
Ja Couleur. La matière muqueufe des tégumens
des Annelides le trouve, comme dans les animaux
des claffes fupérie tires, immédiatement au-
deflous de l'épiderme. Elle eft fort abondante &
ci3une confiftance prefque fluide dans les Sàng-
fues : elle efl, parfois, fort peu-apparente dans
les autres Annelides.
Ses couleurs font très-variées & fouvent brillantes
dans les efpècès non tubicoles.
Sa teinte eft affez uniformément d'un blanchâtre
rofé, jaunâtre ou brunâtre dans celles qui
habitent un tuyau 3 qui font constamment cachées
dans le fable des rivages ou dans la terre humide,
ou qui s’attachent en para'fites à des parties
profondes du corps de certains animaux.
C’eft ainfi que la Branchiobdeîle de Mendie s,
qiri 'fuce .le fang des Tortues, dans l’Océan pacifique,
entre les topiques y eft blanchâtre &:
trafflucide ('1 j.
Il en eft de même de l’Epibdel’.e de l’Hippo-
giofife (Hirudo Hippoglojfî, Linn.), qui' vit fixée
fur le corps de ce pleuroneête, dans la mer du
. Nord (2), & de la Sangfue grofle (FL grojfa 3
Gmel.j, que Muller (3) a trouvée dans le manteau
de la V ?nus exoleta.
Toutes les Serpules font également pâles,
ainfi, au refte, que les Vermilies, les Cymof-
pires , les Lombiics, le Cirrhatule boréal, lés
Arénicoles, les Siliquaires, les Clymènes£ les
Pectinaires, les Dentales, &c.
Quelques Anneli Je s tubicoles participent aux
couleurs brillantes des autres animaux dans celles
de leurs parties qui ne font point conftamment
renfermées dans leur tube.
Les d^ux épines qui arment en deffous le cou
des Thalaffèmes, & les deux ou trois rangées
de foies qui garniffent l’extrémité poftérieure de
leur corps ont ie vif éclat de l’or, ce qui eft
du bien probablement à une difpofition fpéciale
du corps muqueux en ce lieu, mais dont nous
nous occuperons plus tard (4).
La Glycère unicorne eft d’un fauve bronzé.
L’ Héfione éclatante, Hefione fpLendida, de
M. Savigny, brille des belles teintas de la nacre
de perle.
La Phyllodoce Iamelleufe du même auteur a
le corps brun avec dès reflets pourpres & violets.
Un gris cendré mêlé de reflets opalins diftingue
la robe de la Léondice giganrelqiie des mers
des Indes, ainfi que celle de l’Aglaure éclatante
de la mer Rouge.
La blancheur du lait eft étalée fur celie de
la Lyfidice galathine de nos côtes.
(1 ) Tranfaft o f Linn. So c., tom. I , pag. 188. (a) Otnos Fabricids, Faun. Groënl., pag. 3o2.
(3) Zo o l.d a n ,, pag. 69, n°. 27.
(4) c**pr®s >nP* 883,
UGEnone lucida eft d’un cendré-bleuât^e très-
brillant, & l’Euphrofine laurifère, de la1 mer
Rouge, d’un pourpre violet foncé.
Préfque toutes les Spirorbes ont le corps d’un
rouge de fang.
Celui- de la Branchiobdeîle de la Torpille,
trouvée par M. Rudolphi dans la mer Méditerranée
j & par M. d’Orbigny fur les bords de
l’Océan, eft d’un brun-noirâtre.
L3Hirudo vittata de MM. de Chamiftb & Eyfen-
hardt (1)3 remarquable par la beauté de fa coloration,
eft brune en defliis & blanche en deffous,
avec des points bruns.
La Pifcicole géomètre (Hirudo Pifcium, Gmel.),
eft d’un blanc-jaunâtre, finement pointillé de
brun ou de cendré, avec une chaîne dorfale
élargie en taches de chaque côté, plus claire que
le fond, & deux fériés de gros points bruns lur
les côtés du ventre. La ventoule anale eft mouchetée
de noir & offre quelques rayons bruns.
La Géobdelle de Dutrochet eft verte en deflus
& jaunâtre en deflous.
La Sangfue de cheval ( Hirudo vorax, Huzard )
eft noire en defliis & d’un cendré-noirâtre en
de (Tous.
La Sangfue en deuil ( Hoemopis luftuofa3 Savigny)
eft noire avec quatre rangées de points
plus'obfctirs en deflus, noirâtre en deffous.
La Sangfue médicinale ( Sanguifuga officinalis,
Savigny) a une robe d’un vert clair, d’un vert-
grifâtre ou d’un noir plus ou moins foncé, mais
toujours ornée de bandes longitudinales de couleur
variable, le plus fouvent d un jaune obfcur.
La Sangfue de Verbano, dont le ventre eft
vert, peu ou point tacheté, & qui habite le lac
Majeur, a le dos d’un vert fombre avec des
bandes brunes tranfverfes, nombreufes, terminées
par une tache ferrugineufe,-ce qui conf-
titue, fur chaque flanc, une ligne longitudinale
interrompue (2).
La Sangfue granuleufe des eaux douces de
Pondichéry, eft d’un "vert brun, & porte fur le
dos trois bandes longitudinales plus obfcures.
Ctlle du Nil eft d’un brun marron en deflus,
& d’un roux vif en deflous (3).
La Ntphalis rutila de Savigny eft rouffe , avec
quatre rangées dorfales de points bruns.
. L * Erpobdella complanata de De Lamarck eft, en
deflus, d’un cendré-verdâtre , avec deux rangées
de petits points blancs faillans, féparés chacun
par deux points bruns. La tranfparence de fon
corps eft telle , d'ailleurs, qu’au travers des té-
gumens on aperçoit le canal inteftinal.
( 1 ) Acad. Leopold. Carl, das Naturforfch., com. I I , part. 'wtf
(2) C aréna , /. c. (3) Savigmt, /. ç . , pag. m 3.
h ’Erpobdtïla bioculata eft jdfÜi blanc laiteux,
parfemé de quelques petites taches rouflatres.
La Sangfue terreftre des bois humides de Ceylan
eft d] un rouge tacheté.
Celle du Japon, dont a parlé Krufenftern (1 ),
eft jaune , pointillée de rouge.
Celle de la Chine eft entièrement noire.
879. Le Derme ou Cuir. I! eft épais , d’un tifiu
ferré & formé de fibres tranfverfaîes par rapport
à la direâion du corps.
Il eft généralement prefque confondu avec la
couche mufculaire fous-jacente.
Dans le Lombric terreftre, il eft remarquable
par la grande quantité de vaifleaux qu’il renferme
dans fon tiflu.
Dans les Sangfies, il paroît comme tuberculeux
, à caufe du grand nombre de cryptes dont il
eft parfemé, &■ c’eft là ce qui lui donne l’afpeét
poreux qui le diftingue.
880. Les Cryptes cutanées. Elles font allez vifi-‘
blés dans les Sangfue s , chez lefquelles, de Chaque
côté du ventre , elles fe développent davantage
de cinq en cinq anneaux, pour former un tubercule
percé d’un grand pore (2).
Elles font prefque toujours diftendues par de
la mucofité.
882. Les Papilles de la Peau. Elles n’ont encore
pu^êtrè fignalées par aucun zootomifte.
883. Les diverfes fortes de Poils. Nous avons
déjà parlé des foies & des acicules qui femblent
fervir de membres aux Annelides chétopodes (3) ,
& nous n’aurons que peu de chofes à ajouter ici
à ce qui les concerne.
Ces organes, qui font difpofés par groupes
fymétriques de chaque côté du' corps, ne fau-
roient être comparés à de véritables poils, car
ils n’ont point de bulbes, & font durs, caffans,
cornéo-calcaires.
Leur couleur, toujours irifée, offre une foule
de teintes variées.
Dans la Palmyre aurifère de l’î!e de France,
les faifeeaux fupérieurs des rames dorfales offrent
des foies élargies en palme à leur extrémité,
imbriquées, voûtées & brillantes de l’éclat
de l’or.
Les acicules de la Nephtys de Homberg font
noires.
La Chloé chevelue fe fait remarquer, dans
la mer de l’ Inde , par fes longs faifeeaux de foie
d’un jaune brillant.
(1) Voyage autour du Monde, pl. 65.
(2) Ce font ces grandes crypees que M. Thomas , qui les
regarde comme des efpèces de poumons , quoiqu’elles ne
contiennent jamais d’a i r , a nommées bourjes muqucujès.
(3) Voyr\ ci-deffus , n*. 4<), page 538.
F O N C T IO N Q U A T R IÈM E .
La Refpiration.
888. La Refpiration en général. L’appareil de
la refpiration n’ eft point toujours fpécialifé dans
les Annelides. Dans les Hirudinées & dans les
Clymènes, par exemple, il a été jufqu’à préfent
impoffible de découvrir ni branchies, ni poumons
(î).
• La refpiration doit donc, fans organe propre,
s’opérer ici à toute la'fur-face du corps.
Lorfque cet appareil exifte, il forme conftamment
de véritables branchies extérieures^ très-
v .niables & pour la forme & pour la difpoficiôn.
889. Le Larynx. 11 n’eft nullement repréfenté
ici, non plus que :
898. La Glotte ;
■ 903. Le Corps thyroïde, & :
906. La Trachée-artère.
916, 917. fe s Branchies en général. On n’en
obferve aucune trace dans les Hirudinées, les
Clymènes, les Hermiones, les Eumolpes, les
Aglaures, les Syllis , les Lifidis., les (Enones , les
Siphoftomes, les Lombrics, les Thalaffèmes, les
Nais, les Lombrinères.
Dans les Serpulides & les Sabulaires, qui conf-
tituent l’ordre des Hétérocriniens de M. de
Blainville, elles font peu nombreufes, épilabiales
ou latéro-céphaliques.
Dans les Serpulides, en particulier, elles font
flabtlliformês, épilabiales > compofées d’un nombre
variable., de longs cirrhes, garnis fur une de
leurs faces de deux rangées de barbes- courtes
ou de denticules portées fur une forte de pédicule
lamelleux.
Un gros vaiffeau, analogue aux trachées des
infeétes, paroît les compofer prefque entièrement.
Dans les Serpules contournée & vermiculaire,
leurs digitations font fort nombreufes.
Ces digitations ne font qu’au nombre de trois
dans les Serpules fpirorbe, étendue & cancellée.
Dans les Vermilies, les cirrhes des branchies
ne font garnis que d’un feul rang de barbes.
Les branchies des Cymofpires font très-groffes,
formées par un grand nombre de cirrhes i;nî-
puftinés & portés fur une bafe contournée en
vis à plufieurs fpires.
Les pédoncules de ces organes , dans les Spi-
(1) M. Dugès croie cependant que les Sangfues o n t,
à chaque anneau , une double poche deftinéc à contenir
de l’eau refpirable. Probablement qu’ il s’agit ici de nos
cryptes mucipares.