
faits fur les divers changemens qui doivent carac-
térifer les différens âges des Annelides j nous ignorons
même à ce fujet prefque entièrement ce qui
concerne les Lombrics fi communs dans nos jardins
, puifque nous ne favorîs d'eux que ce que
nous avons dit des petits au moment de leur fortie
de l’oeuf. Enfin, on n’a point non plus apprécié
Jt’âseauquel ces Sangfues que nous élevons, pour
ainfi dire, en domefticité, font en état de fe
reproduire.
Les Planaires font mieux .connues fous ce rapport
que la plupart des autres animaux de leur
clafl'e : elles paroiiTent croître avec rapidité, puifque
, en quelques femaines , la taille des nou-
veàu-nés double de grandeur. Quant aux adultes,
elles Avivent fort long-temps, mais en perdant
chaque jour de leur volume, de forte que, en
quelques mois , elles font réduites à la moitié de
leurs tlimenfions premières.
1358. La Vie. La plus grande.partie des Ànne-
îides font aquatiques, & même les efpèces dites
terrefires pourroient encore , tant elles ont befoiri
d’humidité , tant la fécherefle leur eft nuifible-, être
regardées comme telles.
•Beaucoup d’entre elles aufli vivent dans lés eaux
de la mer, & celles-ci paroifîent tellement leur
convenir, qu’en les plongeant dans l'eau douce,
on les tue comme fi l’on employoit un liquide
corrofif.
Quelques autres, les Naïdes en particulier,
paroifîent n'habiter que les eaux douces.
Les Lombrics & la Trochétie fe creufent des
retraites dans la terre humide.
Gn rencontre, du refîe, des Annelides dans
toutes les ;parties du mande, & , à l’exception
des Amphinomes, propres aux mers des pays
chauds, on trouve des ejjpèces de tous les autres
genresà toutes lesilatitudes.
Habituellement les Annelides font littorales ,
& fe logent au milieu-des thalaflïophytes -3 dans
les anfraétuofité des rochers , dans les Tinuofités
des madrépores, dans le. fâble ou dans la vafe.
Rarement elles .-font pélagiennes ou tout-à-fait
terrefires.
Un certain nombre d’efpèees fe/promènent librement
au fein des eaux. D ’autres font renfermées
dans iun tube, mais fans adhérer aucunement fà
Tes parois.
Rarement celui-ci efl horizontal} prefque. toujours
il? eft 'Vertical., & f i, par cas/fortuit, ainfi
que Pallas T'a expérimenté Tur les Peétinaires,
fadireétion vientà changer, l’habitant ne fe donner
de repos qu’après l’avoir redreflfé. .<n
Les Lombrics , les Arénicoles , les Naïdes perdent
beaucoup deTe ur:àctiviré vkàle vers l’arrière-
faifon, & demeurent engourdis fous la vafe ou
dans l'intétieBr3de laPerre pendantTes longs mois
de Thivfcr.
Toutes les efpèces d1 Annelides, du refîe, redoutent
beaucoup la fécherefle > & fuient les lieux
arides.
Les moyens employés par les animaux de cette
clafie pour fe procurer leur nourriture, indiquent
un inftinét peu développé. Les efpèces tubicoles
fe contentent d’agiter en tous fens les barbillons
qui furmontent leur tête % & déterminent ainfi
dans l’eau un courant qui chafle vers leur bouche
les animalcules dont elles font leur proie, ou
bien , au moyen des cirrhes tentaculaires ou branchiaux
dont elles font pourvues, vont les chercher
& les attirent à l'entrée de leur tube où elles
fe tiennent à l’affût.
Les ^Planaires font la chafle aux Cyclides autres
animalcules infufoires qui habitent les mêmes
eaux qu’elles, & qui fe trouvent quelquefois en
abondance, & encore en état de vie dans leurs
organes digeftifs.- Les plus gros individus fe jettent
fouvent fur de petits mollufques & fur des
Naïdes, fe dévorant même les uns les autres
lâns ménagement quand ils font affamés.
Tout le groupe des Sangfues eft efîentiellement
compofé d’efpèces aquatiques, & habitant de
préférence les eaux douces des lacs, des mares ,
des fleuves & des rivières.
. Quelques-unes cependant vivent dans celles de
la mer, 2c de ce nombre font la Brauchiobdelle
de Rudolphi, la Pontobdelle épineufe, la Sangfue
indienne de Gmelin, & quelques autres.
La Trochétie verdâtre qu’ on trouve en France
près de Château-Renault, dans les lieux humides
& foucerrains , où elle pourfuit les Lombrics dont
elle fait fa -nourriture, périt fi on la tient dans
l’eau, & paroît ne pouvoir refpirer que l’air
libre.
Quelques Hirudinées encore font parafites , 8c
vivent fixées à la même place fur les animaux.
La Sangfue de l’Hippoglofle peut être ici citée,
en preuve.
Bofc nous a parlé d’une Sangfue, longue &
greffe comme une épingle, d’un rouge tacheté,
qui vit hors de l’eau dans les bois humides de
Ceylan , & , véritable fléau pour cette île, s’attache
aux animaux &-même aux hommes endormis ,
en alfez grand nombre quelquefois pour déterminer
leur mort;
C'eft pendant le jour, & furtout lorfqtie la tem-
pérature eft élevée , que les Sangfues jouiflent de
toute la plénitude de leur vie. La nuit, elles ref-
tent fixées aux végétaux fubmeçgés,, ou s'enfoncent
d-ns la vâfe , & femblent alors véritablement
dormir. Il paroît aufli que 1’apprpch.e des ..orages
les jette dans une grande agitation, & c’eft fur
cet effet que fe trouve fondée la coutume où
l ’on eft dans certaines contrées de conferver,
en guife de baromètre , quelques-uns de ces animaux
dans des carafes d’eau.
Dans nos climats, le froid les engourdit aufli
plus ou moins.
Il paraît, encore qu’elles peuvent être gelées;
complètement fans pour cela perdre la vie, &
M. Uubuc l'aîné , en faifant fondre la glace avec
précaution, en a ranimé après un mois de congélation.
Elles fupportent la diète pendant un temps fort
long, comme on peut s'en convaincre en obfer-
yant celles que les pharmaciens confervent dans
leurs officines, & qui vivent quelquefois plu-
fleurs années fans aucune nourriture apparente.
Gn ignore d’ ailleurs complétentent la durée ordinaire
de leur vie , de même que celle des autres
Annelides.
1339. La Mort. Abandonnées dans l’eau, après
l.'esur mqrt, on voit, en quelques heures, les molécules
du corps des Planaires fe diflbeier par
une forte de répulfion, & tout leur organifme fe
réduire à quelques flocons grifâtres.