
un très-long levier , 8c nuit ainfi au redreffement
du genou : auffi cette articulation refte-t-elleconf-
tamment pliée & le ventre traîne^t-il à terre entre
les jambes.
On en peut dire autant fous ce rapport des
membres thoraciques.
Dans les quadrupèdes mammifères, au contraire
, les jambes fe fléchiffent en avant & en arrière,
dans des plans à peu près parallèles à l'épine
& peu éloignés du plan moyen du corps,
dans lequel agit la pefanteur.
Les Reptiles quadrupèdes qui ont les membres
thoraciques très-courts à proportion des membres
abdominaux, élèvent fur eux, quand ils marchent
ou plutôt quand ils fautent, le train de devant en
entier avant de le pouffer en avant par le moyen
des pieds de derrière. Lorfqu'ils veulent aller
lentement en plaine, ils font réduits à fe motivoir
lur leurs pieds de devant 8r à fe traîner Amplement*
fur ceux de derrière, qui font conformés de manière
à pouffer le corps en avant & non à le foulever
dans le fens vertical.
C’eft ce qu’on obferve en particulier dans les
Grenouilles, & même dans les Crapauds.
Il faut obferver aulïi que les Anoures de l ’ordre
des Batraciens, 8c l'urtout les Grenouilles,
ont, pendant le repos, le corps ordinairement
dans une élévation oblique, parce que leurs arcs
font tendus de manière à foulever la partie antérieure
du corps, tandis que, comme dans le moment
de la progreffion, la poftérieure refte appli-
quée contre terre.
Lorfque, comme dans les Tortues, les pieds
de derrière font très-écartés, leur impulfion devient
latérale, & le tronc, pouffe alternativement
à chaque pas fur les côtés, fait que la démarche
devient tortueufe.
Les Chélonées ou Tortues marines, dont les
quatre pattes font tournées en dehors, aplaties 8c
alongées en forme de nageoires, fe repofent fur
ces nageoires & fur leur plaftron, de manière à
pouvoir, pour l’exécution de leurs mouvemens de
natation, être comparées aux Phoques. Elles fe
fervent d'ailleurs de ces pattes, non-feulement
pour.nager, mais encore pour cheminer le long
des rivages, & pour creufer des trous dans le fable,
quand le temps de la ponte eft venu.
Quand les Serpens fe repofent fur le fo l, ils
forment, ainfi que piufieurs Sauriens de la famille
dés Urobènes, comme les Orvets, les Ophi-
faures, les Chalcides, les Bipèdes, & c ., avec leur
corps piufieurs ronds au-delfus ou autour les uns
des autres , 8c leur tête eft élevée au-deffus de ces
circonvolutions.
Ceux qui paffent prefque toute l’année fur des
arbres élevés, font entortillés après les branches
pour attendre leur proie.
Quelques Reptiles quadrupèdes grimpent avec
une grande facilite. Sous ce'rapport, parmi eux
le- Caméléon femble être aufii avantageufement
partagé que les Quadrumanes parmi les Mammifères,
à caufe de fes mains en tenaille 8c de fa
queue prenante. Les Rainettes marchent fur les
branches 8c fe tiennent fufpendues aux feuilles
des arbres avec une grande facilité, en raifondes
pelottes dont leurs doigts font garnis en deffous.
D’autres Reptiles marchent & courent avec une
grande agilité : tels font les Lézards, les Anolis,
les Tupinambis, les Geckos, 8cc.
Il en eft qui fautent à des diftances confidéra-
bles. Les Grenouilles, fpécialement, font dans ce
cas..
Quelques Reptiles nagent, foit à l’aide de leurs
membres, foit par le moyen de leur queue : les
Chélonées, les Emycfes, les Grenouilles, les Salamandres,
les Pélamides, les Dragons, & c ., peuvent
être cités ici en preuves.
D’autres rampent par fuite d’une impulfion du
corps en avant ou en arrière, & par l’application
alternative d’une ou de piufieurs de fes parties inférieures
contre le fol. .Tous les Serpens font dans
ce cas, ainfi que quelques Sauriens, comme les
Orvets 8c les Ophiiâures.
Quelques efpèces, comme les têtards des Ba-
traciens anoures, c’eft-à-dire des Rainettes, des
Grenouilles 8c des Crapauds, nagent à l’aide de
deux branchies ptérygoïdes & d’une queue comprimée.
La Sirène lacertine nage au moyen de deux
pieds, d’une queue comprimée, de deux branchies
du même genre.
Quant aux têtards des Salamandres & au Protée
anguillard des lacs fouterrains de la Carnîole> ils
fe meuvent dans l’eau par le moyen dé quatre
pieds, d’une queue comprimée 8c de deux branchies
également exertes.
Les Dragons font les.feuls Reptiles qui poffè-
dent la faculté de voler : iis ont, pour cela, fur
chaque flanc, entre les pieds, une large membrane
qui fe développe en éventail 8c qui fe plie au gré
de l’animal, à i’aide de rayons offeux articulés fur
les vertèbres du dos, & qui remplacent leurs fix
premières fauffes-côtes.
il nous faut entrer ici dans quelques détails fur
le mode d’exécution de chacune de ces efpèces
de ■ nouvemens généraux à l'aide dèfquels- les
Reptiles peuvent tranfporterjeur corps d'un lieu
dans un autre , & qui fuppofent néceffairement,
en eux & d'une manière quelconque, la facilité
de donner à ce corps dans une certaine direélion
une impulfion déterminée.
Tous les phyfiologiftes s'accordent à regarder,
chez les animaux en général, la marché, la courfe &
\e faut, comme trois aétesliés par font de nuances
intermédiaires, qu'il devient difficile de les diftin-
guer avec certitude les uns des autres.. Les Reptiles
quadrupèdes ne dérogent en rien à la règle
commune fous ce rapport, Se, chez eux, il
n'exifte que très-peu de différenceen effet entre
courir oy marcher d'une certaine manière, Sc
leur courfe, comme celle des Mammifères fem- !
ble le plus communément s effedUer par le mé- I
canifme complique de la marche & du faut. .
Lorfqu'à l'aide d'un mouvement alternatif des ,
pieds, ces animaux veulent tranfporter leur corps
S'un endroit folide dans un autre, il fe paffe , au
refte des phénomènes differens fuivant que ces ,
pieds font de pareille longueur ou prefentent des
dimenfions inégales, mais jamais, dans cette
forte de mouvement progreffif, le_corps ne le
trouve entièrement fufpendu au-deffus du fol qui
fupporte les membres. . . .
Dans tous les cas, le corps de 1 animal peut etre
comparé à un reffort à deux branches, dont 1 une
eft appuyée contre un obftacle renflant. 01 ces
branches, après avoir été rapprochées par une force
quelconque , font rendues à leur liberté primitive, »|
la puilfance de leur élaflicité tendra à les écarter,
mais la branche appuyée contre 1 obftacle, ne
pouvant le.vaincre, tranfmet le mouvement, qui
fe fait en entier, dans le fens oppofé, en force que
Je centre de gravité du reffort s écarte de 1 obftacle
avec une vitefle plus ou moins grande.
(Chezeux, comme chez les Mammifères, les
miifcles Héchiffeurs font la force qui comprime fo
reffort; les extenfeurs repréfentent l'élafticité qui
en écarte les branches, & la réfiftance du fol ou
de l'eau, ettl’obftade. ■
■ Tous les Reptiles, dont les pieds ont une longueur
à peu près égale St a peu près proportionnée
au ■ volume de leur corps., marchent avec une
grande vivacité; les' Lézards, dont une efpece a |
reçu l'épithète devéloeek une autre celle à'agile,
les Améivas, lès Monitors, lesAgam.es, les Anolis,
& piufieurs autres Sauriens font dans ce cas.
Chez eux, dans le marcher-le plus naturel, le
corps fe trouve en équilibre fur un des pieds antérieurs
& fur celui des pieds poftérieurs oppofe,
en forte que le centre de gravité ne fe meut point
fuivant une ligne droite, mais.avance entie deux ]
parallèles , dans l’intervalle defquelles il décrit des j
obliques qui vont de l’une à l’autre, en formant de j
véritables-zig-zags. Les impulfions communiquées
au tronc fe contre-balancent réciproquement | Sc
celui-ci fe meut dans la diagonale d un parallelo-.
gramme dont il formeroit les cotes. La rectitude
de direction dans la marche eft continuellement
altérée, dans les animaux dont nous parlons ici, J
& où, d’ ailleurs , il faut toujours tenir compte de j
la largeur plus ou moins grande des pieds 8c du j
degre variable d’écartement des ces parties, qui
leur permettent d’embraffer une baie plus ou
moins grande de fuftentarion, ou qui s’accommodent
plus ou moins bien aux inégalités du fol.
Si les quadrupèdes ovipares, au lieu d offrir la
difpcfîtion que nous venons de fignaler,8c cepen- j
dant tout en ayant les membres d’égales dimen- j
fions, ne foutiennent qu’avec effort fur des pieds
trop petits & trop foibles un tronc lourd , pefant,
trapu ou très-long, ils ne marchent quavec lenteur,
gêne 8c embarras : tels font les Crocodiles,
les Chalcides, la plupart des Crapauds , & furtout
les Tortues dont le nom eft même devenu proverr
bial fous ce rapport. L’agitation fi remarquable
qui cara&érife leur démarche lient aubefoin qu'ils
ont de travailler beaucoup 8c fans relâche pour empêcher
le tronc d’obéir à fon poids & de traîner .
I fur le fol. ,
I Au refte, de même que les quadrupèdes mam-
J miferes, quand les quadrupèdes ovipares veulent
j marcher, ils commencent par fléchir les articulations
des pieds de derrière \ 8c les étendent pour
porter le corps en avant, par fuite de quoi lesmem-
; bres thoraciques fe trouvent inclinés en arrière,
& l’animal finiroit par tomber s’il ne les portolt
à I’inftant même en avànt, s’il ne les fixoit de manière
à pouvoir retirer le tronc fur eux, au moment
où l’impullion des pieds de derrière recommence.
^ vV r •
Jamais ces mouvemens ne s’exécutent a la fois
par les deux pieds de chaque paire, car alors le Reptile
feroit néceffairement pendant un inftant fufpendu
en entier au-deffus du fol : deux pieds feulement,
un de devant 8c un de derrière, contribuent
à la formation de chaque pas.
Les Reptiles quadrupèdes, qui ont.les pieds de
devant très-courts, proportionneraient à ceux de
derrière , ne s’empêchent de tomber 8c ne foutiennent
efficacement leur corps a chaque impul-
»,fion de ceux-ci, qu’en élevant en entier le train
de devant avant de le projeter par le moyen des
membres pelviens : ils ne marchent donc pour
ainfi dire point, 8c femblent toujours fauter, à
moins pourtant qu’ ils ne fuivent un plan afcen-
dant. Les. Grenouilles , qui fonrdans le cas dont
il s’agit, ne font que fe mouvoir fur leurs pieds
de devant 8c traîner Amplement ceux de derrière,
quand elles veulent aller lentement en plaine. ^
Nous avons, déjà expliqué comment le très-
grand écartement des pieds de derrière 8c leur
1 impulfion plus latérale, deviennent la caufe de la
: démarche tortueufe des Chélonées ou 1 ortues.
j Nous allons nous occuper des particularités
[' qu’offre la courfe 8c que fait naître le faut dans
les Reptiles quadrupèdes. ■
• Les quadrupèdes ovipares ne font pas très-favorablement
difpofés pour exécuter des courfes
rapides 8c prolongées, 8c ce qui, chez eux, a
rapport à cette efpèce de mouvemens, offre peu
de remarques importantes à faire.
Quant au faut, il diffère, comme chez tous les
autres animaux, du marcher 8c de la courfe.,
parce qu’il confifte dans un élancement de toupie
corps au-deffus du fol, élancement qui femble
comme le jeter en l’air, en forte que, pendant
un inftant, l’animal demeuie fans aucun appui. Sa
longueur dépend de la force de projeètion, 8c il
ne peut être produit que par une impulfion lubite
de celui-là en l’air, à l’ aide du déploiement rapide
des membres de derrière, de l’extenfion fubite
K z