II eft, par conféquent, abducteur.
Par fa partie intérieure , il en recouvre un
autre qui a beaucoup plus de fibres, & qui occupe
une grande partie de la foffe fousfcapulaire.
Dans fon mode d’atfion, il eft abfolument
congénère du précédent; il ramène cependant
davantage le plan de la nageoire vers la tête.
On trouve, en outre, à la bafe des rayons ,
des fibres mufculaires, fuivant diverfes direétions,
mais généralement confacrées à rapprocher ou à
éloigner les uns des autres tous les petits os qui les
forment, de manière à épanouir ou à fermer la
forte d’éventail que conftitue leur affemblage.
Les mufcles des nageoires pectorales de la
Raie forment deux couches charnues très-épaiffes,
qui ouvrent ces nageoires en deflus & en deffous,
& font divifés en autant de faifceaux que celles-
ci ont de rayons.
214, 2 iy ,2 i6, 217, 218,219,220, 221,222,
223 & 224. Les Mufcles des Membres pofiêrieurs ou
des Catopes. Les mufcles qui meuvent les catopes
peuvent les porter de haut en bas ou de dedans en
dehors
Les premiers ou les abaijfeurs font fitués à la
face externe ou inférieure du bafiîn.
Les féconds ou les élévateurs font couchés fur la
face fupérieure ou abdominale de fes os.
Il n’exifte communément qu’un feül abaiffeur.
Il occupe toute la face inférieure de l'os du
bafiin & s'avance même jufqu’à l'épaule dans les
Poiflons jugulaires & thoraciques.
Il fe termine par plufieurs languettes tendineufes
qui fe fixent fur les offelets & à la bafe des
rayons.
En même temps que ce mufcle abaiffe la
nageoire , il écarte l’un de l'autre les deux bords
de celle-ci & la développe, la dilate.
Les élévateurs font au nombre de deux chaque
côté.
L'interne eft de figure pyramdaîe. Il porte par
fa bafe fur toute la longueur des offelets qui
foutiennent les rayons'; il ramène le catope cor-
refpondant en arrière ou le rapproche du corps
en même temps qu'il en éloigne le bord externe
de la ligne médiane.
L * externe eft recouvert en partie par le précédent.
Beaucoup plus large que lui, il fe porte
obliquement de dehors en dedans vers le bord
interne du catope de fon côté, qu'il raîmène en
dehors, en même temps qu'il porte celui-ci en
totalité en dehors.
A la bafe des catopes, on trouve aufli de
petits mufcles abfolument analogues à ceux que
nous avons décrits àl'occafion de la queue (1).
Les mufcles des catopes mériteroient une étude
fpéciae chez les Gobies, les Cycloptères, les
Jotis.
Liparis, les Cÿclogaftres, où ces nageoires (ont
confondues l'une avec l’autre.
Les mufcles des catopes de la Raie, font à peu
près analogues à ceux de leurs nageoires pectorales.
225. Phénomènes de la Contra tlion mufculaire. A
l’aide des organes dont nous avons tâché de
donner une idée dans les paragraphes précédens ,
les Poiffons nagent dans l’eau, comme les Mammifères
fautent à la furface de la terre, comme les
Oifeaux volent dans l'air, & , malgré le volume
auquel ils peuventatteindre, la plupart nagent avec
une exceflive facilité. Ceux d’entr'eux qui s’acquittent
le mieux de cette fonction, ceux qui
changent le plus rapidement de place au milieu de
l’eau qu'ils habitent, font ceux qui ont le corps un
peu alongé & médiocrement comprimé, la peau
liffe& gliffante, lemufeaupointu, & les nageoires
peétorales bien dévelo, pées.
La natation peut s’opérer dans un plan horizontal,
ou dans des direétions plus ou moins
obliques vers tous les points de l'horizon. Dans
le premier cas > le poiffon, fuppofé en équilibre
avec l'eau & voulant fe porter en avant, ploie fa
queue en deux fens différens & pour ainfi dire
en S par le moyen des mufcles latéraux de l’épine,
étend fes nageoires du dos, de l’anus & de la
queue , & déploie enfuite fa queue avec une fi
grande viteffe, que la réfiftance du fluide, en
abforbant une partie de la viteffe, tient lieu d’un
appui folide qui oblige l’animal à fe lancer en
avant avec le refte de la viteffe & d’autant plus
facilement que fa queue, ce puiffant gouvernail,
étant redevenue droite, il ne préfente plus au
fluide qui réfifte que la largeur la moins confîdé-
rable de fon corps.
Comme la queue doit être de nouveau ployée
pour frapper un fécond coup, une réfiftance en
fens contraire égale à l'excès de la viteffe imprimée
anéantiroit le mouvement fi les furfaces reftoient
les mêmes ; mais, pour obvier à cet inconvénient,
les nageoires du dos & de l’anus fe couchent
contre le corps, comme autant de rames &
d'avirons utiles à propos, tandis que celle de la
queue fe ferre & fe rétrécit, & la flexion s'opère
ainfi avec beaucoup plus de lenteur que le développement
qui eft fiibit & violent. Ce n'eft
qu'après avoir paffé par la ligne droite que la
queue fe ploie une fécondé fois & précifément
en fens contraire, en forte que l’impulfion inftan-
tanée qui en réfulte ayant une obliquité égale, mais
oppofée à celle qui a réfulté du premier coup, la
direction du corps demeure droite.
En frappant plus fort dans un fens que dans
l’autre, en variant adroitement l’a&ion de cette
rame fi mobile, en la repliant, en la débandant
comme un reffor, le poiflon fe dirige à droite ou à
gauche, tourne horizontalement, accroît la viteffe
de facourfe, accélère ou retarde fon mouvement,
change de dire&ion,(1) Foye^ ci-cLflus, i.°. 202. s'élève, s'élance au-deffus
du fluide auquel il appartient, franchit des cataractes
& faute dans l’atmofphère à une affez grande
hauteur.
Mais les animaux de la claffe de ceux dont nous
faifons l’hiftoire en ce moment peuvent aufli
monter & defcendre dans le liquide qu'ils habitent.
Ces mouvemens d'un nouvel ordre dépendent,
chez la plupart d'entr'eux, de l’exiftence
d’un organe particulier auquel on donne le nom
de vejjie natatoire ou de véficule aèroftatique, & qui
eft fitué dans l'abdomen non loin du rachis. Cette
veflie, fur laquelle nous aurons occafîon de
revenir plus tard, plus ou moins grande, tantôt
fimple, tantôt double, communiquant le plus
fouvent avec l'oefophage ou l’eftomac, toujours
remplie d'un gaz élaftique, donné au dos de
l’animal la légèreté convenable pour qu'il demeure
en haut, &*, dans fon état de plus grande extenfion,
rend fon corps entier affez léger pour qu’il puiffe
furnager naturellement. Quelquefois même, dans
certaines efpèces, la chaleur la dilate tellement
que l’animal, après être refté à la furface de l’eau
expofé aux rayons du foleil, ne peut plus la
comprimer affez pour redefcendre. Dans l’ état
ordinaire, tout poiffon peut, du refte, par un
mécanifme très-fimple qui fe détruit quand on
perce les parois de cette veflie, la comprimer
précifément au degré néceffaire pour être en
équilibré avec l'eau, s’il veut demeurer dans un
plan horzontal; tandis qu'il la comprime davantage
quand il veut s’enfoncer, & la dilate s’il prétend
remonter fans efforts.
Cette compreflion a lieu au moyen des mufcles
latéraux du corps, qui tendent à rétrécir ce
refervoir en alongeant fes parois, en forte que,
lous une furface égale, il préfente moins de capacité,
& cela par le fait même qu'il s’éloigne de la
figure de la fphère (1).
Certaines efpèces de Poiffons, comme les
Baliftes & les Tétraodons , iouiffent d’une propriété
très remarquable, à laquelle ils doivent
pareillement la, facilité de s'élever ou de s’abaiffer
au milieu du fluide qu’ils habitent: ils peuvent en
effet, à leur volonté, gonfler la partie inférieure
de leur ventre, y introduire un gaz plus léger que
l*eau, & donner ainfi à l'enfembîe de leur corps
un accroiffement de volume qui diminue d'autant
leur pefanteur fpécifique.
Quant aux Poiffons que la Nature n’a point
pourvus d’une veflie aèroftatique, ils font, peuplades
terreftres delà mer, bien peu favorablement
organifés pour changer leur hauteur dans l’eau,
ce qui fait que la plupart d’entr'eux reftent au fond,
à moins que, comme le font les Raies, ils ne ioient
doués de la faculté de voler dans l,eaui c’eft-à-dire
de frapper ce fluide de haut en bas avec beaucoup
de force à l’aide de vaftes nageoires pectorales
qu’avec raifon on a univerfellement comparées à
des ailes ; à moins qu'encore la difpofition de
leurs corps, telle qu’elle fe préfente chez les
Soles, les Turbots, les Carrelets, les Plies, les
Achires, les Barbues, les Limandes & autres
Pleuroneétes, ne leur permette de frapper le
liquide dans le même fens par leur côté & de ne
point nager dans la pofition ordinaire, le ventre
en bas & le dos en haut. En pareil cas, pour
conferver au total une pofition horizontale, les
Poiffons ainfi organifés, véritables oifeaux de
l ’empire de Nepturne, font obligés d’exécuter
une fuite de fauts, en frappant plus fortement
vers le bas avec leur queue, ce qui les élève un
peu : cette forte mouvement, en fe combinant
avec la pefanteur, les ramène par une courbe près
de la ligne horizontale, d’où ils s’écartent de
nouveau par un autre faut, abfolument comme
l’oifeati qui plane dans les vaftes plaines dé
l’ atmofphère.
D’après les recherches de Prieftey, de Four-
croy, de F. de La Roche & de M. Biot , les gaz
contenus dans la veflie natatoire des Poiffons font
de l’oxygène, de l’azote & un peu d'acide carbonique.
La proportion du premier aux deux autres
eft d’autant plus confidérable que l’animal habite
à de plus grandes profondeurs, a: le do&eur Francis
Rigby Brodbelt, de la Jamaïque, n’a même reconnu
dans la veflie d'unXiphias efpadon que de l’oxygène
très-pur. Ce fait eft configné dans les Annales
de Chimie, publiées en Angleterre parle do&eur
Dunkan.
. Les nageoires peétorales & les catopes ne pa-
roiffent point être d’un grand fecours aux Poiffons
pour le mouvement progreflif; ces organes fervent
feulement à les tenir en équilibre & en repos,
à corriger les vacillations par leur extenfion; ils
contr buent également aux légères inflexions du
mouvement progreflif & les empêchent de toucher
fur le côté en nageant.
Les efpèces dont la vie fe paffe dans de longs
voyages, qui fe tranfpovtent d’un continent à
l’autre, qui parcourent dans tous les fens la vafte
étendue d’eau au milieu de laquelle la Nature les
a placés, les Poiffons pélagiens qui animent les
flots de la haute mer, comme les Saumons, les
Characins, les Truites, les Coryphènes, les
Gades, les Clupées, les Thons, les Maquereaux,
les Zées, les Spares, les Sciènes & une foule
d’autres, font pourvues de grandes & fortes
nageoires, furtout au dos, tandis que les Poiffons
littoraux & la plupart des efpèces d’eau douce,
comme les Goujons, les Barbeaux, les Silures,
les Pleuroneétes, les Tanches,les Equilles, & c .,
ont des nageoires plus foibles & plus petites,
parce qu'ils ont moins à lutter contre la fure.ir
des flots agités par la tempête, contre la violence
des courans rapides.
Certains Poiffons qui ne font qu’effleurer les
(1) Foye-[ ci-après, n°. ii2(). fommités des vogues de l’Océan, qui ne font que