat, parodient nuis, que dans les Acéphales
& les Helminthes, il n'y a ni yeux, ni oreilles, ni
organes de 1 olfadlion & de la guftation reconnus
évidemment, que dans les Radiaires, Aétinies, Mé-
dulès, tchiiioaermes, Polypes, &c., toute lafenfi-
bilité femble bornée à une (impie faculté de tadlion.
Mais, à l'exception de,celui delà vue, les
Reptiles ont tous leurs fens fi foibles, en comparaison
de ceux des Mammifères & des Oifeaux, qu’ils
doivent percevoir un bien plus petit nombre d'im-
preflîons, éprouver des fentimens intérieurs moins
forts & moins frequens, reftentir un befoin moins
fouvent renouvelé & furtout moins parfaitement
fatisf'aitde communiquer avec le monde extérieur,
& , par fuite, offrir à l'obfervation une grande froideur
d'affedlions, une apathie remarquable, uninf-
t'iidt mal déterminé, des intentions peu décidées.
C ’eft en effet ce que l’on peut noter dans la généralité
de ces animaux.
C ’eft à cette réunion de caufes, fous la dépendance
immédiate d'une feule principale, qu'il
convient de rattacher un fait énoncé ci-devant par
nous ( r), favoir que, chez les animaux dont nous
écrivons l'hiftoire, l'irritabilité mufculaire eft d'une
énergie qui paroît hors de proportion avec le peu
de développement de la fenfibilité, avec le peu de
délicatefiè de la plupart des fens, avec le petit vo- i
lume relatif de leur cerveau. La foibleffe de fens
qui les caraâérife fuffit probablement en effet pour
amener dans leur organifation intérieure deschan-
gemenstelsquela rapidité des mouvemens foit ma-
nifeftement modérée , que la force des frottemens
foit fenfiblement diminuée, que la chaleur interne,
qui eft en proportion du mouvement 8c de la vie,
décroiffe de genre en genre, pour ainfi dire.
Si l’on joint à cela le peu d’abondance du fang
chez les Reptiles, le temps confidérable que cette
humeur met à circuler fans paffer par les poumons,
qui; d'ailleurs, félon quelques anatomiltes (2), né
reçoivent jamais d'autre fang que celui qui eft né-
celfaire à la nourriture, & peuvent être ouverts,
coupés, lacérés, fans que la mort s’enfuïve immédiatement,
on concevra facilement, comment, chaque
année, & durant un temps déterminé, ces
animaux tombent dans un état de torpeur que rendent
inévitable des circonftances de température
auxquelles paroiffent infenfibles & les Oueaux 8c
les Mammifères (5),
( 1} Voytr, n°. 226, pag. 78.
(3) Mémo, res pour fervïr à V Hijt. uqt. des Animaux, & c ,
la mot Tortue de Coromandel. (;3) Koyei n°. *338. I
Les caufes internes fe réunifient donc aux
caufes externes pour diminuer l’aâivicé intérieure
des Reptiles , pour ne leur pas laitier même, pendant
telle ou telle failon, le brutal iniünél^les
penchans phylïques, qu’ils écoutent ou qu’ils fuie
n t habituellement, l’exercice intérieur de leurs
fens & du fentiment, l’appétit groflïer des alimens,
le befoin fi impérieux du rapprochement des fexes,
& pour les faire tomber dans un état de fommeil
& d’engourdiffement prolongé, véritable image
de la mort,, comme chez les Marmottes, les
Loirs, les Chauves-fouris, les Héritions & les
Hirondelles.
Chez eux aufli. par conféquent, la fenfibilité
peut, fans de graves inconvéniens, êtreémoutiee,
& perdre beaucoup de fa délicatefiè, fans que^
1 adtivité des fondrions de la vie intérieure en foit
notablement ralentie, & cela d’après l’examen
des faits cités plus haut par nous à ce fujet.
Moins fenfibles , moins animés par des patiions
vives, moins agités au dedans, moins agiflans à
■ 1 extérieur, en général, bien mis à l’abri des vio-
Jens dangers, devant peu redouter les accidens,
les Reptiles peuvent être, fans pour cela perdre
aufli tôt la vie, prives ds pattes3 de queue d’autres
parties importantes, & même lés recouvrer, les
reproduire plus tard. Un phénomène fi extraordinaire
fuffit pour démontrer combien les différentes
parties des Repries font peu dépendantes les
unes des autres, comment leur fvftème nerveux
contiitue un enfembîe moins lié que dans les
Mammifères Scies Oifeaux; comment, animés par
une moindre chaleur, ils ont, fur le.fol brillant
qu'ils habitent en général, moin#befoin de boire
que les animaux de ces deux claties.
La lenteur de la circulation, la bâtie température
du fang dés Reptiles , tout en ferrant à expliquer
comment ils ne perdent point la vie au moment
même où ils font privés de leur tête, s’accorde
aufii très-bien avec la facilité qu’ont ces
animaux de fupporter de longs jeûnes , facilité
telle qu'on a vu des Crocodiles & des . Tortues
paffer plus d'un an fans prendre aucune nourriture.
Mais s’ils ont le pouvoir de réfifter à'des coups
qui ne portent que fur certains points de leur
corps, à des lefions locales , ils fuccombent
promptement aux efforts des' caufes extérieures
qui attaquent l’enfemble de-leur économie avec
. énergie & confiance : leurs facultés internes rêàgif-
fent avec trop peu d'aétivité'. C ’eft ainfi qu’une
atmofphère plutôt froide que tempérée les rend
immédiatement foibles 8c malades, & même les
tue fouvent : aufli voit-on les Chélonées maflives ,
les Crocodiles alongés, les Boas gigantefques, les
Iguanes, les Bifilics 8c -toutes les races à grande
taille de la famille des Sauriens, ne.fréquenter,
tant dans l’ancien que dans le nouveau Continent,
que les zones torrides, animer-leurs mers, leurs
fleuves., leurs favannes noyées, leurs forêts humides
8c chaudes, leurs fables bfulans. C eft là
oue ces grandes efpèces-femblent confinées, & fi
quelqubs-uues d’entr’elles habitent aufli des contrées
plus ou moins éloignées de 1 equateur, leurs
dimenfions deviennent progreffivement déplus en
plus petites Se elles font de moins en moins nombreufes
en individus. r c r . ’
Le peu d'énergie de 1 appareil de la fenfibilité
chez les Reptiles empêche les individus dune
même efpèce de former jamais une vraie focieté,
quoique fouvent on puiffe les trouver réunis en
troupes plus ou riioins nombreufes. Aucun ouvrage
, aucune c.haffe , aucune guerre qui paroit-
fent concertés, neréfultent, comme l'a dit De.La-
cépède, deleur attroupement. Jamais ils ne fe conl-
truifent d'afyle , & lorfqu'ïls en choififfent un fur
des rivages, dans des rochers, dans des trous
d'arbres, ce h’ til point, ajoute çe grand hifto-
rien-d'e la Nature, une habitation commode qu ils
préparent pour un certain nombre drindividus
réunis, c’eft une -retraite purement individuelle
où ils ne veulent que fe cacher & à laquelle ils ne
changent-rien. - " ' - « ;
Si qtielquçs-uns chaffent ou pêchenT.enfemble,
c’eft qu'ils font -fimuhanément entraînés par le
même befoin, attirés parle même appât; s'ils.fe
défendent en commun, ce n'eft que parce qu’ils
font attaqués enfemble. - . .
Malgré leur férocité indomptable pour ainfi
dire, malgré leur ftupidité décourageant«, beaucoup
de Réptiles font cependant fufceptibl.es d'être
apprivoises & rendus familiers,
Les prêtres "de Memphis, difent les anciens
hiftoriens, élevoient dans une forte de domefticité
des Crocodiles , qu’ils promenoient en public dans
certaines cérémonies religieutes.
Au rapport de La Brue, cité dans l’Hiftoire
générale des voyages, il paroît que dans la rivière
de San Domingo, près les côtes occidentales de
l’Afrique, les nègres prennent foin de nourrir, les
Crocodiles , qui deviennent tellement familiers
qu’ils font le jouet 8c la monture des enfans.
Dans quelques-uns de nos .jardins, on élève
des Tortues Douibeufes, & elles s’habituent fi
bien à ce féjour, qu’elles s’y multiplient.
Les exemples de Grenouilles, de Rainettes St
furtout de Crapauds apprivoilés ne .font point
rares. . '
La Couleuvre n’ a point échappé fous ce rapport
à l’influence de l’hom.me, qui eft meme parvenu
à dompter desSerpens venimeux, le terrible Naja,
entr’autres.
S e c t io n p r em iè r e .
U Encéphale en général. Il n’ occupe, dans
tant de la forme & du volume des organes qui le
compofent. . .
11 fe termine, dp relie, comme chez tous les
autres animaux vertébrés, en haut 8c en avant,
par les lobes olfaélifs 8c par les hémifphères cérébraux,
les Reptiles, qu’une petite partie de la cavité du |
■ crâne, en forte que la figure 8c l’étendue de
cette cavité ne fauroient êtqe un indicateur impôt-1
mais, ainfi que l'encéphale des.poiffons, il
eft privé de décurtations, ou commiffures générales,
quoiqu’il fe place beaucoup au-deffus de
lui par la prédominance de l’organe qui repréfente
le.cerveau, prédominance telle que les autres parties
de la maffe encéphalique femblent déjà n a-
voir plus dé relations les unes avec les autres que
par fon intermède, 8c y font liees bien plus intimement
que ne le font les divers lobes entr eux.
' Chez la Salamandre, l’encéphale eft tranfparent
& comme gélatineux,.
En général, toutes les parties qui compofent
l’encéphale des Reptiles font liffes 8c fans circonvolutions.
y ;8. Le Poids de l'Encéphale. Il eft difficile ic i,
comme chez les àiitres animaux, d'établir, d’une
manière comparative , la proportion de l’encéphale
au refte du'corps, parce que le , poids du
premier refte à peu près je même, tandis que celui
dit dernier varie fuivant une foule de circonftances,
8c quelquefois du (impie audouble, félon
qu’il eft maigre ou plus gras.
Cependant on peut affirmer que fon volume eft ,
abfolument parlant, énormément plus petit que
celui de l’encéphale des animatix à fang chaud ,
c’efl-à-dire des Mammifères 8c des Oifeaux.
Ainfi , tandis que le poids de fen.ceph.ile chez
l’Homme varie d’un vingt-deuxième à un trentg-
cinquiènie de celui de la maffe totale du corps,
on voit que.
Dans la Tortue terreftre, il n’èft que de ttjv . .
---------Tortue de mer.............. .............. ÿ j * .
— r—— Couleuvre à collier...............
--------- Grenouille.. «,. - ....................* • tvïcyfo.
La Dure-mère. Elle eft conftamment adhérente
à la face interne du crâne, 8c fe trouve féparée
de l'encéphale par une humeur muqueufe ou hui-
leufe, plus ou moins folide.
t6r, 561, yéj 8c 564. Ses divers replis. Ils manquent
abfolument.
Jéjr D Arachnoïde. Elle eft remplacée par une
cellulofité lâche qui occupe tout l’efpace compris
entre la pie-mère 8c la dure-mère , 8c qui eft
abreuvée d’une humeur deconfiftance gelatineufe,
comme cela arrive dans la grande généralité des
poifforis.
e~66. La Pie-mère. Elle eft, comme dans les autres
animaux vertébrés, formée par un refeàu vaf-
culoire des plus compliqués 8c des plus délicats.
j68 8c 569. Les Hémifphères du Cerveau, lis
font placés en avant des. couches optiques 8c ne