
üijloire desAnimaux, & nous les avons confignés
avec detail dans le Traité complet d'Ofphréfwlome
que nous ayons publié en i S n , & qu'on nous a
ra-jt depuis I honneur de traduire en allemand. Les
pécheurs ont tous les jours occafîon de les vé-
riher au fiijet du Barbeau. On ne peut guère non
plus le refufer de croire à l'affertion de plufieurs
voyageurs, qui affurent que lorfque des Blancs &
des Noirs fe baignent eiifemble dans des lieux
trequentés par les Requins, les Noirs, dont les
émanations font plus aéîives que celles des Blancs
font plus expofés à la féroce avidité dç ces redoutables
tyrans des mers, & font affcz conftamment
immoles les premiers. On prétend même que ces
Ohondropterygiens font attirés à la diftance de
cinq ou fix lieues par l'effet de lambeaux de chair
en putrefaftion, & qu'ils fuivent les vaiffeaux où
quelqu un eft fur le point de mourir. C'elt ainfi
que 1 ambition & l'avarice prennent foin de fournir
de la pâture à ces monftres & les arrachent
a leurs profondes retraites.
Or, les odeurs, comme les faveurs, ont befoin
d un corps dilTolvant pour être perçues; le dil-
lolvant des dernières eft liquide, celui des premières
eft un gaz. D'après cela, les odeurs font
a 1 air ce que les faveurs font aux liquides; il fau>-
qu'il y ait dilTolution pour l'exercice de l'olfaâion
comme pour celui de la guftation, d'où l'on peut
conclure en outre que fans corps volatilifable,
il ne peut y avoir d’olfaiRion.
C eft en partant de ce dernier principe que
notre (avant maître & excellent ami, le profelîeur
Duméril, a établi une théorie fatisfaifanre fur le
fens de l'odorat dans les Poilfons, théorie contraire
à l'opinion adoptée jufqu'à lui par tous les
naturaliftes & les phyfiologiltes. Fort des con-
noiflances aduelles de phylique & d'anatomie
comparative, il n'a point craint d'avancer que 1 odorat n'exifte pas dans les Poilfons; que les
organes qu'on avait crus lui être deftinés remplacent
ceux de la guftation, que le mode même
de la refpiration exclut néceflairement de l'inté-:
rieur de la bouche. Et comment effectivement
pourroit-il en être autrement, puifqu'il ne doit
point y avoir d'odeurs pour un animal plongé ha-
bituellement dans un liquide qui ne peut tenir en
dilTolution que des particules fapides?
Cette çonfidération acquiert encore de nouvelles
forces, fi l'on vient à cohlidérer, comme
l'a fait ce célèbre anatomifte, que les Poilfons
font privés du nerf lypoglofte; que l'intérieur de
leur bouche eft tapiffé d'une membrane lifte, dure,
polie & fèçhe, fans papilles ni glandes 5 que leur
langue eft rarement mobile & qu'elle eft foutenue
par un os; que les odeurs & les faveius ont entre
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paroît donc que, par une légère modification des
organes, les nerfs olfaéiifs des Poilfons font def-
tmes a leur faire connoître les faveurs.
E t , en effet, tout animal qui refpire l'eau eft,
par cela même, privé du fens de l'olfaition , de
meme que celui qui doit habiter à de grandes
profondeurs & dans une obfcurité parfaite
na point d yeux, car le milieq au fein duquel
la_ vie parcourt fes périodes modifie tout-ù-
Dit les organes. Eft-il plus étonnant, au . telle,
ne voir 1 olfaélion manquer chez les Poilfons,
que la vifion ne point exiller chez les animaux
loultraits a 1 influence de la lumiè
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elles beaucoup de rapports fous ce point de vue?
de leur action, qui paroît chimique; que l'eau
chargée de particules fapides, doit agir fur leur
membrane pituitaire comme elle le ferait fur leur
langue j fi celle-ci oit difpofée pour cela. Il
, .........ia lumière par une caufe
quelconque comme l'i-ir«ji«$ d'Ariftote, décrit
par Pa.las fous le nom de Mus typktus, & par
Olivier, fous celui de Zemmi? comme le Prouus
angutnus de Scopoli & de Laurent!, qui n'habite que
es lacs fouterrains de la Carniole? La plupart des
larves d infeâes, comme celles des Abeilles, des
Ichneurnons, des Sphex, des Mouches, & c .,
rant dans le même cas, ainfi que tous les Helminthes
entozoaires et les Mollufques acéphales,
comme les Huîtres, les Moules, les Anodontes,
les lehines, les Jambonneaux, &c. Or ces animaux
ne font point fournis à Tadtion de la lumière,
foit par le fait même de leur habitation,
loit parce qu habituellement ils font enveloppés
d un tell dur;& opaque. Pourquoi l'odorat feroit-
11 plus privilégié que la vue? e t, puifque les parti-
cilles fapides font feules folubles dans les liquides,
pourquoi n admettrions-nous pas que les organes
qui lui parodient deftinés donnent une autre fenfa-
tion chez les animaux qui vivent ordinairement dans
leau? Pourquoi par exemple, ne dirions-nous
pas que les Poiflons goûtent réellement quand ils
femblent feulement odorer?
Ne perdons jamais de vue d’ailleurs une vérité
d une haute importance en phyfiologie générale :
les nerfs qui fe diftribuent dans les divers organe«
des fens,. font tous de même nature; ils ne diffèrent
que par leurs divilîons plus ou moins grandes ;
ils fer oient naî tre les mêmes fenfations s'ils étoient
egalement déliés & placés de maqjère à être
ébranlés par la prefence de tel ou tel agent exté-
neur. Nous ne voyons par l ’oeil & n'entendons
par 1 oreilleg au lieu de voir par l'oreille & d’en-
tendre par l'oeil , que parce que le nerf optique
elt place au fond ci une forte de lunette qui écarte
les rayons inutiles, réunit ceux qui forment l'image
de l’objet, proportionne la vivacité de la
lumière à la délicateffe des filets nerveux, & que
parce que le nerf acoustique fe développe dans
un appareil qui donne aux vibrations fonores le
degre de netteté & de force le plus analogue à
la ténuité'des expanfions de ce même nerf.
868, 865), 870, 871 , 872. Le Nei & les Foffes
najales en général. Quoi qu’il en foit de tout ce
qui vient d’être dit, le caraftère diftin&if de ce
qu on eft convenu d'appeler Vorgant de l'odorat
dans les Poiflons, eft de former une poche mem- !
braneufe, plus ou moins étendue, fouvent inter- 1
pofée entre les os de la face; ouverte par un orifice
{impie ou double à l'extérieurmais jamais
à l’intérieur. Dans les Chondroptérygiens, comme
les Raies, les Requins, les Roufletces, les Gri-
fets, les Eipiffoles, les Pèlerins, les Tornilles, les
Rhinobates, les Céphaloptères , les Paftenagues,
les Marteaux, & c ., où les folles nafales, très-
larges, font étendues en travers, la membrane pituitaire
forme une multitude de petites lames parallèles,
flottantes, dues à fa duplicature, & difposées,
comme l'a noté l’excellent obfervateur Antonio
Scarpa, régulièrement des deux côtés d’un ligament
longitudinal. On fent combien la furfàce fe trouve
augmentée par là , furtout quand on voit que chacune
de ces membranules eu elle-même hériflee,
pour ainfi dire, de replis fecondaires très-fins,
qui vont fe rendre en rayonnant vers le ligament
commun. Dans les Poiflons offeux, excepté la
Carpe & l’Anguille, on voit au fond de la prétendue
cavité nafale un point blanc auquel la
membrane adhère fortement, & qui remplace le
ligament longitudinal des Chondroptérygiens : de
ce point, partent, en divergeant, les duplicateurs
de la membrane. Chez les deux ordres de ces
Poiflons, d’ailleurs, cette membrane muqueufe
pituitaire eft immédiatement appliquée par une
membrane fibreufe.
Confidéré fous le rapport de fa pofition générale,
l’ organe dont il s’agit eft, chez les Poiflons,
placé le plus fouvent en deffus, mais quelquefois
au-deflous dumufeau, & ouvert en dehors, foit par
un feul, foit par deux orifices diftinéts de chaque
côté, & dont les grandeurs relatives fontexcef-
fivement variables. Buffon l'a remarqué, il y a
déjà long-temps, le nez & fa pofition plus avancée
que celle de toutes autres parties de la face,
font propres à l’efpèce humaine; dans aucun
autre animal, dit-il, le nez ne fait un trait élevé
& avancé. Les Poiflons juftifient l'affertion de ce
grand naturalifte; une feule efpèce pourroit peut
être pafler pour faire exception à la règle; c’eft
la Baudroie, Batrachus pij'catorius de Klein, qui
appartient à la famille des Chiimopnés du pro-
fefleur Duméril, & dont les narines font, au-def-
fus de la tête, une faillie marquée & de la forme
d’un verre à patte; mais l'ufage qu'elles font
deftinées à remplir les fait totalement différer de
celles de l’homme, quand bien même leur apparence
ne feroit point aufli fingulière qu'elle l'eft.
où il en exifte deux également, le poftérieur fur-
tout a des dimenfions énormes pour de fi petits
Poiflons
Dans les Amies, l’ouverture nafale antérieure
eft prolongée en un long tube, ce qui fe remarque
aufli dans les Cobites, les Anguilles, les Gymno-
notes, &c.
Les Pleurone&es ont les narines difpofées,
une à droite & l’autre à gauche, mais fans être
fymétriques, celle du côté des yeux étant beaucoup
Dans les Brochets, les deux orifices de chaque
narine, prefqu'égaux, font féparés par une
bride cutanée. Chez les Saumons, iis font fort
rapprochés l ’un de l'autre, de même que dans
les Carpes, où ils sont très-grands, et où l’antérieur
elt percé dans une forte d’opercule. Dans
les Harengs , les Sardines , les Anchois , les
Alofes, les Feintes, il n'y a qu'un feul orifice,
mais il eft très-développé, & dans les Cobites,
plus baffe que l'autre.
Les Baudroies, a:nfi que l'ont noté les profeP
feurs Scarpa, Duméril & Cuvier, & comme j’ai
pu l'obferver par moi-même, ont l’appareil nafal
en forme de petite cupule.
Les Exocets ont la cavité de l’appareil olfactif
fort petite & ouverte grandement par un feul
orifice, qui paroît, jusqu’à un certain point, di-
vifé en deux par la faillie d'une efpèce de petite
cupule.
Dans le Marteau, l’ouverture delà narine eft
pratiquée au bord antérieur & externe de l ’élar-
giffement de la tête.
Dans les Raies, les Torpilles, les Chimères,
elle exifte à la face inférieure du mufeau, plus ou
moins en avant de la bouche, & eft comme partagée
en deux par une forte d’ opercule cutanée, qui,
dans les Rouflettes en particulier, eft prolongée
en un tentacule.
37;. La Membrane pituitaire & les Cornets. Un
réfeau vafculaire, ordinairement rouge, mais
quelquefois aufli noir, notamment dans les Brochets,
occupe toute l’étendue de la membrane
pituitaire des Poilfons. Dans fes mailles & entre
ses replis, il existe un grand nombre de follicules
muqueux, qui féparent un fluide vifqueux beaucoup
plus abondant chez les Raies & chez les
Squales que dans les autres efpèces, & continuant
de fe produire abondamment pendant plufieurs
jours après la mort.
Dans l’Orthagorifcus, la narine eft fort petite Sr
fa cavité eft tapiffée par la peau épaiffe d’environ
fix lignes, qui revêt le refte du corps, fans aucune
apparence ou de papilles, ou de lames
faillantes.
Les cornets des foffes nafales n'ont aucune efpèce
d'analogie dans les Poiflons.
874. Le Nerf olfactif & les autres Nerfs des Fojfes
nafales. Morgagni & Haller ont penfé que, dans
les Poiflons, le nerf olfaétif éroit le feul qui
pénétrât dans les narines; mais MM. Scarpa tte.
Cuvier nous ont fait remarquer l’erreur dans laquelle
font tombés ces deux favans anatomiftes.
En effet-, dans le Brochet, par exemple, un
rameau du nérf trifacial, accompagné d'une petite
branche de Fartère carotide interne, pafiè
fous l’orbite & fe perd dans les foffes nafales.
Les nerfs olfactifs, provenus, comme nous