
dentaire, ne porte point les dents , car fon tranchant,
dans l’animal frais, eft revêtu d’une lame
cornée, à l’extrémité poftérieure de ce tranchant,
plus relevée que le relie de l’os tic remplaçant,
pour airifi dire, l’apophyfe coronoïde. Le fécond
de ces os fait la plus grande partie de la face interne
& l’angle poftérieur, tic porte en defliis le
troilïeme, qui élt le tubercule articulaire. Le quatrième
, enfin, eft une lame mince tic étroite,
qui tait l’office de l’opercûlaire , & couvre à la
face interne un vide laiffé entre les deux premiers.
Il eft chargé de petites dents pointues dif-
pofées en quinconce.
Dans le Protée anguillard, la mâchoire inférieure
eft affez lemblable à ce qu’elle eft dans la
Salamandre , & a le pourtour de fon dentaire garni
de dents.Elle eft allez haute, & fon apophyfe coronoïde,
quoiqu’obtufe, eft fort marquée.
En général, dans les Reptiles, l’angle formé
en avant de la mâchoire inférieure par la réunion
des deux dentaires, offre d’infinies variétés. Ar
rondi tic très-ouvert chez les ChéJoniens, quoi-
qu’a un moindre degré encore que chez les Batraciens,
il n’exifte réellement dans les Ophidiens
que lorfque les branchés mobiles de l'os font rapprochées
l’une de l’autre. Un peu plus arrondi
dans les Amphisbènes que dans les Orvets, il l’eft
encore beaucoup dans les Geckos, mais il fe
forme mieux dans les Caméléons & les Stellions,
les Scinques tic les Lézards, quoique chez tous
çes animaux les branches qui le forment ne fe
joignent que vers l'exirémite. Dans le Crocodile
du Nil, ces deux branches offrent encore la même
difpofition; mais dans celui du Gange, dans le
Gavial-( PL X L , fig. 13), elles font réunies dans
la plus grande partie de leur étendue comme dans
les Cachalots, & forment ainfi un long bec fur
lequel font implantées les deux fériés des dents.
il faut remarquer encore que, chez tous les
animaux de la claffe que nous examinons , cette
portion de la mâchoire inférieure à laquelle , chez
l’Homme tic chez la plupart des Mammifères, on
donne le nom de branche montante, n’eft nullement
repréfèntéè.
Dans tous auffi tic c’eft un point d e . fait fur
lequel on ne fauroit trop infîfter, il n’y a aucune
apparence de condyle à l’extrémité poftérieure
des branches de la mâchoire inférieure > on n*y
voit qu’une facette articulaire glénoïdale creufée
pour recevoir une faillie condyloïde de l’os tympanique,
lequel repréfente l’os carré desOifeaux,
& n’ en différé le plus ordinairement que par une
moindre mobilité. Une difpofition tout-à-fait in-
verfe à celle que l’on obferve dans les Mammifères
exifte donc ici.
Plus, au refte, le condyle du tympanique eft
porte en arrière, & plus les branches de la mâchoire
fe rapprochent dans le fens de la longueur :
c’eft ce que l’on peut voir dans le Crocodile, le
Gayial, la Grenouille, les Salamandres, &c. Si,
au contraire, cette éminence defcend verticalement
ou fort obliquement, comme dans les Caméléons
tic les Iguanes, elle fournit une forte de
pédicule à la mâchoire inférieure, dont les branches,
ainfi éloignées du crâne, font refpeétive-
ment beaucoup plus écartées. Le Lézard vert, le
Dragon, tic quelques autres Sauriens, tiennent
le milieu entre ces deux modes extrêmes d’orga-
nifation.
De tous les Reptiles, les Crocodiles font ceux
qui préfentent la plus longue apophyfe pour l’attache
du mufcle digaftrique. (Pl. X L , fig. 1 ,4 ,
1 ?.) Elle diminue notablement dans le Caméléon
(Pl. LXXIII, fig. 1 ) , le Gecko, le Tupinambis
6 les Tortues de terre. Elle manaue tout-à-fait
dans le Pipa, les Chélonées, les Crapauds , les
Grenouilles, les Salamandres.
L’apophyfe coronoïde eft peu faillante dans la
plupart des Reptiles. On n’en voit déjà plus qu’un
veftige dans les Chéloniens (PL XL bis, fig. 3,
7 & 13 ) , le Caméléon (PL LXXIII, fig. 1) tic
quelques Lézards, comme l’Iguane, & elle
manque même totalement dans les Crocodiles
( PL XL, fig. 1 , 3 , 4 tic 13 ), les Grenouilles tic
les Salamandres.
Dans l’Amphisbène, la mâchoire inférieure eft
courte à proportion du crâne, & elle s’articule
avec le condyle tympanique, par fon point le
plus reculé. Elle eft extrêmement évafée en arrière
pour produire l’ apophyfe coronoïde.
Chez les Boa & les Couleuvres , les deux branches
de -cet os font fufceptibles d’écartement.
21, 22, 23 tic 24. Les Dents en général, leurs
di ver Je s Efpeces. Tous les Reptiles n'ont point les
mâchoires armées de ces fortes d’oftéïdes, & les
Cheioniens, par exemple, en font complètement
dépourvus.
Leur ftru&ure, du refte, n’offre rien de fpécia-
lement notable dans toute cette claffe d’animaux
vertébrés. La fubftance offeufe eft en général dure
& compare i l ’émail paroît peu épais, -tic il n’y a
jamais de cément, par la raifon même que toutes
leurs dents font conftamtnent fimples. Comme,
d’ailleurs encore, les Sauriens, les Ophidiens tic les
Batraciens, les feuls chez lefquels on obferve ces
pièces de l’appareil mafticatoire, fonit dans le cas
des Cétacés tic ne mâchent guère leur proie, les
dents ne fervent chez eux qu'à la retenir tic non
à la divifer 5 auffi ont-elles bien moins d'influençe
fur leur économie que fur celle des Mammifères.
Prefque toujours ces dents font femblables dans
les diverfes parties de l’étendue des mâchoires.
On ne fauroit donc, comme cela a lieu pour les
Mammifères, les divifer en diverfes fortes, quant
à leur configuration. Un petit nombre d’efpèces
fait feul exceptioq.
Les dents des Reptiles peuvent n’être attachées
qu’aux deux mâchoires, comme dans les S au riens
, à l’exception des Iguanes, des Marbrés tic
des Anolis, qui poffeient des dents palatines,
dernière particularité que l’on obferve-auffi dans
prefque tous les O p h id ie n s , les Amphnbenes
feuls n’en préfentant point de cette forte. ^
Le nombre de ces oftéïdes n’offre point aux
naturaliftes, dans la claffe des animaux que nous
examinons en ce moment, la meme importance
qu’ils y attachent dansles Mammifères, tant parce
qu’ici il eft confidérable & peu déterminé, que
parce que leur chute a lieu d une maniéré irrégulière
tic qui ne coïncide ni avec la fituation ni
avec les périodes du temps. Nous nous attacherons
donc peu à ce genre de considération.
Les Crocodiles, parmi les Sauriens, tic que l’on
a diftingués récemment en Caïmans, en Crocodiles
proprement dits tic en Gavials, n ont que
des dents coniques, creufes, le plus fouvent un
peu crochues, tic toujours marquées de côtes longitudinales
faillantes. Elles fe croifent quand les
mâchoires font fermées. .,
Le nombre de ces dents, dont l’évolution pre-
fente des phénomènes tout-à-fait extraordinaires
(1), ne change point avec l’âge : ce dont
M. Cuvier s’ eft affuré, en particulier, fur une
férié de huit têtes, croiflànt en grandeur depuis
un pouce jufqu’à deux pieds (1). En exceptant
tout au plus les dernières, qui font alors un peu
cachées par le tiffu des gencives, le Crocodile
qui fort de l’oeuf en poffède autant que celui qui
a atteint la taille de vingt pieds.
Dans le genre des Caïmans^ ( Alligator)3 que l ’on
a long-temps, avons-nous déjà dit, confondu avec
les véritables Crocodiles, les dents, inégales,
font au nombre de dix-neuf 8c quelquefois de
vingt-deux en bas de chaque côté j tic de dix-neuf
tic fouvent de vingt de chaque côté auffi en haut.
A un certain âge, les premières de la mâchoire
inférieure percent la mâchoire Supérieure. Les
quatrièmes, qui font les plus longues , entrent
dans des trous, tic non dans des échancrures feulement
de cette même mâchoire , qui les cache
quand la bouche eft fermée. (PL XL , fig. 1 , 3
& 40.
Les Crocodiles proprement dits en ont quinze
de chaque côté en bas, tic dix-neuf en haut.
A un certain âge, les premières de la mâchoire
inférieure percent auffi la Supérieure, laquelle
n’offre que des échancrures pour les quatrièmes,
qui font les plus longues de toutes.
Lés Gavials ont les dents prefqu’égales, ce qui
fait que leurs mâchoires ne font point féftonnées
comme dans les Caïmans tic les Crocodiles véritables,
chez lefquels ce feftonnement augmente
avec l'âge tic avec la groffeur des dents qui en eft
la fuite. On compte de vingt cinq à vingt-fept de 1 2
(1) Voye\ ci-après , n°. i3a6.
(2) Recherches fur Les ojfemens foffiles, 8tc., tome V,
i r*. partie , page $o ..
celles-d de chaque côté en bas, & vingt-fept à
vingt-huit en haut de chaque côté pareillement.
( P l .X L j f ig . i j . ) . ■
Ces trois genres de Sauriens ont, du relie,
tous les trois les première & quatrième dents de
chaque côté en bas, & la troifièrr.e en haut,
plus longues &r plus groffes que les autres. En-
fuite, dansles Caïmans & les Crocodiles proprement
-dits, ce font les huitième & neuvième d’en
haut & la onzième d'en bas.
Le Caïman à paupières ofleufes fait une légère
exception: ce font la douzième d’en bas & la
dixième d'en haut qu'il a les plus longues.
La quatrième dent d'en bas peut auffi, en général,
chez eux porter le nom de canine, car elle
répond, comme le remarque le baron Cuvier, à
la future qui fépare l'intermaxillaire du maxillaire
fupérieur.
- Les cinq ou fix dernières dents de chaque côté
font plus obtufes & plus comprimées que les
autres, & leur couronne fe diftingue de leur racine
par un étranglement notable, qu'on ne rencontre
que dans les Crocodiles Sc les Caïmans,
& qui manque chez les Gavials.
Dans les autres Reptiles, de la famille dès Sauriens,
les dents ne font point, comme celles du
Crocodile, renfermées dans des alvéoles. Leurs
noyaux gélatineux adhèrent à la face interne de
l'es dentaire, fans qu'il exifte entr’eux de cloïfons
ofleufes, & fouvent même leur bafe n'eft fé-
parée de la cavité de la bouche quepar la gencive.
Cette bafe ne fe divife point en racines, mais ,
dans les adultes, elle s'offifie & adhère intimement
à la mâchoire , de forte que la dent ne
femble être qu'une apophyfe ou une proéminence
de celle-ci, dont elle ne fe diftingue réellement
que par la couche d’émail qui la revêt.
Du refte j les dents de ces animaux varient
beaucoup fuivant les efpèces fournifes à notre
■ examen; elles diffèrent quelquefois dans un même
genre.
Dans le Monitor élégantde l'Archipel dès Indes,
le Monitor bigarré de la Nouvelle-Hollande,, le
Monitor étoilé d'Afrique, le Monitor marbré, le
Monitor cépédien, & le Monitor piqueté du Bengale,
l'Ouaran el haud ou Monitor terreftre
d'Egypte, par exemple, elles font aiguës, arquées
& tranchantes, tandis que dans l’Ouaran
des Arabes ou Monitor du Nil, & dans celui du
Congo, où l'on en compte de vingt-quatre à trente
à chaque mâchoire., elles font coniques, droites,
non arquées, & celles du fond de la bouche,
groffes & à pointes moufles (Pl. X L I , fig. : ) ,
non tranchantes en avant & arrière, comme dans,
les efpeces précédemment défignées.
Les Monitors à dents tranchantes, ont le tranchant
de ces dents finement crénelé , difpofition
qu’on n'aperçoit quelquefois qu’ à la loupe.
Tous ces Reptiles n'ont de dents qu'aux mâchoires,
ils en manquent au palais..