
4 2 0 Crujlcicés•
Dans les Ifopodes, chez les Cloportes en particulier
, tout le teft du corps eft compofé d'une
fuite de ces fegmens tous femblables , à l’exception
des derniers. La tête eft diftinête ici , tandis
qu’elle étoit confondue avec le refte du corps
dans les Limules.
Les fegmens poftérieurs du corps s dans l’ordre
des Amphipodes, diminuent de volume : ce qui
permet de diftinguer aifement un tronc & un
abdomen.
Cette diftinêtion eft encore bien plus facile à
établir dans l’ordre des Décapodes , car chez les
efpèces qui le compofent, outre que tous les fegmens
du tronc font foudés & forment antérieurement
une tête confondue avec lu i, les abdominaux
reftent mobiles en diminuant fucceflivement
de grandeur.
Du refte 3 le nombre de ces fegmens 3 qui n’eft
jamais inférieur à douze, eft quelquefois bien
plus confïdérable.
C ’eft ce qu’on obferve chez les Squilles, les
Afelles, les Branchipes fpécialement.
t Dans quelques genres voifins des Squilles, la
tete eft diftinae & les premiers anneaux du corps
font réunis en deffus , de manière à former fur le
commencement de celui - ci un bouclier peu
étendu, mais forte de rudiment de celui qui recouvre
la région antérieure & fupérieure du tronc
chez les Limules.
Dans les Cypris, les Daphnées & quelques
autres genres de Cruftacés, dont la tête eft plus
ou moins diftinâe, le corps, qui ne fembleplus
divifé en tronc & en abdomen , ne préfente aucune
trace de fegmens & fe trouve compris dans
un teft bivalve, formé par une expanfion endurcie
de la peau du dos.
Chez plufieurs Cruftacés, on obferve que les
anneaux du corps font compofés de quatre pièces
diflin&es , une fupérieure, une inférieure & deux
latérales.
' Souvent les fix premiers anneaux n'ont qu’une
pièce fupérieure commune à tous, qui les lie tous
les uns aux autres , & qui prend alors le nom
fpécial de carapace, à caufe de fa relfemblance
avec le grand bouclier dorfal des Chéloniens (i).
Quelquefois cette carapace eft divifée en deux,
?■ La The sn général. Noas avons déjà annoncé
l'abfence de cette partie de l'économie dans les
Limules,
Dans beaucoup de genres, où elle eft confondue
avec le tronc, on ne reconnoît fa pofition
que par l’exiftencè des antennes, des yeux & de
la bouche.
Tel eft, en particulier, le cas des Décapodes
brachyures & macroures, comme les Crabes 8e
les Ecreviffes.
Par fuite d une application rigoureufe des lois
•n ana a 1 anatomie, beaucoup de zooto-
mmes modernes , après avoir rapporté les pièces
calcaires ou cornées du teft des Cruftacés aux
elemens de la vertèbre dans les animaux fupérieurs,
après avoir effayé de démontrer comment, entre les
mains de la Nature, une feule otganifation fert
d® type à des organifations fans nombre , & une
meme molécule fe modifie en mille molécules dif-
jérentes, mais toujours analogues, comment une
infinité de combinaifons & de réfultats jailliffenc
d un principe unique, comment des myriades de variétés
viennent fe grouper autour d’un modèle primitif,
comment, en ajoutant vingt-deux vertèbres
a unt Araignée on a uneEcreviJfe, & en ne lui en donnant
que huit on obtient un lnfeCte, ont prétendu ,
de la manière la plus fpécieufe , que la tête des
Cruftacés , comme celle des Mammifères, des
Oifeaux, des Reptiles & des Poiffons, n’étoit
elle-même qu’une vertèbre compofée de plufieurs
autres vertèbres élémentaires, & que fes pièces
fo li'e s , loin de repréfenter les analogues de
celles qui forment la boîte offeufe de notre
crâne , étoient, par fuite de l’abfence d’un véritable
encéphale , appelées à d’autres fonctions ,
a l’exercice d.’aéles fpéciaux & ifolés.
Ainfi, d’après cette théorie nouvelle, on ne
trouve plus de crâne ou de domicile fpécial des
organes des fens dans les Cruftacés , même les
plus compofés, & cette portion de la tête eft
remplacée par des vertèbres olfactives, acouftiques
& optiques ( i), qui peuvent même être employées
a des fondions fort différentes de leur deftina-
tion première, puifque la vertèbre olfactive, par
exemple, fe change en un organe de tad & de
vigilance, en ces antennes fi longues & fi mobiles
dans les Ecreviffes, les Crangons, les Crevettes,
les Homards, &c.
De même encore, dans la Squille & dans les
genres voifins, la vertèbreguftale, fe développant
en bas & fur les cotés, vient former la majeure
partie de la bouche , en même temps que la vertèbre
acouftique conftitue prefque tout le teft , &
que la vertèbre motile eft reftée rudimentaire.
Au contraire, & toujours fuivant la théorie
nouvelle, les Erichthes ont cette dernière vertèbre
prédominante, & , chez les Phylloftomes, la
vertèbre guftale forme un très-long teft, mais, dans
les uns & dans les autres, les vertèbres buccales
difparoiffent.
Dans les Polyphêmes, la vertèbre optique femble
changée en un immenfe bouclier qui s’avance vers
le milieu du corps, pendant que la vertèbre audi-
tive, rejetée en arrière, va fe fouder avec les
vertèbres dorfales , & que la vertébré ol/adive ,
< 0 ‘ 5 , 4 4 , 5 i du préftnt volume. (») Robihïav-Dbstoidt , 1. c. ,pag. 69.
Cru (lacis.
ramenée contre la bouche,
pinces & de palpes. . . . _
Par fuite de la même manière de voir, c eft la
vertèbre auditive qui fait la majeure partie du teft
chez les Limules.
D'après cet expofé , on voit qu’il faut, fi l’on
adopte les principes dont nous venons de parler ,
rapporter à la tête, chez les Cruftacés , des organes
qui en font fort éloignés, ou qu’il faut admettre
le paffage de ces mêmes organes au tronc,
où ils rempliffent des fonctions en apparence bien
autres que celles qu’ils font deftinés à accomplir
dans les animaux fupérieurs. Voilà , au refte, le
réfultat prévu auquel on doit être ramené lorf-
qu’on adopte les vues ingénieufes, fans doute,
mais peut-être parfois hypothétiques de cette
école moderne des zootomiftes» qui ont cherché
à introduire dans l’anatomie les principes de la phi-
lofophie panthéiftique, & à la tête dèfquels il faut
ranger inconteftablement MM. J.F. Meckel, Spix,
Geoffroy Saint-Hilaire, Laurent, de Toulon,
Serres, tant en France qu’en Allemagne.
4. Les Os du Crâne en général. Ce Qui vient
d’être dit dans le paragraphe précédent nous dif-
penfe ici de tout détail.
y. U Os frontal 3 les Cornes ou leurs analogues.
Rien ne met les zootomiftes à même de recon-
noître un os frontal dans les Cruftacés , mais les
cornes femblent, jufqu’ à un certain point, être
repréfentées chez ces animaux par les organes
auxquels on a donné la dénomination d'antennes,
quoique leurs ufages paroiffent devoir être tout
autres.
Ces antennes font des appendices mobiles,
d’une figure infiniment diverfifiée , p'acées à la
région antérieure de la tête , compofees d’ articulations
plus ou moins nombreufes, n’ayant aucune
efpèce de rapport avec l ’appareil buccal, &
affez clairement confacrées à un toucher extrêmement
délicat, ou à quelque genre de fenfation
dont nous ne pouvons nous faire d’idée.
Les antennes font au nombre de quatre dans la
plupart des Cruftacés, c ’eft-à-dire dans les Crabes,
les Ecreviffes, les Cloportes , les Crangons , les
Crevettes, les Majas, les Galathées , les Por-
tunes, &c.
On n’en trouve que deux dans certains genres.
D’autres, tels que les Limules & les Bopyres,
en font totalement privés.
Extrêmement courtes dans certains genres,
dans celui des Crabes en particulier, elles font
d’une longueur fingulière dans d’autres, comme
chez les Ecreviffes & les Crangons.
Les intermédiaires feules fe font remarquer par
leur brièveté dans les Décapodes brachyures.
Les extérieures offrent la difpofition contraire
dans les Décapodes macroures : ce qui eft particulièrement
fort remarquable dans les Langouftes.
4 2 1
Lorfqu’elles font au nombre de quatre, elles
fe trouvent implantées , ou fur une même ligne
horizontale, ou par paires les unes au-deffus des
autres.
Alors on les défigne, dans le premier cas, par
les épithètes d’ internes3 d’externes , de mitoyennes
ou de latérales, à!intermédiaires ou extérieures ,• & ,
dans le fécond, par celles de fupérieures ou à'in-
férieures. j ,
Les extérieures, ou latérales, font inférées tantôt
en dehors, tantôt en dedans , & quelquefois en
deffous des yeux.
Chez les Brachyures, les mitoyennes^ ou intermédiaires
font implantées dans deux petites foffettes
creuféesà la partie antérieure 8e inférieure du teft.
En général, les antennes des Cruftacés font
fétiformes , c’eft à-dire qu’ elles représentent une
foie longuement conique & diminuant de volume
depuis fon origine jufqu’à fon extrémité libre.
Conftamment elles font compofées de petits
cylindres creux, fuperpofés, dont les parois
offrent une confiflance moyenne entre le tiffu
corné & le teft calcaire, .8c qui diminuent infenfi-
blement de groffeur de la bafe au fommet.
La cavité de ces cylindres eft occupée par des
mufcles & des nerfs, & probablement auflï par
des expanfions du tiffu vafculaire.
Chaque antenne a fon pédoncule $c fon filet.
Le pédoncule (ftipes) réfulte de l'affemblage
de trois ou quatre articles beaucoup plus volumineux
que les autres 8c fouvent chargés d’écailles
dentelées , d’appendices phylloïdes, dt procédas
membraneux ou épineux.
Le filet ou tige ( caulis) , (impie, double ou
triple , eft compofé d’un nombre variable 8c fou-
vent d’une multitude dé plus petits articles , qui
vont en diminuant de diamètre depuis le pédoncule
jufqu’à l’extrémité de l'organe.
Ce font les antennes extérieures qui ont le plus
fouvent leur filet (impie.
Il eft fréquemment double ou triple, au contraire
, dans les antennes intermédiaires.
Nous allons paffer en revue les principales différences
que ces organes préfentent, fuivant les
genres ou les efpèces.
Dans les Stomapodes , en général, on compte
quatre antennes , dont les mitoyennes font terminées
par deux ou trois filets.
Celles-ci, dans les Décapodes brachyures, font,
comme les deux autres , fort courtes & bifides.
Dans les Matutes, les antennes extérieures
font remarquables par leur petitelfe.
Dans les Etrilles, elles font inférées très-loin
des cavités oculaires.
Dans les Crabes proprement dits , elles ne dé-
paffent guère le front, n’ ont que peu d’articles 8c
font repliées, glabres ou glabriufcules.
Chez le Poupart ou Tourteau ( Cancer pagurus
Linn. ), l’article radical des antennes extérieures,
beaucoup plus grand que lesfuivans, a la figuré
fait office & de