
HUITIÈME CLASSE
ANNELIDES.
A n im a u x invertébrés > à corps articulé, & fans membres articulés.
G É N É R A L IT É S .
jGLuj ou rd’hui , les A n n e l i d e s , que l’on con-
fondoit naguère encore , fous le nom collectif de
V ers , avec les Entozoaires, les larves d’une
foule d’Infeétes & beaucoup de Mollufques3
conftituenty parmi Ids Animaux articulés, une
claflè à part, peu connue des anciens observateurs,
en particulier d’Ariftote, de Pline, d’Æüen,
d’Oppien , & dont on ne commença même à
diftinguer les limites que dans les ouvrages d’Ifi-
dore de Séville , de Rondelet, de Gefner, d’Al-
drovandi, où ils font appelés tantôt Vermes 3
tantôt Exsanguia, tantôt Mollufca ou Helminthica.
Leur organifation, même extérieure, n’a été
étudiée que depuis Muller ( i ) , Pallas s Othon
Fabricius , Bafter & M. Savigny, & le peu que
nous favons de leur ftruéture interne femble
du à Pallas (2), & à MM. Cuvier (3) , Du-
méril (4 ), Everard Home ( 5 ) , Stef. delle
Chiaje (6) , ainfi qu’à Durondeau (7) , De Mon-
tègre (8 ), J. Fr. Morand (9 ) , J. Spix (10),
( 1 ) yermium terrejirium & ftuviatilium, & c. , fuecin&a
H'fioria. Hafn. 6c L ip f ., 1 7 /3 , 1774» in-4°* — Zoologia
danica, H a fn ., 1788, »789, in-fol.
(a) Mifcell. çoologica. — Spicilegia j oologica.
Tableau élémentaire de l’Hiftoire naturelle des Animaux
, P a r is , *7 98, in-8®. — Leçons citées, p a ffrm .—
Le Régne animal, & c.
^4) Obfervations fur VArénicole dans le Bulletin de la Société
philomatique. — Zoologie analytique. —- Elémens des
Sciences naturelles.
(5) LeÜures on comparative Anatooçy, Lond on, 1814 ,
(6) SuW Anatomia e la clajfißcaqiane del Sifunculo nudo.
Napoli, i 8a3 , in-4°.
(7) Journal de P h y f , oftobre 178 a, pag. a84-
(8) -Vfcm. du Muf. d'Hift. nat. de Paris, tom. I.
(jf) Mém. de l’Acad. royjale des Sciences, année îqSo T
pag. i5«> / o f îo) Mém. de CAcad, royale de Bavière, année i 8 i 3.
Fr. Loth. Aug. Will. Sorg ( î) ‘, J. Swammer-
merdam (2), J. J. Virey (3)3 & à un petit
nombre d’autres écrivains ftudieux que l’aridité
de la matière n’a point découragés.
Leur hiftoire anatomique ne fauroit donc oc-
cuper que peu de place. Elle eft beaucoup moins
avancée que celle des animaux qui forment les
claflTes dont nous avons précédemment traité.
Toutes les espèces d’ A nne lides ont, du refte»
une forme alongée & femblent compofées d’anneaux
placés à la fuite les uns des autres.
Elles poffèdent des vaiffeaux dans lefquels on
rencontre quelquefois un fang coloré en rouge.
Souvent aufïi elles ont des organes refpiratoires
ou des branchies dont la pofition varie.
Leur moelle nerveufe, étranglée d’efpace en
efpace, eft partagée en ganglions qui communiquent
entre eux chacun par quatre cordons &
d’où naiffent les nerfs des divers organes.
Leur tête n’eft point diftin&e.
Elles vivent le plus ordinairement dans l’eau
& quelquefois dans la terre humide.
On les divife naturellement en deux groupes,.
celui des B ranchiodèles & celui des E nd obranches
, fuivant que leur appareil de refpi-
ration eft vifïble à l’extérieur ou renfêrmé dans
l’intérieur du corps.
Les efpèces qui compofent le premier groupe
vivent prefque toutes dans la mer.
Les Endobranches fe trouvent ou dans la terre
humide ou dans les eaux douces.
(1) Difquifitiones phyfiologicx circà Refpirationem Infec-
torum & yermium. Rudolftadt, i 8o5 , in-8°.
(ss) Biblia Natura.
(3) Journ. de Phyf., rom. X L I V , pag. 4 9 9 » & X L V I I I , pag. 45î.
C ’eft dans les Branchiodèles qu’il faut ranger
les genres :
Néréide y
Néréiphylle y
Phyllodoca 5
Eulalia y
Etêone y
Amphinome y
Spirorbe y
Arrofoir y
Amphitritc y
Térébelle y
S ab elle y
Néréiture y
Opkélie y
A ortie}
A g la ure y
Myriana y
Cafialia y
Néréilêpe y
Lycafiis y
Aphrodite i
Héfione y
Aride y
Nephtys y
Glycere y
Néréifylle y
Syllis y
Amytis y
Néréidice y
Arénicole y
Lombrinêre y
Probofcidea y
Cirrkatule y
Scrpule y
Lyfidice y
Néréidonte y
Eunicée y
Murphy fe y
Dentaley
Ænone y
S co lé tome y
Scolélèpe y
Scolople.
C ’eft au contraire parmi les Endobranches qu’il
faut ranger les genres :
Lombric y
Tubifex ;
Stylaria y
Protho y
Branchiobdelle y
Pontobdelle ;
Ichthyobdelle y
Géobdelle y
Pfeudobdeile y
Malacobdelle y
Epîbdelle y
Nityhie y
Axine y
Tkalajfemey
Sternafpe y
Siponcle y
Priapule ;
Hippobdelle y
Iutrobdelle ou Sangfue y
PaUobdelle y
Erpobdelle y
Gloffobdelle y
Gordius y
Planaire, & :
Nayade probablement.
F O N C T IO N PR EM IÈ R E .
La Locomotion.
S e c t i o n p r e m i è r e .
La Squelettologie.
forme alongée , helminthoïdô , cylindracée , &
manque de ces membres, de ces leviers extérieurs,
étendus Sc réfiftans, qui permettent les
mouvemens propres à la marche, à la courfe ou
au vol.
En conféquence , les efpèces terreftres ne peuvent
que ramper, & la natation eft le feul mode
de progrefîion des efpèces aquatiques.
La plupart des Annelides , néanmoins , pré-
fentent des parties dures, alongées, purement
extérieures , des foies, qui font fixées aux parties
latérales du corps en plufieurs faifeeaux, & qui
ne font point articulées.
Quelques autres, les Aphrodites, par exemple,
portent à la face fupérieure du corps, des plaques
plus folides & femblant correfpondre aux arceaux
fupérieurs des Cruftacés & des Arachnides (1).
Auffi, peut-on dire que les Aphrodites font,
parmi les Annelides, un des genres où l’orga-
nifation du fqùelétte eft la moins imparfaite.
Quant aux Annelides abranches, les Gordius,
par exemple, leur tête n’ eft point diftinéte &
leur corps eft compofé d’un plus ou moins grand
nombre d’ articulations, d’anneaux , de fegmens
fucceflifs , parfaitement femblables les uns aux
autres & féparés les uns des autres par des filions
tranfverfes.
Dans les Arénicoles, le premier article offre
quelque différence, foit par fa forme, foit par
fon plus gros volume, & femble devenir une véritable
tête , avec une bouche, des yeux & des
tentacules probablement fenforiaux.
Les Amphitrites poffèdent même une tête com-
pofée de plufieurs fegmens réunis en une feule
maffe.
Les Serpilîes font dans le même cas (2).
3. La Tête en général. Nous venons de voir que
dans beaucoup d’Annelides elle eft confondue
avec le reite du corps.
Elle commence à fe diftiiiguer de celui-ci dans
les Arénicoles.
Sa ftruéture eft plus complexe dans les Amphitrites
, & quelques genres voifins.
4. Le Crâne en général. Rien ne repréfente ici
cette portion du fquelette, & , par conféquem ,
on voit manquer, dans les Annelides, les os :
1 , 2. Le Squelette en général. Dans toute la
claffe des Annelides , les tégumens confervent
encore la foupleffe qui les caractérife dans les
animaux vertébrés i mais, comme leur fquelette
intérieur n’eft tout au.^lus que rudimentaire,
que fouvent leur appareil de locomotion ne con-
fifte uniquement qu’en parties mufculeufes ,
molles (1) , leur corps prend habituellement une
J. Frontal y
6. Pariétaux y
7. Occipital y
8. Temporaux y
(1) Voycr ci-après , n°. 39.
(2) I l eft impoffîble de rattacher à l’organifatiob rTor»
fquelette', même extérieur, les tubes calcaires & lithoïcJes
qui fervent d’habitation à un certain ( 1 ) Les Sanglées font fpécialement dans ce cas. nombre d’Annelides.